On reproche souvent à l’école d’être déconnectée de la réalité. Avec le futur cours d’éthique et de culture religieuse qui fera son entrée dans toutes les écoles primaires et secondaires en septembre, les écoliers québécois auront la chance d’être branchés sur la diversité religieuse omniprésente dans nos sociétés. On ne va tout de même pas s’en plaindre!
Finis les cours de morale ou d’enseignement religieux catholique ou protestant et place au programme Éthique et culture religieuse. Le Québec franchit la dernière étape de la laïcisation de son système scolaire entreprise en 1998 à la suite des États généraux de l’éducation (1995-1996). Qu’ils soient athées, catholiques, protestants, juifs, musulmans ou d’autres croyances, tous les élèves auront dorénavant la même formation.
Bien sûr, on peut avoir des appréhensions devant le changement majeur qui s’effectuera dans les écoles, de la première année du primaire à la cinquième année du secondaire. L’inconnu fait toujours peur. D’autant plus lorsque l’opération est orchestrée par un ministère de l’Éducation qui peine souvent à attacher correctement toutes les ficelles avant de lancer une vaste réforme dans les classes.
Le cours est-il bien conçu et compréhensible pour un jeune de six ans ou de 14 ans? Les enseignants ont-ils reçu une formation adéquate et suffisante? Les manuels seront-ils prêts en septembre? Ces craintes sont légitimes. D’autres par contre témoignent d’un refus de changement, d’un manque d’ouverture et même d’une mauvaise foi…
La Coalition pour la liberté en éducation, qui regroupe des militants catholiques et protestants, songe notamment à intenter un recours juridique, car elle estime que le nouveau cours pourrait causer des préjudices graves aux enfants. Comment? En portant atteinte à leur foi et en les exposant trop jeunes à des convictions et à des croyances différentes de celles véhiculées par leurs parents. Rien de moins.
Le Mouvement laïque québécois étire lui aussi passablement l’élastique. Il souhaiterait que le volet culture religieuse soit retiré du cours au primaire pour ne conserver que le contenu sur l’éthique. Le Mouvement estime que dans un système laïc, les enfants ne doivent pas être obligés de dévoiler leurs croyances en public. Il craint le désarroi qu’éprouvera l’enfant dont les parents ne sont pas croyants lorsqu’on discutera de religion en classe ou qu’on lui demandera d’apporter un objet religieux.
Selon cette logique, l’école devrait éviter de questionner les enfants sur bien des sujets pour qu’ils ne réalisent pas que la vie de chacun n’est pas identique. Il faudrait par exemple renoncer à demander aux enfants de dessiner leur maison, à raconter leurs dernières vacances ou à parler des activités sportives ou culturelles qu’ils pratiquent. Ces thèmes qui paraissent anodins sont aussi sources de désarroi pour des gamins qui réalisent que leur quotidien est bien différent de celui de leurs camarades.
Les différences, religieuses ou autres, ne peuvent pas être gommées. Elles existent et ont droit au respect. Même l’enfant vivant dans un village à 500 km de Montréal sait bien que les gens sur cette terre ne sont pas tous catholiques ou protestants. Les médias le rappellent chaque jour. Il est logique que l’école en fasse état. L’école doit outiller les jeunes pour qu’ils comprennent mieux le monde. Qu’ils respectent aussi ce qui est étranger à leur univers immédiat.
Personne n’enlèvera à l’enfant ce que ses parents ou sa communauté lui inculquent comme valeurs et croyances. Il n’appartient pas à l’école de transmettre la
foi. Cela est et demeurera le rôle des parents et des organisations religieuses.
En retirant les cours d’enseignement religieux et de morale, le Québec n’enlève pas quelque chose aux écoliers. Il leur donne au contraire un supplément.
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