À la suite des révélations de la commission Charbonneau, j’entendais ce matin mon collègue Jean Lapierre s’étonner à l’émission de Paul Arcand du fait que personne au ministère de l’Environnement du Québec n’ait alerté le premier ministre Charest que des mafiosi tentaient de faire certifier une compagnie qui leur appartenait (Carboneutre) pour faire de la décontamination.
La réponse est pourtant évidente: c’est que le démarcheur de la mafia n’était nul autre que Tony Tomassi, le protégé de Jean Charest. Son père, Donato Tomassi, un proche de l’ancien premier ministre, était un des principaux appuis politico-financiers de Charest depuis sa course à la direction du parti conservateur fédéral. Sans l’influence de son père, le gros Tony n’aurait jamais été accepté comme candidat libéral dans Lafontaine et encore moins comme secrétaire parlementaire du premier ministre et ensuite comme ministre de la Famille.
Le même Donato Tomassi a affirmé que les accusations criminelles portées contre son fils, fraudes envers l’État et abus de confiance, étaient une manifestation de grossiers préjugés envers la communauté italienne et qu’il était normal qu’on privilégie ses amis lorsqu’on exerçait des fonctions publiques. Un chum, c’t’un chum. Il doit y avoir un équivalent coloré en sicilien ou en calabrais.
C’est Jean Charest qui est intervenu personnellement pour que Tomassi s’assoie dans le siège du député libéral Jean-Claude Gobé forçant ce dernier à lui céder sa place. Humilié d’avoir été ainsi traité et de l’avoir accepté, Gobé a expliqué: «Le père du jeune homme cherchait un comté pour son fils (...) Ça m'a pris un certain nombre d'années à ressortir de là et à me regarder dans la glace».
Devant la commission Charbonneau, l'entrepreneur Joe Borsellino a révélé qu’un mois avant d’être nommé ministre, en novembre 2008, Tony Tomassi faisait du «développement des affaires» avec Tony Accurso. D’après de qu’on a appris de ses conversations téléphoniques, il semble qu’il avait le «ministre des garderies» Tomassi dans sa poche.
Avant qu’il subisse l’ignominie d’être accusé au criminel, Tomassi était un personnage influent du gouvernement libéral. Tout le monde dans la haute administration dans le parti et au gouvernement savait que Tony Tomassi avait derrière lui le premier ministre Charest.
L'ancien patron de la firme BCIA, Luigi Coretti.
Sinon comment expliquer que le ministre de la Sécurité publique Jacques Dupuis soit intervenu auprès de la SQ pour que l’ami de Tomassi, Luigi Coretti, obtienne un permis de port d’arme même s’il n’y avait pas droit? Tomassi utilisait une carte de crédit fournie par BCIA, la compagnie de Coretti qui entretenait aussi des liens ténébreux avec l’ancien chef de police de Montréal, Yvan Delorme, alors en relation amoureuse avec la vice-première ministre, Nathalie Normandeau. Delorme et Dupuis ont démissionné sans explications après que la GRC eut ouvert une enquête sur Coretti qui a finalement fait une faillite de 20 millions de dollars.
Le candidat à la mairie de Montréal Denis Coderre fut un autre bénéficiaire de l’amitié et des largesses des proches de Tony Tomassi. Coderre représenta longtemps la circonscription fédérale de Bourassa, dans le nord-est de l’île de Montréal qui recoupe celle de Tomassi. Selon La Presse on retrouve parmi les généreux donateurs qui ont contribué légalement et ouvertement aux campagnes électorales passées de Coderre, Donato Tomassi, le papa de Tony et sa femme, Teti.
On a aussi appris à la commission Charbonneau que Tony Tomassi était proche d’Eddy Brandone. Ce ponte de la Mafia et de la FTQ-Construction avait parmi son cercle d’amis l'homme de main Johnny Bertolo, assassiné en 2005 et le caïd Raynald Desjardins, actuellement accusé du meurtre Salvatore Montagna, le prétendant new-yorkais au titre de «Parrain» de Montréal. Lorsque les enquêteurs de la SQ ont observé une rencontre entre Brandone et le premier ministre Charest dans un hôtel de Dorval, l’ordre a immédiatement été donné de cesser la filature.
J’avais donc raison de parler du Triangle d’or Mafia-FTQ-PLQ, le partenariat public privé (PPP) qui a dominé le Québec pendant près de dix ans.
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