Tout le monde en parle: trois leaders en terrain conquis

Conflit étudiant - grève illimitée - printemps 2012


Richard Therrien Le Soleil (Québec) Au plus fort du conflit les opposant au gouvernement Charest, les trois leaders des mouvements étudiants étaient en terrain conquis hier soir, à Tout le monde en parle, accueillis par une ovation. «S'il y a des élections, eh bien, M. Charest va nous trouver sur son chemin», a lancé un Léo Bureau-Blouin, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), gonflé à bloc par cette mobilisation étudiante sans précédent.
Ceux dont tout le monde parle avaient l'espace rêvé pour symboliser l'union et la bonne entente qui les animent. Tout sauf la division, que, selon eux, le gouvernement a voulu créer au sein du mouvement étudiant.
Le porte-parole de la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), Gabriel Nadeau-Dubois, a répété que son organisation n'était pas l'instigatrice du grabuge et de la violence observés dans les plus récentes manifestations. Selon lui, la ministre de l'Éducation Line Beauchamp a utilisé ce prétexte pour rompre les négociations avec les mouvements étudiants, une «attitude de panique», a-t-il dit.
Alors qu'une manifestation étudiante avait lieu à Montréal pour la sixième soirée consécutive hier, la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins, a affirmé que les étudiants étaient fin prêts si jamais le premier ministre Jean Charest décidait de déclencher des élections. Des membres ont même commencé à prendre le téléphone et à demander à des donateurs libéraux pourquoi ils contribuaient encore à la caisse du Parti.
À ceux qui les mettent au défi de tenir des votes secrets plutôt qu'à main levée dans les assemblées, Martine Desjardins rappelle que les libéraux eux-mêmes procèdent à des votes à main levée lors de leurs congrès. Et selon elle, par expérience, «les votes de grève passent davantage lorsqu'il y a des votes secrets».
À Guy A. Lepage, qui a rappelé que le mouvement trouvait des appuis surtout en région mont-réalaise, et peu à Québec, Léo Bureau-Blouin a répliqué que des étudiants avaient voté pour la grève «de l'Abitibi aux Îles-de-la-Madeleine». «Beaucoup d'étudiants qui ne sont pas en grève nous soutiennent et participent aux manifestations», a-t-il ajouté.
Parlant d'un «gouvernement corrompu, qui perd chaque semaine sa crédibilité», Gabriel Nadeau-Dubois n'a pas condamné la violence hier soir, et a laissé plutôt Léo Bureau-Blouin le faire. Celui-ci s'est indigné que le gouvernement décide de rompre les négociations, «conscient qu'il allait créer de la violence et des dérapages».
Le plus volubile des trois, Bureau-Blouin a nié vouloir «venir piger dans les poches» des contribuables par le gel des droits de scolarité, persuadé qu'on pourrait dégager des sommes importantes à même le budget des universités, montrant du doigt leur mauvaise gestion. «On a l'impression qu'on nous demande de financer, nous les étudiants, ces erreurs de parcours.»
Accueillis comme des héros en toute fin d'émission, les trois leaders n'ont pas été confrontés par des questions plus délicates, et aucun intervenant n'était là pour faire valoir les arguments du camp adverse, favorable à la hausse des droits de scolarité. Venu élaborer sur le Plan Nord, le journaliste du Devoir Louis-Gilles Francoeur a même vanté leur hardiesse. «Il y a une génération qui est en train d'apprendre le pouvoir de la rue», leur a-t-il dit, parlant d'un «grand acquis».
Guy A. Lepage a bien sûr profité de la présence de Xavier Dolan pour revenir sur sa fameuse déclaration à LCN, alors qu'il avait qualifié Gabriel Nadeau-Dubois de «sexy». Le cinéaste, venu parler de son film Laurence Anyways, avait profité d'une pause publicitaire pour arborer son carré rouge.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé