L’Hebdo Rive Nord est un bi-hebdomadaire de la chaîne Transcontinental qui est publié à Repentigny. Il a comme « éditeur » Yannick Boulanger, petit-fils de Prosper Boulanger, député libéral bien connu de l’Est de Montréal à l’époque de Lester Pearson et de Pierre Trudeau.

Il y a quelques années, l’HRN (dont l’une des deux éditions s’appelait alors L’Artisan) avait une tribune des lecteurs, comme tout journal qui se respecte. Peu de temps après que Yannick Boulanger fut devenu « éditeur », cette tribune a disparu, ou plutôt a migré vers le site Internet du journal, qui n’attire qu’une faible proportion du lectorat de l’HRN.

Mais encore là, on trouve le moyen de limiter l’expression des lecteurs quand cela ne fait pas l’affaire de la direction. À preuve ce commentaire (reproduit plus bas) que j’ai envoyé deux fois plutôt qu’une au site Internet de l’HRN et qui n’a jamais été mis en ligne.

De quoi s’agit-il? Patrice Peltier-Rivest est le président de la Fondation Robert-Lussier, qui recueille des fonds pour la culture dans la région de Repentigny. M. Peltier-Rivest est aussi un ancien conseiller municipal de l’équipe de Chantal Deschamps, qui fait la pluie et le beau temps à Repentigny depuis une dizaine d’années. On ne sait pas si M. Peltier-Rivest a d’autres ambitions politiques, mais ce n’est probablement pas exclu.

La fondation qu’il dirige s’est vu confier récemment la gestion des sommes recueillies pour la construction d’une salle de spectacles patronnée par la ville de Repentigny. Rien de mal à cela, sauf qu’interrogé par l’Hebdo Rive Nord au moment de l’octroi de ce mandat, qui correspondait au lendemain de l’élection fédérale, M. Peltier-Rivest s’est permis cette remarque : « Celui qui est apparu positif et constructif a gagné la campagne et non celui qui critiquait constamment son voisin. »

J’ai alors envoyé au site Internet de l’HRN le commentaire qui suit, qui a été bloqué pour on ne sait trop quelle raison (copinage, affinités politiques, haine du Bloc?). Cela s’inscrit sans nul doute dans la grande complicité des groupes de presse au Québec vis-à-vis du pouvoir fédéraliste.

Texte censuré :

Le président de la Fondation Robert-Lussier, Patrice Peltier-Rivest, a raté une belle occasion de se taire. En entrevue dans le cadre de la campagne de financement de la salle de spectacles de Repentigny, il a déclaré, en faisant allusion à la dernière élection : « Celui qui est apparu positif et constructif a gagné la campagne et non celui qui critiquait constamment son voisin. »

M. Peltier-Rivest est-il le président d’une fondation vouée à la culture ou est-il membre actif d’une formation politique? Il semble y avoir confusion dans son esprit car, quand on est président d’une fondation, on essaie de ne pas faire d’allusion politique déplacée.

Et déplacée, cette déclaration l’était à 150%. D’abord, dans Repentigny, 19 000 personnes ont voté pour la formation qu’il décrit comme « critiquant constamment », faisant sans nul doute possible référence au Bloc québécois. Veut-il se mettre à dos ces personnes?

Ensuite, M. Peltier-Rivest émet un jugement des plus douteux. Le Bloc n’a jamais fait que « critiquer », il a toujours proposé des solutions de rechange, comme dans le cas des jeunes contrevenants, des contrats militaires ou du pont Champlain. Et est-ce que M. Peltier-Rivest veut dire qu’en dénonçant la subvention annoncée d’Ottawa à Terre-Neuve pour sa future ligne d’électricité, le bloc était négatif ? Alors que le NPD, qui a déjà donné son appui à cette subvention qui se fera à nos dépens pour 24%, serait positif? Quel discernement!

Et puis le Bloc ne met-il pas de l’avant le plus emballant des projets, l’indépendance du Québec, pour laquelle le fondateur de l’ARAM, Robert Lussier, a milité fièrement? Voilà une idée constructive! M. Peltier-Rivest a peut-être des horizons limités à une petite province asservie, mais d’autres essaient d’avoir plus de vision et il devrait le reconnaître s’il avait une once d’honnêteté.

Le moins que ce président devrait faire serait de s’excuser, car il s’est mis le doigt dans l’œil jusqu’au coude. S’il tient tant à la politique, qu’il en fasse ouvertement, et non sous le couvert d’une fondation apolitique.

Claude Richard
_ Repentigny