(Note liminaire : j'ai commencé à rédiger l'article qui suit en août 2024, 6 mois avant que la Coalition Avenir Québec lance le projet de loi 89 visant à établir de nouvelles règles régissant les grèves et lock-out abusifs. On y trouve plus d'un point en commun avec mes propres propositions.)
Il est de bon ton de se moquer de la France lorsqu'on y voit se multiplier les grèves paralysantes avec ses milliers de piqueteurs qui prennent les rues d'assaut pour manifester bruyamment, avec pour triste résultat d'immobiliser le bon fonctionnement du pays tout entier. Mais on dirait que le Québec est en passe de les rattraper, ce qui n'est pas tout à fait à notre honneur.
Posons-nous alors honnêtement la question : y a-t-il trop de grèves qui s'éternisent indûment au Québec ? Nombreux sont ceux qui commencent à le croire, et qui estiment qu'il faudrait en contenir les excès.
À consulter : Liste des grèves et lock-out en cours au Québec
Et combien d'entre elles sont vraiment justifiées d'en venir à de tels extrêmes ? Les conventions collectives étant bonifiées depuis 100 ans de syndicalisme, il devient difficile de croire qu'il existe encore des conditions de travail autres que tout à fait acceptables, quoi qu'en disent les éternels insatisfaits, les incorrigibles revendicateurs.
À lire : Les syndicats nuisent-ils au Québec ?
Le syndicalisme abusif fait des victimes
Le mouvement syndicaliste devrait reconnaître ses limites, comme dans le bras-de-fer avec Amazon qui a coûté des centaines d'emplois attribuables à leur obstination, leur acharnement frisant le fanatisme idéologique. Demandez pour voir à tous ces employés mis à pied s'ils sont heureux d'avoir été sacrifiés pour une idéologie qui les pénalisent directement, alors que la grande majorité d'entre eux se disaient satisfaits de leurs conditions et milieu de travail.
Autre exemple qui parle de lui-même : les cols bleus de Québec sont actuellement en grève car il semblerait qu'un salaire annuel de 93 000$ ne réponde pas à leur appétit vorace et illimité. À ce prix, j'en connais plus d'un qui seraient bien prêts à aller donner un petit coup de pelle dans un nid de poule, entouré de 3 autres qui le regardent faire. Ce sont ces mêmes cols bleus qui exigent 30 % d'augmentation. Ils réclament une augmentation de salaire irréaliste de 20%.
Nécessité d'établir de nouvelles balises
Pour éviter le marasme social découlant de grèves qui n'en finissent plus, comme celle récente des Postes durant le temps des fêtes choisie expressément et malicieusement pour nuire à la livraison des cadeaux, il est devenu nécessaire d'établir de nouvelles règles et balises qui ne prendront pas en otages la population ou qui ne nuiront pas à l'économie, comme durant la grève des débardeurs en 2024. Sinon c'est accepter des situations qui nuisent à l'ensemble de la population qui n'a pas à en faire les frais, comme durant la grève des fonctionnaires provinciaux de 2024.
Rien qu'à Québec, la grève du réseau des 25 bibliothèques, un service culturel essentiel à la communauté, a duré 4 mois de l'année 2024 ! Ça dépasse les bornes.
Des solutions existent pourtant
Pourtant, les solutions alternatives existent. On peut préconiser des règles limitant la durée du droit de grève, par exemple un maximum de 2 semaines, ou pas plus de 2 jours consécutifs à la fois. Au bout de ce délai, un conciliateur sera nommé et aura 1 semaine pour départager les points restés en suspens, avec force exécutoire légale. De même pour les locks-out. Montrons-nous pratiques et expéditifs.
Une autre mesure consisterait à ce que dès qu'une convention est signée, on recommence à en étudier l'un des points par semaine, et on n'attend pas à la toute fin pour faire débouler les points litigieux. Si la convention dure 3 ans, cela fait 150 semaines de négociations. On règle 1 point par semaine et on n'y revient plus une fois adopté. À la fin des 3 ans, il ne devrait plus rester que 2 ou 3 points mineurs à négocier, qui ne justifieraient pas de recourir à la grève.
Le gouvernement pourrait aussi émettre des décrets pour geler les salaires pendant la durée de la convention au lieu d'accorder une augmentation chaque année, ou diminuer les salaires de 1 % chaque année pendant 5 ans lorsqu'il doit faire des compressions budgétaires nécessaires comme c'est le cas actuellement. Les fonctionnaires travaillent pour nous les citoyens, alors si nous décidons collectivement qu'il vaut mieux que nos impôts servent à payer le déficit et la dette, prenons les moyens pour y arriver. Qu'ils se serrent la ceinture comme tout le monde.
Plusieurs autres solutions pratiques sont à envisager, mais là n'est pas l'objet de cet article d'en faire le survol exhaustif. On peut s'attendre à ce que le projet de loi 89 actuellement à l'étude en propose d'autres.
À lire : Comment faire économiser au gouvernement 1 milliard de dollars par année
Interprétation psychologique
Plusieurs dirigeants syndicaux adorent les périodes de grève prolongées et ne feront rien pour les abréger, car c'est le moment qu'ils attendaient pour se donner de l'importance, passer à la télé avec l'air fâché, avoir sa photo dans le journal, gonfler leur ego et jouer à des jeux de pouvoir grisants, comme le boxeur qui entend la cloche déclenchant le premier round. Mais on comprend que cette attitude répandue ne favorise pas le règlement rapide de la situation.
Conclusion
Trop de grèves au Québec ? Que le gouvernement prenne alors toutes les mesures nécessaires pour enrayer un problème devenu trop récurrent et fasse régner un peu plus d'ordre et de stabilité dans la société. N'acceptons plus d'être pris en otages non consentants indéfiniment.
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