Vous vous souvenez de la croisade de l’écrivain Yann Martel, qui envoyait des livres à Stephen Harper pour pallier son supposé manque de culture et l’aider à prendre de meilleures décisions?
Je pense que je vais faire la même chose avec Justin Trudeau.
Mais au lieu de lui envoyer 100 livres, je ne vais lui en envoyer qu’un seul: Against Empathy, du psychologue canadien Paul Bloom.
L’ENFER PAVÉ DE BONNES INTENTIONS
Prof à l’Université Yale, Bloom croit que l’empathie, l’émotion préférée de notre premier ministre, conduit à des jugements subjectifs et nous pousse à prendre de mauvaises décisions.
«Il y a une attitude générale, dans la culture occidentale, voulant que les émotions représentent une forme de sagesse, a-t-il déclaré en entrevue. Il faudrait toujours écouter son cœur et nos dirigeants devraient être portés par de grands sentiments, quitte à minimiser l’importance de l’intelligence et de la rationalité.
«Or, ce n’est pas une bonne façon de fonder une politique. Ça prend plutôt des faits, des données, des statistiques – bref, de l’intelligence et pas juste de bons sentiments.»
Pour Bloom, un des problèmes avec l’empathie est qu’elle nous aveugle sur les conséquences à long terme de nos actions.
MESSAGE HYPER ÉMOTIF
Prenons la question des réfugiés.
C’est bien beau de se présenter en sauveur, mais un pays ne peut pas accueillir toute la misère du monde.
Il y a des règles à respecter, un processus à suivre. On ne peut pas juste dire: «Venez, d’où que vous soyez, nous allons vous ouvrir grand les bras! Nous ne sommes pas méchants comme Donald Trump, nous sommes ouverts, généreux, compatissants!»
Or, actuellement, on a l’impression que Justin Trudeau n’écoute que ses bons sentiments. Son message hyper émotif est perçu comme une invitation à franchir nos frontières.
«Venez au Canada, c’est un open bar!»
Idem pour la fameuse motion visant à combattre l’islamophobie.
Cette motion n’est pas basée sur un cheminement rationnel et intelligent. C’est une réponse émotive à une terrible tragédie.
Pourquoi combattre l’islamophobie en particulier, et pas toute forme de discrimination religieuse, comme le proposaient les conservateurs? Pourquoi protéger une religion parmi toutes les autres?
Les musulmans canadiens seraient-ils plus menacés que les autres croyants?
Là encore, le gouvernement Trudeau n’écoute que ses bons sentiments et ne pense pas aux effets à long terme de ses politiques.
Comme l’a dit le philosophe français Pascal Bruckner au Figaro, loin de protéger les musulmans, une telle motion risque au contraire d’attiser une forme de ressentiment.
«C’est une très mauvaise nouvelle pour les musulmans, qui seront les premières victimes de cette motion si elle est votée. Une telle mesure qui les déresponsabilise, au détriment des chrétiens, des juifs, des sikhs, des hindous, ne peut qu’entraîner un déchaînement de colère et de haine.
«On installe les fidèles du Coran dans une niche pieuse parce qu’on les estime, au fond, incapables de se réformer eux-mêmes et non comptables de leurs actes.»
LE « BON GARS »
Justin Trudeau adore montrer qu’il est un «bon gars».
Mais ce n’est pas un «bon gars» qu’on veut. C’est un bon politicien.
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