Hausse des frais de scolarité

Un dialogue de sourds

Conflit étudiant - grève illimitée - printemps 2012

L'étroitesse d'esprit du gouvernement et des associations étudiantes, résultant de l'idéologie qui sous-tend chacune des positions, m'apparaît être, en tout respect, la pierre d'achoppement dans la résolution du débat actuel sur la hausse des frais de scolarité.
D'un côté, le gouvernement reste sur sa position et réitère sa volonté de hausser les frais de scolarité. Il refuse de discuter des modalités de cette hausse et de réduire le montant de celle-ci. Il refuse également de revoir à la hausse le programme de bourse. Finalement, il refuse de considérer les propositions alternatives de financement proposées par les associations étudiantes.
D'un autre côté, les associations étudiantes refusent à tout prix une hausse des frais de scolarité.
Or si les associations étudiantes acceptaient qu'une hausse des frais de scolarité puisse être une solution acceptable et envisageable de dernier recours (faute de solutions alternatives viables de financement) et si le gouvernement acceptait d'hausser les frais de scolarité qu'en dernier recours et d'écouter les propositions alternatives de financement avancées par les associations étudiantes alors les conditions nécessaires à un dialogue seraient réunies et on pourrait éventuellement espérer sortir de cette impasse.
En réalité le vrai problème est le sous-financement des universités et non la question de savoir si les étudiants font ou non leur juste part. À la question « Pourquoi une hausse ? », la ministre Line Beauchamp répond ceci : « Il faut que le diplôme universitaire québécois reste compétitif avec les diplômes octroyés par les universités à Toronto, à Vancouver ou à Boston ou à New York. Donc tout le monde s'entend pour dire qu'il faut réinvestir dans les universités (...) C'est très important que le diplôme québécois garde sa valeur ».
Source : http://www.mels.gouv.qc.ca/enseignementSuperieur/droitsScolarite/index.asp?page=utilite_argent
En d'autres termes, le but ou la finalité de la hausse des frais de scolarité est de réinvestir dans les universités afin de préserver la valeur et la qualité du diplôme québécois. Or il se peut très bien qu'une hausse des frais de scolarité ne soit pas, pour toutes sortes de raisons, le meilleur moyen d'atteindre cette fin. Parmi ces raisons, on peut mentionner : 1) le respect de la dignité humaine et la « promotion de la justice et de l'égalité sociales » qui sont des valeurs essentielles à une société libre et démocratique (R. c. Oakes, [1986] 1 R.C.S. 103 au para.64), 2) les valeurs de la société québécoise (le droit à l’instruction publique gratuite est le principe et les frais de scolarité à l'université l'exception) 3) accessibilité aux études, 4) respect des engagements internationaux (le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels mentionne que « l’enseignement supérieur doit être rendu accessible à tous en pleine égalité, en fonction des capacités de chacun, par tous les moyens appropriés et notamment par l’instauration progressive de la gratuité »), etc..
En somme, un dialogue pragmatique qui aurait pour fondement et finalité la recherche du meilleur moyen de financer les universités permettrait de dénouer l'impasse actuelle en conciliant l'objectif gouvernemental légitime de financer davantage les universités en vue de préserver la valeur et la qualité du diplôme québécois avec la préoccupation légitime des étudiants de trouver un moyen qui ne nuise pas à l'accessibilité aux études, qui n'entraîne pas chez les étudiants un endettement à long terme et qui éloigne le moins possible la société québécoise du principe de l’instruction publique gratuite.
Eric Folot


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    12 avril 2012

    Ce que vous appelez un dialogue est en réalité un monologue. Le gouvernemnt parle par la voix de M.Charest et ne veut rien entendre. Où est le dialogue? Nulle part. M.Charest ne veut pas entendre les corrections qui le rendraient coupable de sa gestion erronnée. Il se sent coupable et se cache. Il a peur de ne pas obtenir le pardon.
    Il y a 3 conditions pour le pardon: l'aveu de ses fautes, le désir ou la résolution de ne plus recommencer et prendre les mesures qui s'imposent pour réparer.
    Son sentiment de culpabilité est tellement grand qu'il se croit incapable d'être pardonné. Or plus il tarde à avouer sses fautes, plus il se crée du tort à lui-même et à toute la société.
    Son plus grand tort est de refuser de voir ceux qui pourraient payer et ne payent pas.
    Une commission d'enquête nous permettrait de faire la lumière sur la définition du mot: népotisme.
    Selon Larousse, 2. Abus qu'un homme en place fait de son crédit en faveur de sa famille.
    La famille libérale, vous connaissez?