Politique québécoise

Un été électoral

Élection Québec 2012



Les indices se multiplient pour le déclenchement d’élections à la mi-août pour un scrutin le 17 septembre. La diffusion d’un deuxième message télévisé par le Parti libéral du Québec, cette fois mettant en scène la chef du Parti québécois, laisse peu de doutes quant aux intentions du premier ministre Jean Charest. Le Québec est en campagne électorale.
Tout le milieu politique bruit de rumeurs d’élections depuis déjà de nombreux mois. Le premier indice est venu aussi tôt que mai 2011 avec le lancement en grande pompe du Plan Nord du premier ministre. On était alors dans la mise en place de ce qui devait être le thème principal de la campagne libérale. N’eût été la crise étudiante, il est plus que probable que les élections auraient eu lieu voilà deux semaines.
Cette crise a bousculé tous les échéanciers. Le premier ministre ne pouvait se lancer en campagne électorale au plus fort des tensions sociales sans être accusé de manipulation cynique des événements. Événements qui lui permirent néanmoins de créer les conditions d’une polarisation en vue du prochain scrutin. Polarisation dont les pôles sont le Parti libéral, garant de la paix et de l’ordre social, et le Parti québécois, responsable du désordre de la rue. Désormais, chaque geste de l’un et l’autre devient objet de débat partisan.
Ce discours, le premier ministre le met en place depuis déjà plusieurs semaines en revenant constamment sur le désordre et le port du carré rouge par Pauline Marois. Cette publicité télévisée la montrant battant casseroles vise à conforter cette association. Comme pour toute publicité négative, le processus est inélégant, mais comme dit le dicton : « mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose ».
Le premier ministre Charest fait tout pour donner à cette élection des allures de plébiscite de sa gestion du conflit étudiant. Les associations étudiantes seront ses alliés involontaires. Par contre, le Parti québécois a aussi ses alliés. Ils se trouvent du côté des enquêtes sur la corruption qui ont fait déjà quelques victimes du côté libéral. L’arrestation lundi de Luigi Coretti pour fraude nous a rappelé les liens qu’entretenait avec cet entrepreneur en sécurité l’ancien ministre Tony Tomassi.
Le Parti libéral a aussi ses vulnérabilités. Pour peu que le Parti québécois veuille lui répondre de la même manière, il aurait matière à le faire. Jusqu’ici, les partis politiques avaient résisté à l’usage de publicités négatives pour notre plus grand bien. La tentation pourrait être grande pour le Parti libéral et le Parti québécois, qui en ont les moyens financiers, de se livrer d’ici le décret électoral à une surenchère de publicités et d’activités partisanes de toutes sortes pour profiter de l’absence de limites légales.
Une telle surenchère est d’une certaine manière inévitable dans la mesure où, étant à égalité, libéraux et péquistes n’ont pas le luxe de laisser passer la moindre occasion. Aussi, l’été sera chaud. Toutefois, la campagne non officielle en cours désavantage nettement les tiers partis, aussi bien la Coalition avenir Québec que Québec solidaire, qui n’ont pas les mêmes moyens financiers que les deux grands partis. Ils se doivent de garder le peu d’argent dont ils disposent pour une fois la vraie campagne enclenchée.
Jean Charest, en activant hâtivement le processus électoral, fait la démonstration que des élections à date fixe sont plus que souhaitables. Un premier ministre ne pourrait plus jouer au chat et à la souris sur la date du scrutin. Au surplus, il serait alors possible de fixer des règles pour les semaines précédant la campagne électorale officielle. Interdire par exemple les dépenses de publicité par les partis pendant quatre ou six semaines avant la publication du décret électoral éviterait la tentation de surenchère et favoriserait une plus grande équité entre partis.


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