Un long parcours

Course à la chefferie du PLC

ÉDITORIAL - Le coup d'envoi officiel à la campagne au leadership du Parti libéral du Canada n'aura lieu que dans quelques semaines, mais, déjà, la liste des candidats potentiels s'allonge. Réfléchissent activement: Stéphane Dion et Denis Coderre au Québec, Scott Brison en Nouvelle-Écosse et une demi-douzaine d'autres venant de l'Ontario, dont Michael Ignatieff, Belinda Stronach et Bob Rae. Pourraient s'ajouter un ou deux candidats de l'Ouest pour équilibrer géographiquement cette course.
Devant une aussi longue liste de candidatures, on ne peut manquer de faire le parallèle avec la récente course au Parti québécois à laquelle participaient neuf candidats. À ce nombre, les débats entre les candidats ne pouvaient permettre d'aller au fond des choses. Surtout, il fut impossible aux deux vedettes de cette course, Pauline Marois et André Boisclair, de confronter leurs visions respectives de l'avenir de leur parti.
Le déroulement de la course des libéraux devrait toutefois être plus dynamique, ne serait-ce que parce que le programme de leur parti n'aura pas été défini au préalable par un congrès d'orientation. En décembre prochain, c'est à la fois un chef et un programme qu'ils adopteront. Les candidats auront de ce fait les coudées franches pour débattre. Venant d'horizons très différents - deux sont des transfuges conservateurs et un autre néo-démocrate -, on peut imaginer que leurs débats iront dans tous les sens.
Une autre différence avec le récent congrès du PQ tient au fait que les grosses pointures qui étaient attendues ne se sont pas matérialisées. Les McKenna, Manley, Tobin et Rock, dont on disait qu'ils se préparaient à cette course depuis le congrès qui avait élu Paul Martin chef, se sont tous désistés pour des raisons qui ont surtout à voir avec le défi qui attend le prochain chef. Eux ont compris que rien ne garantissait une victoire libérale à la prochaine élection. Leur parti est à reconstruire, au Québec et dans l'Ouest, ce qui est une évidence, mais aussi en Ontario, notamment dans les régions rurales.
Ce désistement des successeurs naturels à Jean Chrétien et à Paul Martin ne fera que rendre encore plus improbable un retour rapide au pouvoir du Parti libéral dans la mesure où les candidatures qui s'annoncent souffrent toutes, à l'exception de celle de Bob Rae qui a été premier ministre de l'Ontario, d'un manque d'expérience. Cela est aussi vrai de Michael Ignatieff qui vient tout juste d'abandonner une longue carrière d'universitaire à Harvard que de Belinda Stronach qui, en plus, traîne un déficit de communication en français qu'elle n'arrive pas à combler. Ce même déficit retient pour l'instant un Ralph Goodale de se lancer dans la course, sachant trop bien que le bilinguisme est une condition essentielle.
Au lendemain de ce congrès, le Parti libéral aura certes un «nouveau visage». Le changement de génération auquel ce parti se prépare amènera un renouvellement des idées, mais tout restera à faire. Reconquérir la confiance des Canadiens en général, et des Québécois en particulier, ne pourra se faire instantanément. Ce sera un long parcours. À moins d'être suicidaire, le nouveau chef libéral ne se précipitera pas pour défaire le gouvernement minoritaire de Stephen Harper.


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