L'ancien chef d'un groupe d'extrême droite emprisonné au Royaume-Uni pour outrage au tribunal reçoit un soutien grandissant de personnalités et groupes partout dans le monde, dont des sympathisants du président américain Donald Trump.
Stephen Yaxley-Lennon, plus connu sous le pseudonyme de Tommy Robinson, est devenu célèbre après avoir été condamné à 13 mois de prison pour avoir enfreint une interdiction de la justice britannique d'évoquer un procès en cours. Il a fait appel.
Le fondateur de l'«English Defence League» (EDL) («La Ligue de Défense Anglaise»), un groupe marginal affirmant lutter contre la menace islamiste, se pose depuis en «journaliste citoyen», défenseur de la liberté d'expression.
Son cas a attiré l'attention de l'alt-right américaine, ou «droite alternative», et même de Donald Trump Jr., fils du président américain.
Steve Bannon, ancien conseiller en stratégie à la Maison-Blanche, a défendu Tommy Robinson au micro de la radio londonienne LBC la semaine dernière. Il l'aurait décrit hors-antenne comme étant «le pilier» du Royaume-Uni.
Le nouveau combat de la droite populiste s'est même étendu aux cercles diplomatiques : l'ambassadeur des États-Unis pour la liberté religieuse, Sam Brownback, a abordé l'affaire Robinson lors d'un déjeuner avec l'ambassadeur britannique Kim Darroch en juin à Washington.
Le Département d'État a démenti que Sam Brownback ait «exhorté le gouvernement britannique à réagir ou sinon il s'exposait à des répercussions du gouvernement américain dans tous les cas», comme des médias le rapportaient.
Récemment, lors de deux rassemblements en soutien à Tommy Robinson à Londres, où certains participants ont fait le salut nazi, de violents affrontements ont éclaté entre la police et des contre-manifestants.
Le député d'extrême droite néerlandais Geert Wilders a participé à l'une de ces manifestations londoniennes et lors d'un rassemblement samedi dernier, un élu républicain de l'Arizona, Paul Gosar, ainsi que des personnalités politiques européennes de droite sont venues soutenir Tommy Robinson.
«Comme moi, vous avez tous envie de rendre à votre pays sa grandeur», a lancé Paul Gosar aux manifestants.
Le nom de Tommy Robinson a gagné en notoriété au Royaume-Uni après plusieurs manifestations de l'English Defense League en 2013, qui se sont souvent terminées en affrontements avec des contre-manifestants.
Fin 2013, le Britannique a quitté l'EDL pour rejoindre le think-tank Quilliam, qui entend lutter contre l'islamisme radical, tentant ainsi de prendre ses distances avec l'extrémisme.
Mais en mai, il a été arrêté devant un tribunal à Leeds, nord de l'Angleterre, où il filmait des gens qui y entraient : un outrage au tribunal pour lequel il a plaidé coupable.
Raheem Kassam, ancien rédacteur en chef du média d'extrême-droite Breitbart News London et ancien bras droit de Nigel Farage, a expliqué à l'AFP qu'il travaillait à mobiliser l'opinion partout dans le monde en faveur de Tommy Robinson.
«Quand la gauche perçoit une injustice, elle rassemble des gens au niveau international... et on ne le fait pas assez souvent de notre côté», a-t-il dit, ajoutant que le changement de stratégie n'en était «qu'à son début».
Le Forum du Moyen-Orient, cercle de réflexion basé aux États-Unis auquel adhère Raheem Kassam, aide aussi Tommy Robinson «légalement, diplomatiquement et politiquement», selon Gregg Roman, son directeur.
L'association a dépensé des dizaines de milliers de dollars pour payer les honoraires des avocats du Britannique et pour soutenir les manifestations.
«Les démocraties occidentales ont besoin d'un grand débat public sur l'islam... pas de sa suppression», a dit Gregg Roman.
L'organisation antiraciste britannique « Hope Not Hate » («L'espoir pas la haine») a dénoncé l'intérêt grandissant des États-Unis pour cette affaire. Selon elle, Tommy Robinson attire «un groupe international d'extrême droite, de militants antimusulmans et d'extrémistes».
Un porte-parole de l'association a dénoncé le projet de la droite alternative de «faire pression sur les autorités pour modérer la peine» de Tommy Robinson. «Ces tentatives pour influencer notre système judiciaire ne doivent pas l'emporter», a-t-il insisté.
Les juges devraient statuer sur le cas Robinson avant la fin du mois.