Lorsque la démocratie populaire contrevient à la démocratie oligarchique

Un peuple à la reconquête de sa démocratie

Cette dernière fait appel à la démocratie "autoritaire",

Tribune libre

UN COUP D’ÉTAT MILITAIRE QUI N’AURA DURÉ QUE 48 HEURES

Le 11 avril 2002, le Venezuela, son peuple et son Président, furent victimes d’un coup d’État, orchestré et planifié depuis plusieurs mois par les oligarchies nationales, les États-Unis, la cupule hiérarchique de l’Église catholique et de nombreux intermédiaires, fragiles à l’appât de millions de dollars qu’on leur a fait miroiter.
La formule qui avait donné de bons résultats au Chili d’Allende, en 1973, fut appliquée en achetant des dirigeants syndicaux et des militaires hauts gradés. Le tout, dans le but de créer le chaos que les médias privés de communication ne manqueraient pas d’amplifier et de véhiculer à l’échelle nationale et internationale.
Le problème de ces oligarchies est à l’effet que le gouvernement d’Hugo Chavez, l’élu du peuple, ne semble pas comprendre les lois de la démocratie oligarchique. Il agit comme si le peuple était souverain et maitre de ses richesses et de son destin. Pour eux, les véritables maitres doivent demeurer les puissances oligarchiques, dominantes tant à Washington qu’au Venezuela. Donc pas question de laisser ce Chavez poursuivre ses objectifs de bien commun au service de tout un peuple et au diable la démocratie au service du peuple.
Voici ce qu’en dit Wikipédia :
« Le coup avait été planifié durant six à neuf mois, et a été exécuté aprèsen vigueur d'une série de lois controversées en novembre 2001 et que le gouvernement ait tenté de renforcer son contrôle sur la compagnie pétrolière de l'État vénézuélien, PDVSA. Une grève générale a eu lieu en décembre 2001, et, pendant les premiers mois de 2002, plusieurs hauts officiers ont publiquement appelé Chávez à démissionner. Au début du mois d'avril, le bras de fer entre le gouvernement et l'opposition a débouché sur une grève à PDVSA, qui s'est transformée en grève générale du 9 avril 2002, soutenue par le syndicat (Confédération des travailleurs du Venezuela, CTV) et par la principale fédération patronale Fedecámaras. La grève a été prolongée pendant plusieurs jours, et le 11 avril, une manifestation de l'opposition a été déviée vers le palais présidentiel, où avait lieu un rassemblement pro-Chávez. Lorsqu'elle a atteint le centre-ville, des affrontements violents ont eu lieu, laissant un bilan de plusieurs morts et des dizaines de blessés par balle.
Les média privés vénézuéliens ont joué un rôle important en fournissant une couverture médiatique en continu de la grève générale et en soutenant et en diffusant l'appel à rediriger la manifestation vers le palais présidentiel. Le siège de Venevisión, propriété de Gustavo Cisneros, a notamment été l'endroit choisi par les principaux leaders de l'opposition pour se réunir après la manifestation du 11 avril, et de là, appeler les militaires à intervenir. Les média privés ont par ailleurs refusé d'interviewer des membres du gouvernement après la manifestation, et n'ont pas couvert les manifestations pro-Chávez qui ont suivi sa détention par les militaires. Des tentatives des partisans de Chávez pour déclarer qu'il n'avait pas démissionné ont été ignorées. La tentative d'une division de l'armée de rendre public son rejet du coup a été ignorée et diffusée uniquement par CNN. Lorsque les partisans de Chávez ont repris le palais présidentiel, les principaux média privés vénézuéliens ont interrompu la couverture des évènements et deux des trois principaux journaux du pays ont annulé leurs éditions du dimanche. »


Avec le recul, les enquêtes ont permis, entre autres, d’identifier ce tireur solitaire comme faisant parti du complot, et dont le mandat était de tirer sur les partisans de Chavez tout en relayant la nouvelle à l’effet que les partisans de Chavez tiraient sur la foule, tuant ainsi des dizaines de personnes.
Si au Chili, l’armée a joué le rôle principal, au Venezuela, cet honneur revient aux médias privés qui ont manipulé l’information sans égard à la vérité des faits et sans scrupule dans l’usage de montages et de mensonges, tous destinés à convaincre le peuple vénézuélien que Chavez avait atteint la limite du tolérable et qu’il était temps qu’il disparaisse. Certains commentateurs actuels parlent même du premier coup d’État réalisé principalement par les médias privés. Sans ces derniers, ce coup d’État ne se serait jamais produit.
C’est dire toute la force que représente ce pouvoir de contrôler l’information et d’en faire un outil de désinformation selon les besoins des objectifs poursuivis. Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus conscients de ces manipulations, mais, à l’époque, le Venezuela ne comptait pas sur une véritable présence de médias alternatifs et le privé y occupait toute la place. À tout ceci il faut ajouter cet appui actif des hiérarchies catholiques aux putschistes, au point d’être sur place pour célébrer le couronnement du représentant du patronat, Pedro Carmona, en tant que nouveau Président du Venezuela. Comme disait, en son temps, Pinochet : la démocratie autoritaire a sa raison d’être». En somme une démocratie imposée qui remet les pouvoirs de l’État et ses richesses aux puissances oligarchiques.
Malheureusement pour ces derniers, la fête n’a pas duré bien longtemps. Le peuple est descendu des collines et appuyé par une partie de l’armée, demeurée fidèle à la constitution et au Président, il a mis à la porte ces personnages, véritables bouffons et prédateurs du pouvoir du peuple, et il a exigé le retour de leur Président, détenu quelque part sur une Ile. Pour la première fois dans l’histoire contemporaine, un peuple conscient et déterminé, a fait reculer les traîtres et a repris la place qui lui revenait dans une véritable démocratie.
Deux vidéos nous font vivre, la première, la prise du pouvoir par les putschistes et la seconde, le retour du peuple et de son Président. Au total 25 minutes qui permet de saisir tout à la fois l’hypocrisie et la perfidie des premiers et la seconde nous fait vibrer à la grandeur et à la détermination d’un peuple. Ne manquez pas le détour, surtout vous qui croyez qu’un peuple peut se lever et agir.
[http://www.youtube.com/watch?v=0mLS3bs3tTc->]
[http://www.youtube.com/watch?NR=1&feature=endscreen&v=tGcgZLB0_NE->]
Les masques tombés, plusieurs ont choisi de s’expatrier, alors que d’autres poursuivent leur mascarade en toute impunité. C’est le cas, entre autre, de l’actuel candidat de l’opposition pour les présidentielles d’octobre prochain. Il s’était fait remarquer par ses actions terroristes contre l’ambassade de Cuba et sa participation active au putsch médiatique-militaire.
« Ainsi, lors du coup d’Etat d´avril 2002 contre le Président Chavez, Henrique Capriles, alors maire de Baruta arrondissement huppé de Caracas, participe activement à la répression contre le camp chaviste : il envoie la police municipale arrêter le ministre de l’intérieur de l’époque, Ramon Rodriguez Chacin, qui échappera de peu au lynchage par une foule d’opposants [2].
Capriles ne s´arrête pas là. En compagnie d’exilés cubains d’extrême-droite, Salvador Romani et Robert Alonso [3], et du Vénézuélien Henry Lopez Sisco (ancien bras droit du terroriste Posada Carriles), il participe au siège de l’ambassade de Cuba à Caracas. Au mépris des règles élémentaires du droit international, il menace les diplomates et leur fait couper l’électricité et l’eau. Lors de l´enquête sur le coup d´Etat du 11 avril 2002, le procureur Danilo Anderson décide de poursuivre Capriles qui passera plusieurs semaines en détention préventive. Après l’assassinat du procureur, il bénéficie d’un acquittement en décembre 2006. »



Que conclure ? Il faut se laisser inspirer et porter, par ce peuple qui a eu le courage de dire non aux tyrans et aux oligarchies et de dire oui à la démocratie et à ses dirigeants qui répondent à l’appel du Bien commun de tout le peuple. Chaque peuple a son histoire et il ne faut pas démissionner devant les défis qui nous attendent comme peuple. Plus nous deviendrons conscients, plus nous deviendrons plus forts devant les manipulateurs et les prédateurs.
Un dixième anniversaire que je ne pouvais laisser passer sans rien écrire.
Oscar Fortin
Québec, le 11 avril 2012
http://humanisme.blogspot.com

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citoyen du Québec et du monde

Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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6 commentaires

  • Oscar Fortin Répondre

    13 avril 2012

    @J.Lespérance; Vous avez raison de dire que Vigile.net se montre ouvert à l’expression des diverses facettes de notre patrimoine national. Vous remarquerez avec moi qu’elles vont toutes dans le sens d’une consolidation de nos solidarités sociales et des valeurs susceptibles de nous permettre d’en assumer pleinement le destin. Mes incursions en Amérique latine et à l’occasion dans le monde du religieux ont en commun de faire ressortir la capacité des peuples à se prendre en main et à mettre en évidence les mille manipulations qui visent à endormir les consciences et les peuples pour mieux s’approprier leurs richesses.
    @Didier : Je pense que chaque peuple a son histoire, ses héros et ses moments d’histoire de grande héroïcité. Ce que les peuples de l’Amérique latine peuvent avoir de différent avec nous c’est cette longue histoire d’exploitation à ciel ouvert d’une main-d’œuvre bon marché et d’une richesse livrée pour une bouché de pain. Que de luttes, que de persécutions, que d’épreuves de toute nature, que de gouvernants entièrement vendus aux prédateurs ont marqué ces années. La grande majorité des populations de ces pays n’a pas connu ce qu’était la consommation avec laquelle ces prédateurs ont acheté la paix avec nous. Aujourd’hui, plus conscients et plus instruits, ces peuples ont appris à s’organiser et, sous la direction de leadeurs authentiques, véritables missionnaires au service du bien commun de leurs peuples, ils avancent vers la construction d’un autre monde, un monde plus solidaire, plus juste, plus vraie. Dans tout cela, il faut bien distinguer le rôle d’une église institution, tout à fait ranger du coté des prédateurs, et celle d’une église portée par les valeurs évangéliques et respectueuses des formes religieuses des divers milieux. La foi, demeure avant tout un engagement de vie au service d’une humanité qui ressemble à celle pour laquelle ils luttent.
    @Pomerleau : votre commentaire qui est également une réflexion sur le cadre permettant d’analyser le plus correctement notre situation, le jeu des forces en présence, les stratégies mises en place par les oligarchies pour contrôler le peuple, l’approche qu’il nous faudrait prendre pour contrer ce contrôle oligarchique en le transformant en un contrôle du peuple, c’est tout une programme. IL y a certainement une méthode et une logique, mais à la différence de Descartes du « je pense, donc je suis », la logique des peuples est conditionnée par leur vécu et par les forces qui s’y confrontent. Chavez, dans un de ses discours sur le socialisme du XXIème siècle, disait qu’il ne fallait pas ajuster les peuples aux lois théoriques du socialisme, mais qu’il fallait plutôt construire avec les peuples un socialisme qui soit à leur image. Je dois toutefois vous avouer que je ne suis pas vraiment un spécialiste de toutes ces questions. J’ai des points de vue qui ne peuvent être que partiels.
    Merci à vous tous pour vos commentaires et bonne fin de journée

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    13 avril 2012

    Pour cadrer la réflexion sur ce thème des oligarques contre la souveraineté du peuple :
    ....
    Pour un « discours de la méthode » souverainiste
    1ere partie
    (...)
    Vers une méthodologie souverainiste
    En résumé, la méthodologie du Pouvoir consiste à défaire la souveraineté populaire, dans tous les sens du terme, politique, économique, énergétique, alimentaire, cognitif… Il nous faut donc élaborer un nouveau « discours de la méthode », qui répondra à la question « Comment refaire de la souveraineté ? », dans tous les sens du terme également. Ce discours de la méthode souverainiste sera fondé comme le prônait Descartes sur des « idées claires et distinctes », et s’opposera ainsi à la confusion des émotions, des sentiments et des affects, typique de l’hystérie collective dans laquelle le Pouvoir oligarchique veut nous plonger pour nous aliéner. À travers la construction de ce discours, il s’agira d’annuler la façon dont l’oligarchie règne sur nous, en nous formant à ses propres méthodes de gouvernance.
    En effet, pour s’exercer efficacement, le Pouvoir s’appuie sur une sorte de « technologie organisationnelle », une doctrine managériale étendue aux sociétés entières, qui fournit les clés, quand on la maîtrise, de son côté obscur, à savoir une « technologie désorganisationnelle », ou encore « management négatif ».
    Nous devons arriver collectivement à la conscience lucide que des techniques de désorganisation nous sont appliquées. Comment nous sont-elles appliquées ? Essentiellement au travers de deux stratégies combinées : une « stratégie du choc » libérale, consistant à créer de manière complètement artificielle des crises économiques, associée à une « stratégie de la tension » identitaire, consistant à créer de manière complètement artificielle des tensions identitaires (ethnico-culturelles et de genre).
    Gouverner par le chaos, comme nous l’avons écrit ailleurs. La conscience collective de ce management négatif qui nous est appliqué permet de ne plus en être la victime aveugle et le simple jouet, puis de commencer à reconstruire et « re-tricoter » ensemble le tissu psycho-socio-économique populaire et national que le Pouvoir passe son temps à détruire et détricoter.
    (...)
    Il est compréhensible que cette phraséologie un peu technicienne en rebute plus d’un, mais nous n’avons pas d’autre choix aujourd’hui que de l’adopter, si nous voulons nous mettre à niveau et rattraper notre retard. Le Pouvoir a quelques décennies d’avance sur le peuple pour ce qui concerne le niveau de conscience et de précision de son mode opératoire. Or, la force, c’est la précision. Si nous voulons être forts, nous devons être précis. Le Pouvoir le sait, raison pour laquelle il essaye par tous les moyens de nous rendre imprécis.
    Postures et impostures
    Globalement, le dévoilement en cours concerne donc la vraie nature du Pouvoir en Occident : quelles sont ses méthodes, comment procède-t-il ? Le terme générique que nous employons pour qualifier le travail de désorganisation du peuple par le Pouvoir est celui d’« ingénierie sociale ». Certes, il existe une ingénierie sociale positive et constructive, mais la négative est tellement majoritaire et écrasante que le rappel systématique du distinguo nous paraît superflu dans l’usage. Ce dévoilement des méthodes du Pouvoir représente le danger maximum pour le Pouvoir, lequel tire sa substance du fait qu’il est caché, inconnu.
    La spécificité du Pouvoir actuel, sa constante, aux antipodes de l’ostentation du Pouvoir traditionnaliste, est d’avancer masqué, donc de truquer la réalité, de « faire croire » qu’il n’existe pas ou qu’il n’est pour rien dans la situation actuelle. C’est le processus de « naturalisation », élément clé du management des perceptions : faire passer pour naturel ou involontaire ce qui a été en fait conçu et installé de manière parfaitement intentionnelle et réfléchie.
    (....)
    http://www.egaliteetreconciliation.fr/Pour-un-discours-de-la-methode-souverainiste-11327.html
    __._,_.___
    JCPomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    12 avril 2012

    Monsieur Fortin,
    Vous savez comme moi que les Québécois ne sont pas de la trempe des Sud-Américains.
    Ils sont incapables de réclamer que le gouvernement soit à leur service comme cela devrait être d'ailleurs dans la normalité des choses.
    Je trouve les gens d'Amérique du Sud d'une trempe fantastique par rapport à nous. Quelquefois, je me demande si cela ne vient pas à quelque part de leur foi solide, tout le contraire du Québec où la foi est quelque chose du passé et complètement oubliée désormais des jeunes générations.
    Car vous savez comme moi qu'ici en Amérique du Nord, nous sommes mal foutus.
    La clique qui est derrière les attentats du 11 septembre 2001 est au pouvoir aux États-Unis et au Canada.
    Comme le disent les architectes et ingénieurs en faveur de la vérité sur le 11 septembre, ces tristes événements ne peuvent s'être produits sans une complicité intérieure probablement au plus haut niveau de l'État.
    http://www.ae911truth.org/
    Et y a-t-il quelqu'un au plus haut niveau de l'État qui a été inculpé depuis?
    Personne, et non seulement cela, ces gens ont encore un pouvoir immense dans les décisions de nos gouvernements, non seulement aux États-Unis mais dans tous les pays occidentaux.
    La preuve est que depuis ce temps, cette arnaque qu'est la guerre au terrorisme se poursuit, arnaque car il s'agit d'une vache à lait pour l'industrie de l'armement entre autres et il s'agit d'une occasion pour contrôler davantage les populations des pays occidentaux.
    Au bout du compte, tous ces événements traduisent une volonté inébranlable d'une classe hautement privilégiée de ne pas partager la richesse collective.
    Dire que le regretté Michel Chartrand souhaitait l'instauration d'un revenu de citoyenneté universel afin que tous vivent décemment et puissent être heureux au Québec.
    Incroyable de voir combien des personnes peuvent être aux antipodes dans leur conception de la société.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 avril 2012

    Votre article M.Fortin fait la démonstration que Vigile.net est un trésor collectif de notre patrimoine national. Vous en avez fait la démonstration, merci.

  • Oscar Fortin Répondre

    12 avril 2012

    Je réalise que les liens mis en ligne ne fonctionnent pas je recommande aux lecteurs et lectrices d'aller au site le Grand Soir où ces liens sont très clairement mis en évidence.
    http://www.legrandsoir.info/venezuela-un-coup-d-etat-militaire-qui-n-aura-dure-que-48-heures.html

  • Oscar Fortin Répondre

    12 avril 2012

    Pour ceux et celles qui voudraient voir avec traduction française un documentaire d'une heure sur ce qui a précédé, s'est réalisé et a suivi le coup d'état au Venezuela. Ce que les grands reportage de RDI n'oseront jamais présenter.
    http://video.google.com/videoplay?docid=7658830544320971019#