Un premier ministre sous influence

Tribune libre

Je crois sincèrement que nous sommes en présence, avec Couillard, d’un néophyte qui se donne des grands airs de politicien aguerri alors qu’il n’est qu’un pantin dans les mains des marionnettistes de Sagard. Et pour être agréé comme prête-nom de ceux-ci, le député de Roberval a dû donner des gages probants de sa veulerie à ses maîtres.
Le premier gage consistait à démontrer qu’il pouvait faire fi de l’éthique en se négociant un emploi alors qu’il était ministre de la Santé dans le gouvernement Charest. Et pas n’importe quelle occupation : partenaire du Fonds d’investissement Persistence Capital Partners, ce type de fonds étant considéré par plusieurs comme du piratage de haut vol lié au capitalisme de prédation. Histoire, en plus, de découvrir le monde merveilleux de la fusion-acquisition de firmes dans le domaine de la santé et de revente avec une plus-value des plus prometteuses avec un minimum de risques financiers. Belle façon de bien comprendre les méandres de la pensée de ceux qui sont ses mentors.
Mais c’est lors de la campagne électorale où il s’est le plus surpassé dans la surenchère pour complaire à ses patrons. Sachant que nos amis de Sagard ont un penchant pour les grands airs de seigneur et pour tout ce qui touche à la pairie – réflexe bien connu du parvenu –, notre Couillard a ressorti sa particule, démontrant ainsi qu’il a ses lettres de noblesse et qu’il a bien reçu le message qu’on ne saurait tolérer de malotru dans le sérail. Sachant aussi que les Desmarais haïssent pour mourir le Parti Québécois et leur projet d’indépendance, notre démagogue en herbe s’est permis d’invectiver le million et quelques d’électeurs-trices ayant votés-es pour cette formation en démontrant la même exécration pour la social-démocratie et ses gueux que les membres de cette famille qui se veut de plus en plus princière, pour ne pas dire royale.
Retour dans le domaine éthique : notre homme s’est permis une autre anicroche, mais là majeure, en intimidant sa vis-à-vis en lice pour le poste de premier ministre, lui promettant les meilleurs sévices si elle persistait à lui mettre le nez dans ses déjections, celles-là même liées à des histoires d’évasion fiscale et à un compagnonnage douteux avec un autre médecin accusé de fraude. Et en essaimant une peur, frisant la paranoïa, chez les électeurs-trices concernant un hypothétique référendum qui n’existait que dans son esprit débridé. C’était le test suprême : démontrer ainsi que le serment professionnel des médecins enjoignant celui-ci à se comporter en toutes circonstances selon l’honneur et la dignité de la profession pouvait être transgressé et entacher, par le fait même, la relation de confiance que ces professionnels de la santé se doivent de préserver auprès de la population. C’est notre homme, s’exclamèrent nos potentats : il n’existe plus aucun doute.
Notre homo aplaventricus n’est pas du genre à proférer des paroles en l’air. Toujours conséquent avec les desiderata de ses nouveaux employeurs, il a épousé parfaitement leur vision de la vie en société en terre québécoise. Ainsi donc, nous serons, au fil du temps, amené à maîtriser la langue anglaise afin d’opérer des machines et, surtout, afin de pouvoir communiquer avec le préposé au dépanneur du coin pour le paiement de notre litre de lait, celui-là même qui ne parle malheureusement pas le français parce que c’est une langue en déshérence. Notons, pour l’exercice de notre démonstration, qu’une Desmarais sévit au conseil d’administration des Hautes études commerciales et a déjà entrepris ce processus d’anglicisation, qui ne dit pas son nom, en permettant l’instauration d’un master dans la langue de Shakespeare.
Le dernier mais non le moindre des gages de Philippe premier aux seigneurs de Sagard reste la promesse de réintégrer le Canada dans l’honneur et la dignité en acceptant d’être partie prenante de la Constitution telle qu’édicté par Pierre Elliot Trudeau en 1982 et de signer, en bonne et due forme, notre reddition. Non! Ce n’était pas un ballon d’essai, c’est une promesse faite à ses bienfaiteurs. Nous avons un Coderre à la Ville de Montréal qui a déjà commencé à préparer le terrain. Sous des airs de populiste, de Narcisse grossier, celui qui va chercher ses thèmes de mise en valeur de sa propre personne dans le Journal de Montréal reste un politicien retors de la meilleure espèce. Il a mis à sa main un Côté et un Bergeron. Inutile de parler d’une Joly qui a instauré un parti bidon pour évacuer toute possibilité de concurrence au maire en place et qui s’est impliquée auprès de Justin Trudeau dans sa course à la chefferie.
Le monde libéral est petit!
Comment tout cela va-t-il finir? Nul ne le sait. Monsieur Couillard nous a parlé du langage des tripes. Se pourrait-il que des membres influents de notre société civile se mettent, eux aussi, à parler le langage des viscères? Monsieur Couillard nous a indiqué qu’il faudrait lui passer sur le corps pour qu’une certaine charte soit adoptée. Se pourrait-il qu’il y ait des Québécoises et des Québécois qui voudront, eux aussi, signifier à leur premier ministre qu’il faudra qu’on leur passe sur le corps avant qu’une signature de la constitution honnie soit même envisageable?
Notre odyssée commence! Nous sommes en présence d’un gouvernement de banquiers et nous verrons comment tout ce beau monde nous mènera en bateau.


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1 commentaire

  • Marcel Haché Répondre

    25 avril 2014

    o Couillard aime la pêche. C’est un pêcheur. Il fait en politique ce qu’il fait à la pêche : il lance sa ligne puis attend la réaction. Si le poisson mord, il ferre. C’est la méthode qu’il a utilisée au cours des derniers mois. Lors qu’il a dit à propos de la Charte qu’il faudrait lui passer sur le corps, il lançait sa ligne. Il a ferré violemment sur le référendum dès le début de la campagne électorale. Il est devenu prévisible.
    Nous ne sommes pas des poissons