Une drôle de fédération canadienne

Et si le chemin Roxham se trouvait dans la petite Île-du-Prince-Édouard

Tribune libre

     Si le premier ministre Justin Trudeau avait à cœur la protection du français au Québec, cela ferait longtemps qu’il aurait demandé à ses fonctionnaires de transférer dans les autres provinces les immigrés qui traversent la frontière au chemin Roxham et qui parlent anglais, mais pas le français.


     Il n’y a pas que la langue. Ottawa a beau sortir son chéquier, la pression sur l’habitation, l’éducation, la santé, les services sociaux, les ressources humaines (alors que nous sommes en pénurie de main-d’œuvre), se fait sentir. Sans compter que le traitement des demandes prend un retard fou.


     Le Canada est une drôle de fédération. Les entités qui la constituent devraient être solidaires les unes envers les autres. Pourquoi les provinces anglophones n’ont-elles pas demandé par elles-mêmes à Ottawa qu’on leur transfère des immigrés de Roxham, en proportion de leur population ? À ce que je sache, il n’y a pas que des premiers ministres conservateurs dans ce pays. Vous imaginez si ce chemin se trouvait dans la petite Île-du-Prince-Édouard. Trudeau laisserait-il faire ?


     Aujourd’hui, les pays membres de l’Union européenne s’entraident pour faciliter l’accueil des réfugiés ukrainiens, mais des provinces qui font partie du même pays ne veulent pas entendre parler de Roxham. Comprenne qui pourra !


     N’empêche, le grand responsable de ce foutoir est le premier ministre canadien lui-même. Le chroniqueur Antoine Robitaille a bien raison : Si Justin Trudeau tient à « établir des objectifs de performance clairs [en santé] » en contrepartie d’une hausse (nécessaire) des transferts, François Legault devrait lui répondre sur le même ton. Les provinces, au sein du Conseil de la fédération, pourraient définir des « objectifs de performance clairs » pour Ottawa dans ses champs de compétence : passeports, frontières, immigration, etc.1




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