Une histoire vécue de désinformation à l’étranger

Ce jour-là, dans la classe de Vincent, se présente un canadien anglophone, venu parler de son pays le Canada...

Chronique de Marie-Hélène Morot-Sir


Mon petit-fils a quatorze ans, il habite depuis deux ans avec ses parents, en Slovénie, qui travaillent pour une banque française là-bas. Nos petits enfants étudient dans une école internationale, il n’existe pas d’école française dans un si petit pays où il y a à grand peine une vingtaine de français venus y travailler. Tout se passe en langue anglaise car cette école internationale regroupe avec un grand nombre de jeunes Slovènes, des allemands, des grecs, des italiens etc.
Ce jour-là, dans la classe de Vincent, se présente un canadien anglophone, venu parler de son pays le Canada. Notre Vincent était ravi, il connaît très bien le pays, venu en vacances avec son grand-père et moi, où il a visité aussi un grand nombre de musées. Il a lu les livres sur l’Histoire de la Nouvelle France, il a écouté raconter par sa grand -mère préférée (moi) les quatre cents ans écoulés de son Histoire...
Mais voilà donc l’intervenant canadien racontant que les anglais ont, grâce à leur reine d’Angleterre, découvert ce pays magnifique que leur reine a permis d’agrandir en lançant des explorations vers l’ouest du côté des Rocheuses, vers le nord jusqu’à la baie d’Hudson et vers le sud jusqu’au golfe du Mexique.
Mon petit Vincent trouve ces affirmations fort curieuses, il se lève, interrompt poliment en anglais l’intervenant, et lui dit très simplement que là vraiment ce n’est pas exact, sa grand-mère écrit des livres sur l’Histoire de la Nouvelle France, elle travaille sur des documents très anciens et aucun ne raconte ce qu’il vient de dire, car ce sont les Français qui ont bâti ce pays, appelé alors la Nouvelle France, ce sont eux qui ont fait ces expéditions-là dont il vient de parler, il ne se souvient pas exactement du nom des Français qui ont découvert l’Ouest et la Baie d’Hudson mais il se rappelle que c’est un Monsieur du nom de La Salle qui est allé tout le long du fleuve Mississipi, jusqu’au golfe du Mexique où il a planté une grande croix et enterré à son pied dans le sable une plaque aux armes du Roi de France et cela il en est sûr car c’était un 9 avril pile, le jour de l’anniversaire de son grand-père !...
L’intervenant a été tellement mis devant la réalité qu’il a été obligé de dire que c’était exact en effet, et cela devant la classe entière et le professeur Slovène qui n’en revenait pas qu’on puisse venir raconter tout et n’importe quoi à l’étranger !...
Pour conclure ce petit récit, je n’ai pas besoin de vous dire combien j’étais fière de mon petit-fils, je ne pensais pas qu’il avait retenu autant de choses de votre Histoire.
le 25 avril 2009 , Auteur : Marie-Hélène Morot-Sir

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Marie-Hélène Morot-Sir151 articles

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Auteur de livres historiques : 1608-2008 Quatre cents hivers, autant d’étés ; Le lys, la rose et la feuille d’érable ; Au cœur de la Nouvelle France - tome I - De Champlain à la grand paix de Montréal ; Au cœur de la Nouvelle France - tome II - Des bords du Saint Laurent au golfe du Mexique ; Au cœur de la Nouvelle France - tome III - Les Amérindiens, ce peuple libre autrefois, qu'est-il devenu? ; Le Canada de A à Z au temps de la Nouvelle France ; De lettres en lettres, année 1912 ; De lettres en lettres, année 1925 ; Un vent étranger souffla sur le Nistakinan août 2018. "Les Femmes à l'ombre del'Histoire" janvier 2020   lien vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=evnVbdtlyYA

 

 

 





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11 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    3 mai 2009

    Bonjour,
    Merci pour ce récit vécu ; mais surtout bravo à vous d'avoir transmis l'histoire de son pays, à votre petit fils.
    Je comprends que vous soyez fier de lui ; d'autant plus qu'il a eu le courage de contredire cet individu!
    Je viens d'envoyer votre texte à ma soeur.
    Bonne semaine,
    Jean-Renaud Dubois
    Sainte-Adèle

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    2 mai 2009

    pour vous dire madame Hébert, mais aussi à la personne si perspicace et charmante qui signe O que les conclusions de vos commentaires sont tout simplement qu'il faut enseigner dans tout le Québec à vos enfants et petits-enfants la belle Histoire de votre passé sur le sol de la Nouvelle France Comment pourront-ils en être fiers s'ils ne la connaissent pas ? Si l'école ne fait pas son travail alors les familles doivent peut-être s'en charger ?.. Qu'ils sachent tout ce qui s'est passé bien avant que les Anglais ne s'en emparent, de quelle façon vos pères ces Français, qui ont traversé l'Atlantique pour bâtir ce pays magnifique, qui est aujourd'hui le vôtre,ont lutté avec tout leur enthousiasme, tout leur courage et leur seule volonté, dans un pays où tout était à faire, ils ont en effet, entre autres, agrandi la petite colonie des bords du Saint Laurent jusqu'à l'ouest, jusqu'à la mer du Nord et jusqu'au golfe du Mexique d'une manière peu banale, dans un pays aussi immense avec des distances aussi inouïes et surtout avec le peu de moyens de ce 17ème siècle..en canot ou en raquettes comme le leur avaient appris leurs alliés Amérindiens..Ainsi que tout ce qui s'est passé durant ces 150 ans de présence française .. Totalement admirable et vous, vous êtes les descendants de ces gens-là, quelle fierté pour vous, .... Bien amicalement,
    marie-hélène morot-sir lepanperdu@orange.fr

  • Archives de Vigile Répondre

    29 avril 2009

    Madame,
    Voilà que les gens ont pris le temps de vous lire. Je me permets de revenir à nouveau, en commentaire cette fois aux remarques de Vincent:
    "...je me trouve actuellement en Slovénie auprés de mon petite-fils Vincent, je lui ai fait lire vos commentaires, nous en avons parlé ensemble, il est très étonné de vos chaleureuses félicitations, vraiment c’est tout naturel d’aprés lui de dire ce qui s’est passé..."
    Eh bien voilà la différence de culture. Grand-mère et petit fils ont été épargnés de cette calamité de l'aculturation. En ce moment, on parle surtout de dénationalisation. Par la pression de la culture anglaise, les Québécois, nous avons été dressés à garder le profil bas, pour éviter la "chicane" avec l'occupant. Nous ne connaissons pas de jeune, dans nos écoles, qui aurait possédé assez son Histoire, qui aurait eu l'audace de prendre position en public, contre tous et surtout contre le conférencier, pour s'affirmer avec autant d'aplomb et de maturité. En fait nous sommes jaloux de votre culture encore forte, malgré les reproches que nous aimons faire aux Français pour leur snobisme grandissant devant le vocabulaire anglais. Mais je dois m'excuser auprès des Québécois "de souche" que je ne connais pas et qui, exceptionnellement, auraient su résister à l'actuelle vague de canadianisation qui s'affaire à éteindre notre nation d'expression française. À ceux-là qui existent encore peut-être, et qui auraient eu ce fier réflexe de Vincent, je m'excuse mais vous demande de vous lever debout plus souvent et de faire des petits.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 avril 2009

    Madame Morot-Sir,
    J'ai eu envie d'écrire Grand-Maman Hélène, entre grands-mères...
    Merci de cette histoire ! Elle mériterait d'être racontée dans toutes les écoles du Québec. Pour que nos enfants - à qui l'on n'enseigne plus leur Histoire - puissent se laisser inspirer par la culture et surtout l'audace de ce fier Vincent. Jl'espère - j'en suis certaine - que vous lui transmettrez nos messages. Et je me charge en ce qui ne concerne de faire circuler l'histoire pour mes petit-enfants.
    Quant à la version du Canadian, ce n'est guère étonnant vous savez: ils ont déjà subtilisé notre emblème - la feuille d'érable - notre hymne national - ô Canada... Etc... Alors...
    Merci encore,
    Nicole Hébert

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    28 avril 2009

    je vous remercie d'avoir pris le temps de venir les écrire, vous les O, JP, madame Sophiebio, monsieur Marquette.. Merci néanmoins à O qui pensait qu'il y aurait davantage de personnes émues par cette petite histoire, cela ne veut pas dire, même si elles n'ont pas posté de commentaires qu'elles n'aient pas eu la possibilité de réfléchir à cette évidence d'instruire nos enfants sur leur Histoire, afin qu'une fois adulte ils puissent avoir un certain recul et ne pas s'en laisser conter si facilement .. je me trouve actuellement en Slovénie auprés de mon petite-fils Vincent, je lui ai fait lire vos commentaires, nous en avons parlé ensemble, il est très étonné de vos chaleureuses félicitations, vraiment c'est tout naturel d'aprés lui de dire ce qui s'est passé réellement dans les siècles précédents et non d'inventer ce qui arrange les uns ou les autres .. je suis donc encore plus fière de lui de sa réaction ! et une nouvelle fois merci à vous tous.

  • Christian Montmarquette Répondre

    28 avril 2009

    Il y a plus de 10 ans que je fais de la politique et très souvent je trouve qu'il n'y a rien comme ces petits événements et commentaires issus de la vie quotidienne pour illustrer la réalité.
    La devise du Québec est «Je me souviens». Si seulement notre propre jeunesse connaissait un peu mieux son histoire, il me semble que nous voterions moins comme des amnésiques...
    Christian Montmarquette
    Membre de Québec solidaire
    Militant pour l'éradication de la pauvreté et l'indépendance du Québec
    Courriel : chmontmarquette@yahoo.fr

  • Archives de Vigile Répondre

    28 avril 2009

    Je viens de finir la lecture de votre livre et en tant que Française, c'est sur j'en ai appris des choses sur l'histoire de la Nouvelle France ! Curieusement j'en connaissais quelques bribes, mais là ! C'est toute une autre histoire précisément .
    J'ai été impressionnée je l'avoue par l'aventure que cela a été, et encore plus particulièrement pour les tous premiers arrivés qui sont restés assez longtemps une poignée. Il en a fallut du courage pour construire, et rebâtir chaque fois qu'un conflit dévastait tout. Il en a fallut du courage aux hommes et aux femmes de ce bout du monde perdu de l'autre bord de l'Atlantique pour tenter de convaincre les Rois de France successifs des absolues nécessités de la colonie. Louis XIV en grand chef d'Etat a semble-t-il été celui qui a le mieux compris ces appels au secours que les gouverneurs successifs avaient tenté de lancer, et sans doute aussi un des seuls à avoir peut être perçu ce que ces quelques arpents de neige pouvaient éventuellement laisser présager de perspectives pour son royaume. Malheureusement les Rois se succédaient mais se ne ressemblaient pas !
    Alors Vincent fait la fierté de sa grand mère et c'est bien mérité ! Vous pouvez être fière de lui et pareillement il peut être fier de sa grand mère qui lui appris cette histoire. J'espère de tout coeur avec vous que la sortie du livre dans la Belle Province remportera le succès qu'elle mérite.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    27 avril 2009

    Madame,
    Dès votre publication, j'écrivais ceci: Je vous prédis ici une manne de messages vous témoignant aussi notre immense fierté pour votre petit Vincent !
    Je me désole de constater que je suis en train de perdre mon pari.
    Que sont, de Vigile, les vrais vigilants devenus?

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    25 avril 2009

    Merci de nous avoir raconté cette histoire.
    Je crois que votre petit-fils Vincent mérite des félicitations. Je crois également qu'il devrait être un exemple, pour tous les petits Québécois, quand ils seront, un jour ou l'autre, confrontées à la machine à propagande canadienne-anglaise!
    Quant au jeune canadien anglophone... On voit que son cas n'est pas un cas d'ignorance (car il a bien admis la vérité), mais un cas de malveillance! Que dire...? Il a vite appris, on le voit, à copier l'attitude de ses aînés à l'égard du peuple québécois!

  • Archives de Vigile Répondre

    25 avril 2009

    Félicitations au jeune Vincent! quelle belle histoire, merci madame, de nous l'avoir contée . Elle nous démontre s'il en était besoin combien il est important que nos enfants connaissent l'Histoire, de même que les adultes d'ailleurs, afin que personne ne puisse la détourner de son sens.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    25 avril 2009

    Madame,
    Je vous prédis ici une manne de messages vous témoignant aussi notre immense fierté pour votre petit Vincent!
    Ce seul geste, somme toute courageux, devrait lui mériter une invitation toutes dépenses payées au Québec avec tournée des grands médias et au bout, la plus grande décoration disponible chez-nous, que le PM vient de décerner à Charles Aznanour pour... pour quoi au fait?... ah oui, pour avoir protégé en France la chanteuse québécoise la plus prolifique qui soit, Linda Lemay et sa chanson: "Les souliers vaèèrrs".