La Norvège et son combat pour l’indépendance

Tribune libre 2009


Avant propos : En parcourant ce texte, je demande au lecteur d’avoir en tête le combat que mène le Québec lui-même pour obtenir son indépendance. Ce bref résumé n’a pas la prétention d’inclure toutes les péripéties de la lutte des norvégiens, mais il va à l’essentiel.
Première partie
En 1859, l’Assemblée des élus de la Norvège (la Storting) proposa l’abolition du poste de « Governor-généralship », représentant la couronne suédoise en Norvège.
La Suède refusa.
Mais lorsque, à la suite de ce refus, la Norvège refusa à son tour les plans de la Suède cocernant les douanes et l’union légale, le roi et ses conseillers retraitèrent et se dirent prêts à abolir le poste de gouverneur en Norvège.
L’opinion publique suédoise se déchaina alors et le roi recula.
Session après session, la Storting réitéra, avec entêtement, toujours la même résolution demandant l’abolition du poste de gouverneur en Norvège.
14 ans plus tard, après ce tenace exercise legal, la Norvège obtint que ce poste soit aboli. Désormais le gouverneur siègerait à Stockolm.
C’est ainsi, par obstination et fermeté, que la Norvège s’achemina, lentement mais sûrement, vers sa revendication majeure, i.e. obtenir un gouvernement responsable.
La Suède démontra une tolérance enviable envers les norvégiens.

La Norvège et son combat pour l’indépendance – 2
La Norvège après avoir obtenue, en 1873, que le poste de « lieutenant-gouverneur » représentant la royauté suédoise soit aboli sur son territoire, elle demanda alors que les ministres représentant la Norvège qui étaient en poste à Stockolm, soient transférés à Oslo.
La Suède refusa et pendant les 30 ans qui suivirent il y eut tension entre les deux peuples.
La Storting se divisa en deux. Il y eut les tenants de la séparation, majoritaires; et les unionistes, minoritaires, mais dont le quasi Premier ministre était issu, parce que nommé.
Maintes et maintes fois et après chaque élection la Storting vota pour le transfert de ses ministres en sol norvégien.
La Suède continuait d’opposer son veto.
En 1880 toutefois, la Storting déclara que la décision de la chambre avait force de loi sans égard au veto de la Suède. Les élus de la chambre ordonnèrent aux ministres de Norvège siègeant à Stockolm, d’obéir à la constitution et de se soumettre à la Storting.
Les ministres refusèrent.
S’ensuivit quatre années d’un imbroglio juridique qui attisa l’opinion publique.
Finalement la Storting vota pour démettre les ministres, les poursuivis et les mis à l’amende.
La Suède avait le choix entre donner son aval à ce qui ressemblait de plus en plus à un gouvernement responsable ou faire face à la guerre civile.
La Suède , encore une fois choisit avec civilité la voie pacifique. Et les unionistes acceptèrent cette avancée du peuple norvégien vers un gouvernement responsable.

La Norvège et son combat pour l’indépendance-3
Après avoir obtenu l’abolition du poste de « Lieutenant-gouverneur en 1873, et le rapatriement des ministres norvégiens qui siègeaient à Stockolm en 1884, une nouvelle bataille s’annonça.
Les norvégiens, grands navigateurs, en avaient marre d’être traités comme des citoyens de second ordre dans les consulats tenus par des aristocrates suédois. En 1892 la Storting vota l’établissement unilatéral des services consulaires.
Le roi opposa son veto.
Mais son veto devait être contresigné par les ministres qui, maintenant, officiaient en Norvège et étaient désormais choisis par la Storting.
Les ministres norvégiens refusèrent de contresigner le véto du roi.
Le gouvernement fut dissous et un nouveau cabinet fut nommé par le roi.
L’opinion publique s’échauffa à nouveau.
Il y eut des négociations concernant la représentation consulaire qui n’aboutit pas et les unionistes se sentant trahis par la Suède se rangèrent derrière les séparatistes et votèrent unanimement avec eux.
L’indépendance complète de la Norvège apparue, alors, comme une éventualité sérieuse.

La Norvège et son combat pour l’indépendance – 4
En 1905, la Storting vota unanimement un bill demandant des services consulaires séparés en ajoutant que cette demande était non négociable.
Le roi opposa son veto.
Le cabinet ministériel démissionna alors.
Devant les complications juridiques vécues par le passé, le roi refusa de former un nouveau cabinet, façon de refuser la démission du cabinet.
«  Pas d’autres cabinets ne peut être formé maintenant » dit le roi.
Le Premier ministre norvégien, M. Michelsen, aimé de son peuple, traduisit les mots du roi comme si la fonction royale ne pouvait plus s’exercer puisqu’elle ne peut s’exercer constitutionnellement qu’à travers le cabinet ministériel.
Le Premier ministre, Michelson, déclara que le roi ne pouvait donc plus gouverner la Norvège et qu’il avait, de fait, dissous l’union entre la Suède et la Norvège.
Une résolution fut passée le 7 juin 1905 annonçant que l’union entre la Norvège et la Suède était abolie et que la Norvège devenait un état indépendant.
Le Danemark, la Russie et la France demandèrent à la Suède de faire montre de modération.
Finalement la Suède, pleine de civilités, dignement et pacifiquement, demanda à la Norvège de tenir un référendum qui fut très largement gagné par les indépendantistes.
La Norvège devint alors un pays indépendant, et pu sortir d’un économie médiévale sous développée pour devenir un des pays les mieux développés de la terre et parmi les plus enviés.

Alain Raby, 29 décembre, 2009
Saint-Jean-Port-Joli

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Né à Mont Saint Michel, Qc

Bac en pédagogie - Hull

Maîtrise en Relations Internationales.

University of the Americas - Mexique 1971

Scolarité de doctorat en sciences politiques - Université Laval

Enseignant à Saint-Claude, Manitoba

Globetrotter et commerçant-importateur - Art populaire des cing continents à Saint Jean Port-Joli - Les Enfants du Soleil





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12 commentaires

  • Alain Raby Répondre

    2 janvier 2010

    Vous aurez compris que la Norvège est parvenue à son autodétermination politique parce qu'elle n'a pas eu peur de soumettre, encore et encore, des demandes non légales, soit, mais légitimes (exemple l'abolition du poste de Lieutenant gouverneur) et d'affronter avec persévérance et entêtement les vetos du Royaume, jusqu'à l'obtention de son indépendance.
    Le Québec, comme la Norvège, devrait apprendre à mieux commander l'agenda politique concernant son avenir et savoir affronter avec solidité les rebuffades fédérales.
    Voyez l'article: "Motion parlementaire pour l'abolition du paste de lieutenant gouverneur au Québec"
    Alain Raby

  • Archives de Vigile Répondre

    31 décembre 2009

    ERRATUM: L'abolition automatique du poste de lieutenant-gouverneur etc...devrait se lire comme ceci: L'abolition du poste de lieutenant-gouverneur etc... Merci
    André Gignac le 31-12-09

  • Archives de Vigile Répondre

    31 décembre 2009

    Monsieur Raby,
    Je suis entièrement d'accord avec les commentaires de M.Pierre Cloutier et de M. RenéP. Le système fédéral canadien est une camisole de force, un carcan pour le Québec. Le voeu d'allégeance des députés du PQ et du BLOC ne peut que les confiner dans l'obéissance "TO HER MAJESTY THE QUEEN ELIZABETH II" et à son corrolaire le gouvernement fédéral "CANADIAN". Le seul changement qu'ils peuvent demander au gouvernement fédéral, c'est une modification de la constitution de ce pays pour de nouveaux pouvoirs supplémentaires qui seront loin d'être accordés surtout après l'échec du lac Meech en 1990. Et pourtant, le gouvernement du Québec ne demandait que 4 modifications mineures. Ce que vise le PQ et le BLOC, c'est strictement un statu quo amélioré dans la fédération "CANADIAN". Ça s'arrête là point final!
    Leur immobilisme et leur grand silence présentement sont assez évidents; c'est la preuve que ces 2 partis qui ont le culot en plus de se dire souverainistes sont complètement impuissants dans le moment à pouvoir modifier quoi que ce soit pour empêcher la dérive actuelle du gouvernement québécois. Il faudrait pour nous en sortir au Québec, qu'à la prochaine élection provinciale (permettez-moi d'en douter fortement) que le PQ se présente comme un parti républicain: l'abolition automatique du poste de lieutenant-gouverneur au Québec se ferait automatiquement advenant qu'il soit élu comme gouvernement par une élection décisionnelle déclenchée dans le but évidemment de faire l'indépendance du Québec.
    Une fois ce gouvernement élu, il faudrait qu'il présente un projet de constitution du nouveau pays que serait devenu le Québec et qui devra être approuvé et voté par le peuple québécois. Je ne vois pas d'autre alternative de pouvoir s'en sortir. Finies la fumisterie fédéraliste et les sempiternelles querelles fédérales-provinciales, le peuple québécois se prend en main et assume son destin tourné vers les ligues majeures, c'est-à-dire le calibre international. Assez de temps perdu à tourner en rond! Le cul-de-sac actuel justifie une prise de position ferme et tournée vers l'avenir le plus rapidement possible. C'est ce que je souhaite au peuple québécois!
    BONNE ANNÉE À TOUS!
    ANDRÉ GIGNAC LE 31-12-09

  • Gilles Bousquet Répondre

    30 décembre 2009

    M. RenéPé, le peuple est peut-être souverain mais quand plus de 50 % du peuple vote fédéraliste, ça veut dire que le peuple est fédéraliste donc, contre défier le fédéralisme comme il se présente. Les syndicats ont fait la révolution en Pologne mais le peuple polonais avaient plus de raisons que le peuple québécois de se révolter.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 décembre 2009

    Monsieur Raby
    J'ai bien aimé la lecture de votre texte. Lorsque tu vois un petit pays comme la Norvège d'à peine 4 millions d'habitants s'en sortir si bien; premier pays au monde en 2009 pour la qualité de vie, ça te fait rêver en tant que Québécois. Pensez à tout le potentiel humain ici avec en plus toutes ces ressources naturelles que regorgent notre sol, une économie assez forte (la 16e au monde) et que nous ne possédions pas encore notre pays qui pourrait rayonner au niveau international, ça me dépasse! Espérons que les Québécois, en 2010, auront une grosse prise de conscience collective afin de quitter cette dépendance fédérale pour nous prendre en main afin de l'avoir notre pays. C'est mon meilleur souhait pour la prochaine année. Bonne Année!
    André Gignac le 30-12-09

  • Archives de Vigile Répondre

    30 décembre 2009

    Monsieur Bousquet,
    si les députés du PQ refusaient tous de prêter serment à d'autres qu'au seul peuple Québécois, cela provoquerait une crise dont la solution devrait forcément être trouvée par le peuple qui est souverain. Bien entendu, les fédéralistes vont en appeler à la Cour Suprême mais, en démocratie, c'est le peuple qui est souverain. Le Québec n'a pas signé la Constitution "unilatérale" Canadienne et n'a pas participé à la nomination de la Cour Suprême. Donc, on ne doit pas se plier, en tant que peuple, à la gouverne illégale et immorale des fédéralistes. Pour agir ainsi, il faut cependant des députés qui ont du cran. Si les députés osent défier les règles établies par l'envahisseur, le peuple les suivra mais comment peuvent-ils demander aux citoyens de ne pas avoir peur si eux-mêmes reculent devant le moindre obstacle? Certains diront que c'est risqué. Tout ce qu'on risque, c'est de faire débloquer les choses. Ca fait 40 ans qu'on n'ose pas parce qu'on a peur que le peuple ne suive pas et le peuple n'a pas suivi parce que ses chefs n'ont pas osé. Il faut donc changer de stratégie et oser. Le résultat ne pourra pas être pire que celui obtenu jusqu'à maintenant. Alors, mesdames et messieurs les députés, osez et on vous suivra.
    Vous savez, en Pologne, la libération s'est faite parce que le syndicat Solidarnosc a osé. Ils n'ont pas attendu qu'on garantisse leur succès:ils ont osé.Et le résultat est arrivé.

  • Gilles Bousquet Répondre

    30 décembre 2009

    Ceux qui se disent souverainistes et qui, en même temps, prennent un évident plaisir à critiquer le PQ et le Bloc devrait écrire ce qu'ils feraient eux de plus, concrètement, pour faire arriver la souveraineté du Québec plus rapidement. Ce n’est pas parce qu’on est frustré qu’il est utile de tenter de démolir la seule chance d’aller où l’on veut se rendre.
    Le serment à la Reine est une obligation pour pouvoir siéger à notre Assemblée nationale, en attendant la souveraineté. Impossible de passer à côté, c'est un pré-requis dans le système actuel. Les députés du PQ y ont ajouté une référence au Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 décembre 2009

    Entièrement d'accord avec monsieur Pierre Cloutier. Le PQ ne sert, finalement,
    qu'à faire durer le système fédéral dans lequel le Québec et sa population est
    embourbé, et ce, jusqu'à la disparition prochaine de ce dernier.
    Conséquence pour le PQ? Aucune! Ils ont "prêté serment à sa majesté la reine
    d'angleterre". Alors, le peuple québécois en tant que DERNIERE entité française
    en Amérique du Nord, va se dissoudre dans le grand tout "canadian". MAIS, le
    système fédéral continuera, et les députés PQistes seront assurés de la conti-
    nuité de leurs salaires, pensions, et autres avantages. C'est pareil pour le BQ.
    Nonobstant ce que la Norvège a pu faire à partir de 1976, leur gouvernement
    lors de LEUR indépendance, s'est conduit avec courage, honneur et patriotisme.
    Qualités qui manquent totalement au PQ et au BQ.
    P.S.: Monsieur Bousquet devrait savoir que la situation Russie-Tchétchénie n'est
    aucunement comparable à celle du Québec. Il devrait consulter le site russe:
    http://alexandrelatsa.blogspot.com/ pour entendre un son de cloche mieux équilibré, disons. "Dieu! Que cette comparaison sent la province!"
    Claude Jodoin Ing.,
    Amérique Française

  • Archives de Vigile Répondre

    29 décembre 2009

    La Norvège et la Suède, c'était le grand dada de René Lévesque. C'est la`qu'il avait pris sa souveraineté-association. Si seulement il avait su que la Norvège l'espionnait pour le compte d' Ottawa. Une sorte de Claude Morin si l'on veut, version scandinave.
    Dans "Moi, Mike Frost, espion canadien", écrit par Michel Gratton, l'espion canadien révèle que la Norvège espionnait le Québec pour le compte du Canada

    «Nous avons demandé aux Norvégiens -et probablement aux deux autres pays scandinaves- s'il y avait moyen pour eux d'intercepter les communications françaises. La cible était les communications entre le Québec et la France.» C'était peu après l'élection du gouvernement Lévesque, le 15 novembre 197. Étant donné que Lévesque avait promis la tenus d'un référendum sur la séparation du Québec pour 1980, "le gouvernement Trudeau voulait savoir tout ce qui pouvait se dire et se faire entre le Québec et la France", rapporte Frost»

    «Frost pris connaissance de l'écoute faite par les Norvégiens contre la France et le Québec au début du mandat de Lévesque."Tout ce que je sais, c'est qu'ils (les Norvégiens) le faisaient pour nous et qu'ils nous fournissaient beaucoup de matériel, surtout des télex, si je me souviens bien"

    PP. 319 et 320


  • Archives de Vigile Répondre

    29 décembre 2009

    Merci pour ce texte.
    Un leçon à retenir:
    On voit que le rapport de force se bâtit lentement et que la rupture est réalisé de facto avant de l'être de jure.
    JCPomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    29 décembre 2009

    Si le PQMarois avait le moindre petit courage de joindre l'acte à la parole, il proposerait l'abolition pure et simple du poste de Lieutenant-gouverneur et son remplacement par un président élu au suffrage universel avec l'assentiment de 80% de la population.
    C'est ce qu'on appelle assumer le rapport de forces.
    Mais du courage, le PQMarois n'en n'a point. Tous ses députés ont prêté serment à sa GRACIEUSE MAJESTÉ LA REINE D'ANGLETERRE et ils continueront de le faire.
    Pierre Cloutier

  • Gilles Bousquet Répondre

    29 décembre 2009

    Ici, on peut voir clairement que le colonisateur est le même partout, il ne veut pas lâcher le morceau tant qu'il peut et pourrait aller jusqu'à attaquer et occuper sa colonie pour continuer de la soumettre comme les Russes l'ont fait en Tchétchénie et ailleurs, dans le monde des puissants.