Les femmes et les religions

Une lutte incessante pour l'égalité

Et les subventions aux écoles confessionnelles ?

3318eb4cf14acfd0273c5d1e047c3378

« L’aide de l’État ne devrait-elle pas favoriser l’intégration à la société québécoise ? »

En 2010, lors d’une conférence sur la laïcité tenue à Montréal, une féministe algérienne, Wassyla Tamzali questionne les féministes du Québec : « Où êtes-vous ? Comment se fait-il qu’on ne vous entende plus ? » Ces interrogations ont beaucoup alimenté ma réflexion sur la laïcité.
Dans les années 70-80, les féministes refusent de mettre en veilleuse leurs revendications au profit d’une gauche ayant plutôt une vision économique et socialiste du changement. Des femmes réclament la légalisation de l’avortement et un accès à de meilleurs moyens contraceptifs. Elles dénoncent la violence faite aux femmes et elles demandent des changements aux lois existantes etc.
Par la suite, les femmes concentrent davantage leur énergie dans la sphère privée: les relations hommes-femmes, les droits parentaux, les droits des enfants, la conciliation travail-famille etc.

N’est-ce pas le moment maintenant, de réfléchir ensemble, sur ce que nous voulons comme société pour demain ?
La religion et les femmes
Dans les religions catholique, juive ou musulmane, les femmes ne sont pas égales aux hommes, elles n’occupent pas une place importante dans l’organisation. Elles sont davantage cantonnées dans le domaine privé, à leur rôle de mère et d’épouse, avec des règles plus ou moins strictes selon le temps, le lieu, «l’officiant» et le degré d’intégrisme.
Contrôler la sexualité des femmes semble être une grande préoccupation pour les religions et couvrir la tête des femmes est une véritable obsession, de la mantille au voile de nos religieuses, de la perruque au voile islamique. Marque de soumission ou cheveux « érotisant » ?
Au Québec, ce n’est pas l’Église catholique qui a laissé la place aux femmes, mais plutôt les femmes qui l’ont prise. Un questionnement féministe de la laïcité est un moyen d’encourager la solidarité entre les femmes tout en luttant contre le racisme.
D’hier à aujourd’hui, le corps des femmes au Québec
Lors de reportages télévisés, de jeunes femmes musulmanes disent préférer se voiler afin d’éviter d’être harcelées; je me rappelle que jeune adulte je détestais les sifflements ou les attouchements de ceux que je traitais silencieusement de « vieux cochons ».
Aujourd’hui encore les jeunes filles sont plus à risque d’être agressées sexuellement J’ai appris dernièrement que des filles qui pratiquaient le soccer en 6ième année préfèrent abandonner en sec.1, afin d’éviter de se faire harceler par les garçons. Le port de shorts montrant des cuisses ?
Malgré un certain progrès, de trop nombreuses femmes subissent encore aujourd’hui, au Québec de la violence conjugale et du harcèlement sexuel.
Il n’y a pas si longtemps, l’avocat d’un agresseur pouvait investiguer le passé de la victime et sa tenue vestimentaire au moment de l’agression : il cherchait à rendre la femme coupable d’avoir elle-même provoquer son viol. Le voile utilise la même logique : le port du voile protège les femmes du regard des hommes et il rend les hommes plus « respectueux » envers les femmes. Ainsi porter le voile pourrait protéger les femmes d’une agression sexuelle. Des femmes peuvent choisir une solution individuelle mais il est faux de croire que se rendre invisible fera diminuer la violence faite aux femmes.
Adil Charkaoui, un des organisateurs de la manifestation du 20 sept 2013 contre l’islamophobie enseigne à sa mosquée que la femme doit rester dans son foyer et n’en sortir qu’en cas d’urgence. Elle doit porter le hijab légal, ne pas se mêler aux hommes etc. En 2004, le Cheikh Elmenyawi du Conseil musulman de Montréal demandait au gouvernement libéral de réguler la pratique de la charia. Qui pratiquent l’exclusion au Québec ?
La religion et le politique
La complicité entre l’Église et l’État colore l’histoire du Québec, de la collaboration entre les évêques catholiques et les gouverneurs britanniques, à l’exil de Mgr Charbonneau opposé au Premier Ministre Duplessis.
Accrocher le crucifix à l’Assemblée nationale n’a fait qu’officialiser un lien qui se poursuit encore aujourd’hui, puisque Québec accorde toujours une exemption fiscale de toute taxe foncière, municipale ou scolaire à un lieu de culte public (catholique, anglican, baptiste, Témoins de Jéhovah, synagogues, adventiste, islamiste, etc.)1 Cette dispense prive les commissions scolaires et les municipalités de revenus appréciables.
Nous pouvons aussi remettre en question les subventions accordées aux écoles privées. (Un reliquat des collèges classiques catholiques ? ) En 2010-2011, 61.5% des écoles privées bénéficient d’une subvention publique de l’ordre de 60%. Mais encore plus inquiétant, entre 1998 et 2011, le nombre d’écoles privées confessionnelles augmente, il est de 25% pour les écoles privées catholiques et de 18% pour les écoles privées de minorités religieuses (orthodoxe grecque, apostolique arménienne, évangélique, adventiste, brethen, juive et musulmane etc.).²
De plus, il semble y avoir une croissance des CPE à couleur confessionnelle juive et islamique.³ La peur d’être jugées racistes empêche-elle les organisations gouvernementales d’étaler clairement les chiffres? L’aide de l’État ne devrait-elle pas favoriser l’intégration à la société québécoise ?
La situation économique et les femmes
Certains croient que l’acceptation des signes religieux dans les services publics permettra aux femmes de s’intégrer par le travail à la société québécoise. Il me semble que nous ne pouvons pas tout comme dans le passé, croire qu’une solution uniquement économique pour quelques-unes puisse être bénéfique à l’ensemble des femmes. D’ailleurs je ne peux m’empêcher de penser à ces femmes et à ces hommes qui n’osent parler ouvertement de leur adhésion à une charte de la laïcité par peur de subir des menaces ou d’être exclus de leur communauté.
Actuellement il est de bon ton de s’opposer à une charte de la laïcité. On vante les politiques sociales progressistes du Québec, pourtant depuis 30 ans avec les politiques néolibérales du Parti Québécois (PQ) et surtout du parti libéral du Québec (PLQ) les conditions sociales se dégradent : l’écart entre les riches et les pauvres s’accroît, le nombre de travailleurs pauvres augmente et l’endettement familial atteint un niveau record.
Ce sont les femmes les premières victimes de cette détérioration des conditions de vie. La difficulté d’intégration des immigrants dans la société québécoise est préoccupante mais la religion ne peut être un véritable moteur d’intégration. Des cours de francisation, une formation. à l’emploi, l’application des lois contre toute forme de discrimination (travail, logement, justice etc.) sont bien davantage la marque d’une société tolérante, consciente de l’importance de lutter contre l’exclusion.
1 Girard Michel : « Question de culte et d’exemption », La Presse, 29 mai 2010
2 Gervais Lise-Marie : « La popularité des écoles catholiques explosent », 25 mai 2013-10-22
3 Mailloux Louise : « Jugement au Saguenay : une prière pour Bernard », L’Aut' Journal, 13 juin 2013


Laissez un commentaire



2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    31 octobre 2013

    La sexualité est une force de nature vitale. Elle est la force qui amène la création des corps et il est de la nature des corps d'être sexués. Que cette force soit au travers nous participe de la Vie. Mais la puissance doit maîtriser cette force. Cacher, voiler l'objet de désir n'est pas la maîtrise ni la Sagesse. Peut-être n'est il que le nier. Cacher le corps ne peut être la solution au manque de maîtrise, mais une stratégie. Stratégie de négation, stratégie protection, ... Stratégie d'évolution ???
    ...visa le noir, tua le blanc

  • Archives de Vigile Répondre

    30 octobre 2013

    J'ai trouvé un article qui est éclairant suite a votre article.
    La Voilée et la Putain.
    http://leglobe.ca/2013/10/la-voilee-et-la-putain/