Bonjour,
Dans un récent texte, vous faite la critique des démissionnaires. À travers nos échanges, vous semblez vouloir cristalliser nos positions respectives comme si elles étaient irréconciliables. Cela me semble un raccourci pour éviter d'aller au fond des choses par rapport à la loi 204, manoeuvre qui vous permet d'éviter une remise en question douloureuse mais nécessaire.
D'entrée de jeu, vous écrivez noir sur blanc que vous souscrivez à une interprétation relativiste de la connaissance du monde. Vous ne comprenez pas ce que cette vision a de dangereux et de pernicieux pour le « vivre ensemble », je vous propose donc cette lecture pour vous expliquer les danger d'une telle conception, c'est un texte sur la langue, une question où nous sommes probablement du même côté. Je vous en livre un extrait, vous comprendrez mieux la teneur de cette missive-ci :
Maintenant, il n’en tient qu’à nous de démontrer que la postmodernité était un épisode temporaire de la modernité et je crois que le remède à la postmodernité, c’est d’insister justement sur les valeurs de la modernité. La raison, la science, l’Histoire, quand elles sont bien maniées démembrent absolument les construits postmodernes, mais il faut d’abord comprendre sur quoi ils reposent.
Votre propos dans votre dernier texte est de remettre en question l'intégrité et les principes évoqués par les démissionnaires pour expliquer leur démarche. Vous produisez un texte expressif, bouillant et à travers lequel vous utilisez beaucoup de procédés stylistiques, ce qui donne une force certaine à votre communication, mais en dehors de railler, vous n'offrez pas d'arguments rationnels ou une analyse des faits pour soutenir votre point de vue; ainsi les démissionnaires ont fait un «show», le député de Mercier «est un d'Artagnan». L'essentiel de votre texte consiste à critiquer les députés en les ridiculisant. Vous y réussissez très bien. Pourtant, dans vos commentaires, vous écrivez :
« Il n’y a pas plus informé que moi, vous pouvez me croire et mon sens critique vaut certainement le vôtre. Je n’ai pas le goût ni l’énergie pour revenir sur votre analyse des témoignages de l’un et de l’autre.»
Comprenez que je trouve étrange que vous réfugiez dans ce relativisme que je dénonce, si justement vous prétendez être informée et avoir un sens critique aiguisé. Ces qualités ne sont visibles que si on les exerce et à la rigueur, ce n'est pas moi que vous convaincrez, mais d'autres, mais vous préférez écrire :
« Vous avez votre vérité, j’ai la mienne. Vous aimez mieux la vôtre, j’aime mieux la mienne. Nous sommes donc quittes et je n’ai rien à vous prouver.»
Pourquoi alors prenez-vous la peine de nous livrer vos critiques?
C'est malheureux, parce que vous discréditez votre propre propension à découvrir la vérité, ou du moins à décrypter le réel, en l'assujettissant d'abord à ce que vous dites aimer. Vous avez peut-être l'honnêteté de nous partager vos biais, mais vous supposez que nous fonctionnons nous-mêmes comme vous. C'est justement à un exercice différent que nous convie la tradition humaniste et la philosophie, lesquelles ont accouché des sciences et du droit. En essayant de marcher dans les pas grecs de Socrate, de Platon, d'Aristote, puis des pas français de Descartes, de Montaigne, et de Rousseau, puis en cherchant à comprendre, en s'inspirant de Spinoza, Marx ou Foucault, on peut bâtir une société plus juste et meilleure.
Qu'est-ce à dire? Quelle démarche se cache derrière ces noms? C'est-à-dire que nous pouvons nous efforcer de dialoguer dans nos communautés pour trouver des principes et des modes d'organisation de nos sociétés qui seront à la fois consensuels et progressifs (qui accroitront le progrès matériel, culturel et spirituel des dites sociétés).
Au Québec, les dénominateurs communs que nous chérissons sont la démocratie, la justice, l'équité, la transparence, la responsabilité et l'imputabilité. Nous tolérons facilement les échecs et les erreurs de nos dirigeants si nous avons l'impression que ceux-ci agissent de bonne foi et en respectant ces principes. Les moyens sont peut-être plus importants que la fin... Par exemple, nous sommes très sévères envers toute forme d'intimidation et de violence ou encore, ce qui a le plus dérangé les Québécois par rapport aux pertes de la Caisse de dépôts et placements, c'est la manière avec laquelle Henri-Paul Rousseau s'en est lavé les mains. Il aurait candidement fait son chemin de croix que nous l'aurions probablement pardonné. Sans que je valide mes prétentions par une enquête anthropologique sur les valeurs, le simple signe que nous communiquions sur Vigile et un indicateur du partage des valeurs dont je parle. J'imagine sans peine qu'une analyse de contenu des textes et des commentaires de la tribune libre illustrerait facilement cette proposition.
Donc bien que l'on doive tenir compte de la subjectivité évidente de chaque individu, il n'est pas vrai que «toute les vérités se valent» dans la vie politique et dans le «vivre ensemble». Il y a des moyens de vérifier le degré de fidélité d'une vision de la réalité et la réalité elle-même. Et le meilleur moyen, c'est la confrontation des points de vue. On peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein, mais à un moment donné, pour en avoir le coeur net, on peut mesurer les volumes et s'entendre sur les outils que nous allons utiliser pour faire cette lecture. Ensuite, si nous sommes d'accord sur les instruments de perception de la réalité, nous n'aurons pas de choix de reconnaitre la lecture exacte que nous donnent nos instruments. Voilà ce que permet la confrontation des points de vue.
Un acteur politique ou social qui refuse de s'engager dans un tel exercice indique par là qu'il n'est pas prêt à confronter sa vision à l'épreuve de la réalité. Jusqu'ici, je conviendrai que nous sommes dans une réflexion méthodologique sur la recherche de la vérité et que cette réflexion est éloignée de notre propos, votre critique acerbe des démissionnaires
*******************************************************
J'arrive enfin au coeur de notre litige : vous remettez en question les raisons, c'est-à-dire l'idée selon laquelle les démissionnaires auraient agi au nom de leur principes et vous critiquez leur comportement d'aujourd'hui, et ce, dans un style qui ne peut que heurter les gens qui s'identifient à la démarche de ces derniers. Vous faites cet exercice en omettant sciemment un examen ou une analyse de certains événements ou discours, lesquels pourraient valider la thèse que vous attaquez. Pourtant, vous insistez sur votre sens critique ou votre propre capacité à être informée. Vous faites donc exactement ce que la ville de Québec fait avec la requête de Denis De Belleval, un déni complet.
Je vous ai pourtant posé des questions très précises sur des aspects de la loi 204 (la requête de Monsieur De Belleval et la participation de Maître McCann en commission parlementaire). Vous évitez cette invitation à plonger au coeur du débat alors que ce serait une occasion de vérifier si oui ou non cette loi 204 est en contradiction avec les principes de démocratie, de justice, de l'équité, de la transparence, de la responsabilité et de l'imputabilité. Comment pouvons-nous connaitre la valeur réelle de votre soutien à cette loi si vous n'osez pas soumettre vos positions à notre examen analytique et critique? C'est comme si nous avions un différend sur le poids d'un objet et que vous refusiez de venir confirmer les chiffres que je lis, moi, sur une balance, sous prétexte que nos opinions diffèrent de toute façon.
Je vous rappelle que c'est vous qui remettez en question les principes d'autrui. Vous avez donc le fardeau de la preuve. Or, vous fuyez ce débat ou la responsabilité de défendre votre point de vue avec cohérence. Vous persistez d'ailleurs, dans vos comparaisons pour défendre la loi 204, à utiliser des exemples dont nous avons déjà exposé la faiblesse (la protection par l'Assemblée nationale d'un contrat de gré à gré avec Bombardier pour les voitures de métro), puisque nous avons déjà expliqué que l'Assemblée avait été induite en erreur par nul autre que Lucien Bouchard. Ajoutons aussi que le métro est un transport collectif essentiel pour une métropole de près de 3 millions d'habitants et qu'une entreprise médiatique ne fera pas de profits en administrant cette infrastructure. Si Power Corporation devait administrer pour la ville un métro que le Québec devait payer, alors tout le Québec serait en droit de s'insurger contre une loi spéciale qui aurait protégé une entente entre Desmarais et le maire Tremblay. Ensuite, la question du principe de l'équité fait en sorte qu'il est normal de protéger le bien commun québécois, à savoir par exemple notre économie et des emplois et l'initiative de faire construire les voitures à La Pocatière. Dans ce cas-ci, ceux qui se font avoir ne sont pas les Québécois, mais les entreprises étrangères furieuses d'avoir été écartées d'un appel d'offre. Dans le cas de la loi 204, ce sont les 5 principes dont j'ai parlé plus haut qui sont menacés et c'est directement la population qui en souffrira.
Il est probable que si le PQ était populaire, alors les démissionnaires auraient peut-être voté pour le projet, mais peut-être aussi qu'un PQ populaire se serait mis à l'abri de la nécessité d'une mesure populiste et contestable comme celle d'un projet de loi privé sur l'entente de l'amphithéâtre. C'est donc l'adversité qui fait apparaitre les conflits de valeurs. Peut-être que les démissionnaires ont agi par opportunisme, mais le PQ a également aussi agi par opportunisme par le passé et ça ne veut pas dire qu'il n'avait pas de principes, mais que son action politique pouvait marier stratégie et principes et rendre la stratégie soluble dans les valeurs.
Dans votre cas, vous ne considérez pas que la loi 204 est problématique, c'est votre droit le plus strict, mais ça ne vous permet pas de balayer du revers de la main les prétentions d'autrui d'examiner la question et d'y trouver à la foi un problème éthique et stratégique. Je dirais au contraire que cela vous éloigne de votre propre objectif : convaincre les gens de voter et de militer pour le PQ et Marois. Or, non seulement vous discréditez par vos propos les péquistes qui ont voté contre le projet de loi 204, donc votre propre parti, mais vous montrez que votre fidélité et votre loyauté sont d'abord tributaires de vos émotions et de vos liens affectifs. Votre adhésion au PQ et à Marois semble inconditionnelle.
Certains citoyens pensent que cet attachement inconditionnel, quoique noble, est un des facteurs de l'effritement de la démocratie. Ils ont peut-être tort, mais ils ont le mérite d'exprimer clairement et rationnellement leur conviction. De plus, si vous êtes allée à la soirée hommage du MSQ au groupe Loco Locass, vous avez pu entendre Aussant et Curzi parler en bien de leurs collègues du PQ et vous auriez pu voir Maka Kotto les applaudir. Curzi et Aussant parlaient de leurs ex-collègues comme des amis. Des amis avec lesquels ils sont en désaccord pour certains principes. Il y a donc les partisans inconditionnels des principes et les partisans inconditionnels du véhicule politique qui devrait incarner ces principes.
Il se trouve que pour plusieurs, le PQ, le PQ Marois n'est plus le véhicule des principes, mais un parti comme les autres. Au même titre que votre loyauté va d'abord au parti, la loyauté des démissionnaires et de ceux qui les soutiennent va d'abord aux principes. Vous me répondrez peut-être que c'est une contradiction, puisque ça nous éloigne du but, mais c'est justement le propre des principes, ils ne sont justement pas négociables. C'est dans le feu de l'action et dans les situations déchirantes qu'ils sont pertinents et qu'ils s'actualisent.
Vous n'aimez pas le «Marois-bashing»? Pourquoi servez-vous la même recette aux démissionnaires et à ceux qui les soutiennent? Remettez en question leur stratégie, leur vision, mais remettre en question leur conviction ou leur principe, alors que cela a dû être une épreuve très douloureuse, c'est manquer de respect envers les principes pourtant fondateurs du PQ et c'est prendre le train d'une partisanerie qui a déjà fait un tort immense au Québec. Vous reprochez à Curzi son manque de réalisme et de véritable «esprit politique» alors qu'il démissionne justement parce que ses propositions seront vues par les péquistes comme ridicules, mais qu'il trouve important de les dire, ses propositions. Au moins, il ne vous embarrassera pas...
Notre conflit de valeur s'étend jusque sur la question de la proportionnelle, on le voit bien. Ceux qui ont vécu plus longtemps sous le joug britannique voient obligatoirement la proportionnelle comme une perte pour la majorité, alors que les plus jeunes pensent au contraire qu'un changement de culture politique permettrait à la plus large coalition de gouverner. Qui a tort, qui a raison? Il faut indubitablement en débattre et en confronter les points de vue, la proportionnelle pourrait aussi permettre à plein de jeunes anglos de voter à gauche ou vert sans «perdre leur vote», ce qui affaiblirait considérablement les libéraux... Mais ce n'est pas en restant coi que ce débat se fera. Vous écrivez :
« Je suis fatiguée de toutes ces divisions chez les indépendantistes qui nous affaiblissent bien plus qu’elles nous unissent. »
Doit-on obligatoirement se fondre dans le PQ s'il nous insatisfait ou si nous sommes mal à l'aise? Pendant des années, j'ai eu un patron qui critiquait l'indépendance en critiquant systématiquement le PQ, or il avait parfois raison dans certaines critiques qui n'avaient rien à voir avec l'indépendance comme telle. C'est à ce genre de tension que les indépendantistes veulent échapper. Pourquoi ne peuvent-ils pas le faire sans à leur tour être critiqués? Ils sont incapables d'être les inconditionnels que le PQ exige de ses membres, pourquoi s'entêter?
Faites votre gouvernance souverainiste puis laissez-nous parler d'indépendance à notre guise. Mais si vous tenez absolument à nous ramener dans votre giron ou à nous critiquer, faites-le par un véritable examen rationnel et par une confrontation honnête. Laissez les caricatures et les diabolisations aux Libéraux, et surtout de grâce, ne dissimulez pas votre refus de vous livrez à cet exercice par des sophismes comme «Vous avez votre vérité, j’ai la mienne.»
Vous êtes capable de bien mieux, j'en suis sûr. Sachez que je n'écris un texte «contre» le PQ que lorsque celui-ci s'en prend, par le biais de ses émissaires, à «ma famille politique», les indépendantistes. Et encore, je m'efforce toujours d'expliquer pourquoi je prends la plume et pourquoi je trouve la sortie de X ou de Y est inacceptable.
Je suis très triste des déboires du PQ et cette tristesse n'a d'égale que la déception que le PQ a chez moi provoqué depuis juin. Ce n'est pas moi qui vais militer pour relever le PQ; je crois que l'indépendance doit survenir par un long travail difficile, à l'extérieur des partis et par une panoplie de mouvements populaires. Il serait donc contradictoire pour moi de travailler pour un parti politique et non pour la pédagogie de l'indépendance. Toutefois, je n'ai pas envie d'être de ceux qui achèveront le parti, au contraire. Mais quand des plumes péquistes démarrent les hostilités, j'en viens parfois à regretter cette réserve. Je vous invite donc à nous donner envie de retourner au PQ plutôt que de nous critiquer et de nous ridiculiser d'une manière malveillante.
Une réponse indépendantiste
Réplique à Pierrette Saint-Onge
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5 commentaires
Archives de Vigile Répondre
25 septembre 2011"La politique est affaire d’intérêts et de rapports de force, pas de philosophie et de virginité." (P. St-O.)
Or...
Dans la grosse Presse, un des reporters aspirant à la plus grande renommée n’a pas assez de personnalité pour être reconnu pour lui-même : le nom Patrice Légaré est interchangeable pour Patrick Lagacé. Dans son entrevue à Pierre Curzi, il avoue croire que la route vers l’indépendance est toujours le pouvoir pour le référendum. Son retard d’analyse se manifeste encore dans l’opinion que les libéraux, si dociles soient-ils dans leur parti, sont quand même au pouvoir !... Ce fut l’occasion d’un point fort de l’argumentaire de Curzi : Le pouvoir ! Si le pouvoir est de laisser entre les mains d’un groupuscule les tractations à l’encontre de la collectivité, le pouvoir est pourri ! Si l’ambition d’un parti est de prendre le pouvoir pour le profit de ceux qui ont des « intérêts », c’est sans intérêt…
Et l’expérience de Curzi au PQ l’amène à croire que ce parti suit la trajectoire qu’a suivie le Bloc. Depuis des mois, il sonne des alarmes, de l’intérieur, puis de l’extérieur, pour infléchir la direction vers des correctifs. Sans succès. La seule forme de coalition que peut envisager ce parti est dans ses rangs. Il ne manque pas de propositions, actuellement, pour ramener ensemble toutes les tendances indépendantistes, (Cap sur l’Indépendance, États généraux, Nouveau Mouvement pour le Québec, Mouvement du 24 septembre, Tribune libre Vigile.net) mais madame Marois n’entend pas le peuple dans la rue, dégoûté du pouvoir corrompu, elle n’entend que le cri de ralliement de Duceppe : tous ensemble avec le PQ, dans le mur… une deuxième fois.
L'engagé Répondre
25 septembre 2011@ Madame Saint-Onge,
Le « fond » de la question sur le projet de loi privé pour l'octroi d'un contrat de gré à gré avec Bombardier-Alstom pour les voiturettes de métro versus la loi 204, ce n'est pas la suspension de la contestation devant les tribunaux en tant que telle, que cette suspension de l'équilibre des pouvoirs alors même que des parlementaires et des citoyens remettaient en question la valeur de l'entente.
Si on suspend la contestation, c'est donc que l'on institue un état d'exception où les citoyens subiront une perte de pouvoir. Il faut au moins donner l'impression que c'est pour le bien général et que les parlementaires agissent de bonne foi puisque l'on bouscule les institutions. En d'autres termes, on est dans une situation où la fin devra justifier les moyens, ce que peut accepter le peuple, du moment où le peuple est d'accord avec la fin.
Pour comparer les deux projets, on entre dans le terrain de la philosophie voire de l'idéalisme, lesquels sont toujours présents dans la vie politique puisqu'il s'agit, pour la population, des valeurs. Tout le monde a des valeurs et cherche à les respecter, donc s'intéresser à ces valeurs, c'est comme vous dites : « [être] sur le plancher des vaches, les pieds bien ancrés au sol. »
Là où vous vous fourvoyez c'est lorsque vous dites : La politique est affaire d’intérêts et de rapports de force (vrai), pas de philosophie et de virginité (faux).»
Puisque nous sommes en démocratie (ou dans une pseudo-démocratie), philosophie et «virginité» (que j'appellerais respect des principes) sont capitales puisqu'il s'agit de rendre solubles les politiques avec les valeurs des citoyens.
Cet aspect devient une composante essentielle dans la constitution «d'un rapport de force et d'une stratégie».
Vous niez l'apport de la philosophie et des principes?
D'abord, rappelez-vous que la philosophie est la grand-mère de la science et pensez philosophiquement, c'est tenir compte de l'Histoire, de l'économie, de la démographie, de la sociologie, de la géopolitique, des communications, etc.
Donc des moyens pour «s'enraciner dans le réel». Sans une lecture scientifique et sociale, vous ne pouvez comprendre le terrain et donc remporter la victoire politique. Sans idéalisme, vous ne pouvez inspirez le culturel et dans notre cas, c'est le culturel qui jette la lumière sur les dimensions politiques et économiques de la vie collective. C'est parce que le Loco Locass font appel aux Patriotes, à Godin et à Miron qu'ils peuvent soulever l'enthousiasme chez les jeunes et pousser ces derniers à se politiser.
Ensuite, quel était le livre de chevet de Bourassa? « Le Prince »
Quel est le livre de Charest? Sans aucun doute « L'Art de la Guerre »
Le défaut du mouvement indépendantiste est justement de ne pas avoir de doctrine, de doctrine soluble dans les principes et les valeurs des Québécois. C'est une des condition de notre infériorité dans la lutte politique actuelle.
Pour palier cette difficulté on peut diffuser une doctrine :
http://www.vigile.net/Coeur-de-la-pensee-independantiste
http://www.vigile.net/Le-Quebec-vers-la-nation-integrale
http://www.vigile.net/Travailler-pour-une-campagne-d
http://www.vigile.net/Les-trois-niveaux-de-lutte-de
Expliquer les stratégies des adversaires :
http://www.vigile.net/NPD-en-avance-Detection-de-la
http://www.vigile.net/Detection-de-la-propagande-102
http://www.vigile.net/Pratte-ou-l-excroissance-des
Et encourager les nôtres :
http://www.vigile.net/Urgent
http://www.vigile.net/Voici-les-affiches-de-Affichez
Mon analyse de la situation m'indique que nous ne sommes pas un peuple politisé, un peuple qui connait son histoire et surtout, que l'idée même de l'indépendance n'est pas comprise. Ce sont les conditions essentielles pour commencer à nous organiser et à nous battre pour conquérir notre liberté. Je suis au contraire TRÈS CONCRET puisque d'après ma lecture, la majorité des Québécois ne sait même pas combien de députés le Québec envoie à Ottawa et combien le ROC en envoie de son côté, les Québécois comprennent mal leur spécificité culturelle et ce qu'est une nation. Les questions sur la langue, elles, sont encore plus compliquées et incomprises.
Le sol est trop fragile ou pauvre pour que l'indépendance s'enracine et donc ce n'est pas avec des stratégies populistes et électorales ponctuelles que l'idée de l'indépendance fera des progrès au contraire. Plus les partis souverainistes chercheront à gagner des élections pour le pouvoir, plus les discours seront déconnectés de la réalité même de l'indépendance en raison même de l'urgence électorale et de la teneur trop complexe de la question de l'indépendance. Comme nous avons pris l'habitude de confier la diffusion de l'idée de l'indépendance au PQ et au Bloc, si ces derniers n'en parlent pas, l'idée stagne. Or c'est l'indépendance qui rend également populaire les partis souverainistes et ces derniers souffrent donc également de la «stase de l'indépendance» puisqu'ils n'accroissent plus le bassin électoral favorable à leur idée.
C'est là un portrait de la situation tout à fait concret et réaliste. Et si l'indépendance se réalise, c'est parce nous aurons travaillé très fort à la rendre populaire et à nous organiser politiquement. Maintenant pour attirer les gens dans ce genre de travail, les partis politiques sont trop rigides (et mal vus?). Des groupes comme le RRQ, le RIN, les IPSO ou le MSQ sont plus appropriés, flexibles et mobiles (ce qui n'enlève rien à ceux qui militent dans les partis). Il y a un monde de différence entre la vague du NPD et une libération nationale et c'est avoir les deux pieds sur terre que de le réaliser et de mettre un pied devant l'autre pour entreprendre le travail de libération.
Avec la loi 204, le PQ s'est aliéné ceux qui se méfient de Quebecor et tous les Québécois susceptibles d'apprécier la logique du projet MCN21 (nous serons dépossédés d'un bien que nous aurons payé...) pour des questions de principes, justement.
Pourquoi un tel virage, alors même que le vote a montré qu'effectivement il existait des resistances au PQ? Cela veut dire qu'en dépit de ses croyances, il faut suivre le parti ou le (la) chef. L'indépendance du Québec ce n'est pas ça et ce n'est pas comme ça que nous y arriverons. Nous suivons cette stratégie depuis 74 et ça ne marche pas.
Le voyez-vous? Au lieu d'argumenter justement sur la doctrine, par exemple par un échange entre vous et moi sur les techniques les plus efficaces pour convaincre un militant, nous discutons d'un projet de loi provincial qui a semé la controverse.
En guise d'exemple final du rôle de la philosophie et de principes, c'est parce que nous les intégrons à nos vies que la loi 101 est légitime. Autrement, on évacue la langue de la culture et la langue ne devient qu'un moyen de communication. Si ce n'est qu'un moyen de communication, alors pourquoi favoriser le français au détriment de l'anglais? Pour que l'on comprenne très bien l'impact concret, au ras du sol, de la question de la défense du français au Québec, pour que l'on comprenne les ramifications stratégiques et politiques de cette question, on a besoin de la philosophie et des principes, sinon le premier libertarien venu nous mettra en boite.
Pierrette St-Onge Répondre
25 septembre 2011M. l’Engagé
Je veux juste revenir sur le projet de Loi privé, soit l’entente de gré à gré pour les wagons du métro de Montréal. Vous aurez beau essayer de chercher des différences avec le projet 204, moi, je suis incapable de les voir, sauf qu'une est accordée à Bombardier pour Montréal et l'autre à PKP pour Québec. En fait, c'est peut-être là la vraie différence. Même si les parlementaires s’étaient faits floués par le gouvernement (1.9 milliard au lieu de 1.2 milliard) il n’en reste pas moins que sur le fond, le principe est le même, à savoir : Impossible pour quiconque de contester cette entente devant les tribunaux. D’ailleurs, l’entreprise Espagnole contestait déjà l’entente parce qu’elle pouvait offrir un bien meilleur prix et ça depuis le début les parlementaires le savait lorsqu’ils ont voté pour le projet de Loi y compris Amir Khadir. Les contribuables devront payer beaucoup plus cher pour des années à venir. Une certitude que nous n’avons pas avec 204.
Concernant les démissionnaires et Amir Khadir, j’ai répondu à toutes les questions que vous m’avez posées pour chaque démissionnaire et Amir Khadir. J’ai expliqué en long et en large les raisons et les arguments qui m’incitent à ne pas croire à la virginité des démissionnaires et d’Amir Khadir. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise de plus. Vous ne me croyez pas. Vous prétendez plutôt que je ne suis pas informée, que je suis aveuglée par la partisannerie, que j’ai tort de ne pas penser comme vous, alors, comme nous sommes tous les deux convaincus d’avoir raison, la seule solution que j’ai trouvée pour régler nos divergences, c’est que nous restions tous les deux campés sur nos positions. Voilà pourquoi, j’ai lâché prise, vous devriez en faire autant parce que vous ne me convaincrez pas.
Nous nous entendons sur un point : Nous voulons tous les deux un pays pour notre Peuple. Nos divergences reposent sur les moyens pour y parvenir… Vous êtes dans la philosophie et dans le rêve pur d’indépendance du Québec. Moi je suis sur le plancher des vaches, les pieds bien ancrés au sol. La politique est affaire d’intérêts et de rapports de force, pas de philosophie et de virginité.
Pierrette St-Onge
Henri Marineau Répondre
25 septembre 2011Je retiens deux thèmes majeurs dans votre argumentaire:
-L'essentiel retour aux sources de la tradition humaniste et de la philosophie.
-Le dialogue comme véhicule de consensus et de progrès.
Deux pistes qu'il faudrait s'efforcer de conserver et d'explorer dans notre cheminement vers notre statut de nation!
Luc Archambault Répondre
25 septembre 2011En tenant compte de ce que vous écrivez plus haut :
Nous pourrions plutôt dire pour réconcilier ce qui doit l'être :
Ce qui doit survenir doit survenir grâce un « travail [ à l'intérieur ET ] à l'extérieur des partis » dans une « panoplie de mouvements » militants. }
Les partis ne parviennent pas à mobiliser le peuple, mais le peuple mobilisé ne peut faire disparaître les partis. Le peuple inclut les partis. Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce n'est pas demain la veille qu'ils vont disparaître, du moins certainement pas les partis collabos.
Le mieux est de travailler ensemble, dans, certes, mais aussi hors les partis, et vice-versa. Les partis doivent admettre qu'ils ne monopolisent plus le terrain politique. Les « sans-partis » doivent admettre que leur action mobilisatrice transforme les partis. Nier que les partis existent, penser qu'ils disparaissent du seul fait de les ignorer ne fait pas plus disparaître les partis que ceux-là n'ont fait disparaître le peuple, ni ce qui aujourd'hui semble émerger de lui. Marginaliser, ex-communier, ne fait rien disparaître, ni ce qui est dans les partis, ni ce qui est hors les partis.
Aux prochaines élections, les partis seront là. Ils n'auront pas disparus et si nous refusons d'en tenir compte, ce déni participera à la faillite de l'UNION de nos forces.
Bien sûr que NON. L'appel désespéré UNITARISTE partisan commun à chaque parti doit faire place à un appel UNIONISTE trans-partisan. L'UNITÉ unidimensionnelle est tout sauf en adéquation avec la réalité plurielle qui est la nôtre.
L'UNION plurielle est la seule avenue possible
L'UNITARISME du PQ ne fera pas disparaître QS, ni l'ON, ni la fausse Coalition SIROIS/Legault. L'UNITARISME de QS ne fera pas disparaître le PQ, et ainsi de suite et les « sans-partis » ne feront pas disparaître ces partis.
Doit s'imposer par-dessus la partisanerie des concurrents programmes de gouvernance de l'État, dans et hors les partis, un Programme COMMUN d'État qui transcende la division démocratique accessoire. Seul l'ESSENTIEL démocratique COMMUN peut y parvenir. L'ESSENTIEL démocratique c'est le respect de la primauté effective de la souveraineté du peuple qui est NIÉE par l'État ILLÉGITIME d'occupation autocrate du Québec/Canada qui n'a JAMAIS obtenu le OUI électoral et référendaire de la démocratie québécoise.
Et OUI, les sophismes de diversion, de disqualification, d'autorité, doivent être exclus du débat, pour que le débat se tienne. Votre contribution permet de les identifier. Ce qui est la première étape pour s'en débarrasser. Et enfin, aller au fond.
Au fond, sur quoi fonder l'UNION de nos forces démocratiques ? Sinon sur le radical respect du principe premier de la démocratie, à savoir, l'effective primauté de la SOUVERAINETÉ démocratique du peuple. Qui donc peut être contre ce respect ? Si personne ne peut valablement être contre, n'est-ce pas ce COMMUN respect qui peut nous unir ? Pourquoi le nier ? À qui profite ce déni et les faux-fuyants ou disqualifications grossières qu'on invoque ?
Qui a peur de l'UNION de nos forces démocratiques ?
PÉTITION pour COALITION NATIONALE - Démocratie et Souveraineté du Québec.