Une République Laïque et démocratique

Les faces cachées de la crise syrienne ET Les moyens d’en sortir

Géopolitique — Proche-Orient

Les faces cachées de la crise syrienne 
ET
Les moyens d’en sortir 
Une République Laïque et démocratique

Plus de 100 jours se sont écoulés depuis le déclenchement des événements en Syrie. Personne ne s’y attendait. Les analystes de la radio BBC se posaient presque quotidiennement la question des raisons ayant permis à ce pays d’être épargné par la rébellion arabe.
La réponse en fait, elle est à la fois simple et compliquée. Elle se résume en quelques mots : la Syrie, contrairement aux pays arabes secoués, ne tourne pas dans l’orbite étatsunien (Bahreïn, Egypte, Jordanie, Oman, Tunisie et Yémen), elle a vivement protesté contre la guerre de Bush en Iraq, elle soutenait la cause arabe, la résistance palestinienne et libanaise et dispose de relations extérieures indépendantes, d’où l’idée répandue : elle est immunisée. Sur le fond, ce raisonnement n’est pas faux. Mais en fin de compte, elle n’a pas été épargnée, bien que les circonstances y soient différentes.
Ainsi, à partir du 15 Mars le pays est entré en mouvement suite à une erreur flagrante de la police dans une ville de taille moyenne dans le sud. La réaction des gens dans la rue a été forte et inhabituelle. On a attaqué et brûlé les biens publics, le palais de Justice, des bureaux de Poste, des voitures et bus de transport en commun….bref, tout ce qui symbolise l’état.
Les gens criaient « Houriyé … hourriyé … liberté … liberté. » A côté de ce slogan légitime, on a vu des gens qui brandissaient du pain pour dire probablement qu’ils ont faim. Cependant, ils utilisaient des mobiles satellitaires dont le prix n’est pas à la portée de tout le monde, ce qui contraste avec le symbole du pain.
Les médias arabes et internationaux se sont soudainement et vivement intéressés à la Syrie. L’importance géopolitique du pays est sans doute le moteur principal de cet intéressement. Ensuite, il y aura l’impact qu’il pourrait avoir en cas de chute du gouvernement sur l’ensemble des pays qui l’entourent.
Néanmoins, ces médias, qui ont concentré leur effort sur l’aspect apparent de la crise (filmer ou acheter des reportages décrivant les événements se déroulant dans la rue), n’ont pas accordé assez d’attention aux aspects socio-économiques (démographiques….) ou politiques de la société syrienne d’une part, ni à l’ingérence et à la pression étrangère d’autre part (Turquie. Etats Unis, Europe).
Les événements se sont déclenchés car tout était en « standing up » dans l’attente du bon moment. Les troubles ont évolué graduellement en employant la haute technicité (portable satellitaire de haut de gamme, camera avec zoom, montage, possession et utilisation judicieux d’archives venant de la guerre du Liban et de l’Iraq, l’intégration petit à petit des groupes armés au sein des manifestants. On a même réussi à induire en erreur la grande Agence de Reuters qui a vendu certains reportages falsifiés à France2 et à la télé australienne.
Dans cet aperçu panoramique nous tentons un exercice difficile d’éclairage sur cette question délicate en essayant de combler les points omis, volontairement ou non, par les uns ou les autres. Nous n’avons pas, bien entendu, la prétention de détenir la vérité.
Nous vivons dans un monde où l’information va plus vite que la lumière, l’instantanéité et la quantité des nouvelles que nous subissons par minute, ne laisse plus place, parfois, voire souvent, au temps nécessaire à les décortiquer.
1. Les faces cachées
a. Evolution démographique galopante/ difficultés économiques
Si la Syrie comptait 3 millions de citoyens en 1960, un demi-siècle plus tard elle oscille entre 23 et 24 millions d’habitants. Cette croissance démographique inflationniste a eu des conséquences socio-économiques négatives sur la population. L’incapacité structurelle d’absorber un chômage qui ne cesse de croitre au fil de temps en est une. Et pourtant, le pays connait une économie dynamique notamment après et les allégements administratifs et le transfert de certaines activités vers le secteur privé, qui est même devenu majoritaire dans certains domaines comme le transport (Maritime, aérien ou terrestre) ou le secteur touristique qui a connu une vraie mutation. La croissance oscille entre 5 et 6 % avec un pic de 8 % durant les 5 dernières années.
Malgré tout cela, le marché de l’emploi n’arrivait pas à absorber des milliers des jeunes qui y arrivent. La société syrienne est majoritairement jeune. De ce point de vue, la jeunesse est une richesse, mais la croissance économique n’arrive pas à répondre à cette richesse humaine. Il ne serait pas du tout Surprenant et ce n’est pas un secret de polichinelle de voir une partie de cette jeunesse exprimer sa colère.
Aucun pays au monde n’est en mesure de marier ce couple impossible : Natalité accrue et travail. Des études récentes ont montré qu’un des éléments qui bride la croissance de l’économie étatsunienne est la hausse démographique depuis un certain temps.
D’ailleurs, toute initiative gouvernementale afin de remédier à cette inflation s’est heurtée à un mur et un refus ferme de la part des religieux qui regardaient d’un mauvais œil les incitations et les mesures qui encouragent à limiter les naissances.
De toute manière, tant que la question démographique n’est pas définitivement résolue, les difficultés persisteront quel que soit le modèle politico – économique choisi.
A titre d’exemple et sans vouloir blesser le sentiment de qui ce soit, est-il normal que l’Iraq des années soixante-dix ait accueilli 4 millions d’égyptiens demandeurs d’emploi. Aujourd’hui, on parle de 2 millions d’égyptiens en Arabie Saoudite, un million et demi en Libye et nous ne savons combien au Liban ou au Koweït… La question qui se pose aux religieux : est-ce le rôle d’une nation de produire des êtres humains et de les envoyer ailleurs ?
Les pays arabes dits riches, l’Arabie Saoudite, Oman,… connaissent aussi un taux de chômage colossal. C’est seulement grâce à l’intervention de l’Etat et au soutien du pouvoir public y compris le Conseil coopératif des pays du Golfe, en matière de logement, de soins de santé, de scolarité et même des frais du mariage que l’explosion sociale a pu être provisoirement différée. La manne pétrolière y est pour quelque chose, mais cela n’est pas à la portée de tout le monde. A titre d’exemple, Oman, a reçu du jour au lendemain, à peine une semaine après le déclenchement des manifs, un don fraternel de 10 milliards de dollars du Conseil Coopératif. Le 18 Mars dernier, par peur d’une contagion du Bahreïn, le Roi Saoudien a injecté 70 milliards de dollars dans l’économie.
Quant à la Syrie, à côté de 23 millions de syriens, il faut ajouter l’arrivée en 2003 sous forme des vagues de UN MILLION ET DEMI d’ irakiens apeurés fuyant « une guerre sans nom » dont l’acteur est un champion tranquille de l’Arme du Mensonge Massif qui passe sa retraite tranquillement au Texas. Le gouvernement et le peuple syrien ont pris en charge cette population frère : logement, soins de santé, travail et scolarité….Les irakiens se sont intégrés petit à petit et ils n’ont pas l’intention de retourner chez eux en raison des attentats qui ne finissent plus.
Il y a également 500.000 frères palestiniens qui ont été chassés de chez eux depuis 1948 et qui y ont trouvé une terre d’asile. Ils ont bénéficié des mêmes droits que les citoyens hospitaliers et certains parmi eux ont pu accéder aux postes importants au sein de l’état (PDG, directeurs….).
Selon la FAO, la Syrie qui fait partie des pays en voie de développement, est le seul pays qui a réussi à atteindre l’autosuffisance alimentaire suite à une politique agricole encourageante où la réforme agraire a été appliquée depuis longtemps. Toutefois, le pays connait depuis quatre ans consécutifs la plus grave sécheresse depuis un siècle. Le gouvernement se trouve dans l’obligation d’assurer la nourriture de 3 à 4 millions de personnes dans l’Est du pays.
b. Statut quo sur les frontières : Lourd et onéreux
A peine la première République est née après l’indépendance, que le pays se voit impliqué dans un conflit fleuve de 63 ans et la sortie du tunnel n’est pas pour demain. Cette implication a nécessité une mobilisation énorme de ses ressources humaines et financières.
En dépit d’une volonté avérée pour la paix, toutes les tentatives engagées lors de la conférence de Madrid (1991) jusqu’à maintenant n’ont pas abouti à une solution tangible, en raison des difficultés politiques purement internes en Israël, liées au mode de scrutin qui empêche de dégager une vrai majorité d’une part, et à l’absence d’une volonté réelle de la part des Etats Unis et de l’Europe à convaincre l’Etat hébreu de respecter les résolutions de l’ONU.
Le Président syrien, désespéré par l’attitude euro-étatsunienne, a fini par accorder sa confiance à son voisin Turc, en raison de sa proximité et de ses relations privilégiées depuis plus de trente ans avec Israël, une sorte d’exclusivité afin de démarrer les négociations. Monsieur Rajab Tayyeb Erdogan, le premier ministre turc a fini à son tour, après plusieurs initiatives, par jeter l’éponge et reconnaître l’absence d’une volonté réelle chez ses interlocuteurs israéliens pour la paix.
Ce statut quo est onéreux et pèse lourdement sur un petit pays et constitue un obstacle réel au développement.
c. Caractéristiques spécifiques des événements
Si les qualificatifs, révolution, rébellion, insurrection ont été employés pour désigner les circonstances ayant eu lieu dans quatre pays arabes ; les événements de Syrie, correspondent plutôt à une sédition qu’autre chose car les séditieux avaient une feuille de route. Ceux-ci, ont surfé sciemment sur les réclamations légitimes des citoyens (travail, logement, liberté et amélioration des services de l’Etat…) et ont tenté de récupérer ce mouvement pour des objectifs propres à eux.
Les préparatifs (stage d’entrainement militaire et en communication….) ont démarré depuis le virage de la Syrie vers une coopération économique large avec l’Iran et la confirmation de son soutien à la résistance libano-palestinienne. La visite du Président russe Dimitri MEDVEDEF en Syrie, en 2010, a été la goutte qui a débordé le vase car le revirement syrien est net vers son ancien allié. Une base militaire maritime russe opère d’ores et déjà sur le littoral méditerranéen syrien, offrant une place de choix aux forces maritimes russes, un rêve de 300 ans qui se réalise. Ce rêve est en pleine contradiction avec la convention américano-saoudienne signée en 1945 : Pétrole contre Parachute de sécurité.
Pour ce faire, les américains reconnaissent la légitimité de la famille royale saoudienne comme une force dominante dans la région en assurant sa sécurité alors que celle-ci est invitée à utiliser tous les moyens (carte blanche) afin d’empêcher « l’Ours blanc » de s’approcher des eaux chaudes. La réislamisation de la région a été l’une des armes employées pour réaliser cette politique. Les wahhabites saoudiens via leur nouvelle vitrine les Salafistes et ses différentes branches (Frères Musulmans, Djihadistes,…) ont, en effet, accompli impeccablement cette mission, à coup de milliards de dollars, à une exception près : La Syrie. Ce pays demeure le dernier bastion de la diversité et de la laïcité. Il faut la corriger, la mettre à genou et tous les coups sont permis.
Localisation des événements 
Une autre spécificité de l’affaire syrienne est la proximité de la plupart des communes qui ont été le théâtre de différents épisodes de troubles, des zones frontalières. Deraa (point de départ) est à 10 km de la Jordanie, Tell Kalakh est à moins de 5 km du Liban, Banias est une vitrine maritime, Homs est à proximité du désert, Idlib est à 40 km de la Turquie….Douma est dans la campagne de Damas.
C’est dans cette commune (Idlib) que le plus grave des événements a eu lieu. Selon le média gouvernemental, plusieurs centaines de Djihadistes ont pris la commune sous leur autorité en brisant les symboles de l’Etat (La Poste, le Palais de justice…) et ont fini par couper la route internationale liant Alep à Lattaquié faisant 123 morts parmi la police et autre service d’ordre. L’entrée de l’armée trois jours plus tard a permis de mettre en évidence trois charniers où le média international a été invité comme le corps diplomatique étranger à Damas à les constater. Selon des sites proches du gouvernement, Robert FORD, l’Ambassadeur Américain à Damas a reconnu que ces charniers sont l’œuvre de professionnels.
Quant aux grandes Métropoles (Alep et Damas), qui englobent à elles seules plus de 40 % de la population, elles sont restées calmes et en contraste avec la situation en Tunisie, l’Egypte, le Yémen ou le Bahreïn où l’essentiel a eu lieu dans les capitales de ces pays.
d. Rôle de média
Il est inutile de répéter l’importance primordiale des médias dans chaque événement dans le monde. A peine les séditieux ont-ils déclenché leur sédition profitant d’une erreur grave de la part de la police locale dans le sud du pays et en dépit des mesures disciplinaires fortes (arrestation et emprisonnement) des responsables du détachement de la sécurité en vue de les juger, les médias arabes, notamment les deux chaînes concurrentes , Al Jazzera (financée par l’émirat du Qatar, pays profondément démocratique) et Al arabiya (financée par Le Royaume Saoudien, pays excellemment démocratique) se sont jetés sur l’affaire avec une certaine partialité. Des faux reportages (venant, pour une part des archives du Liban ou de l’Iraq), des faux témoins, des « témoins oculaires » qui disposent parfois d’une capacité de vue excellente où ils arrivent à décrire des événements à plus de 300 km.
Le seuil de rupture avec l’honnêteté journalistique de ces chaînes a été atteint en boycottant les informations provenant de Bahreïn où des lieux de prières ont été rasés et des livres saints ont été brulés.
Patrick Cockburn, le correspondant de The INDEPENDENT pour l’Iraq et le proche Orient, a été l’un des premiers qui a souligné que beaucoup de reportages sur la Syrie ont été obtenus sans pouvoir les vérifier. (Lire : Don’t beleive anything….The INDEPENDENT, 26.06.2011).
Fabricants des zizanies… cultivateurs des haines
Le pire a été la retransmission en direct d’un prêche de la prière du vendredi 25 Mars par son éminence, le Président du rassemblement international des savants musulmans, l’Imam Youssef Quardawi, via la chaîne Qatari al Jazzera. Un discours obscurantiste, un prêche indigne, un prêche de haine confessionnelle et sectaire appelant le peuple syrien à se soulever contre les uns contre les autres et ensuite à se débarrasser des athées et des laïques. Deux heures de haine, deux heures de non-sens. Dans les jours suivants, il n’a pas épargné des Imams syriens connus pour leur ouverture d’esprit.
Chez certains savants, il y a une certaine confusion entre la laïcité et l’athéisme. En fait, eux même connaissent parfaitement la différence entre les deux termes, mais ils font l’amalgame exprès depuis 1945 afin de décrédibiliser et mieux effacer l’une et l’autre. Ils sont à l’image de ceux qui font l’amalgame entre Islam et Islamisme afin de développer l’islamophobie. Il est vrai aussi que la traduction du mot laïcité en arabe est sujette à une certaine confusion pour les citoyens ordinaires, mais pas pour ces savants qui poussent en toute connaissance de cause cette confusion à l’outrance afin de la transformer en drame.
Les réseaux sociaux ont contribué aussi à cette sédition. Des fatwa de honte ont été décrétées et publiées sur le web. Nous nous limitons à souligner les plus dangereuses et les plus réactionnaires :
1. Fatwa de son éminence le Cheikh Saleh El LAHHIDAN, membre du Haut Comité des Imams Saoudiens. Son éminence a appelé le peuple au Djihad contre le gouvernement syrien même si cela devrait couter le tiers de la population, 8 millions de citoyens [interprétation de l’école Malikite].
http://www.youtube.com/watch?v=PfqG1...eature=related
2. Fatwa de son éminence, Cheikh Adnan Ar’ar qui a appelé les Habitants d’Alep (dans le Nord) à faire face contre le pouvoir même si cela devait coûter 100.000 morts.

Ces deux Cheikhs ne sont que de simples exemples parmi d’autres, qui utilisent le Y tube à outrance et les chaînes satellitaires mises à leur disposition. Ils ne pensent qu’à la mort, on dirait que la vie et la joie n’ont plus de place dans leur cœur ou dans leur dictionnaire. Ils nous rappellent des déclarations fâcheuses de certains responsables arabes qui se trouvaient à plusieurs milliers de kilomètres d’Israël et qui étaient prêts à se battre contre cet Etat jusqu’aux derniers soldats égyptiens et syriens.
Pas moins de 125 chaînes satellitaires orientées vers la population arabe (certaines 24 / 24), ne diffusent que des émissions religieuses dont deux sont dédiées au peuple syrien. Est-ce que cela est normal au 21 me siècle?
L’Islam en Syrie est un islam moderne et réformiste. Les syriens, vivent depuis des siècles dans une harmonie magique et une tolérance remarquable. Les syriens ont été élevés dans des écoles laïques. Ainsi, des millions des citoyens du monde viennent dans ce pays pour vivre et partager cette largeur d’esprit. Des millions de personnes viennent assister au « Baptême de tolérance » qui se déroule quotidiennement dans la salle de prière de la mosquée Omeyyade à Damas, où des chrétiens et des musulmans se trouvent ensembles dans cette salle qui abrite aussi le tombeau de Saint-Jean Baptiste.


Ce n’est pas un hasard, non plus, si des aleppins musulmans ont exprimé leur chagrin et leur tristesse lorsque les autorités religieuses Grecques Catholiques ont décidé de déplacer l’icône de Saint-Georges qui se trouvait dans leur quartier vers la nouvelle église. Il est habituel aussi de voir des citoyens musulmans venir le vénérer dans la nouvelle église de Saint-Georges, saint qui, pour eux, porte le nom AL KHOUDERE.
e. Evolution des événements
Si en Egypte, en Tunisie ou au Yémen, le slogan principal des manifestants dès le début a été : « le peuple veut la chute du Président ». En Syrie, le mot dominant a été « Hourriyé… hourriyé… liberté ». Les marches ont été ainsi pu attirer l’attention et obtenir une certaine sympathie auprès de la population.
Un peu plus tard et avec l’intégration des hommes armés, bon gré mal gré, au sein des manifestations, le don a changé et le slogan aussi. L’article du Sunday Times daté du 26 juin est significatif à cet égard. Il décrit authentiquement comment des hommes armés ont intégré le cortège d’une manifestation pacifique menée par des chefs de tribus dans la ville de Ma’ret al Nou’man (pas loin de Turquie), qui réclamait à l’Etat plus d’investissement et plus de projets économiques dans leur région.
Les premiers hommes armés intégrant la manif ne portaient que des pistolets ce qui est déjà une infraction à la loi. Les chefs de tribus ont pensé que ces armes devaient servir à assurer leur protection. Plus tard, des barbus sont arrivés à bord de pick-up et de voitures sans plaques d’immatriculation avec des fusils et des lances roquettes ; là, les meneurs pacifistes de cette manifestation ont compris qu’ils avaient perdu le contrôle et qu’ils avaient été piégés.
Des vies humaines parmi les policiers et des réservistes de l’armée ont été sacrifiées. Ils étaient dans leur caserne au centre-ville. Pour plus de détail, lire: Syria caught in crossfire of extremists Et Islamists battle Syrian regime. (www.The SundayTimes 26.06.2011, Hala Jaber).
Et des martyres qui tombent !
Quant aux vies perdues, elles sont nombreuses, mais là aussi les chiffres diffèrent d’une source à un autre. Les chaînes satellitaires ont pris la fâcheuse habitude de ne pas souligner le nombre de policiers et de soldats tombés lors des attaques des personnes armées contre eux. Il aura fallu attendre un reportage de Cnn et de The Sunday Times pour admettre que le nombre de morts à déplorer parmi les services de l’ordre est impressionnant.
Selon la CNN du 27 Juin, le nombre des vies perdues varie  de 630 selon Madame Cha’aban à 1100 selon les autres. Quant au service de l’ordre, 400 morts sont à déplorer aussi et plus de 1100 blessés. Mais le nombre de policiers et de soldats tués a atteint maintenant les 500.
2. La crise syrienne et le monde !
a. La Russie et la Chine : Niet c’est Niet !
En deux mots, la Chine et la Russie sont déterminées à faire barrage à toute résolution de l’ONU, en raison des relations stratégiques anciennes avec la Syrie, exprimant leur satisfaction de l’ensemble des lois décrétées qui devront aboutir à une ouverture plus large et une participation plus équitable dans la société et la politique. A plusieurs reprises, des hauts responsables russes ont déclaré que la Russie soutient le pays dans sa démarche. Les responsables chinois sont en phase avec les positions russes. Les deux pays sont irrités par les pays de l’OTAN en raison de dépassement du mandat de l’ONU pour la Libye.
b. Les Etats UNIS : Ambigüité des positions !
Le 24 Avril, c’est-à-dire 40 jours après le démarrage de la sédition, les intentions étatsuniennes ont été insolemment dévoilées par la conseillère au Pentagone, Mme Michèle FLOURNOY. Elle était tellement assurée de la réussite prochaine de la sédition menée contre la Syrie, qu’elle avait publiquement déclaré que : La Syrie retrouverait tout son calme, le jour où elle romprait avec l’Iran et le Hezbollah, et signerait un traité de paix avec Israël ! (Lire la lettre du Prêtre Elie ZAHLAOUI).
Autrement dit, la rue est à la disposition de Washington, si la Syrie exécute ces consignes, TOUT ira bien pour le gouvernement, Si NON…. On ne peut plus être plus claire. Ce message a été rapporté aussi directement, selon des médias proches du gouvernement, par le ministère des affaires étrangères Emirati aux décideurs syriens.
D’ailleurs il n’est plus secret que Washington a financé une partie de l’opposition (Chaîne Satellitaire Barada) selon des câbles diplomatiques analysés par le Washington Post de 18 Avril dernier.
c. L’administration OBAMA a tranché : Réforme et volontarisme dans la continuité.
Bien que les relations entre les Etats-Unis et la Syrie soient historiquement du genre [Je t’aime – moi non plus]. L’administration étatsunienne de Barak Obama est plutôt conciliante, protocolaire et diplomatique dans ses réactions. Elle a apparemment, après avoir analysé la situation, opté pour «  la réforme et le volontarisme dans la continuité ». Il n’est pas interdit de penser que la tension repérée entre le Président Obama et son homologue le Président Sarkozy à cause de la Lybie a aussi contribué à cette prise de position [[www.lemonde.fr/->www.lemonde.fr/]]Rendez-vous raté à Tripoli.
L’ensemble des déclarations de Madame Clinton va dans le sens de l’espoir afin de trouver une issue pacifique, sans omettre de répéter que la situation en Syrie n’a rien à voir avec celle de la Libye. Parfois, elle est critique envers Bachar Assad en réclamant d’accélérer les réformes, sans oublier pour autant de dire que : « Ce que nous avons entendu du Président Assad en matière de réforme, nous ne l’avons jamais entendu d’aucun responsable dans cette région ».
Actuellement, Robert FORD, l’Ambassadeur de Washington à Damas , selon plusieurs sources indépendantes, joue un rôle important dans les contacts établis entre l’opposition à Damas et les conseillers du Président syrien. De multiples réunions, déclarées ou non, ont eu lieu entre le vice-président de la république et des membres de l’opposition.
L’Europe, via la France et l’Angleterre, deux membres permanents à l’ONU, ont tenté l’obtention d’une résolution pour condamner le gouvernement syrien, mais sans succès. Toutefois, Les déclarations de Monsieur Alain Juppé ont suscité certains remous et émotion au sein de la population libanaise, irakienne et syrienne incitant le Prêtre arabe syrien Elie ZAHLAOUI à lui adresser une lettre ouverte.
d. La Turquie : Inimitié dans l’adversité !
Après des années de tension entre la Syrie et la Turquie, les deux pays ont fini par trouver un terrain d’entente qui a abouti à la signature d’un Mémorandum de coopération stratégique dans tous les domaines. La suppression du visa des ressortissants des deux pays a été l’un des moteurs forts de cette ouverture et symbole de confiance et de respect mutuel. L’échange commercial a atteint plusieurs milliards de Dollars et afin de rendre fluide le mouvement des gens et des marchandises le nombre de points de passage entre les deux pays a été multiplié par sept (de 1 à7). Les sociétés turques ont trouvé un terrain vierge et à l’abri de la concurrence, et ont pullulé comme les champignons dans chaque coin de rues, alors que les industriels syriens ont trouvé en Turquie une nouvelle vitrine sur le monde. En bref, c’est bénéfique pour les deux peuples.
A l’époque, l’opposition syrienne, qui reçoit actuellement le soutien de Monsieur Erdogan, a tenu à décrire cette ouverture comme défavorable, en faveur des turcs, et a soutenu que le gouvernement syrien avait vendu le pays.
La Surprise !
De ce point de vue, l’attitude de la Turquie envers la crise syrienne a été la plus surprenante. Les déclarations quasi quotidiennes de Rajab Tayyeb Erdogan, Premier Ministre Turc, ont agacé le gouvernement syrien. La tension a atteint un point culminant lors des réunions des opposants syriens dans la ville d’ Anatalia à quelques kilomètres de la frontière .
La présence du Secrétaire général des « Frères Musulmans » dans la réunion des opposants d’une part, et les moyens de communication mis à sa disposition, a provoqué l’indignation des partisans du gouvernement syrien.
Monsieur Erdogan a souhaité l’arrivée des « Frères Musulmans » au pouvoir en Syrie et il a essayé à maintes fois d’arranger des rencontres entre ce «parti confessionnel» et des représentants de l’état à Damas dans l’espoir de le légaliser et le faire sortir de la clandestinité, mais sans succès. Ce qui échappe à Monsieur Erdogan, volontairement ou non, c’est que son arrivée au pouvoir a été rendue possible grâce à l’article 2 de la constitution où la laïcité est inscrite noir sur blanc : « La République de Turquie est un Etat de droit démocratique, laïque….. ».
De ce fait, la laïcité est un espace de liberté pour tous les partis. Le parti de l’AKP a bien profité de cet espace. Les turcs se sont beaucoup battus pour obtenir cette liberté.
En Syrie, en dépit de bonnes intentions, l’article 3 de la constitution détermine la religion du Président et l’Islam est la source de la législation. Des tentatives ont eu lieu pour changer, mais pour le moment les choses sont restées tel quel.
L’arrivée des Frères Musulmans, par malheur, au pouvoir ne permet d’avoir aucun espoir de changement (Ils l’ont dit en Egypte). C’est la raison pour laquelle, des politiques souhaitent supprimer, lors de la discussion nationale qui a démarré aujourd’hui, l’article 3 en même temps que le 8.
Il est aussi vrai que « Les Frères Musulmans » sont les mieux organisés au sein de l’opposition intérieure. A la fin des années 70 et au début de celles de 80, ils ont affronté le pouvoir militairement faisant périr beaucoup de vies. Ils sont responsables de la mort des centaines des citoyens ordinaires ayant la même confession que la leur mais leur seule erreur est d’appartenir à une autre branche de l’Islam. Alors que l’Islam interdit strictement de tuer une âme sans raison, les Frères Musulmans n’ont pas hésité à assassiner et sans discernement, des petits travailleurs, des Professeurs des facultés, des juges, des médecins et ils ont couronné leur barbarie par le massacre des cadets de l’Académie Militaire de l’Artillerie à Alep, faisant plusieurs dizaines de morts et des blessés graves.
Monsieur Erdogan, en souhaitant le retour de ce parti au sein de la vie politique, non seulement s’immisce dans les affaires internes de son voisin, mais ignore ou fait semblant d’ignorer que la Syrie est une société multiconfessionnelle et multi ethnique.
L’arbre ne peut pas cacher la forêt !
Il faut souligner que le parti des Frères Musulmans n’accepte dans ses rangs que des personnes appartenant à leur branche de l’Islam alors que la société comprend d’autres musulmans. Dans l’Islam il y a 73 familles ou branches, ce qui est considéré comme un signe d’ouverture, de tolérance et de richesse philosophique. L’idéologie de ce parti, consiste à instaurer une « Kalifa Islamique» qui refuse la séparation Religion – Etat. Ce sont le quatrième et le cinquième article de leur dogme. Toute personne qui n’adhère pas à cette séparation est considérée comme athée, laïque ou appartenant à une association maçonnique.
Cependant, pour Ibn Khaldoun [fondateur de la science de l’histoire], l’idéal d’une unification du religieux et du politique [Kalifa] est considéré comme une belle utopie qui n’a connu dans l’histoire de l’islam qu’une très courte durée (29 ans, cinq mois et 10 jours) où elle a été pleinement réalisée, au temps des [califes bien guidés]. Les raisons objectives empêchant cet idéal de fonctionner à travers le temps, résident dans la nature de l’homme et dans celle du pouvoir en même temps.
Abdesselam Cheddadi (traducteur et interprète de l’immense œuvre d’Ibn Khaldoun : Le Livre Des Exemples), nous démontre une autre originalité d’Ibn Khaldoun : la politique est indépendante de la religion. Cela veut dire en langage d’aujourd’hui : la séparation de l’état de la religion. Il en donne pour preuve, au cours de l’histoire de l’islam, les régimes royaux qui, à l’exception des « Califes bien guidés », dans la plupart des sociétés islamiques ont opéré un modèle de compromis entre l’application de la loi religieuse et les exigences de la société et du pouvoir.
Le politique était un domaine réservé où les religieux n’avaient pas leur mot à dire. La religion dans sa fonctionnalité politique n’était pas nécessaire, et pour preuve, Ibn Khadoun parle des sociétés ayant existé historiquement et qui fonctionnaient sans aucune religion. De ce point de vue, Ibn Khaldoun diverge des autres philosophes musulmans.
Toutefois, il reconnaît à la religion un rôle, seulement en tant qu’adjuvant aux forces sociales, c’est-à-dire en tant que force sociale parmi d’autres jouant le rôle du ciment pour unifier les hommes autour d’un idéal. [Pour plus amples informations, voire ou lire : Le Livre Des Exemples. Bibliothèque de la Pléiade. Publiée aux Editions Gallimard. V : 490].
Des tentatives ont eu lieu pour redorer et soigner l’image des Frères Musulmans afin de les faire accepter par les Américains comme cela a été dévoilé par le câble diplomatique 06BEIRUT2735 de 24 Août 2006. Mais est-ce que l’arbre peut cacher la forêt ?
Maintenant, Si le gouvernement syrien accorde le retour aux « Frères Musulmans » pour fonder un parti et intégrer la vie politique comme tel, il sera contraint, au nom de l’égalité et de la démocratie, d’accorder la même chose aux autres composantes de la société.
Ainsi, on aura des partis pour les différentes branches de l’Islam : Sunnite, Alaouite, Ismaélite, Chiite, Druze, Mourchidite…... et sans oublier bien entendu les Kurdes. Et puisque on y est, il faut penser aux différentes branches des chrétiens aussi : Syriaque catholique et Syriaque orthodoxe, Grecque catholique et Grecque orthodoxe; Armène catholique et Armène orthodoxe ; Maronite, Chaldanite, Latin et Protestant. C’est la libanisation ou l’irakisation dont les deux peuplent souffrent suffisamment. Ce n’est pas sur cette base que l’on peut vivre la démocratie ou faire vivre la démocratie.
Faut-il rappeler que le Liban, après plusieurs années de guerre religieuses, est entré en guerre confessionnelle à cause de sa constitution. Ces guerres ont absorbé le meilleur du pays : sa jeunesse. Malheureusement, ce qui est bâti sur du faux est faux. Quel que soit la qualité architecturale d’un édifice si les fondations ne sont pas solides le bâtiment est voué à l’effondrement tôt ou tard.
Fort heureusement, le législateur syrien de la nouvelle « loi autorisant la formation des partis politiques » a balayé cette question, dans l’article 2 qui stipule :

« Les partis politiques se forment sur la base de la citoyenneté, il est strictement interdit de former un parti politique sur une base : religieuse, confessionnelle, sectaire, ethnique, linguistique, tribale, discriminatoire ou en contradiction avec les Droit de l’homme. »

Pour conclure avec l’attitude turque, depuis la fin des élections législatives le calme est revenu dans les déclarations des responsables politiques. Certains murmurent que ce calme est dû à la mise au point faite par des hauts responsables iraniens et des irakiens avec le chef du gouvernement turc. Une visite du ministre des affaires étrangères turc est prévue bientôt à Damas afin de dissiper les nuages ayant brouillé les relations entre les deux voisins.
Les points d’intérêts communs sont trop nombreux et le pragmatisme finira par triompher. Les deux pays ont pris une initiative originale il y a deux ans qui mérite d’être souligné et à suivre, il s’agit de déminer les zones frontalières libérant ainsi des terrains arables et de les mettre à la disposition des agriculteurs.
3. Les moyens d’en sortir
Une République Laïque et Démocratique
Le paysage politique syrien se décompose ainsi :
La Majorité : Elle est composée de plusieurs partis politiques laïcs, le Baas, le Parti Communiste, l’Union Socialiste Arabe, les Unionistes Arabes, le Nationaliste Syrien Socialiste. Cette majorité (mais pas les partis) aurait disparu sous sa forme actuelle si l’article 8 de la constitution était aboli et il y a une forte chance pour qu’il soit abrogé En effet, on vient d’apprendre que cette majorité est dissoute puisque le Parti Nationaliste Syrien Socialiste, le Comité National pour l’unité des Communistes et plusieurs personnalités viennent de former le Front Populaire pour le Changement et la libération.
L’opposition : Elle est diverse et elle commence à se restructurer, on peut distinguer :
1. L’opposition électronique via le facebook qui a déclenché le mouvement via les réseaux sociaux dont le responsable est un Wahhabite. Cette opposition fonctionne selon le slogan : « Pas assez »  et « Trop tard ». Au début, elle appelait seulement pour la liberté et la suppression de la loi Martiale. A peine la loi a-t-elle été abrogée, qu’elle disait c’est « trop tard ». Et ainsi de suite avec les autres lois. Aujourd’hui, elle dit qu’elle ne peut pas discuter avec le régime (c’est trop tard).
2. L’opposition à l’étranger. Des personnes dispersées en Europe et aux Etats Unis. Elle tente à se restructurer.
3. L’opposition intérieure : Un ensemble d’intellectuels, d’écrivains, d’ artistes et d’ Indépendants. C’est avec cette branche que l’Ambassadeur américain est entré en contact.


La première réunion de ces opposants, historique, a eu lieu le 27 Juin dernier dans un Hôtel Damascène comprenant plus de 200 personnalités. Ils viennent d’établir leur groupe de travail (04.07.2011) comme ils ont annoncé leur feuille de route appelant de tout leur vœu à une vie démocratique. Cette réunion a été saluée immédiatement par l’administration du Président OBAMA comme par la France.
Ce rassemblement regroupe 14 partis et 4 entités et des dizaines des personnalités indépendantes dont les plus en vue (Michel KILO, Fayez SARA et Arèfe DALILA). Parmi les partis ayant assisté à la réunion on cite : Le parti Social Arabe, le Travailliste Communiste, Le Travailliste Révolutionnaire Arabe, Le Rassemblement de la Gauche Marxiste, Le Courant Islamique Démocratique, Un représentant de la Chambre de l’Industrie à Damas.
Coordinateur Général : Hassan Abdel Azim ;
Vice coordinateur : Bourhan GHALIOUN (Directeur de Centre des Etudes de l’Orient Moderne à l’Université de la Sorbonne à Paris).

Ce groupe participera certainement à l’appel du gouvernement pour une réunion de travail le 10 juillet afin de discuter des lois citées ci- dessous et se mettre en accord pour un calendrier électoral, car il a été prévu selon l’ancien calendrier des élections législatives au début Août.
Un autre groupe, des centristes (200 personnes) vient d’être créé hier (03.07) et porte le nom « L’initiative nationale pour l’avenir de la Syrie ». Ce groupe comprend beaucoup de personnalités indépendantes dont la plus médiatisée, le Professeur à la faculté des études islamiques, le réformiste en matière de religion Mohamed HABASH. Les centristes participeront à l’appel du 10 Juillet.
Un troisième groupe est sur le point de se fonder, il regroupe 90 députés indépendants du Parlement actuel qui a fini sa mandature le 5 Mai dernier.
C’est à partir du 10 Juillet qu’un débat national sera ouvert afin de discuter l’avenir de la nouvelle république. Des invitations ont été lancées à plus de 180 personnalités de l’opposition, des Indépendants, Pendant ce temps, plusieurs lois ont été décrétées et publiées sur le site du Conseil des Ministres (www.youropinion.gov.sy):
1. L’abrogation de la Loi Martiale. (Mis en œuvre)
_ 2. Loi autorisant les manifestations. (Mis en œuvre).
_ 3. Loi électorale. (législatif et régionale).
_ 4. Loi autorisant la formation des partis politiques.
_ 5. Loi autorisant la liberté de la presse. (En cours)

DERNIER MOT
L’expérience humaine a montré que le couple qui réussit le mieux dans les sociétés modernes est indiscutablement : la laïcité et la démocratie. Car non seulement il assure l’égalité, la justice sociale, la dignité, la stabilité, et la paix aux citoyens, mais il met aussi l’homme au cœur du projet de la société : le développement. La laïcité et la démocratie sont les deux fondamentaux qui vont probablement constituer la nouvelle république.
Faut-il insister sur un fait qui n’est pas aussi évident pour tous. La laïcité n’est pas en contradiction avec les religions. Il n’y a pas d’opposition irréductible entre la laïcité et l’islam, comme le démontre Ibn Khaldoun à travers l’histoire de l’islam. Selon l’islamologue Maxime Robinson, l’Islam est tout à fait «  soluble  dans la République ».
Faut-il rappeler aussi que la laïcité est une façon de concevoir et d’organiser la coexistence des libertés, plus particulièrement des libertés d’opinion, de conscience et de croyance. Donc, la laïcité n’a pas l’ambition d’annuler la croyance et la foi. Elle met à la disposition des sociétés un grand espace de liberté et de tolérance.
Si la Première République syrienne remonte à l’Indépendance, la Deuxième République correspond au référendum de 1971 qui a établi une constitution avec une option nette vers la laïcité, la Troisième République aura l’honneur d’être laïque et démocratique.
J’ai cherché et j’ai poussé trop loin mes recherches, mais je n’ai pas trouvé un seul peuple, «  génétiquement » ou « phénotypiquement », soit anti laïque soit anti démocratique. Et comme disait Pierre de Coubertin : « Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. »
Fayez Nahabieh
_ 10.07.2011.
ANNEXE :
1. Une lettre de Damas : Syrie : Lettre ouverte d'un prêtre arabe syrien à Alain Juppé

2. Une lettre d’Alep : Le témoignage d’un médecin aleppin

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Fayez NAHABIEH. Ingénieur agronome, intéressé par les problèmes du Moyen-Orient, membre des Amis du Monde Diplomatique

Docteur de l’Institut National Agronomique Paris-Grignon
Ing.Agro. / DEA. Sci.A.





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5 commentaires

  • Gilles Verrier Répondre

    12 juillet 2011

    Ici, super libérées, les jeunes femmes qui exhibent leur corps dénudé à la télé, au cinéma et dans la rue pour exciter le mâle partout en Occident, et faire du sexe une obsession commerciale et sociale, cela pourrait ne pas plaire à d'autres civilisations qui trouveraient ça plutôt décadent et sans classe. Alors, si vous voulez que les civilisations étrangères, mues par d'autres dynamiques que les nôtres, vous respectent dans vos travers, qui ne sont pas moindres que les leurs, il faudrait se débarrasser un peu de ce détestable «fardeau de l'homme blanc» et les laisser évoluer selon leur propre dynamique.
    Débarrassés des bombes, des menaces et de la subversion occidentale (OTAN - USrael) - et j'ajoute de l'insidieuse subversion culturelle - ; débarrassés des puissances qui veulent les asservir et profiter de leurs richesses, on verra bien ce qu'ils feront et ça les regarde. Commençons par retirer la paille qui nous gène la vue, commençons par mettre de coté notre suffisance et notre prétendu «bon droit». Que penser de ce p'tit Bouchard du Saguenay qui dirige les forces de l'OTAN dans leur assaut criminel contre les Libyens et dont les parents sont si fiers ? Héros ou criminel de guerre ? Avant de se plaindre que les femmes d'ailleurs portent des voiles ou ne manifestent pas, il serait peut-être plus à propos de s'intéresser aux «serial killer» d'enfants bien de chez-nous.
    Pour le reste, je suis d'accord avec vous. Il y a des réformes à faire, mais c'est un lieu commun de le dire. Moi je dis, vive la souveraineté des peuples. Faisons confiance aux peuples et garantissons leur la souveraineté, garantissons-nous mutuellement notre propre souveraineté, mettons fin à la subversion de ces quelques puissances qui mettent le trouble partout en violant la souveraineté des nations plus faibles et le monde ira beaucoup mieux parce qu'un commencement d'ordre commencera à y régner.
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    12 juillet 2011

    GV
    Je ne confonds pas ce qui se passe en Lybie (tentative de mettre la main sur 4 % des réserves mondiales de pétrole), ce qui se passe en Syrie (tentative de déstabilisation pure et simple, affaiblissement de l'influence de l'Iran, etc.) mais tout ceci ne change rien au fait que dans la quasi totalité des pays arabes, la femme a peu ou pas de droits. Exception notable, la Tunisie et l'Irak sous Saddam Hussein. Que dire du code de la famille en Algérie, code décidé par une assemblée d'hommes, sous la pression des groupes religieux, qui a permis de nier la majorité des avancées de la révolution algérienne ?
    Il ne s'agit pas de tourner autour du fromage...mais de constater les faits.
    GV, voyagez donc en Syrie, un pays ou nul n'ose parler, ou les forces de sécurité intérieure représentent plus ou moins 10 % de la population, ou il n'existe aucun parti politique, a part le parti Baas, etc, etc,..
    Déstabilisation, non, refus de réformes effectives, non, refus de l'intervention de l'OTAN, oui.

  • Gilles Verrier Répondre

    11 juillet 2011

    @ camembert
    Ne tournez pas autour du fromage. Pour le droit des femmes, il faut défendre la légitimité de Kadhafi et celle de l'autorité syrienne. http://www.voltairenet.org/L-OTAN-face-a-l-ingratitude-des
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    11 juillet 2011

    Au dela de la très bonne présentation de l'article, il faut remarquer qu'en Syrie, en Egypte, en Algérie, au Maroc, en Palestine, le Pakistan passé de 60 millions d'habitants à 160 millions en 20 ans, etc, l'on a assisté à une explosion démographique qui va avoir des conséquences dramatiques.
    Cette démographie galopante ne peut être controlée, ainsi que ses conséquences, chomage, logements précaires, accès à l'eau, épuisement agricole, que si la femme dans les pays arabes gagne un statut équivalent à celui des hommes et surtout si, comme dans les pays occidentaux, elle a le droit de controler sa fertilité.
    Si on oublie la Tunisie ou Bourguiba dès l'indépendance avait interdit le voile et donné un statut de citoyen à part entière, à la femme, on est bien loin de tout ceci dans les pays arabes...et ce n'est pas par hasard que pour la "révolution tunisienne" ont ait pu voir tant de femmes...
    Il est frappant de voir, que, ailleurs, les femmes qui représentent, comme partout 50 % de la population sont totalement absentes des manifestations publiques...ce n'est pas un hasard.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 juillet 2011

    Merci à vous, Fayez Nahabieh pour cette magistrale analyse de la situation générale moyen-orientale et de celle spécifique de la Syrie. Merci pour la conclusion universelle qui en découle.
    Merci à Vigile pour l'avoir publier, ce qui démontre que Bernard Frappier, comme tous les vrais indépendantistes, voit les liens inextricables qui unissent toutes les luttes pour la liberté.
    Andrée Ferretti.