Union des souverainistes - Refus primaire

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Un refus qui cache un énorme dilemme pour tout parti suffisamment enraciné pour prétendre à gouverner

L’union des souverainistes a actuellement toutes les allures de la quadrature du cercle pour les dirigeants et militants de cette mouvance. Pauline Marois peut bien rêver à un sabordage soudain de Québec solidaire et d’Option nationale, elle fait ainsi fi non seulement des nouvelles réalités, mais aussi de décennies d’évolution politique.
Au PQ, on insiste pour dire que la sortie de Pauline Marois en fin de semaine était une sorte de main tendue. À l’évidence, celle-ci semblait fermée… Prenant appui sur l’exemple historique de Pierre Bourgault et du RIN en 1968, la première ministre a explicitement suggéré aux petites formations souverainistes qu’elles se sabordent, pour « faire avancer le pays ».
C’était pour le moins malhabile, voire insultant, à l’endroit de ces anciennes clientèles potentielles définitivement perdues au PQ et dont le poids a augmenté récemment : 11% pour QS et 4 % pour ON, selon les derniers sondages.
On peut comprendre que Mme Marois, devant ses partisans, ait ressenti le besoin de répliquer aux nombreuses attaques dont son gouvernement fait constamment l’objet de la part des QSistes et Onistes. Malgré plusieurs critiques méritées à l’endroit de ce gouvernement erratique, on a l’impression que le « grand frère souverainiste » est pour QS et ON le seul réel adversaire ; davantage encore que les libéraux et les caquistes. ON et QS aussi semblent souhaiter que le PQ se saborde !
Amir Khadir a fait front commun, publiquement, avec François Legault dans le dossier de Val-Jalbert. Oserait-il s’afficher ainsi avec Mme Marois ? Sauf à l’époque où les oppositions à Jean Charest, écharpe blanche au cou, réclamaient toutes en choeur une commission d’enquête sur la collusion dans le monde de la construction, ce fut rare.
QS et ON détestent qu’on le leur rappelle, mais ces formations subtilisent plusieurs votes cruciaux au parti souverainiste qui draine encore le plus d’appui ; sans doute pas 15 %, mais tout de même. « La meilleure alliée des fédéralistes, c’est actuellement Françoise David », a même lancé l’ancien président de la CSQ Réjean Parent lundi, à LCN. M. Parent participera au Congrès de la Convergence nationale, qui aura lieu à la fin du mois.
Cet exercice s’annonce difficile ; rien ne va plus entre les formations souverainistes. On imagine mal qu’elles puissent s’entendre sur quoi que ce soit. Pour QS, le PQ incarne la dérive néo-libérale. Pour ON, le parti de Mme Marois représente la démission nationale. Toute fusion semble absolument impossible.
QS réussit à rassembler des militants issus du milieu communautaire et d’autres d’anciens partis d’extrême gauche. ON attire une certaine jeunesse idéaliste et dynamique, indépendantiste d’abord ; de gauche ensuite. Des groupes que le PQ s’est aliénés à force d’exercer le pouvoir, de perdre des référendums, ou en se conduisant comme un authentique vieux parti. Ces petites formations ne disparaîtront pas, d’autant plus que la nouvelle loi électorale fait en sorte qu’elles seront désormais subventionnées de manière beaucoup plus importante en fonction du vote obtenu. La loi 2 de Bernard Drainville incite à présenter 125 candidats et, par conséquent, nuit au rapprochement.
Que faire alors ? Le PQ aurait pu - mais sans doute est-il trop tard - lancer des discussions autour de l’organisation de « primaires », où chaque circonscription élirait, parmi les candidats PQ, ON et QS, le candidat souverainiste de l’endroit. Il aurait ainsi manifesté une certaine créativité face à l’impasse.
Le chef d’ON, Jean-Martin Aussant, y était ouvert. Des primaires provoqueraient selon lui un intérêt pour le mouvement souverainiste dans plusieurs circonscriptions. Mais QS y est totalement hostile et a encore rejeté l’idée la semaine dernière. Pour longtemps, les souverainistes apparaissent donc condamnés à la division.


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