ANALYSE - Quel avenir pour Robert Lafrenière ? Nommé premier commissaire de l'Unité permanente anticorruption en mars 2011, l'ancien sous-ministre de la Sécurité publique achève son mandat et a publiquement sollicité un renouvellement. Il est clair que l'UPAC a encore des enquêtes percutantes dans ses classeurs, susceptibles d'avoir des échos dans le monde politique.
Pas moins de cinq autres candidats lui disputent le poste - les entrevues auront lieu durant la dernière semaine de mars.
Avec le coup de théâtre de jeudi, on peut penser que le patron de l'UPAC a assuré son avenir. Que penserait la population si le gouvernement libéral limogeait l'Eliot Ness qui vient d'épingler d'anciens ministres libéraux ? Le patron de l'UPAC n'a pas grand pouvoir quant au moment où la Couronne fait tomber les accusations - personne n'aura visé le jour du dépôt du budget pour embêter le gouvernement. En revanche, on peut penser que le commissaire de l'UPAC espérait que cette opération survienne avant que le gouvernement n'ait à décider de son avenir.
Mais cela ne passera pas comme une lettre à la poste. Philippe Couillard a toujours de travers dans la gorge l'interrogatoire que deux enquêteurs de Marteau prêtés à l'UPAC lui ont fait subir, à son condominium de Québec, quand il était chef de l'opposition.
On peut se demander si les policiers ont manqué de jugement en débarquant ainsi sans s'annoncer, mais, chose certaine, la garde rapprochée du premier ministre conserve encore un goût amer de cette opération.
Parmi les candidats à la succession à l'UPAC, on retrouve des policiers : Marcel Forget, actuellement bras droit de M. Lafrenière, Didier Deramond, directeur adjoint au SPVM, Denis Morin, un des fondateurs de l'escouade Marteau, actuellement en mission pour la SQ en Haïti. Des avocats sont aussi intéressés : la procureure en chef de la commission Charbonneau, Me Sonia Lebel, n'a pas caché son intention et, semble-t-il, Me Denis Gallant, procureur en chef adjoint de la Commission avant sa nomination comme inspecteur général de la Ville de Montréal.
Dans les milieux policiers, plusieurs pensent que l'UPAC devra réorienter son travail dans l'avenir. Après cinq ans, l'escouade de 325 personnes a fait le tour des grands dossiers de corruption. On n'est plus dans les stratagèmes, mais dans le menu fretin. On a récemment déposé des accusations visant un fonctionnaire de l'immigration qui demandait, semble-t-il, de l'argent aux candidats pour obtenir leur certificat de sélection du Québec, un dossier qu'aurait facilement pu traiter la SQ.
Mais à l'origine, la création de cette police spéciale calquée sur un corps similaire à New York était justifiée. Qu'on se souvienne de l'attitude plutôt complaisante de la juge France Charbonneau lors du témoignage de Nathalie Normandeau. Cinq ans plus tard, il faut reconnaître que Jean Charest avait raison : les enquêtes de l'UPAC étaient préférables, plus efficaces que le spectacle quotidien de la Commission pour traduire les contrevenants en justice. On n'en est qu'à des accusations, personne n'est coupable, mais on est bien loin du rapport de la CEIC. Mais après cinq ans, on constate que le Québec n'est pas New York, l'UPAC manque de grain à moudre.
Épreuve de force en coulisses
Dans l'opération de jeudi, personne n'a passé les menottes. Aucun des prévenus ne présente sérieusement des risques de sécurité. Mais sous ces apparences fort civiles, on assistait à la conclusion d'une formidable épreuve de force dans les officines de la Justice.
Ces accusations découlent des enquêtes Joug et Lierre, qui sont terminées depuis longtemps. Tout était sur le bureau de la procureure en chef du bureau du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), Isabelle Briand. Me Briand aura toujours été, confie-t-on, particulièrement sensible à l'impact d'une poursuite visant un politicien, quelle que soit sa couleur partisane.
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