Jacques Daoust contredit tant la vérificatrice générale qu’Investissement Québec et soutient n’avoir jamais autorisé la vente des actions que l’État québécois détenait dans RONA.
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«Je n’ai jamais été informé de la transaction, on ne m’a jamais demandé la permission non plus», a déclaré le ministre des Transports dans une entrevue au Journal. À son avis, la vérificatrice générale a travaillé avec des «documents inexacts».
Jacques Daoust, ex-patron d’Investissement Québec (IQ), était ministre de l’Économie et responsable d’IQ au moment où la société d’État procédait à la vente de ses actions dans RONA, empêchant ainsi le gouvernement de bloquer l’achat de la chaîne québécoise de quincailleries par l’américaine Lowe’s.
Dans un rapport dévoilé hier, la vérificatrice générale du Québec révèle que le conseil d’administration d’IQ avait obtenu du ministre Daoust, en décembre 2014, l’autorisation de vendre toutes les actions qu’elle possédait dans RONA. Cette information a été corroborée par la porte-parole d’Investissement Québec, Chantal Corbeil.
Écouler le reste des actions
Après avoir vendu deux petits blocs d’actions de RONA sans en informer le gouvernement, en décembre 2013 puis en novembre 2014, IQ décidait d’écouler le reste de ses actions. «Le C.A. ne se sentait pas [à l’aise] de vendre ce qu’il restait, parce que c’était une grande quantité d’actions, le conseil d’administration a dit: “Il faut avoir la permission du ministre”», a confié Mme Corbeil.
Sauf qu’en février 2016, Investissement Québec soutenait ne pas avoir informé le ministre de son intention de liquider ses avoirs dans RONA. La décision appartenait à IQ, avait soutenu Chantal Corbeil. «C’était l’information que j’avais à ce moment-là, parce qu’on avait regardé les procès-verbaux de 2013 [...] On n’avait pas regardé les procès-verbaux des années subséquentes.»
«Ça s’est fait verbalement»
C’est à la faveur de vérifications ultérieures qu’il fut découvert, dans le procès-verbal daté de décembre 2014, que le C.A. avait demandé au ministre Daoust la permission de vendre toutes les actions de RONA. «Ça s’est fait verbalement entre un membre du C.A. et M. Daoust», a précisé Mme Corbeil.
«Pensez-vous qu’une décision de plus de 100 millions $ se prend au téléphone sur un coin de table? fulmine Jacques Daoust. Je mets au défi tous ceux qui disent qu’ils m’ont consulté, de me dire quand ils m’ont appelé, dans quel contexte, avec quels documents [...] Et pourquoi Investissement Québec a-t-il changé sa version aujourd’hui?»
Les partis d’opposition ont accusé le ministre d’avoir menti et la CAQ a réclamé sa démission.
Chronologie
- Août 2012 : Investissement Québec (IQ) entreprend l’achat d’actions de RONA pour un montant maximal de 100 millions $ avec l’autorisation du gouvernement.
- Février 2013 : IQ détient 12 millions d’actions acquises au coût de 156 millions $.
- Décembre 2013 : IQ vend un premier bloc d’actions de RONA, puis un deuxième bloc en décembre 2014.
- De décembre 2014 à février 2015 : IQ vend toutes les actions qu’elle détient dans RONA.
- Février 2016 : Lowe’s achète RONA. IQ soutient n’avoir pas consulté le gouvernement pour la vente des actions.
- Juin 2016 : La vérificatrice générale révèle que le ministre a été consulté et a consenti à la vente des actions. IQ change sa version et corrobore le rapport de la VG. Jacques Daoust contredit la VG et IQ.
Ce qu'ils ont dit
«Les membres du conseil d’administration d’IQ ne considéraient pas avoir toute la latitude pour autoriser la vente sans avoir consulté le gouvernement (...) Selon les procès-verbaux du conseil d’administration, ils ont obtenu en décembre 2014 l’accord du ministre avant de vendre la totalité des actions.» — Guylaine Leclerc, vérificatrice générale du Québec
«Ce ministre a menti aux journalistes, aux parlementaires, aux Québécois. C’est extrêmement grave (...) La seule chose qu’il lui reste à faire, aujourd’hui, c’est de démissionner.» — François Bonnardel, député caquiste de Granby
«À sa face même, M. Daoust n’a pas dit la vérité sur la question des actions de RONA.» — Bernard Drainville, député péquiste de Marie-Victorin
«Si on m’avait demandé la permission et que j’avais eu l’autorité de l’intercepter, possiblement qu’on n’aurait pas vendu.» — Jacques Daoust, ministre des Transports du Québec
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