De l’allégation à la condamnation

À qui profite le crime, à Jean Charest ou Gabriel Nadeau-Dubois ?

Les Québécois préfèrent-ils donner leurs impôts à la mafia ou à leurs enfants ?

Chronique de Louis Lapointe

Combien de fois des clients accusés d’infractions criminelles sont entrés dans mon bureau en se plaignant d’avoir été frappés par des policiers ! À chaque fois j’appelais le procureur de la couronne pour l’informer que j’allais m’opposer à sa preuve. Presque à chaque fois, après avoir vérifié auprès de la police municipale ou de la Sûreté du Québec, il me proposait d’abandonner les infractions les plus graves qui imposaient des peines minimales.

Des clients qui s’en sortaient presque toujours honorablement parce que des policiers avaient, soit pété les plombs, soit abusé de leur pouvoir.

À la même époque, un de mes confrères qui était procureur à Amos et qui avait la responsabilité de représenter la couronne dans un procès contre un policier de Rouyn-Noranda qui avait abuser de son pouvoir en frappant gratuitement un badaud, avait dû souffrir pendant toute la durée du procès du harcèlement de policiers qui l’arrêtaient à chaque fois qu’il franchissait les limites de la ville pour lui coller d'innombrables constats d’infractions les plus invraisemblables les uns que les autres.

Combien de fois, dans les anales judiciaires, nous a-t-on rapporté l’histoire de policiers ayant des démêlés avec la justice, tant dans leur vie personnelle que dans le cadre de leurs fonctions ?

Est-ce que cela fait de tous les policiers des menteurs, des délinquants, des harceleurs, des batteurs de femmes et d’enfants, des fraudeurs, des trafiquants de drogue, des tueurs et j’en passe ?

Certainement pas, la majorité sont des gens intègres comme ces étudiants dans la rue.

Toutefois, mon expérience en droit criminel et en jeunes délinquants m’a amené à toujours me méfier de ce que faisaient ou disaient les policiers, autant, sinon plus que de mes clients, surtout lors de témoignages devant la cour.

Comme il y a des casseurs dans les manifestations, il y aura toujours des policiers violents qui abusent de leur pouvoir lors des mêmes manifestations.

Les allégations sont une chose, les condamnations en sont une autre.

Nul ne peut être condamné sans avoir subi de procès. Un principe que défend avec acharnement Jean Charest depuis le début de son denier mandat.

Lorsqu’il a prétendu ne rien savoir de la situation de la Caisse de dépôt et placement du Québec à l’occasion de la dernière campagne électorale en 2008, malgré des pertes de plus de 50 milliards de dollars dont une partie provenait de l'investissement dans des PCAA dont on ignore toujours l'origine. Aucune enquête policière n'aura lieu!

Lorsqu’il a réfuté les allégations de Marc Bellemare qui l’accusait d’avoir institué un réseau de nominations de juges au bénéfice d’amis et de contributeurs à la caisse électorale du parti libéral.

Lorsque l’opposition parlementaire a accusé son parti d’être impliqué dans la collusion et la corruption avec des bureaux d’ingénieurs, des entrepreneurs en construction et la mafia.

Lorsqu’on a accusé un membre de son cabinet ministériel de faciliter l’obtention de permis de port d’armes à un ami du parti.

Lorsqu’on a accusé son parti et des membres de son cabinet ministériel de favoriser l’octroi de permis de garderies à des amis et des contributeurs du parti.

Lorsqu’on a accusé des ministres d’être allés sur le bateau de Tony Accurso.

Lorsqu’on a accusé Jean Charest de recevoir un salaire supplémentaire financé via son parti par des donateurs à la recherche de faveurs.

Lorsqu’on a accusé son gouvernement de vendre au rabais le Québec à des bureaux d’ingénieurs, des entrepreneurs en construction, des minières, des pétrolières et des gazières.

Comment un tel premier ministre qui s’est démené comme un diable dans l’eau bénite depuis son élection en 2008 pour défendre son gouvernement et son parti contre des allégations de mensonge, de trafic d’influence, de collusion et de corruption, refusant jusqu’au tout dernier moment de créer une commission responsable d’enquêter sur le sujet, peut-il aujourd’hui refuser de négocier avec une association représentant la moitié des étudiants en grève sous prétexte que son président aurait incité ses membres à la violence, alors que la CLASSE et son porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois, ne sont l’objet d’aucune allégation ou mise en accusation pour de semblables infractions criminelles ?

Qui de Jean Charest ou de Gabriel Nadeau-Dubois est le plus crédible ?

Celui qui a refusé pendant trois ans de créer une commission d’enquête sur de présumés agissements de son parti et de son gouvernement ou celui qui retourne chaque semaine devant les membres de son organisation pour recevoir ses mandats ?

Les Québécois préfèrent-ils investir 250 millions de dollars par années dans leurs enfants, soit environ 30$ par Québécois par année, ou des milliards de dollars par année dans la corruption et la collusion qui sont passées pendant des années sous le nez de Jean Charest et le radar de sa police, des centaines, voire des milliers de dollars en taxes et impôts payés en plus par chaque contribuable québécois afin de financer le crime organisé.

Les Québécois préfèrent-ils donner leurs impôts à la mafia ou à leurs enfants ?

Préfèrent-ils voir nos enfants frappés par des policiers enragés ou voir les vraies têtes dirigeantes du réseau de corruption et de collusion arrêtées par des policiers avisés ?

Préfèrent-ils suivre Jean Charest, ses scribes et ses sbires dans leur délire politique et médiatique contre nos enfants ou appuyer ces derniers dans leur combat pour une plus grande justice sociale?

Y aurait-il deux présomptions d’innocence au Québec ?

Celle des politiciens et de leurs amis pourris et celle des citoyens ordinaires et de leurs enfants.

C’est pourtant le discours que tient notre premier ministre lorsqu’il refuse de s’asseoir à la même table de négociation que la CLASSE.

Il n’y a pas que notre premier ministre qui jouit de la présomption d’innocence, les citoyens aussi !

À qui profite le crime ?

À Jean Charest ou à Gabriel Nadeau-Dubois ?

***

Sur le même sujet:

La FECQ, la FEUQ et la CLASSE doivent se coordonner sous une même coalition afin d’empêcher le gouvernement de les diviser

Céder au cynisme de la presse, des recteurs et du gouvernement ?

La stratégie de la bêtise ou quand les recteurs se taisent contre l’intérêt public.

Ces clowns qui annoncent l’arrivée du grand cirque médiatique

Le volcan étudiant

Menace sur l'Agora

Le véritable spectacle de la violence

Pourquoi une charte?

Featured bccab87671e1000c697715fdbec8a3c0

Louis Lapointe534 articles

  • 889 081

L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





Laissez un commentaire



4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    8 août 2012

    Tiens je trouve le chiffre que j'ai cherché en vain sur le web : de combien de dollars on parle au niveau du budget gouvernemental ! C'est donc 250 millions par année ! Or, les dépenses consolidées du gouvernement pour l'année fiscale 2011-12, devraient être de 88,5 milliardsOn parle donc d'un enjeu "fondamental" de 0,28% du budget. C'est donc dire qu'un recul sur la décision augmenterait vos impôts de 0,28 %. Vérifiez donc le nombre de cents que cela représente. C'est bien moins que 50 sous par jour...

  • Archives de Vigile Répondre

    1 mai 2012

    C'est insensé ce à quoi on assiste aujourd'hui dans ce bras de fer entre Québec et ses étudiants. C'est plus facile de trouver rapidement 6 millions de dollars pour une commission Bastarach pour laver le soit-disant affront subit par Jean Charest. A-t-on mis autant de zèle pour fouiller ce que sont devenus les 40 milliards de la CDP, l'argent durement gagné par les travailleurs Québécois.
    Depuis maintenant 10 ans des milliards sont brassés dans les transactions immobilières, une taxe spéciale symbolique sur le prix de vente aurait pu ramener des milliards au gouvernement mais on préfère détourner la tête et regarder ailleurs de peur de froisser les lobby du milieu. Il est temps, que le monde se réveille sinon à continuer dans cette voie on se reveillera un matin les culottes baissées. C'est une honte d'assister à cette hécatombe qui draine l'argent des contribuables vers des destinations occultes partagées entre mafia et intérêts privés. Ragardez du côté de Ottawa où les conservateurs ont décidé de faire le ménage, un exemple à méditer pour une fois.
    Saïd Lami

  • Archives de Vigile Répondre

    29 avril 2012

    À moins que je ne comprenne rien, ou que je sois idiot, à ma connaissance le crime profite au criminel.
    Arpès avoir vu et entendu les interventions et les commentaires, même en me forçant je ne parviens pas à trouver d'éléments criminels chez le jeune Dubois Nadeau...

  • Archives de Vigile Répondre

    29 avril 2012

    Merci, Monsieur Lapointe, de mettre en évidence l'injustice du gouvernement face à nos jeunes. Cette semaine, on aurait cru que le Ministre Dutil allait en profiter pour déclarer la CLASSE "association de malfaiteurs"!
    Que dire alors du PLQ? :-)
    J'espère que ces jeunes bénéficient de l'aide bénévole d'avocats.