Adidas et le français, le MIDI et la francisation

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Tribune libre

La levée de boucliers suscitée par la bourde spontanée et peut être intentionnelle du gérant du magasin d’Adidas du centre-ville de Montréal ressemble plus à une tempête dans un verre d’eau qu’a une véritable tornade politique au sein des institutions politiques et dans le grand public. Certes, des réactions se sont fait entendre jusque dans les arcanes de l’assemblée Nationale mais à contrario tout le monde n’attend que de simples excuses de la part de la multinationale au lieu d’analyser les causes de cet «incident» qui fait la démonstration des insuffisances de l’application des lois.


Plus grave encore, la vérificatrice générale a, au même moment, publié son rapport sur la francisation des nouveaux arrivants et ses conclusions qui sont dévastatrices pour le gouvernement libéral du Québec sont à peine discutées, abordées et commentées, y compris, par les ténors des médias francophones.


Ça l’est d’autant plus que ce même rapport fait état de la déperdition des nouveaux locuteurs francisés au profit d’un monde plutôt anglophone. En effet, selon toute vraisemblance une fois «francisés» de pans entiers de ces futurs citoyens n’utilisent la langue de Félix Leclerc qu’avec parcimonie et préfère parler celle de Shakespeare.


De mon petit point d’observation je constate que deux problèmes viennent meubler les espaces communicationnels : le premier est la place du français dans le monde du travail et par extension de toute la société du Québec et le second réside dans les résultats de la loi 101 sur son utilisation, non seulement, dans la sphère publique mais aussi privée ainsi que ses effets sur l’intégration des futurs citoyens du Québec.


Alors, selon mon point de vue «l’affaire Adidas» n’est qu’une facette de la problématique multidimensionnelle de la place du Français comme langue de communication, de travail et d’usage au Québec.


Des causes et de leurs effets


Ce qui est pénible, ce qui est délirant, ce qui est inacceptable c’est qu’au lieu de chercher les ajustements et les solutions aux causes d’un tel délitement tout le monde, ou presque, réagit aux effets, aux impacts et aux conséquences beaucoup plus sur les états d’âmes que sur les fondements culturels et même identitaires que cela génère. Au lieu d’agir en amont, on refait les mêmes erreurs en focalisant sur les conséquences immédiates d’une dérive d’un employé qui aurait pu rester lui-même et faire son «speech» en anglais sans que cela n’attire l’attention de qui que ce soit.


Or, les deux principales causes de cette double inconvenance résident d’abord dans la politique générale de l’utilisation du français en tant que langue nationale et bien entendu le contenu de la loi 101 qui est, dans bien des parties de son contenu, obsolète et dans son application inappropriée et pour exemple je citerais l’exigence faite par quasiment tous les employeurs de la maîtrise de l’anglais par les candidats aux emplois publiés sans que le gouvernement n’agisse sur la problématique de son effet directement sur l’augmentation du chômage de certaines communautés. C’est là un dysfonctionnement qui peut être corrigé sans attente.


La seconde cause se situe dans le modèle de la francisation des nouveaux arrivants. Totalement désuet lorsqu’on sait qu’ailleurs dans le monde l’apprentissage d’une langue nationale se fait avec l’aide de méthodes modernes et de la technologie – ordinateurs, laboratoire de langue, cours intensifs, etc. . Par conséquent, il nécessite des adaptations énergiques et rapides ou tout simplement une révision totale et complète pour qu’il soit en phase avec l’utilisation fonctionnelle de la langue dans l’espace public et dans le monde du travail. Le gouvernement doit agir vite et avec efficacité.


Ferid Chikhi


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Algéro-Canadien, Ferid Chikhi vit au Québec depuis 2001. Conférencier et formateur, il est membre de plusieurs groupes et collectifs d’études. Contributeur de presse il est auteur d'articles, de réflexions et d'analyses tant politiques qu’économiques. Il a publié divers textes sur les problématiques d’accueil et d’intégration des immigrants au Québec. Ferid est membre du Conseil d'administration des IPSOs ; membre fondateur de l'Association des Nord-Africains pour la Laicité (AQNAL) ; membre du Groupe d'Études et de Réflexions Méditerranée Amérique du Nord (GERMAN) et l'animateur du site www.convergencesplurielles.com





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2 commentaires

  • Ferid Chikhi Répondre

    26 novembre 2017

    M. Cossette-Trudel, Bonsoir,


    Merci pour vos bons mots et je dois dire que je partage en partie votre point de vue mais soyons réalistes, au Québec, il faut tenir compte de bien d'autres paramètres et a-contrario le fait qu'environ 20% de la population a plus (+) de 65 ans et la croissance de ce paramètre sera d’un demi-point jusqu’à 2030. D’ici là il y aura plus de baby-boomers qui quitte le marché du travail que de jeunes qui y feront leur entrée. L’économie pâtira de ce désquilibre parce que les entreprises ne trouveront pas les employés dont elles ont besoin. C’est ce qui se passe en ce moment dans plusieurs postes du type soudeurs, mécaniciens camionneurs, entre autres, sans omettre la restauration, l’hôtellerie, la santé, etc... Là, l’immigration représente la principale source de croissance du Québec. Le français comme langue nationale, de travail et de communication générale est très  mal ''encadré'' et à l'évidence rien n'est fait pour l'améliorer. Quelles sont les solutions ? C'est d'abord une immigration sélectionnée et ... 


  • Alexis Cossette-Trudel Répondre

    26 novembre 2017

    Très bon article. Lucide. Toutefois, si le français peine à devenir la langue commune, c'est parce que 3/4 des 60,000 immigrants par année préfèrent largement l'anglais comme langue commune et comme langue de travail, dans un système mondialisé. Le français n'arrivera jamais à s'imposer comme langue d'usage avec un tel flux, facteur de déracinement. Sans, donc, une réduction radicale du nombre d'immigrants et autes mesures extraordinaires de rupture avec le mondialisme, le français poursuivra son déclin.