SCANDALE WE CHARITY

Affaire UNIS : Justin Trudeau et Bill Morneau s'excusent

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« On ne doit pas accorder le pardon à celui qui s'excuse par des mensonges »


Plongé en pleine controverse, le premier ministre Trudeau a fait acte de contrition, lundi, en reconnaissant qu'il avait commis une erreur en ne se récusant pas de la prise de décision concernant l'octroi d'un contrat de 19,5 millions de dollars à l'organisme UNIS, réputé pour être très proche de sa famille. Le ministre des Finances, Bill Morneau, s'est lui aussi excusé de ne pas s'être récusé.




J’aurais dû me retirer des discussions, et je ne l’ai pas fait, a dit en conférence de presse M. Trudeau au sujet de l'attribution du contrat de gestion de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant, ajoutant qu'il ne voulait qu’aider les jeunes. C’était mon erreur, je m’en excuse profondément.


Le premier ministre s’est dit profondément déçu de lui-même. C’est particulièrement frustrant, parce qu’il y a des jeunes qui auraient pu être en train de servir dans leur communauté par ce programme [et] qui vont devoir attendre encore un peu à cause d’une erreur que j’ai faite, a-t-il admis.


M. Trudeau reconnaît que des réserves avaient été exprimées sur le fait qu'accorder le contrat à UNIS pourrait soulever des questions en raison des liens entre l'organisme et sa famille.



Il y a eu des réflexions par moi-même et par d’autres, [mais] le fait que la fonction publique ait fait cette recommandation de façon indépendante nous a rassurés un petit peu, a-t-il raconté.


Trudeau savait que ses proches étaient payés


Le premier ministre a aussi reconnu lundi qu’il savait que sa mère et son frère collaboraient avec UNIS, tout en soutenant qu'il ignorait les détails de leur rémunération.


Je savais qu’ils avaient travaillé avec divers organismes, y compris l’organisme UNIS, [mais] je ne savais pas à quel point ils avaient été rémunérés par ces organismes, a-t-il expliqué. J’aurais dû avoir ces détails et je le regrette.


Conscient de son erreur, Justin Trudeau étudiera la proposition du Parti conservateur du Canada (PCC), qui l'a invité dimanche dernier à témoigner devant le comité permanent des finances.


Sur un autre sujet, le premier ministre a annoncé lundi que son gouvernement avait l’intention de prolonger jusqu'en décembre la Subvention salariale d'urgence mise sur pied pour contrer l’impact économique de la pandémie de COVID-19.


D'autres libéraux proches d'UNIS



Le ministre des Finances, Bill Morneau, a lui aussi présenté des excuses, lundi après-midi, pour ne pas s'être retiré des discussions portant sur le contrat avec UNIS, malgré la collaboration de deux membres de sa famille immédiate avec l'organisation. L'une de ses filles est une employée rémunérée de l'association caritative.


Je ne me suis pas récusé des discussions sur ce sujet et, étant donné que ma fille travaille pour l'organisation dans une branche sans lien avec le programme, je me rends compte maintenant que j'aurais dû l'avoir fait afin d'éviter toute perception de conflit, écrit-il sur Twitter, ajoutant qu'à l'avenir, il se récuserait de toute discussion future concernant UNIS.


Outre Justin Trudeau et Bill Morneau, on apprenait lundi matin dans les pages du Globe and Mail que l’actuel ministre des Ressources naturelles, Seamus O’Regan, et la cheffe de cabinet du premier ministre Trudeau, Katie Telford, avaient également des liens étroits avec l’organisme UNIS.


Selon le quotidien, M. O’Regan et Mme Telford ont aidé à amasser plusieurs centaines de milliers de dollars pour l’organisme avant que les libéraux ne forment le gouvernement.


Un contrat accordé sans appel d'offres


L'organisme UNIS – connu sous le nom de WE Charity, en anglais – avait été choisi par Ottawa pour gérer les 900 millions de dollars de la Bourse canadienne pour le bénévolat étudiant.


Mais l'octroi de ce contrat sans appel d'offres a provoqué une levée de boucliers en raison de liens apparents entre l'organisme et la famille Trudeau, si bien que les deux parties ont choisi de le résilier.


L'annonce a eu lieu le jour même où le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique ouvrait une enquête sur le sujet.


L'opposition ne décolère pas


Pendant ce temps, le PCC, qui réclame une enquête policière sur cette affaire, poursuit sa croisade contre M. Trudeau qui, rappelle-t-il, a déjà fait l'objet de deux blâmes du commissariat pour avoir séjourné sur l'île privée de l'Aga Khan et pour avoir tenté d'influencer une procédure judiciaire dans l'affaire SNC-Lavalin.


Il demande maintenant une réunion d'urgence du comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique.


Le Bloc québécois croit aussi que le premier ministre doit rendre des comptes en matière de finances publiques et d’éthique. Le troisième parti aux Communes demande depuis jeudi à Justin Trudeau de se retirer temporairement de ses fonctions au profit de la vice-première ministre Chrystia Freeland, le temps que la lumière soit faite sur cette affaire.


Enfin, le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a déclaré sur Twitter que les excuses présentées par le premier ministre lundi ne suffisaient pas.


S'excuser devant les caméras ne veut rien dire quand on continue à faire la même chose derrière des portes closes, a-t-il lancé. Lui aussi a souligné que M. Trudeau a déjà été blâmé deux fois par le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique.




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