Un match à finir avant l'élection

André Boisclair: Savoir s'imposer

Rentrée parlementaire



par Corbeil, Michel
André Boisclair a mis le Parti québécois "à sa main". Reste le plus important, s'imposer comme chef - et éventuel premier ministre - dans l'opinion publique. C'est cet après-midi que la cadence de travail s'accentue.
M. Boisclair retourne dans l'enceinte de l'Assemblée nationale, où il a siégé comme député de Gouin de 1989 à 2004. Depuis juin, il représente Pointe-aux-Trembles.
L'expérience politique atténue la fébrilité qu'il ressent. Le leader péquiste se sait très bon au jeu parlementaire. Son adversaire libéral Jean Charest ne s'attend d'ailleurs pas à le voir trébucher sur les fleurs du tapis au Salon bleu.
M. Boisclair tient à diminuer les attentes. "Si je performe de façon exceptionnelle au cours des trois prochaines journées, ce sera oublié au bout de trois semaines. Je ne suis pas dans la politique-spectacle. Je ne suis pas dans la séduction d'un soir."
Zone inconfortable
Le moment demeure important. La classe politique pénètre dans une zone inconfortable, l'attente d'élections qui peuvent être déclenchées n'importe quand. André Boisclair a l'obligation de résultat.
Le chef a travaillé systématiquement. "J'en ai vu du monde, dit-il des tournées des derniers mois. Je rentre à l'Assemblée nationale avec mes valises remplies d'histoires du vrai monde."
Surtout, se félicite un membre de sa garde rapprochée, plutôt que de répondre aux provocations des libéraux, il a attendu avant d'être candidat à une élection. Pendant ce temps, "il a mis le parti à sa main".
Le nouveau directeur général, Pierre-Luc Paquette, est une "vieille" connaissance du mouvement étudiant où M. Boisclair a fait ses armes en politique. Des mécontents, comme Dominique Ollivier, qui prennent la porte. D'autres qui se taisent, mis sur la défensive pour une victoire convaincante pour accéder à la tête du PQ.
André Boisclair n'a rien à craindre de ses députés. Doux comme des agneaux. "Ce que je ressens, rapporte Michel Morin, le whip du caucus - le préfet de discipline - , c'est de la discipline. Les présences sont prises au caucus. C'est plus serré."
La joute à l'Assemblée nationale ne fait pas foi de tout. Quoiqu'une petite visite dans votre demeure, au bulletin de 18 h, cela ne peut pas nuire. "Les gens vont s'habituer à le voir comme chef, commente le député Jonathan Valois. Il aura un discours de chef."
Langue de bois
Point faible ? M. Boisclair a été attaqué par plusieurs commentateurs pour réponses sibyllines, alias la langue de bois. Louis Bernard, l'ex-haut fonctionnaire qui s'était lancé dans la course à la direction du PQ, relève que M. Boisclair "a une grande facilité d'expression, mais peu de chaleur dans ce qu'il dit".
Côté contenu, l'homme possède ses dossiers. "Sans cesse, il travaille sans cesse, relate un de ses anciens collaborateurs. Il n'a pas d'enfant. Tard le soir, en lisant un document, il a un flash. Il fait quoi ? Il t'appelle !"
André Boisclair a commencé à modeler le discours de son parti à ses exigences électorales. Exit le calendrier contraignant pour rédiger une constitution ou pour préciser la transition vers l'indépendance. Il y a plusieurs mois, un de ses aviseurs les plus influents prédisait qu'il se trouvera bien un moyen pour se dégager du carcan d'un référendum tenu obligatoirement pendant le mandat.
"Social-démocratie, nationalisme, rôle de l'État, ça va être réinterprété, jure un partisan de la première heure du jeune leader, 40 ans, cette année. Vous allez être surpris en campagne électorale."
Le danger qui guette André Boisclair, c'est... André Boisclair. Dès la course à la direction en 2005, son entourage le mettait en garde contre une certaine arrogance qu'il peut dégager. Son langage corporel peut être dévastateur lorsque les questions lui déplaisent.
En Chambre, comme pour la politique en général, tout se résume facilement à l'image. "André Boisclair a de l'assurance dans les capacités des Québécois, réplique le principal intéressé. Ce n'est pas de l'arrogance."
mcorbeil@lesoleil.com


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé