Élections fédérales 2021

Bilan d’une campagne indigente et vote stratégique

Analyse de la campagne fédérale

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Chronique de Marc Labelle

J’utiliserai comme critères d’analyse les thèmes suivants : l’indépendance, la constitution, la langue française, l’immigration et la péréquation ; ils étaient traités dans mon dernier article « Enjeux existentiels majeurs ».  J’ajoute la vaccination covidienne, qui a servi de prétexte au déclenchement de l’élection fédérale par le premier ministre sortant, ainsi que d’autres thèmes névralgiques.


Je me contenterai de signaler les points saillants de l’ensemble des positions des partis, exprimés dans leur plateforme ou par les chefs.


Indépendance


Parmi les principaux partis en lice sur la scène fédérale, le Bloc — soi-disant « québécois » — était le seul parti qui pouvait naturellement faire la promotion de l’indépendance du Québec puisqu’il présentait des candidats exclusivement sur notre territoire national.  Hélas, le chef François-Yves Blanchet a encore évacué cette promotion de sa démarche.  Le mot « indépendance » est totalement absent de la plateforme électorale du Bloc.


Constitution


Il ne fut donc pas question de Constitution québécoise. 


Langue française


Le Bloc se vante d’avoir fait adopter par la Chambre des communes l’application de la Charte de la langue française aux entreprises situées au Québec et enregistrées auprès de l’Administration fédérale.  Cela ne représente que 2 % des travailleurs québécois.  L’expérience du passé nous enseigne que l’amélioration du français lié à l’Administration fédérale ne serait pour le Parti libéral du Canada (PLC) ou le Commissariat aux langues officielles qu’une promesse d’ivrogne.


Par ailleurs, le Bloc ne fait que proposer le rapatriement de tous les pouvoirs en matière de culture et la création d’un organisme québécois se substituant au CRTC. 


Le respect de notre identité collective ou de nos pouvoirs ne se quémande pas auprès d’un État dominateur, on le lui impose unilatéralement.


Immigration


Dans ce qu’il appelle son contrat avec les Québécois, le Parti conservateur du Canada (PCC) s’est engagé à donner au Québec « plus de pouvoir sur les décisions en ce qui concerne la sélection des immigrants et des réfugiés qui vont entrer dans la province ».  Cela couvre deux catégories importantes d’immigrants non encore sous la gouverne du Québec, mais on remarquera qu’il ne s’agit pas d’un transfert entier de cette responsabilité.  Surtout, la catégorie du regroupement familial demeure sous la coupe fédérale.


Quant au Parti populaire du Canada (PPC), il veut réduire le nombre annuel total d’immigrants et de réfugiés au Canada, de 350 000 à une fourchette de 100 000 à 150 000.  Pour le Québec, qui représente 22,5 % de la population canadienne, cela signifierait entre 22 550 et 33 750 personnes.  Un pas dans la bonne direction.


Courageusement, le PPC veut accorder la priorité aux réfugiés issus de groupes persécutés, comme « les chrétiens, les yézidis et les membres d’autres religions minoritaires dans les pays à majorité musulmane ».  Par ailleurs, il veut abroger la Loi sur le multiculturalisme et retirer le Canada du Pacte mondial pour les migrations des Nations unies, un pacte suicidaire concocté contre les peuples.


Péréquation


Le PPC étant néanmoins un parti canadianiste, il réduirait les paiements de péréquation.  Afin de satisfaire l’Alberta qui prétend erronément que son pétrole subventionne les garderies du Québec. 


Seul un parti authentiquement québécois démontrerait l’inutilité de la péréquation pour un Québec indépendant devenu logiquement plus riche.  En imposant par exemple des droits de passage sur son territoire.  Ce parti saurait expliquer historiquement que l’union forcée avec le Haut-Canada a viré au Bas-Canada le principal fardeau de la dette de son voisin.  Que les impôts du Québec ont ensuite largement contribué au développement de l’Ouest canadien avec le chemin de fer transcontinental et de l’Ontario avec la voie maritime du Saint-Laurent.  Il est temps de bénéficier d’un retour sur investissement !  Mais le Bloc, qui cherche à se faire aimer par le Canada anglais, a renoncé à faire la promotion de l’indépendance.


La vaccination covidienne


La campagne fédérale a eu un effet d’amplification sur la folie covidienne, qui conduit au totalitarisme. 


Soumis aux grandes sociétés pharmaceutiques désireuses de s’enrichir avec des vaccins onéreux à répétition, les gouvernements occidentaux n’ont pas écouté les vrais connaisseurs.  Les virologues préconisaient des mesures de prévention raisonnables.  Et surtout, le soin des malades — la plupart très âgés — avec des médicaments peu coûteux comme l’hydroxychloroquine ou l’ivermectine.


Le déclenchement de la période électorale a mis fin aux hésitations du chef du PLC Justin Trudeau concernant la vaccination : il veut maintenant l’imposer aux fonctionnaires fédéraux et aux voyageurs dans les trains ou les avions.  Il a l’appui du chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) Jagmeet Singh.  Si les chefs du PCC Erin O’Toole et du Bloc François-Yves Blanchet appuient la vaccination de la population, ils ne veulent pas, du moins, la rendre obligatoire.


Seul le chef du PCC Maxime Bernier s’oppose résolument aux mesures de confinement, qui ont détruit l’économie, et au vaccin obligatoire, qui constitue une grave atteinte aux libertés de la personne. 


C’est un droit fondamental : chaque personne décide de suivre (ou non) les conseils de son médecin personnel.  L’État ne peut s’immiscer dans la relation privée entre le citoyen et un médecin.  Comme l’affirment les femmes depuis des décennies : « Mon corps, mon choix. »


Autres thèmes


Cette campagne électorale fut l’occasion d’une invasion des partis fédéralistes — surtout le PLC —, avec la complaisance des médias subventionnés, dans les champs de compétence provinciaux.  Notamment en santé : garderies, embauche de personnel soignant, gestion des CHSLD, soins de santé virtuels, santé mentale.  Cependant, le PCC innove légèrement en voulant remplacer les paiements en argent du Transfert canadien en matière de santé par un transfert permanent de points de TPS d’une valeur équivalente.


Justin Trudeau a réaffirmé son opposition à la Loi sur la laïcité.  Erin O’Toole s’est engagé à ne pas remettre en cause les lois du Québec ni à appuyer leur contestation judiciaire avec un financement fédéral.  Maxime Bernier a déjà affirmé en 2019 qu’il fallait respecter les lois votées par l’Assemblée nationale.


Le harcèlement idéologique au moyen de l’accusation bidon de racisme ou discrimination systémique occupe entièrement les plateformes du PLC, du NPD et du Parti vert (PV).


La confusion des identités sexuelles : Le chef du PPC Maxime Bernier dénonce la dérive sémantique des organismes gouvernementaux et des entreprises qui ont remplacé les termes normaux « femme » et « mère » par « personnes qui ont des règles » et « personnes qui accouchent » (sous l’influence de la loi C‑16).  Le PPC s’oppose aussi au projet de loi libéral (C‑6) visant à criminaliser l’aide psychologique, qualifiée de « thérapie de conversion », pourtant destinée aux garçons et aux filles souffrant de dysphorie sexuelle afin qu’ils acceptent leur identité au lieu de détruire leur corps.


Pour illustrer la perversion du PV, voici une absurdité tirée de sa plateforme : « Exiger des installations accessibles dans tous les édifices fédéraux, y compris des toilettes non sexistes, des vestiaires, etc., tout en réaffirmant le droit des personnes trans, non binaires et bispirituelles d’utiliser les installations auxquelles elles s’identifient. »  Confus ?  La nouvelle fonction prioritaire des toilettes : s’identifier avant de se soulager.  On peut appeler cela ironiquement une « thérapie forcée de conversion idéologique ».


Concernant la liberté d’expression, le PPC a fait remarquer que le PLC a adopté la motion M‑103, qui condamne la discrimination religieuse en ne mentionnant spécifiquement qu’une religion, l’islam.  À juste titre, le PPC limiterait la définition des propos haineux dans le Code criminel à ceux qui préconisent explicitement le recours à la violence.  En effet, toute restriction sans ce critère essentiel est liberticide.


Choix stratégique


Considérant les défis existentiels majeurs auxquels est soumis le peuple québécois, la campagne 2021 fut donc frustrante.  La classe politique d’ici, comme dans le reste de l’Occident décadent, est déconnectée de la réalité des citoyens.  Alors, considérant l’attaque généralisée contre le Québec et les mesures nettement insuffisantes proposées pour la contrer, pour qui voter à l’occasion des présentes élections fédérales ?


La priorité actuelle consiste à battre Justin Trudeau, ce dégénéré mondialiste, qui peut former le gouvernement, contrairement au NPD et au PV idéologiquement proches du PLC.


Dans ce cas, il convient de voter « bleu », soit pour le Bloc ou le Parti conservateur.  C’est un pis-aller : les deux sont nationalistes, mais le premier craint l’indépendance comme son ombre ; le second a manifesté des signes d’ouverture envers le Québec, mais demeure un parti majoritairement canadien-anglais.


Spécialement dans les circonscriptions où la lutte est chaude, je recommande de voter pour l’un ou l’autre parti bleu.  Mais d’appuyer un candidat susceptible de faire avancer l’émancipation du Québec en dérogeant à la ligne du parti après son élection.  Il existe de vrais indépendantistes au sein du Bloc, qui auront envie de ruer dans les brancards à un moment propice.  De même, on trouve d’authentiques nationalistes québécois au sein du Parti conservateur, que rebutent le gauchisme intense des autres partis fédéraux… et aussi d’une partie du Bloc.  En fait, aucun parti n’est entièrement épargné par la contamination des antivaleurs de l’extrême gauche.  Il se peut donc que les candidats bloquiste ou conservateur de votre circonscription soient mauvais… 


Pour ma part, je ne pourrai pas voter pour le candidat bloquiste Simon Provost dans la circonscription de Hull-Aylmer, car c’est un protagoniste actif de l’accusation de discrimination systémique à l’endroit du Québec.  Cette ignominieuse idéologie est une arme psychique de destruction massive des peuples.


Dans le cas des châteaux forts (circonscriptions « solides »), qui sont surtout libéraux, on peut s’intéresser à des partis marginaux qui offrent un discours inédit susceptible de féconder la classe politique dans le futur (voir la liste des circonscriptions dans l’annexe du Guide électoral 2021 ou le site Qc125 pour le portrait de votre circonscription concernant les intentions de vote et les probabilités du vainqueur).  


Attention : malgré quelques positions intéressantes du PPC, un vote pour lui pourrait favoriser l’élection du candidat libéral dans quelques circonscriptions.  Mais le vote bleu bloquiste et conservateur est lui-même l’expression d’une profonde division entre la métropole et la capitale.  Il faudra à l’avenir impérativement œuvrer à transcender ce clivage pour créer la convergence vers l’indépendance.  Comment ?  En développant le sens de la primauté de la conscience nationale.

 


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Marc Labelle57 articles

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  Se voulant agent de transformation, Marc Labelle présente sur les valeurs et les enjeux fondamentaux du Québec des réflexions stratégiques, car une démarche critique efficace incite à l’action salutaire. Ses études supérieures en sciences des religions soutiennent son optique de penseur libre.





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