"Boisclair a déformé mes propos"

Nous avons les moyens de faire l'indépendance


De nombreux pays indépendants n'arrivent pas à la cheville du Québec en matière d'économie, de développement et de progrès social.
_ Charest, Jean
Le Québec possède les moyens de choisir son destin et il est libre de le faire, mais il n'est pas dans l'intérêt des Québécois de tourner le dos au Canada pour devenir un État séparé. Voilà toute l'essence des propos que j'ai tenus à l'occasion d'une entrevue d'une heure à TV5 France, entrevue réalisée dans le cadre de ma visite officielle en France et qui sera diffusée aujourd'hui à 17h30.
Devant l'ardeur suspecte du chef du Parti québécois, M. André Boisclair à déformer mes propos, à les sortir de leur contexte et à n'en retenir que ce qui fait son affaire, je crois qu'il est indispensable d'apporter les précisions et les nuances qui s'imposent.
Ceux et celles qui écouteront intégralement cette entrevue auront l'occasion de réaliser que j'ai énuméré non seulement, et de manière non exhaustive, les motifs qui militent en faveur de notre appartenance au Canada, mais également les conséquences négatives rattachées au choix de la séparation.
Bien des choses sont faisables sans être souhaitables. De nombreux pays sont juridiquement indépendants et économiquement dépendants. De nombreux pays indépendants n'arrivent pas à la cheville du Québec en matière d'économie, de développement et de progrès social. Un grand nombre de pays indépendants cherchent à rejoindre les grands ensembles pour améliorer leur niveau de vie et prendre une meilleure place dans le monde. De nombreux pays se tournent vers des modes d'organisation fédéralistes pour mieux tirer leur épingle du jeu, comme c'est le cas en Europe.
Comme homme politique, comme chef du Parti libéral du Québec, comme premier ministre et comme mes prédécesseurs, j'ai toujours soutenu que, bien qu'il s'agisse d'un choix légitime, la séparation du Québec du reste du Canada n'est pas une option qui sert l'intérêt des Québécois. À deux reprises, au cours des 25 dernières années, les Québécois ont démocratiquement et majoritairement rejeté cette option et ce, peu importe la façon dont elle leur a été présentée.
Jouer pleinement notre rôle au sein de la fédération canadienne, assumer entièrement notre leadership comme nous le faisons dans le cadre du Conseil de la fédération, proposer et négocier des ententes qui respectent nos compétences et répondent aux attentes de la population, voilà des moyens concrets de servir les intérêts des Québécois. Le fédéralisme unit plus qu'il ne divise. Dans un contexte de mondialisation des échanges, le fédéralisme canadien renforce notre position et notre influence dans le monde à travers le G8 et l'Aléna, notamment. Il permet l'expression de notre différence, encourage le partage des expériences et des richesses de l'ensemble du Canada.
Les actions de ce gouvernement, les engagements du Parti libéral du Québec convergent tous vers la conviction profonde que notre appartenance au Canada, ce pays que les Québécois ont eux-mêmes fondé, sert mieux leurs intérêts et leur bien-être que l'aventure risquée de la séparation. Nous avons toujours reconnu que les Québécois pouvaient et devaient exercer librement leur droit de se prononcer démocratiquement sur la question du statut politique du Québec. Par contre, qu'il s'agisse de Robert Bourassa ou de moi-même, nous n'avons jamais reconnu la pertinence de la séparation tant du point de vue économique que politique. Nous savons ce que nous avons à perdre, nous ne savons pas ce que nous avons à gagner ni le prix qu'il faudrait payer. Nous avons toujours eu et nous avons encore la certitude que le Québec dispose dans le cadre actuel des outils nécessaires à son épanouissement. Le fédéralisme est un de ces outils.
Nos entrepreneurs, nos chercheurs, nos inventeurs, nos créateurs ont cent fois démontré que la voie de la réussite pouvait être empruntée sans qu'il soit nécessaire de rompre nos liens avec le Canada. En fait, nos entreprises, nos universités, nos institutions se servent de notre appartenance au Canada comme d'un tremplin pour aller plus loin et affirmer avec plus de force notre vitalité, notre originalité et notre génie.
La preuve est faite que le Québec, comme société, réussit très bien au sein du Canada. La preuve que le Québec pourrait gagner quoi que ce soit en se séparant du Canada n'a, elle, jamais été faite.
Le fardeau de cette preuve repose totalement sur les épaules des souverainistes. Jusqu'à présent, le Parti québécois, y compris son chef actuel, n'a jamais été capable de convaincre les Québécois du bien fondé de son option, car il n'a jamais pu dire pourquoi le Québec devrait se séparer du Canada.
Les Québécois ne sont pas dupes. La déformation de mes propos par André Boisclair, son empressement pathétique à les travestir et à les récupérer pour servir sa cause sont des signes qui trahissent son désarroi devant l'impasse que représente son obsession pour la séparation et un référendum. Je l'invite à regarder l'avenir avec lucidité, à lever le brouillard entourant ses intentions référendaires et à réaliser que le peuple québécois forme déjà une des sociétés les plus libres et les plus démocratiques de la planète. Le Québec a atteint un stade de développement et une qualité de vie que plusieurs pays du monde nous envient, et nous y sommes arrivés dans le cadre de la fédération canadienne.
Charest, Jean, Premier ministre du Québec.


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