Bombardier: les conservateurs exigent qu'Alain Bellemare s'explique

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Ottawa s'en mêle

Le gouvernement fédéral ayant aussi lancé une bouée de sauvetage financière à Bombardier, les dirigeants de la multinationale doivent rendre des comptes aux parlementaires sur la question des augmentations salariales, estime le Parti conservateur.
Le député conservateur Gérard Deltell a d'ailleurs formellement déposé hier une motion demandant au comité des finances des Communes de convoquer le président de Bombardier, Alain Bellemare, à venir comparaître pour s'expliquer.
Les membres du comité doivent se prononcer sur cette motion à la prochaine réunion du comité, demain. M. Deltell souhaite que le ministre de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique, Navdeep Bains, soit aussi invité à témoigner.
« Pour nous, c'est clair que les augmentations sont inacceptables, et les dirigeants doivent y renoncer. Les dirigeants doivent suivre l'exemple du petit-fils de Joseph-Armand, Pierre Beaudoin, et les refuser, point final », a indiqué hier à La Presse Gérard Deltell, qui est le critique de son parti en matière de finances.
« Les Canadiens versent 372 millions en prêt et les dirigeants ont des comptes à rendre. Si Alain Bellemare s'est exprimé dans les médias, il est de son devoir de le faire devant les parlementaires. » - Gérard Deltell
À Québec, entre-temps, le gouvernement Couillard a refusé net de débattre de trois motions déposées par le Parti québécois, la Coalition avenir Québec et Québec solidaire, qui contestent en choeur la hausse de salaire des dirigeants de Bombardier.
Olivier Marcil, vice-président aux relations externes chez Bombardier, a indiqué hier que l'entreprise « ne commente pas les débats à l'Assemblée nationale ni à la Chambre des communes ». Bombardier a fourni des explications claires et fait des gestes appropriés lundi dans le dossier de la rémunération de ses hauts dirigeants, a-t-il fait valoir.
Mais à Ottawa, les partis de l'opposition ont continué hier à dénoncer le prêt de 372,5 millions accordé « sans aucune condition » par le gouvernement Trudeau à Bombardier.
« Comment le premier ministre peut-il continuer à défendre cette entente ?, a lancé Rona Ambrose, chef par intérim du Parti conservateur. Ils ont donné des fonds publics à une société qui octroie des millions en bonis à ses dirigeants, au moment même où elle licencie 14 000 personnes. »
Le député bloquiste Xavier Barsalou-Duval a renchéri en dénonçant la « cupidité » des dirigeants de Bombardier.
« Les Québécois ont raison d'être en beau maudit. Le premier ministre va-t-il joindre sa voix à celle des Québécois pour demander aux dirigeants de Bombardier de renoncer à leurs augmentations pour 2016 ? » - Xavier Barsalou-Duval
Le ministre Navdeep Bains a répondu aux attaques à la place de Justin Trudeau, absent des débats hier. Il a essentiellement répété les mêmes explications fournies la veille par les libéraux. « Je comprends les préoccupations des Canadiens, des Québécois, a-t-il dit. En même temps, c'est très important, et notre gouvernement soutient le secteur aérospatial. C'est pourquoi nous avons investi 372 millions de dollars pour la recherche-développement. »
DÉBATS MUSCLÉS À QUÉBEC
À Québec, le premier ministre Philippe Couillard s'est dit satisfait de la décision annoncée dimanche de reporter de 2019 à 2020 le versement des bonis, qui constituent environ la moitié des augmentations. Mais il a refusé d'intervenir pour exiger que l'entreprise aille plus loin.
« On ne croit pas que c'est le rôle du gouvernement de s'infiltrer dans la gestion interne des entreprises et de nationaliser une entreprise. » - Philippe Couillard
Mais le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a souligné que M. Couillard s'était déjà ingéré dans les affaires internes de l'entreprise lorsqu'il a exprimé son mécontentement par rapport aux hausses de rémunération la semaine dernière. M. Lisée le somme donc d'intervenir de nouveau, cette fois pour la forcer à annuler complètement les augmentations.


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