Ça passe ou ça casse !

Le PQ survivra-t-il à André Boisclair ? André Boisclair survivra-t-il à son parti ? Les parieurs ont de quoi réfléchir

PQ - leadership en jeu - la tourmente

"Je me sens libre comme jamais", a lancé André Boisclair hier, à la fin de la conférence de presse qui a suivi la prestation de serment de ses députés. D'un seul trait, M. Boisclair venait d'en remettre sur son "conflit" avec les péquistes de la région de Québec, et de déclarer que Bernard Landry avait dû "faire des compromis sur le fond des choses pour sauver son leadership" lors de la saison des idées.
Pas sûr que les péquistes de Québec vont apprécier ça. Et pas évident que Bernard Landry partagera cette analyse...
Mais le moins qu'on puisse dire, c'est que pour un homme assiégé par les médias sur son leadership, le chef du Parti québécois ne perd pas son temps dans la diplomatie. Le message est clair et il pourrait se résumer ainsi : "Prenez-moi comme je suis, ou trouvez-vous quelqu'un d'autre".
À plusieurs reprises au cours de son point de presse, André Boisclair a répété qu'il ne ferait pas une "bataille personnelle" des changements à apporter au PQ. D'où son allusion au compromis qu'a dû faire Bernard Landry avec les orthodoxes pour sauver son leadership. C'est ce compromis qui a mené le PQ à promettre un référendum le plus tôt possible dans un prochain mandat. "J'ai soutenu cette thèse pendant la campagne électorale, mais ce message ne passe plus. Il doit être revu", a-t-il réitéré hier. Aux mécontents qui aimeraient un congrès dès l'automne pour se prononcer sur son leadership, il a rappellé "que ce n'est pas parce qu'on change l'entraîneur d'une équipe de hockey que l'équipe va mieux".
Pour les proches d'André Boisclair, le message est clair : le chef du PQ posera les gestes qu'il veut bien pour moderniser le parti et pour changer le plan de match. Il ne se laissera pas bousculer par les éternels mécontents qui ont rendu la vie impossible à ses prédécesseurs. Et si les militants ne sont pas d'accord, il s'en ira. Ça passe ou ça casse.
Arrogant, André Boisclair ? Ou courageux ? Les premiers à se prononcer seront les membres de son caucus qui se réunissent aujourd'hui et demain à Québec. L'exécutif national suivra samedi.
Au coeur de ces discussions, on débattra de l'opportunité d'avancer la date du prochain congrès national. La tenue d'un tel congrès est essentielle pour la modification du programme et des statuts du Parti, pour modifier, par exemple, l'engagement de tenir un référendum le plus tôt possible. M. Boisclair tient également à obtenir le pouvoir de désigner des candidats dans les circonscriptions, afin d'éviter la répétition du bloquage des péquistes de Québec à ses candidats-vedettes comme Françoise Mercure et Jean-François Bertrand. Mais les partisans de M. Boisclair ne veulent surtout pas d'un congrès précipité, à l'automne, qui tournerait en remise en question du leadership. Ils proposeront une date plus éloignée, sous prétexte qu'il faut du temps et la tenue d'assises locales et régionales pour discuter sérieusement des changements à apporter au programme et aux statuts. Dès hier, François Legault confirmait aux médias qu'il aurait des propositions à faire sur le sujet au caucus. Les vedettes comme Bernard Drainville se disaient ouvertes à devancer la date du congrès, mais sans se compromettre.
Tout le monde marche sur des oeufs au PQ depuis le 26 mars. M. Boisclair a beau dire qu'il n'en fera pas une bataille personnelle, mais les changements qu'il annonce demanderont un effort de persuasion énorme au sein d'un parti aussi porté sur les débats. Le PQ survivra-t-il à André Boisclair ? André Boisclair survivra-t-il à son parti ? Les parieurs ont de quoi réfléchir.
Pour joindre notre chroniqueur : glavoie@lesoleil.com


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