Le professeur d'histoire Jocelyn Létourneau nous rappelle avec nuance que le fait de dire ce que nous étions autrefois n'est en rien préjudiciable à ce que nous choisissons d'être aujourd'hui. La branche McFadden de ma mère vient de notre ancêtre Neil, arrivé d'Irlande circa 1830. Sa descendance actuelle est-elle «d'origine canadienne-française»? Pour utiliser des catégories aristotéliciennes, l'appellation de Canadiens-français ne désigne pas tant une essence qu'une existence.
Elle n'exprime pas tant une nature à tout jamais constituée, une «invariabilité ou pérennité» [pour reprendre les mots du professeur Létourneau->14015], qu'une manière d'être et de se dire à un moment donné de l'histoire. Dans les années 1950, les McFadden se considéraient comme Canadiens-français. Cette appellation répondait alors à leur besoin de se «distinguer», beau mot, des «boss anglais» qui les avaient engagés dans les chantiers de bûcherons ainsi que des «Anglais», l'autre bord du lac Témiscamingue.
Aujourd'hui, leurs descendants s'identifient probablement comme Québécois tout court. Comme eux, même vivant en Ontario, je ne ressens plus ce besoin de me définir par rapport aux «Anglais». Je me considère comme un Canadien tout court. Voilà la force du Québécois, je le serai toujours: dire ce qu'il est en n'éprouvant plus le besoin de dire ce qu'il n'est pas.
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Pascal Barrette, Ottawa
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