Canadien-Français, avant les années 60, ce n’était pas ethnique, c’était national

Commission BT - le rapport «Fonder l’avenir - Le temps de la conciliation»

Que M. Bernard Landry critique le rapport Bouchard-Taylor, c’est excellent.
Une seule chose dans ses propos me casse les pieds. C’est lorsque, comme
bien d’autres, il qualifie d’ethnique l’identité canadienne-française. On
peut fort bien être contre le nom de Canadien-Français et lui préférer
celui de Québécois, là n’est pas tellement la question. Moi-même, en jetant
sur notre histoire presque semi-millénaire un regard qui ne soit pas trop
superficiel, je trouve à ce nom de Canadiens-Français l’inconvénient d’être
un pléonasme, attendu que, nous, les héritiers des conquis de 1760, nous
sommes au fond les seuls véritables Canadiens, les Anglos étant, faute d’un
terme plus élégant, des British Americans.
Cela dit, ne pas aimer l’appellatif Canadien-Français n’autorise pas à
dire n’importe quoi à ce sujet. Avant 1960, les nationalistes parlaient
couramment de la nation canadienne-française. Pourquoi ? Parce que, pour
eux, les Canadiens-Français formaient plus qu’un groupe ethnique, ils
formaient bel et bien une nation, c’est-à-dire une collectivité
caractérisée non par l’unité de sang, ce dont on s’est toujours moqué
éperdument, mais bien par l’unité de langue, de culture et peut-être
surtout d’histoire. Tant et si bien que, pour tous les nationalistes qui, à
l’époque, gravitaient plus ou moins autour de Lionel Groulx, les
Canadiens-Français, c’étaient les Tremblay et les Gagnon, bien sûr, mais
tout aussi bien les Blackburn du Lac-Saint-Jean, les Fraser de la Gaspésie,
les Cameron de la Beauce, les Reid de la région de Châteauguay, les Gemme
(James) et les Williams de Saint-Amable, sans oublier les Phaneuf
(Farnsworth), les Spénard, les Besner et autres Bruchési ou Dassylva. À la
Ligue d’Action Nationale, par exemple, nul n’a jamais songé à exclure de la
nation canadienne-française les frères Guy et Dostaler O’Leary, ni non plus
cet autre brave militant qu’était Patrick Allen. C’eût été tout simplement
inconcevable.
En affirmant que les frères Johnson, comme avant eux leur père, ne peuvent
être considérés comme des Canadiens-Français parce que, présume-t-on, ils
ont du sang irlandais, M. Landry réduit l’identité canadienne-française à
quelque chose de strictement biologique et se trouve ainsi, sûrement sans
l’avoir voulu, à calomnier outrageusement tous les nationalistes d’avant la
Révolution tranquille. Et il se trouve aussi, là encore sûrement sans
l’avoir voulu, à sembler donner raison à tous les anglo-fédéralistes qui
prétendent qu’autrefois, nous macérions dans l’ethnicisme, voire le
racisme.
Or, la vérité est tout autre et il est temps qu’on la proclame une bonne
fois pour toutes. Aussi loin que nous remontions dans notre histoire,
jamais, jamais, jamais notre nationalisme n’a été ethnique, c’est-à-dire
fondé sur l’imbécile mystique du sang, toujours, toujours, toujours il a
été somme toute national, c’est-à-dire fondé sur une langue, une culture et
une histoire auxquelles quiconque peut s’identifier, peu importe son
origine.
Alors, libre à qui le veut de rejeter le nom de Canadien-Français comme le
fait M. Landry. Mais, de grâce, qu’on ne le rejette pas sous un faux
prétexte, en l’occurrence son soi-disant caractère ethnique. Car, pour les
gens qui employaient ce terme à l’époque, il n’avait pas un sens ethnique,
il avait un sens national. Et c’est leur manquer du respect le plus
élémentaire que de prétendre le contraire.
Luc Potvin

Verdun
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14 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    26 juin 2008

    Une ethnie est un groupe humain sur un territoire qui a une culture un langue des us et coutume et une histoire qui les unit et qui se reflète dans ses créations originales. Donc une civilisation différente. Le ROC a perdu ce caractère cette identité particulière britannique. Cette ethnie ne représente plus que 30% du Roc. Ils sont donc ¨multiculturels¨, c'est un état de fait pour eux. Ils ont perdu leur identité propre et nous souhaitent la même chose avec monsieur Taylor en ricanant.¨On nous dit raciste parce que nous voulons survivre et vivre notre culture. Le fédéral a tenté d'absorber les indiens et les esquimaux, les faire disparaître comme peuple. En intégrant bien les immigrants à notre culture qu'ils veulent assimiler nous enrichissons notre nation en attendant de lui donner un pays. Il y a des limites psychologiques et numériques d'absortion d'immigrants quand on est une simple province et une minorité. Jean Charest s'en fou complètement et Bouchard s'en moque. Voilà ma lecture du rapport abrégé et naïf de ces tristes personnages.¨

  • Archives de Vigile Répondre

    20 juin 2008

    Monsieur Tremblay,
    1 – Loi du sol, loi du sang
    La loi du sol est généralement entendue comme celle en vertu de laquelle la nationalité est automatiquement accordée aux enfants nés sur le territoire national, même si leurs parents immigrés ou réfugiés n’ont pas encore été eux-mêmes naturalisés. Je sais très bien que certains pays ont décidé, après constatation de maints abus (faux réfugiés, etc.), de ne naturaliser désormais les enfants qu’après leurs parents, si tant est que ceux-ci répondent aux conditions posées par la nation hôtesse. On peut appeler ça, si on veut, un retour à la loi du sang. Il n’empêche que, même là, la nationalité demeure accessible par naturalisation (celle des parents même s’ils n’ont évidemment aucun ancêtre local). Il ne s’agit donc pas de la loi du sang intégrale, en vertu de laquelle il faut absolument un certain type d’ancêtres pour acquérir la nationalité. Vous me direz que c’est rare, pareille législation, et c’est vrai que c’est rare. Le hic, c’est que ça a malheureusement déjà existé. Voilà pourquoi il faut quand même faire attention quand on parle du sang.
    2 – François-Albert Angers
    Citant le passage où j’évoquais François-Albert Angers, vous me parlez de Charles Taylor. Là, j’avoue ne rien comprendre. Peut-être y a-t-il eu confusion. Ce n’est pas grave, ça arrive à tout le monde, moi le premier.
    3 – Le communautarisme en Europe
    Vrai qu’il n’y a pas de loi sur le communautarisme en Europe… sauf en Angleterre, où le multiculturalisme est une politique établie depuis plusieurs décennies et commence à être remis en question. Par ailleurs, si on ne voit pas, ailleurs, de loi sur le communautarisme, il n’en demeure pas moins que, dans certains pays, on s’inspire plus ou moins de cette idéologie dans la législation.
    4 – Les Canadiens-Français : une nation
    Mon texte initial n’avait qu’un seul but : dénoncer la rhétorique de ceux qui refusent aux Canadiens-Français le titre de nation et qui disent que les Canadiens-Français, ce n’était ou ce n’est qu’une ethnie, et là, attention, je précise, une ethnie au sens biologique (peut-être erroné) du terme. Relisez bien ce qu’a dit Bernard Landry. C’est exactement la même maudite rengaine que nous sert Gilles Duceppe chaque 24 juin : «Canadien-Français, c’est ethnique (dans leur vocabulaire : racial), Québécois, c’est national». Ces gens-là refusent aux Canadiens-Français le titre de nation. Pour eux, la nation, c’est tous les Québécois, tous les résidents du Québec, y compris les héritiers de Wolfe et de Durham qui pourtant sont bien déterminés à ne jamais s’assimiler à nous et souhaitent même notre disparition. Je m’oppose, tout comme vous je suppose, à cette conception-là de la nation, qui, quoi qu’en disent ses partisans, est une conception multitransinterculturaliste. C’est leur insistance systématique à nous refuser, à nous Canadiens-Français, le titre de nation et à ne voir en nous qu’un groupe ethnique comme ceux issus de l’immigration, c’est cela, comprenez-vous, qui me casse les pieds, c’est cela, et rien d'autre, qui m’enrage et qui m’est absolument intolérable. Nous refuser, à nous Canadiens-Français, à nous les vrais Canadiens, le titre de nation pour ne l’attribuer qu’à l’ensemble de la population du Québec, comme si nous n’étions, nous Canadiens-Français, qu’une infra-nation, une sous-nation, cela, c’est nous mépriser, consciemment ou non. Or, je le répète, c’est bien là la rhétorique des Landry et des Duceppe. Allumez votre radio ou votre télé, à l’heure des nouvelles, mardi prochain, 24 juin, je parie ma chemise que Duceppe va encore nous seriner : «Canadiens-Français, c’est ethnique, Québécois, c’est national». Pourtant, autrefois, la Saint-Jean était bel et bien définie comme la «fête nationale des Canadiens-Français». C’est donc que les Canadiens-Français, en ce temps-là, se concevaient, se voyaient et se définissaient comme une nation, pas seulement comme un groupe ethnique, et là encore, je précise, groupe ethnique au sens biologique et sous-national où l’entendent les Landry, Duceppe et cie. Alors, pourquoi diable, aujourd’hui, refuser aux Canadiens-Français le titre de nation, pourquoi considérer qu’ils n’y ont pas droit ? Pourquoi ?
    Pour les Landry, Duceppe et cie, vous savez, les Canadiens-Français, c’est strictement les descendants des 60 000 conquis de 1760. On a beau leur dire que la nation canadienne-française, ce sont les descendants des 60 000 conquis de 1760 ainsi que tous ceux, peu importe leur origine, qui, depuis lors, se sont assimilés à nous, c’est-à-dire ont adopté notre langue et notre culture, on a beau leur dire cela, ils n’en démordent pas : pour eux, Canadiens-Français, c’est strictement racial, biologique, et pas du tout national ; pour eux, seule est nationale la population du Québec, toutes cultures confondues. Or, je dénonce leur refus de voir en nous, Canadiens-Français, une nation, car je constate que ce refus-là débouche, quoi qu’ils en disent, sur le multiculturalisme.
    5 – La nation, une grande famille
    Quelque part, vous avez défini la nation comme une grande famille. Je suis absolument d’accord avec cette définition. Je note simplement que pour faire partie d’une famille, il y a la naissance, bien sûr, mais aussi l’adoption. Oh ! je sais, l’adoption, c’est assez marginal, ça ne peut pas se faire à grande échelle, mais ça existe, et bien des enfants adoptés considèrent leurs parents adoptifs comme leurs vrais parents. Je n’ai rien contre la fierté qu’on éprouve à partager le même sang, au contraire, il m’arrive souvent de l’éprouver, c’est normal, c’est humain. Simplement, qu’on dise ou qu’on laisse entendre qu’il faut absolument, absolument avoir du «sang canadien-français» pour faire partie de la nation canadienne-française, qu’on en fasse une condition sine qua non d’appartenance nationale, là, je dis que ça va un peu loin. La langue, la culture, l’identification à un destin collectif, tout ce à quoi on reconnaît une nation, ça n’est quand même pas génétique. Voilà tout.
    Luc Potvin

  • Archives de Vigile Répondre

    20 juin 2008

    Comme cela, la plupart des pays occidentaux seraient revenus à la loi du sang (jus sanguinis) ? C’est la toute première nouvelle qu’on en a,
    Pourquoi une nouvelle ? Les informations sont disponnibles en un click sur le Web. N'avez-vous pas fait l'effort de vous renseigner avant d'écrire votre texte ?
    Feriez-vous par hasard allusion à ce qu’en Europe, on appelle le communautarisme ?
    Alors là, ce serait vous qui faites la nouvelle, M. Potvin, car je n'ai point vu de loi ou droit sur le communautarisme. Je ne vois donc pas en quoi mes références sur les droits de sol et de sang feraient allusion à du communautarisme.
    Vous savez, en 1999, Le Devoir a publié un de mes textes intitulé « Ni ethnique, ni civique, notre nationalisme est culturel ». J’y disais en substance la même chose qu’aujourd’hui. Or, là, je vais pécher par immodestie. Pour ce texte, j’ai reçu, par téléphone, les félicitations chaleureuses de François-Albert Angers...
    M. Potvin, quand bien même Charles Taylor a reçu les appuis de la Templeton Foundation et Inamori Foundation, celà ne change en rien mes opinions sur ses idées. Même que sa reconnaissance par l'impérialiste Inamori pour sa philosophie sur le multiculturalisme a plutôt eu effet de me faire douter encore plus des véritables intentions derrière ces "offres de prestige", considérant que la nationalité japonnaise ne jure uniquement que par la loi du sang.
    M. Potvin, loin de moi la prétention de vouloir imposer mes sentiments de solidarité ethnique à tous les Québécois de souche. C'est un sentiment personnel et je ne l'exprime que pour en partager l'essence avec les autres qui s'y reconnaissent aussi. Ce que je vous reproche, parcontre, c'est votre ton par le quel vous semblez vouloir imposer un rejet de ce sentiment, voir la négation de ce sentiments aux autres lorsque vous dites « Ni ethnique, ni civique, notre nationalisme est culturel ». M. Potvin, vous n'avez pas à nier quoi que ce soit aux autres pour jouir de votre identité culturelle.

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juin 2008

    Monsieur Tremblay,
    Comme cela, la plupart des pays occidentaux seraient revenus à la loi du sang (jus sanguinis) ? C’est la toute première nouvelle qu’on en a, me semble-t-il, l'Allemagne, le Japon et la Suisse n'étant pas des cas nouveaux. Feriez-vous par hasard allusion à ce qu’en Europe, on appelle le communautarisme ? J'ose croire que non. Car ça, le communautarisme, au cas où vous ne le sauriez pas, c’est l’autre nom du multiculturalisme. En vertu du communautarisme, les pays qui reçoivent des immigrés se croient obligés, du moins en principe, de considérer chaque groupe issu de l’immigration comme une communauté de droit dont il ne faut surtout pas, toujours en théorie, assimiler les membres. Un Péruvien arrive en France. Jusqu’à la trentième génération et plus, jusqu’à la fin des temps, quoi, ses descendants devraient être considérés comme des Péruviens et avoir des droits reconnus en tant que Péruviens d’origine. Ça, c’est la théorie même du multiculturalisme à la Trudeau, une théorie fumeuse qui favorise une balkanisation culturelle dont seul profite, ici, l’impérialisme culturel anglo-américain. Je regrette de le dire peut-être brutalement, mais, partout, les immigrés sont faits pour être assimilés au peuple qui les reçoit. Et cela peut parfaitement se faire dans le respect des libertés individuelles. Le problème, ce n’est pas du tout la loi du sol (jus soli), c’est la politique d’immigration (et aussi le système d’éducation). Accueillir des immigrants, c’est très bien. Mais toute nation a le droit de fixer un seuil relatif en-deçà duquel elle estime que l’immigration est parfaitement assimilable et au-delà duquel elle estime que son assimilation devient difficile, voire impossible.
    Cela dit, je vous remercie beaucoup, M. Tremblay. Jusqu'à ce jour, quand on me critiquait, c’était toujours pour me reprocher d’être trop nationaliste et quasi xénophobe en raison de mon refus du multitransinterculturalisme auquel j’oppose ce que j’appelle mon uniculturalisme canadien-français. Me faire accuser exactement du contraire, pour la toute première fois de ma vie, je crois bien, eh ben, coudons, comme on dit, ça change le mal de place !
    Vous savez, en 1999, Le Devoir a publié un de mes textes intitulé «Ni ethnique, ni civique, notre nationalisme est culturel». J’y disais en substance la même chose qu’aujourd’hui. Or, là, je vais pécher par immodestie. Pour ce texte, j’ai reçu, par téléphone, les félicitations chaleureuses de François-Albert Angers... Ah ! mais c’est vrai, j’oubliais : ce n’était pas un vrai nationaliste, ça, François-Albert Angers, il n’avait pas la mystique du sang…
    Luc Potvin

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juin 2008

    Allons-nous, en suivant votre logique, en conclure que Lionel Groulx n’était donc pas pleinement canadien-français, qu’il l’était, disons, à 93 ou 94% ?(Potvin)?
    M. Potvin, une telle suggestion ne vient que de vous.
    Avoir double nationalité ne réduit en rien ces nationalités devant celui qui n'en a qu'une seule. De même que vous n'êtes pas 50% lié à la famille de votre mère et 50% à c'elle de votre père, mais 100% à chacune. La loi du sang nest pas une affaire de nombre de chromosomes. Un clone qui aurait 100% des chromosomes de la mère serait quand même la fille de son père et descendante de sa famille autant qu'à c'elle de sa mère. Il en est de même pour les adoptions.
    Si les pays sont retournés à la Jus Sanguinis, M. Potvin, c'est justement pour éviter d' "enfermer" leur peuple par la loi du sol et leur permettre l'ouverture dans le monde sans perdre leur nationalité et identité et de pouvoir la retransmettre par héritage.
    Au Canada, vous perdez tous liens ancestraux après trois générations hors du pays. Donc, en principe, le Canada ne nous reconnaît pas nos ancêtres de Nouvelle France. C'est pourquoi ils ont pris contrôle du 400e pour nous imposer une histoire du Canada à partir de la conquête.
    Tous les pays sont retourné vers le Jus Sanginis, voyant l'unité du peuple s'effriter par l'immigration.
    Nous subissons le même phénomène.
    Les peuples sont des familles, M. Potvin. J'espère que vous savez encore faire la différence entre votre grand-père et votre voisin.

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juin 2008

    M. Potvin, en votre cas l'anglais a bien réussi son coup. Votre dernier texte est une fleur envers le gégime constitutionel fédéraliste canadian.
    En effet le Canada, avec les États-Unis, sont les deux seuls pays au monde dont on peut obtenir la nationalité par la loi du sol seulement. Tous les autres pays exigent la loi Jus Sanguinis (loi du sang), seule, ou en combinaison avec la loi du sol.
    Je devrais dire en fait; les deux seuls pays qui restent, car ce n'est que récemment qu'une bonne part des pays ont décidé de revenir à la loi du sang qu'ils avaient abandonnés dans les mêmes élans inclusivistes que les vôtres pour ensuite comprendre leur terrible erreur.
    Les États-Unis sont dans le processus de réévaluer aussi leur décision. Ce laisserait le Canada et son multiculturalisme les derniers sur Terre.
    À quoi bon l'indépendance si c'est pour finir avec un "petit Canada" ?

  • Archives de Vigile Répondre

    18 juin 2008

    Monsieur Tremblay,
    Je ne me sens pas du tout sali par le terme ethnique... s’il réfère à une collectivité caractérisée par l’unité de langue, de culture et d’histoire. Donc, si ethnique veut dire culturel, alors vive ethnique ! Aucun problème. Sauf que, ici, au Québec, malheureusement, le mot ethnique, qui est employé d’ailleurs beaucoup plus par les fédéralistes que par les indépendantistes, a une indéniable connotation raciale (et raciale non au sens métaphorique où on l’entendait il y a un siècle, mais raciale au sens biologique). Donc, dis-je, le mot ethnique, ici, et même si c’est par erreur, réfère au sang, et ça, sans que ça me salisse, ça me pose un sérieux problème. Parce que, si on dit nation égale unité de sang, alors on doit retrancher de la nation des gens qui en font pourtant partie, ou du moins, on doit, comme vous le faites, ne les considérer nationaux qu’à moitié, au tiers, aux sept huitièmes ou neuf treizièmes, ce qui devient franchement oiseux, pour ne pas dire pire. Lionel Groulx avait quelques ancêtres irlandais. Allons-nous, en suivant votre logique, en conclure que Lionel Groulx n’était donc pas pleinement canadien-français, qu’il l’était, disons, à 93 ou 94% ? Voyons donc ! Dire que la nation transcende la race, transcende la communauté de sang, ce n’est pas ouvrir la porte au multitransinterculturalisme dénationalisant, comme vous semblez le croire et le craindre. C’est dire qu’on peut appartenir pleinement à une nation aussi bien par l’âme et par le cœur que par la naissance. L’unité qui compte, c’est celle de la culture, pas celle du sang. Et c'est bien celle de la culture que remettent en cause les multitransinterculturalistes qui encensent le rapport Bouchard-Taylor... Encore que je les soupçonne, au moins pour certains, de savoir que tous leurs beaux discours nous mèneront tout droit dans la culture unique... anglo-américaine !
    ******
    Monsieur Verrier,
    Grand merci à vous. Dans ce que j’ai écrit, vous avez lu ce que j’ai écrit, et rien d’autre. Ça me repose.
    Luc Potvin

  • Archives de Vigile Répondre

    18 juin 2008

    Bravo M. Potvin pour la clarté de votre propos. Que Bernard Landry s'enfarge maladroitement sur une question comme celle-là, qui, pour un homme comme lui, devrait être de celles que l'on règle en deux coups de cuiller à pot en dit long. Je retiendrai deux aspects que j'associe à de l'infantilisme politique. Le premier, l'intériorisation du discours de nos adversaires par nos chefs politiques. Le deuxième, à plus grande portée, renvoie à la pauvreté, devrais-je dire l'indigence, de la pensée indépendantiste qui rend forcément l'action incohérente. Heureusement, à vous lire on peut conserver l'espoir. Bravo pour cette belle illustration de nos faiblesses, dont M. Landry n'est ici qu'un cas de figure, il nous faudra bien un jour les surmonter.
    Gilles Verrier

  • Archives de Vigile Répondre

    18 juin 2008

    Quand on veut nous salir, on nous accuse de nationalisme ethnique, en entendant par là que nous avons tendance à exclure de notre nation tout ce qui ne serait pas « pure-laine ». C’est de la pure calomnie,...(Luc Potvin)
    Si c'est de la calomnie, alors vous leur donnez raison en évitant le terme.
    Si c'est de la calomnie, pourquoi fuyez vous comme s'ils avaient dit une vérité ?
    L'ethnicité est une réalité reconnue par toutes les nations et groupes d'humains. Le terme n'est nulle-part contesté et est utiliser pour décrire les groupes dans tous les ouvrages et études. Vous pouvez faire des recherches sur les groupes ethniques dans le monde et y trouverez sensiblement la même liste. Nous y sommes présents. Il n'est un problème pour personne.
    Que vous-vous sentiez sali par le terme ne peut donc venir que de vous. Voilà ce que l'anglais à réussi. C'est vous-même qui vous refusez votre ethnicité.
    C'est la haine de soi, par conditionnement.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 juin 2008

    Monsieur Cartier,
    Je ne fais sûrement pas de chichi. Je m’applique simplement à rétablir certains faits. M. Landry a bien dit que le nom de Canadiens-Français excluait des gens qui n’étaient pas de pure descendance française. Or, c’est tout simplement faux. En donnant au nom de Canadien-Français un sens quasi-biologique, M. Landry, sûrement sans l’avoir voulu, a donc avalisé une vision des choses selon laquelle les nationalistes d’avant 1960 et même les premiers indépendantistes, qui eux aussi parlaient de la nation canadienne-française (voir le Manifeste du RIN), auraient manqué d’ouverture, aurait eu une conception raciale de la nation, et blablabla, on connaît la chanson. Or, cette vision-là de notre passé, c’est celle des Anglos et des trudeauistes, et j’y suis absolument allergique. Comme je l’ai démontré, notre peuple et nos nationalistes n’étaient pas moins «ouverts» avant les années 60 que depuis. Pour magnifier les contemporains que nous sommes, il est inutile de noircir nos prédécesseurs, ceux qui ont assumé tant bien que mal la résistance. M. Landry l’a fait, non par mauvaise volonté j’en suis sûr, mais par simple maladresse. Malheureusement, le résultat peut être le même. Plusieurs jeunes qui l’ont lu ont pu y voir une confirmation du cliché éculé qu’on leur enseigne : «Avant, quand nous nous disions Canadiens-Français, nous étions fermés et étroits d’esprit ; aujourd’hui, quand nous nous disons Québécois, nous sommes ouverts et larges d’esprit». Ça, c’est une rengaine archi-fausse que je ne suis plus capable d’entendre, qu’on nous la serve de bonne ou de mauvaise foi.
    Quant aux mots ethie et ethnique, ils ont tellement de sens, souvent en contradiction l’un avec l’autre, que, pour ma part, je préfère les éviter, et d’autant plus qu’ici, au Québec, on leur donne plus souvent qu’autrement un sens racial, biologique, presque zoologique. Ce sens-là est peut-être erroné, mais qu’importe, c’est celui qui prédomine. Quand on veut nous salir, on nous accuse de nationalisme ethnique, en entendant par là que nous avons tendance à exclure de notre nation tout ce qui ne serait pas «pure-laine». C’est de la pure calomnie, je l’ai démontré. De tout temps, notre nationalisme a été culturel et non racial. Quoi qu’il en soit, les mots peuple et nation me conviennent parfaitement et me suffisent. Je n’ai nullement besoin des mots ethnie et ethnique pour dénoncer comme il se doit le nationalisme civique et multitransinterculturel promu par le rapport Bouchard-Taylor.
    Pour conclure, et pour qu’on comprenne bien l’essentiel de mon propos, je dirai ceci. Nous, les nationalistes d’aujourd’hui, nous n’avons pas de leçon d’ouverture à recevoir des anglo-fédéralistes. Sur ce point, et sauf erreur, je suis sûr que vous êtes d’accord, M. Cartier. Or, j’ajoute que nos prédécesseurs, les nationalistes d’avant la Révolution tranquille, n’avaient eux non plus aucune leçon d’ouverture à recevoir des anglo-fédéralistes, même s’ils se disaient Canadiens-Français.
    Voilà !
    Luc Potvin

  • Michel Guay Répondre

    18 juin 2008

    Il faut distinguer canadien francophone , de canadien français et de canadien Québecois etc...
    depuis 1977 et la loi 101, sont Québecois de souche tous citoyens nés au Québec et les autres sont de immigrants nés hors Québec .
    Tous les canadiens francophones ne sont pas des Québecois ni même des francophones d'origine . Tous les Québecois doivent être francophones car c'est notre unique langue nationale mais nous savons que les Québecois actuels en 2008 ont des ancêtres en provenance de 101 ethnies différentes .
    De dire que je suis un québecois d'origine canadienne française est totalement faux .
    Dans mon cas je suis un Québecois dont les ancêtre étaient français de France et non pas canadiennes et personnellement je suis né au Québec
    Il faut donc distinguer les Canadiens de Nouvelle France, les canadien français du Québec colonisés par les canadiens anglais de 1763 à 1977 et les canadien français du Canada hors Québec depuis que les Québecois se nomme Québecois donc depuis 1977 .
    Canadien français est ethnique car dépassé, Québecois ne l'est pas mais le deviendra pour les Québecois en exil .
    Pour démêler tout cela il faut l'indépendance car actuellement 50% des citoyens du Québec se disent canadiens
    Pour ce qui est d'une race pure , une ethnie pure ça n'existe pas et ceci n'a jamais existé pour qui que ce soit dans le monde entier .

  • Archives de Vigile Répondre

    18 juin 2008

    "Là", c`est le terain miné où nos ennemis espèrent nous voir nous noyer ! Sachons l`ignorer, que diable ! (G-E Cartier)
    Une fois qu'on est informé sur ce qu'est une mine, le terrain ne fait plus peur.
    C'est comme les monstres sous les lits de notre enfance.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 juin 2008

    En affirmant que les frères Johnson, comme avant eux leur père, ne peuvent être considérés comme des Canadiens-Français parce que, présume-t-on, ils ont du sang irlandais, M. Landry réduit l’identité canadienne-française à quelque chose de strictement biologique...
    C'est faux, car il reconnaît l'origine ethnique irlandaise de ces Johnson. Ce qu'il ne reconnaît pas est l'origine ethnique de leur mère, Reine Gagné. Il dit que ceux-ci ne pourrait pas revendiquer l'ethnie de leur mère. Pourquoi ? Il ne dit pas.
    Parcontre, non seulement reconnaît-il l'origine ethnique des mères immigrantes, mais il va jusqu'à leur accorder la prérogative sur le père canadien ! Ainsi, dit-il, que Charest ne pourrait pas revendiquer son origine ethnique canadienne car sa mère fut d'origine irlandaise !
    Bernard Landry ne réduit pas l'identité Canadienne, il la nie complètement.

  • Georges-Étienne Cartier Répondre

    18 juin 2008

    Seigneur ! On pourrai-y pas arrêter de s`enfarger dans les fleurs du tapis comme si c`était un marécage mortel ?
    Pour rappel ; " TO ETHNOS" ,d`où vient directement notre mot " ethnie ", veut dire en grec ancien " race , peuple, nation, tribu" !
    Voir le Dictionnaire Grec-Français M.A.Bailly, Hachette 1951
    À l`évidence il désigne, indifféremment et sans faire de chichi, tout groupe humain aisément identifiable.
    Et ce qui importe, dans le vocabulaire, c`est que tout lecteur intelligent , pour peu qu`il soit aussi de bonne foi ( pour les autres, pas de temps à perdre...), puisse saisir sans ambiguïté le sens du propos de l`auteur à partir de son contexte.
    Quant aux Anthropologues, en principe LES experts sur ce sujet, je mets quiconque au défi de me montrer de leur part un consensus véritable là dessus !!!
    Il est pourtant plus que temps de passer à l`essentiel, qui n`est pas là !
    "Là", c`est le terain miné où nos ennemis espèrent nous voir nous noyer ! Sachons l`ignorer, que diable !