Les récents développements entourant l’Accord économique et commercial global (AÉCG) entre le Canada et l’Union européenne, en vigueur depuis jeudi dernier, nous montrent que l’Assemblée nationale a gravement manqué à son devoir. Notre députation s’est comportée, globalement, de manière irresponsable et a négligé complètement le dossier. On en vient à se dire que le plan du gouvernement était, au final, d’enrichir davantage leurs amis et de donner carte blanche à Ottawa.
Les députés québécois n’ont pas étudié en profondeur l’Accord et le suivi a été minimal. Pourtant, l’AÉCG touche très fortement de nombreuses compétences québécoises, et ses conséquences seront lourdes sur plusieurs plans. Pierre Marc Johnson, négociateur en chef pour le Québec, n’a été reçu que deux fois à l’Assemblée nationale, en commission. Les deux fois, son patinage artistique a été flagrant. Et son dernier passage devant les élus remonte à 2011 ! À titre comparatif, les députés fédéraux ont quant à eux reçu en comité parlementaire négociateur en chef pour le Canada neuf fois...
Ajoutons à cela qu’il aurait été bien possible pour la Commission des institutions de se saisir du dossier et de tenir des audiences publiques. Craint-on que les Québécois ne comprennent pas les tenants et aboutissants d’un tel traité ? Non ! On craint plutôt qu’ils comprennent trop bien...
Quand le vote de ratification de l’AÉCG a eu lieu en juin, seuls quelques députés ont voté contre. Le temps du débat était limité à deux heures. L’Opposition officielle a présenté un amendement pour que l’approbation de l’accord soit reportée dans six mois. L’idée était que le Québec, par son refus momentané, puisse obtenir un rapport de force lui permettant d’aller arracher de meilleures compensations pour les producteurs laitiers. Les libéraux, majoritaires, ont rejeté l’amendement. Il y a trois semaines, on apprenait qu’il ne restait plus d’argent dans la banque destinée aux compensations envers les agriculteurs. Et, cette semaine, le ministre Laurent Lessard a demandé à Ottawa encore plus d'argent pour dédommager l'industrie. Quand on signe un chèque en blanc à Ottawa pour qu’elle procède comme elle l’entend, il ne reste que le pleurnichage. Cause toujours, mon lapin.
Le Québec pourrait toujours ne pas mettre en œuvre les engagements de l’AÉCG. Mais il s’est commis en l’appuyant à l’Assemblée nationale.
L'AÉCG est aussi un scandale québécois. Nous assistons, encore une fois, à un bel épisode de quémandage typique des provincialistes qui nous gouvernent.