Ce week-end, les dirigeants du monde se réunissent : la vraie histoire du Bilderberg

La classe dirigeante qui sert la classe dominante

De jeudi à dimanche, à la faveur d’un printemps ensoleillé, se tient comme chaque année la conférence du groupe Bilderberg. Cette édition 2015 a lieu dans un somptueux hôtel du petit village autrichien de Telfs-Buchen, près d’Innsbruck dans l’ouest du pays. Les participants sont comme toujours de premier plan : en France, le maire de Bordeaux et aspirant-candidat à la présidentielle Alain Juppé sera de la partie, tout comme le patron de Michelin Jean-Dominique Sénard, l’universitaire Gilles Kepel et la conseillère économique de François Hollande, Laurence Boone. Chez nos voisins européens, le premier ministre belge Charles Michel, le président autrichien Heinz Fischer, le ministre néerlandais des Finances et président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, ou encore le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg prendront part à la conférence1. La liste complète des participants confirmés est disponible en fin d’article.


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Comme chaque année, le Bilderberg bénéficiera d’un silence complice de la part des « grands » médias, à peine sera-t-il brièvement évoqué entre deux faits divers ; et comme chaque année, il alimentera les fantasmes les plus tordus, devenus les seules explications valables, car les seules disponibles. L’importance de l’initiative, pour ce qu’elle révèle sur notre société, appelle une analyse lucide sur sa véritable nature.



L’anticommunisme, pourquoi et comment



Pour mieux comprendre le fonctionnement et la nature du groupe Bilderberg, il faut d’abord nous intéresser à sa genèse ; ce qui implique de nous plonger dans l’atmosphère de sa naissance.


Géopolitique nouvelle après-guerre


Au début des années 1950, la géopolitique internationale et notamment européenne s’est profondément recomposée. Les Etats-Unis s’affirment comme la première puissance économique mondiale, plaçant de précieux pions en Europe occidentale avec l’AMGOT2 et le Plan Marshall, dirigeant de facto le Japon occupé. Mais le principal bouleversement du vieil ordre est ailleurs : l’Union soviétique, bien que meurtrie par plus de 20 millions de morts3, sort largement renforcée en maintenant des positions en Europe de l’Est. Dans les mois et années suivant la fin de la seconde guerre mondiale, des révolutions ont lieu en Bulgarie4, en Roumanie5, en Hongrie6, en Pologne7, en Yougoslavie8, en Albanie9 et en Allemagne avec la création de la RDA10. A chaque fois, ce sont avant tout les militants du parti communiste national et des syndicats ouvriers qui s’organisent pour prendre le pouvoir. Le régime nouveau institué tranche radicalement avec tout ce qui existait jusqu’alors : le socialisme n’est pas un mode de gouvernance politique, mais un système de production économique qui se substitue au capitalisme. Son triomphe, en Europe de l’Est, est permis par la déroute de la grande bourgeoisie locale, classe dominante du capitalisme et activement complice du 3ème Reich, dans des pays où l’occupation nazie avait atteint les plus hauts sommets de la barbarie humaine.


En février 1948 a lieu la prise du pouvoir des communistes en Tchécoslovaquie, un événement surnommé à l’Ouest le « coup de Prague »11. Là encore, pas de coup d’Etat mais une révolution profonde qui transforme l’économie, en instituant la propriété publique des terres et des grandes entreprises, la planification de la production et de la croissance, la satisfaction organisée des besoins sociaux de tous – le logement, le travail, l’instruction deviennent des réalités pour tous, sans exception, et ne sont plus des « droits » vaguement énoncés dans des lois restées lettre morte. Logiquement, la victoire du nouveau monde socialiste ne peut se faire que par la défaite de l’ancien monde capitaliste : les millionnaires propriétaires des grands moyens de production, c’est-à-dire la haute bourgeoisie financière et industrielle, sont expropriés de leurs entreprises. Le pouvoir résiduel de la noblesse est anéanti. Ceux qui, parmi les vieilles classes dominantes et leurs fidèles serviteurs, cherchent à organiser la résistance sont logiquement combattus, emprisonnés, parfois exécutés.


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Pour le système capitaliste, le socialisme représente un ennemi autrement plus dangereux que la monarchie ou le fascisme, des régimes politiques qui brident parfois l’expansion des profits mais ne remettent jamais en question12 les fondements de l’économie instituée au 19ème siècle. La Guerre froide est celle que le capitalisme mène pour sa survie, menacé pour la première fois par une civilisation distincte. Le danger est d’autant plus sérieux que l’économie soviétique se porte bien : la reconstruction après-guerre est fulgurante, et les niveaux de croissance concurrencent alors ceux des Etats-Unis. Dans le progrès technique, bien qu’en net retrait sur l’essor des moyens de communication modernes, l’URSS est en pointe13 sur des domaines scientifiques de premier plan – ce qui lui permettra, quelques années plus tard, de prendre un premier avantage dans la course à l’espace14. Le mouvement communiste doit donc être affaibli par tous les moyens, d’autant qu’il œuvre activement au processus de décolonisation15, 16 à une époque où les empires coloniaux font la force de l’Europe, et qu’il est particulièrement puissant dans certains pays de l’Ouest, dont la France17 et l’Italie.


La genèse du Bilderberg


C’est dans ce contexte que des organismes de coopération économique et militaire sont mis en œuvre entre les Etats capitalistes. Les accords de Bretton-Woods, la construction européenne et l’OTAN façonnent déjà le « monde libre » nouveau. Mais ces institutions officielles sont trop peu efficaces : elles doivent respecter un rythme politique relativement lent, elles doivent rendre des comptes aux peuples par la voie des médias – autant de contraintes qui empêchent d’aller vite pour réduire l’influence du communisme. C’est ainsi qu’est créé le Bilderberg, consistant en une réunion secrète et régulière des principaux dirigeants européens et américains.


Joseph Retinger est un personnage-clé dans la naissance du groupe18. Diplomate polonais, formé à l’Institut d’études politiques de Paris et à la London School of Economics, il prône un fédéralisme entre les Etats européens et exècre le communisme, qu’il entend combattre par tous les moyens. Il devient, avec Winston Churchill, l’un des trois membres européens de l’American Committee on United Europe (ACUE), structure créée en 1948 par la CIA et le département d’Etat pour distribuer les milliards de dollars du plan Marshall19. La même année, il organise à la hâte le « Congrès de l’Europe » à La Haye, au lendemain après la prise du pouvoir tchécoslovaque par les rouges20 ; l’objectif affiché est la constitution des Etats-Unis d’Europe : « Tous ensemble, demain, nous pouvons édifier la plus grande formation politique et le plus vaste ensemble économique de notre temps, proclame le « Message aux Européens » adopté au congrès21. Jamais l’histoire du monde n’aura connu un si puissant rassemblement d’hommes libres. Jamais la guerre, la peur et la misère n’auront été mises en échec par un plus formidable adversaire. » Outre la modestie sans faille des auteurs, il faut en retenir leur volonté de transformer au plus vite les pays européens pour en faire, à terme, une seule grande nation sur le modèle des Etats-Unis – ce qui serait, selon eux, la méthode la plus efficace pour lutter contre le bolchévisme. La réalité politique rattrapa les envolées lyriques, et Retinger dût se résoudre à un autre mode opératoire pour combattre l’Union soviétique et ses alliés. Ainsi est née l’idée du Bilderberg.


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Le premier cercle des convaincus, autour de Joseph Retinger, fut composé du prince Bernhard des Pays-Bas, de l’ex-Premier ministre belge Paul Van Zeeland, et du néerlandais Paul Rijkens22. Le prince Bernhard, né comte de Lippe-Biesterfeld en Allemagne, était adhérent au parti nazi (NSDAP) avant de le quitter pour épouser, en 1937, la princesse Juliana, héritière des Pays-Bas et fille unique de la reine. Après l’invasion de la Hollande par l’armée hitlérienne, réfugié avec la famille royale en Angleterre, il se rachète une conduite en intégrant la Royal Air Force avant la fin de la guerre. Van Zeeland, membre du parti catholique, Premier ministre belge avant la guerre, participa en tant que ministre des Affaires étrangères à la création de l’OTAN et des organismes européens (CECA, OECE). Dès 1940, il œuvrait pour un « fort leadership américain capable de créer un nouvel ordre international »23. Paul Rijkens, enfin, était alors dirigeant de la multinationale Unilever, puissant groupe de production et de distribution de produits alimentaires et domestiques.


Le « succès » des conférences annuelles


Une réunion préparatoire eut lieu le 25 septembre 1952, à l’hôtel particulier du baron de Nervo dans le seizième arrondissement de Paris24. Outre les influentes personnalités mentionnées plus haut, participèrent Collin Gubbins, qui dirigea les services secrets britanniques durant la guerre, le socialiste français et ex-président du Conseil Guy Mollet, ou encore Joseph Luns, fraîchement nommé ministre néerlandais des Affaires étrangères. Les grands principes du groupe Bilderberg furent adoptés : ce sommet secret des dirigeants des pays occidentaux doit se tenir à intervalles réguliers, et personne n’en est membre – les invités peuvent changer d’une édition à l’autre. Un an et demi plus tard put se tenir la première édition.


La réunion inaugurale eut donc lieu à l’hôtel Bilderberg, dans le village néerlandais d’Oosterbeek, dans le week-end du 29 au 31 mai 1954. Une soixantaine de participants, venus de treize pays d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord, ont pris part à la conférence qui fut saluée par tous comme une grande réussite. Des décisions géopolitiques, économiques ou relevant de la politique intérieure y ont été façonnées. « A l’époque, le but était de convaincre les dirigeants européens et américains de resserrer les liens et de ne pas baisser la garde face à la puissante Union soviétique » dira plus tard Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères sous Mitterrand. Parmi les délégués se trouvaient des représentants du monde politique mais aussi économique, à commencer par David Rockefeller25, petit-fils du premier milliardaire de l’Histoire.


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Joseph Retinger fut nommé secrétaire permanent du groupe Bilderberg, tandis que le prince Bernhard fut choisi pour président, au sein d’un comité directeur chargé d’organiser les réunions suivantes. En France, en Allemagne, au Danemark ou aux Etats-Unis, les dirigeants d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord ont travaillé activement à façonner le monde contemporain. Depuis 1954, le groupe se réunit chaque année au printemps, avec une régularité sans faille. Progressivement, la conférence rassembla un plus grand nombre de participants, parmi lesquels des politiciens, des dirigeants économiques, des universitaires et des éditorialistes de presse. Il faudra attendre une quinzaine d’années avant que l’existence même du Bilderberg soit révélée, à l’initiative notamment de journalistes adeptes des théories du complot, comme Roger Mennevée. Depuis, avec l’essor de moyens de communication toujours plus vastes et plus rapides, le groupe dût assumer son existence ; il dispose même d’un site internet26, sur lequel il a publié pour la première fois en 2013 la liste des participants. Mais le contenu même des débats de la conférence de Bilderberg reste « confidentiel », pour ne pas dire secret.



Fantasmes et réalité



La discipline de fer des « grands » médias, qui se taisent sur le Bilderberg, comme Le Monde – ou fournissent un article creux pour le démystifier, comme Le Nouvel Obs27 ou le Huffington Post28 – participe activement à la propagation des théories les plus fumeuses. Cette « contre-information » de comptoir est une aubaine pour les tenants de l’ordre établi, qui y voient un excellent moyen de mieux dissimuler la vérité.


« Francs-maçons » et « illuminati »


Il suffit de faire un tour sur Google, le moyen privilégié par quiconque veut s’informer aujourd’hui, pour être frappé de l’omniprésence des sources « conspirationnistes » dès lors qu’on souhaite se renseigner sur le Bilderberg. D’obscurs sites internet, dont les articles ne sont pas signés, apparaissent dès la première page : syti.net, nouvelordremondial.cc ou voltairenet.org – le site de Thierry Meyssan, qui remet compulsivement en cause toutes les informations « officielles » et ne cache pas sa proximité avec Dieudonné, à ne pas confondre avec boulevard Voltaire, le site réactionnaire qui relaye quotidiennement les thèses racistes du Front National.


Ces auteurs partagent différents points communs : la fascination du secret, d’abord. Derniers à parler des réalités socio-économiques comme le chômage de masse, ou les luttes menées et gagnées par le mouvement ouvrier au siècle dernier, les conspirationnistes relayent par contre avec passion les détails des « sociétés secrètes » qui gouverneraient le monde. Ils passent leur temps à relayer les thèses officielles qu’ils critiquent, décortiquent, dont ils révèlent les « mensonges », mais sans chercher étrangement à établir de vérité en contrepartie. A une exception près : ils défendent à tout prix l’existence d’un groupe de l’ombre, au fonctionnement sectaire, qui tirerait les ficelles de l’humanité toute entière. Les « illuminati » seraient cette société secrète, un groupe de francs-maçons intégristes ou, plus sobrement, « les sionistes ». Meyssan n’entend pas sombrer dans ces théories ; non, pour lui, « c’est l’OTAN qui ambitionne d’être un gouvernement occulte mondial »29.


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Mise à part cette idée omniprésente, qu’ils ne construisent d’ailleurs qu’avec des bribes d’informations ramassées çà et là, le traitement des affabulateurs est aussi sporadique et incohérent que celui des « grands » médias. Tout passe à la moulinette de leurs fantasmes : la domination d’une secte, les mouvements géopolitiques plus souvent devinés que découverts, les symboles cachés un peu partout, la signification des écrits et mythes religieux ou la présence d’extra-terrestres qu’on nous cacherait. Chez ceux qui formulent et relayent les théories du complot, la passion pour les secrets qu’ils pensent découvrir sur internet n’a d’égale que l’indifférence pour la condition des travailleurs exploités ou des immigrés opprimés pour leur couleur ou leur foi.


« Synarchie » et sociologie de comptoir


Cette profusion de théories fumeuses, permise notamment par internet où chacun peut raconter tout et n’importe quoi, entoure donc les rares informations existant autour du groupe Bilderberg. En réalité, le fait n’est pas nouveau : dès les premières révélations, notamment celle de Roger Mennevée en 1967, ceux qui s’intéressent assez au sujet pour le traiter sont friands des complots, réels ou présumés, qui régiraient le monde. Ce journaliste français, qui a publié toute sa vie dans les « Documents politiques, diplomatiques et financiers » dont il est le fondateur et quasiment l’unique auteur30, était un adepte de la théorie de la « Synarchie » et un antimaçonnique convaincu, ce qui le rendait proche des thèses défendues par Vichy. Selon Mennevée, une « Autorité » mondiale subordonnait à elle tous les pouvoirs politiques, constituant ainsi l’une des « forces occultes qui dirigent le monde ». Dans son article, qui fut republié par Libération en 1977, il accuse le groupe Bilderberg de vouloir instaurer « un gouvernement mondial », une « monnaie mondiale », au seul profit des Etats-Unis.


Les héritiers de Roger Mennevée se passionnent, comme lui, sur les rouages du monde politique réel et supposé. Ils font peu de cas de l’analyse scientifique, qui appliquée à l’économie en dit pourtant long sur le système capitaliste ; mais ils sont focalisés sur le fonctionnement « occulte » du groupe dirigeant, sur sa sociologie véritable ou imaginée, qu’ils croient deviner à force de recherches en ligne. Ainsi, peut-on lire un peu partout que « le groupe Bilderberg se divise en trois cercles : le cercle extérieur concernerait 80 des membres, qui ne seraient au courant que d’une partie des buts et stratégies du groupe ; le « cercle intérieur » ou « comité de direction » rassemblerait une trentaine d’individus ; et le troisième cercle, ou « comité consultatif », qui aurait connaissance de la totalité des intentions du groupe ». Logiquement, cette pseudo-analyse ne repose sur rien, mais elle est relayée par des dizaines de prétendus « sites d’information » et autres blogs, parce qu’elle rajoute de la secte à la secte, du secret au secret.


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En réalité, ces théories ajoutent du non-sens à l’absurde et du vide au néant. L’étude du groupe Bilderberg, toute détaillée qu’elle peut être, ne répond strictement à aucune question lorsqu’elle ne s’ancre pas dans une analyse cohérente du monde contemporain. C’est, certes, intriguant d’apprendre de Védrine qu’ « il y a un système de triple badge pour franchir chacune des trois barrières de sécurité », de Nicolas Bazire qu’ « il est interdit de venir avec son conjoint ou sa secrétaire » ou de Maurice Lévy que les participants n’ont « pas le droit non plus de partir avant la fin du week-end » ; mais se passionner ainsi pour les détails, pour le secret et le protocole, tend à faire oublier l’essentiel et le contenu. Entre les « grands » médias, qui évoquent le sujet avec le sourire durant trente secondes avant de reprendre leur mine sombre habituelle pour traiter des faits divers, et les sites dont la déontologie journalistique est proche du zéro absolu, les lecteurs n’ont pas vraiment l’embarras du choix pour s’informer sur le monde qui les entourent.



La réalité du Bilderberg :

les dirigeants et leurs vrais maîtres



Il est pourtant un fait facilement établi : le groupe Bilderberg rassemble chaque année les dirigeants du monde occidental. Cette année, la liste rendue publique donne une idée du gratin planétaire se bousculant dans le village de Telfs-Buchen.


Les dirigeants du monde, oui, mais du vieux monde


Outre ceux déjà cités, des politiciens de premier plan seront présents, dont José Manuel Barroso, ex-président de la Commission européenne, la ministre allemande de la Défense Ursula van der Leyen, et le Premier ministre néerlandais Mark Rutte. Parmi les thèmes de l’édition 201531 se trouvent le terrorisme et la cybersécurité, ce qui motivera sans doute le déplacement de l’ex-directeur du MI6 (services secrets britanniques) John Sawers, et l’actuel patron du renseignement français –  la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) – Patrick Calvar. Les banquiers ne sont pas en reste, avec le président du bureau de supervision de la Deutsche Bank Paul Achleitner, le membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) Benoît Coeuré, le président exécutif de HSBC Douglas Flint, le PDG de Lazard Kenneth Jacobs, ou l’ex-président de la Banque mondiale et actuel chef des conseillers internationaux de Goldman Sachs, Robert B. Zoellick.


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En plus des banques, les représentants du monde économique seront bien sûr de la partie. Dans le domaine des transports, Thomas Enders, PDG d’Airbus, pourra négocier une ristourne sur les prix du kérosène à Ben Beurden, PDG de la compagnie pétrolière Royal Dutch Shell. Les nouvelles technologies, dont le développement structurel fait l’objet d’une attention particulière, seront incarnées par le PDG de Siemens Joe Kaeser, celui de LinkedIn Reid Hoffman, le responsable recherche et stratégie chez Microsoft Craig J. Mundie, ou l’ex-PDG de Google Eric Schmidt. Les grands groupes de presse, enfin, auront comme chaque année leur rond de serviette, avec pour cette édition l’éditorialiste au Washington Post Anne Applebaum, le président du groupe de presse PRISA (El País) Juan Luis Cebrian, la rédatrice en chef de The Economist Zanny Minton Beddoes, ou encore Martin H. Wolf, journaliste économiste au Financial Times et accessoirement chroniqueur au journal des élites françaises Le Monde.


Parmi les autres thèmes listés sur le site officiel du Bilderberg se trouvent sobrement « USA » et « Russia » – la langue unique du groupe est l’anglais. Le premier est logique : les Etats-Unis sont, de loin, la nation la plus représentée avec trente-trois personnalités sur la liste officielle. La Russie, cependant, n’aura qu’un seul invité, et pas n’importe qui : Sergueï Gouriev, qui a quitté son pays depuis plus de deux ans et enseigne à Sciences-Po Paris, dont le seul fait public est d’avoir pris la défense32 de l’oligarque Mikhaïl Khodorkovski, condamné à de la prison après que preuve ait été faite des milliards de dollars qu’il a détourné dans le pillage résultant de l’effondrement de l’Union soviétique. Une semaine après le G7, dont le président russe Vladimir Poutine a été évincé33, le camp occidental poursuit donc sa guerre contre la Russie et entend profiter du Bilderberg pour mieux préparer sa stratégie.


Il est donc clair que ce sont les dirigeants du monde qui composent la conférence de Bilderberg, mais pas n’importe lequel : du vieux monde seulement. Ils étaient déjà le vieux monde quand ils se sont rassemblés la première fois, en 1954, pour faire face à l’Union soviétique, aux démocraties populaires et au mouvement de décolonisation qui remettait en cause leur domination en Asie et en Afrique. Les voila, plus que jamais, représentants d’un vieil ordre planétaire qu’ils cherchent à conserver à tout prix face aux transformations annoncées. Dans cette vision, l’Europe et les Etats-Unis, héritiers de la civilisation chrétienne et coloniale, ont les coudées franches pour décider du sort de la société humaine toute entière.


Il est vrai que les élites occidentales parviennent à maintenir des positions de domination forte aux quatre coins de la planète, grâce à l’incessant impérialisme économique et culturel qu’elles organisent. Il est vrai aussi, cependant, que leur influence – d’une hégémonie sans faille durant les années 1990, après l’effondrement du monde socialiste – tend désormais à se réduire. La Chine, qui rassemble près d’un milliard et demi de citoyens dans un Etat fort, s’est métamorphosée pour devenir en pointe technologique sur tous les secteurs. De la conquête spatiale aux moyens de communication modernes, en passant par la médecine, l’ex-Empire du Milieu a passé depuis longtemps le stade de « l’atelier du monde » ou du « pillage technologique ». La quantité de sa production n’a désormais d’égale que la qualité et la vitesse de ses efforts en recherche et développement (R&D)34. Mais la nation à la plus grande population n’est pas la seule à inquiéter les vieilles élites : le pays le plus vaste au monde, la Russie, entend également jouer les trouble-fêtes. Après s’être fait saccager ses richesses et ses moyens de production lors du passage au capitalisme, le pays des tsars renoue avec un nationalisme dans lequel il n’est plus question de plier face aux atlantistes de tous bords.


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Face à ces évolutions économiques et géopolitiques, qui se jouent au tout premier plan, l’Europe et les Etats-Unis entendent maintenir leur domination par tous les moyens. Dans cet immense échiquier, les tranchées se situent aujourd’hui au Sahel et au Moyen-Orient. L’ancien président de la Centrafrique, François Bozizé, voulait « renforcer la collaboration » de son pays avec la Chine35 ? Il sera renversé par la Seleka dans l’indifférence de la France36. L’Irak et la Syrie, dirigés par le parti Baas, tiennent tête à l’impérialisme occidental ? Le premier sera envahi par les USA, au terme d’une féroce propagande mensongère37, tandis que le second sera profondément déstabilisé par des milices de mercenaires financées et armées par l’étranger38, 39. Il ne fait aucun doute que nombre des plus importantes décisions stratégiques, sous-tendant le développement ou le maintien de la domination occidentale, sont prises lors des conférences de Bilderberg. Les évolutions récentes, au Sahel ou au Moyen-Orient, comme en Asie, en Amérique et en Europe, se jouent en parti dans ce sommet. Cela étant, si le Bilderberg est révélateur de la société contemporaine, c’est en définissant mieux cette dernière que l’événement apparaît dans toute sa nature.


La vraie classe dominante est ailleurs


Il est besoin de le préciser, tant ce fait est devenu d’une banalité telle que ni les journalistes, ni les professeurs, ni même les conspirationnistes n’éprouvent le besoin de le rappeler : nous vivons sous le système capitaliste. Il n’en a pas toujours été ainsi ; ce régime économique s’est construit par la multiplication des échanges, l’accroissement de la production, les grandes découvertes géographiques et scientifiques. Il est devenu, au 19ème siècle et plus encore à l’aube du 21ème, totalement hégémonique à l’échelle planétaire.


Or, le passage au capitalisme dans la civilisation humaine mena à une transformation sans précédent dans l’Histoire : pour la première fois, le pouvoir réel s’est détaché des Etats. Ce qui définit avant tout une société humaine est sa production : ce qui est créé, transformé, construit ou inventé, l’organisation de l’économie, la division du travail en métiers distincts sont les premiers critères qui établissent la civilisation. Pour la première fois dans la longue évolution de l’Homme, le pouvoir de décision sur la production nationale a été dépossédé des Etats pour être confié à des individus, agissant pour leur seul compte, souvent de manière anonyme. Fondamentalement, la société se divise en deux catégories : ceux qui ont un capital, c’est-à-dire un amas de richesses correspondant à des moyens de production et permettant d’acheter de la force de travail ; et ceux qui sont dépourvus de capital, et n’ont d’autre choix que de vendre leur propre force de travail sur le marché.


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En réalité, quatre classes sociales ont rapidement composé la société capitaliste, et la constituent encore aujourd’hui. La classe ouvrière est celle des employés, des travailleurs assignés à un poste de production qui n’ont d’autre choix que d’appliquer les ordres, ou qui parfois se retrouvent privés d’emploi ; la petite bourgeoisie, propriétaire d’un capital modeste correspondant à ses immeubles, ses machines, ses marques, mais qui doit travailler dans ses entreprises pour faire tourner ses affaires – il s’agit des professions libérales, des petits patrons et artisans ; la grande bourgeoisie, qui détient un immense capital généralement sous forme de titres financiers, de parts de participation et de parts de propriété, qui correspond par l’intermédiaire de fonds de placement, de maisons-mères, de filiales, de sous-traitants à de vastes moyens de production – les plus grandes marques, les meilleurs terres, les brevets les plus prisés, les plus grandes banques – et à un empire de (centaines de) milliers de salariés ; enfin, la classe intermédiaire, qui dirige et encadre la production dans les entreprises et les Etats pour le compte des propriétaires.


La véritable classe dominante, la haute bourgeoisie40, n’a pas à travailler : d’autres le font pour elles. Elle n’a pas plus à faire tourner les machines dans ses usines, qu’à s’occuper de son image publique ou même gérer sa fortune ; une pléthore de conseillers et d’experts s’en chargent. Elle prend les plus grandes décisions, certes, à l’issue de repas mondains où la diplomatie économique est éventuellement son apport à la collectivité ; mais en dehors de ces spectaculaires efforts, elle passe du bon temps en jouissant de plus de ressources qu’il n’en faudrait dans les dix vies les plus dépensières jamais menées. Millionnaire il y a un siècle, la haute bourgeoisie est désormais milliardaire, à la faveur d’une croissance des richesses et, également, d’un rapport de force favorable depuis cinquante ans durant lesquels la répartition de la valeur ajoutée a largement évolué à son avantage. Plus ses empires commerciaux et financiers se sont étendus, plus elle a eu besoin d’organismes supranationaux pour « gérer les affaires courantes », l’un des thèmes à l’ordre du jour du Bilderberg. Car, si les membres de la bourgeoisie financière ou industrielle se mènent entre eux une lutte sans merci pour les dominations personnelles, mesurées quotidiennement par une tonne de classements, ils font preuve en tant que classe d’une solidarité sans égale vis-à-vis de la société. Ils savent quel est leur intérêt – réduire le coût du travail partout, par exemple, puisqu’ils sont les seuls à l’acheter – et comment le défendre.


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Les participants aux conférences de Bilderberg ne composent donc pas la véritable classe dominante, mais seulement la caste dirigeante qui la sert ; plus précisément, la couche supérieure de la classe intermédiaire. A la tête des grandes entreprises privées, des organismes publics et des Etats, ce milieu social occupe des postes enviables et vit dans un large confort – mais il ne se distingue pas avant tout par son capital, à l’inverse de la haute bourgeoisie. En ce sens, Henri de Castries est l’un des plus éminents représentants de classe dirigeante intermédiaire : formé à l’école HEC (hautes études commerciales) à Paris, puis à l’école nationale d’administration (ENA) dans la fameuse « promotion Voltaire » dont fait partie François Hollande, il mène une carrière ascendante41 aux Finances puis chez Axa. En 2010, il devient président-directeur-général de la compagnie d’assurance et, l’année suivante, président du comité de direction du groupe Bilderberg.


De Castries est l’exemple-type du dirigeant capitaliste : ce sont les postes et les fonctions qu’il a occupés qui le définissent, et non sa fortune. Bien sûr, celle-ci est largement plus élevée que le quidam, grâce à une rémunération annuelle à sept chiffres ; mais cela ne fait pas de lui le détenteur d’un gros portefeuille d’actions, de divers fonds de placements et d’investissements, comme c’est le cas pour la grande bourgeoisie financière, qui domine véritablement le monde contemporain. Jean-Dominique Senard, président du groupe Michelin depuis 2011 et participant cette année à la conférence de Bilderberg, est issu d’un parcours sensiblement similaire42.


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L’écrasante majorité des représentants politiques, économiques, diplomatiques ou médiatiques qui se retrouvent aux sommets du Bilderberg appartiennent ainsi au gratin de la classe intermédiaire, bien plus qu’à la classe dominante. Logiquement, il existe des exceptions, et David Rockefeller est la plus célèbre d’entre elles ; Bernard Arnault, première fortune de France, a bien participé à l’édition 1992 en compagnie de Michel Sapin, Jacques Toubon et Ernest-Antoine Seillière, mais il faut dire que le Bilderberg se déroulait cette année-là dans l’hexagone, à Evian-les-Bains. Cherchez les autres milliardaires43 parmi les invités aux conférences, et vous verrez qu’ils ne figurent pas dans les prestigieuses listes. Pour la simple raison déjà évoquée plus haut : d’autres chargent, pour eux, de défendre leurs intérêts.


Le capitalisme est un système économique, d’apparence complexe, mais dont le fondement est simple : les plus riches dominent le monde. Détenteur du pouvoir économique, par leurs financements, ils pèsent beaucoup plus lourd dans la définition du destin collectif de l’humanité que les Etats modernes – dont le périmètre d’action se résume uniquement à énoncer des règles et manipuler des outils de paramétrage, pour mieux laisser faire « le marché ». La coordination collective entre ceux qui dirigent l’organisation de la production ou décident des règles, dans les grandes entreprises privées ou dans les services de l’Etat, est donc nécessaire dans la recherche d’une meilleure efficacité dans les profits des propriétaires de la bourgeoisie financière. Cette coordination s’organise, forcément dans une certaine opacité, à travers des « sommets » comme Bilderberg, le forum économique de Davos44, ou à l’échelle de la France, le club du Siècle45, 46. A chaque fois, c’est la classe intermédiaire supérieure, celle des dirigeants, qui s’y colle. D’ailleurs, avant de connaître les réjouissances du Bilderberg, De Castries était un habitué de ces rencontres au sommet47.


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Dans un éclair de lucidité, ou de conscience déontologique, l’Agence France-Presse (AFP), dont les dépêches sont reprises en boucle par tous les journaux et les sites internet, a sorti un article sur le groupe Bilderberg, ce lundi 8 juin. « Les maîtres du monde » ont « rendez-vous en Autriche », précise l’AFP, visiblement satisfaite de ne pas laisser aux conspirationnistes le loisir de l’attaquer sur son absence de couverture. Mais cette démarche est doublement fallacieuse. D’abord, nous l’avons vu, le nom de « maître du monde » est profondément impropre lorsqu’il s’agit de désigner les participants aux conférences de Bilderberg ; du monde, ils en sont les dirigeants, ce qui est sensiblement différent – et encore, du vieux monde seulement. C’est également une faute journalistique que d’avoir adopté cette expression choc, reprise logiquement dans toute la presse numérique, tout simplement parce qu’elle nourrit les fantasmes quand elle n’est pas accompagnée d’une analyse socio-économique de notre monde, ce dont l’AFP et les autres titres se gardent bien. Quand les lecteurs et internautes non avertis reçoivent une telle information, ils choisiront plus aisément n’importe quelle explication à l’emporte-pièce confortant l’existence d’une société secrète, plutôt que le recul nécessaire à la bonne compréhension des événements. C’est un moyen, parmi d’autres, de continuer à enfumer, pour mieux dissimuler le véritable fonctionnement de notre monde.


Le groupe Bilderberg est la réunion de la classe dirigeante d’Europe et d’Amérique du Nord, assurant la bonne conduite des affaires politico-financières pour le compte de la haute bourgeoisie – ni plus, ni moins. Y voir un « gouvernement mondial » est réducteur, pour la simple et bonne raison que ce n’est pas dans la politique, ni dans une quelconque « force occulte » chère à Mennevée, mais dans le capital que se situe l’authentique pouvoir contemporain ; de même, désigner les participants comme les « maîtres du monde » est inexact, car ils n’en sont encore que les subordonnés. Bien sûr, c’est surtout le secret entourant le protocole du Bilderberg qui intrigue les observateurs les plus curieux, d’autant plus à l’heure où l’industrie du rêve triomphe. Mais se focaliser sur les complots, établis ou prétendus, revient à s’égarer pour mieux faire le jeu du pouvoir en place48. La réalité est autrement plus glaciale qu’un fantasme se rapportant à une « société secrète » : les plus riches dominent le monde, et ils sont de moins en moins nombreux. Selon l’ONG Oxfam, cette année, ils sont 80 à se partager autant de richesses que plus de trois milliards et demi d’êtres humains – et leur fortune « a doublé entre 2009 et 2014 »49. Il y a fort à parier qu’aucune de ces quatre-vingt-une personnes les plus riches du monde ne se trouvera à Telfs-Buchen ce week-end ; nous pouvons miser également sur le fait que les décisions qui sortiront de Telfs-Buchen serviront leur intérêt exclusif, du moins celui des occidentaux. Révélateur du régime capitaliste, le Bilderberg n’en est qu’une des expressions, et pas nécessairement la plus épouvantable – tant l’exploitation sans fin de la nature et du travail des hommes est au fondement de l’enrichissement monstrueux d’une poignée d’individus. Pour celui qui veut combattre cet état de fait, il sera moins utile d’étudier avec une loupe le moindre rouage du système que d’œuvrer à l’union des opprimés et à l’élaboration du monde de demain.


B.D.


 


La liste complète des participants au Bilderberg 2015

PAYS Nom, Prénom Fonction et groupe.


FRA Castries, Henri de président du Groupe de Bilderberg et PDG du groupe AXA.

DEU Achleitner, Paul M. Président du Bureau de Supervision de la Deutsche Bank

GBR Agius, Marcus ex PDG de la banque Barclays

DNK Ahrenkiel, Thomas Directeur des services de renseignements danois (DDIS)

USA Allen, John R. Envoyé spécial du Global Coalition to Counter ISIL, Département d’État US

USA Altman, Roger C. Président de la banque d’investissement Evercore Partners

POL Applebaum, Anne Éditorialiste et membre de la rédaction du Washington Post

FIN Apunen, Matti Directeur du Forum de politique et d’affaires finlandaises EVA

USA Baird, Zoë PDG et président de Markle Foundation

GBR Balls, Edward M. Ancien Chancelier de l’Échiquier du cabinet fantôme

PRT Balsemão, Francisco Pinto PDG de Impresa SGPS

PRT Barroso, José Manuel Durão Ancien président de la Commission européenne

FRA Baverez, Nicolas Membre du comité directeur de l’Institut Montaigne (think tank libéral)

AUT Benko, René Fondateur de SIGNA Holding GmbH

ITA Bernabè, Franco président du directoire et Chief Executive Officer de Telecom Italia. FB Group SRL. Banquier et chef d’entreprise Italien

NLD Beurden, Ben van PDG de Royal Dutch Shell

FRA Bigorgne, Laurent Directeur de l’Institut Montaigne

FRA Boone, Laurence Conseillère économique de François Hollande

ESP Botín, Ana P. Directrice de Santander, la première banque espagnole

NOR Brandtzæg, Svein Richard PDG de Norsk Hydro1

AUT Bronner, Oscar fondateur des magazines d’information autrichiens Trend et Profil, éditeur du quotidien Der Standard

USA Burns, William Président de Carnegie Endowment for International Peace (think tank américain)

FRA Calvar, Patrick Directeur général de la DGSI (Direction Générale de la Sécurité intérieure)

ESP Cebrián, Juan Luis Président du journal espagnol El País et du groupe de presse PRISA

CAN Clark, W. Edmund Président et Chief Executive Officer du TD Bank Financial Group (Banque Toronto-Dominion)

INT Coeuré, Benoît Économiste français, administrateur de l’INSEE, membre du directoire de la BCE (Banque Centrale Européenne)

CAN Coyne, Andrew Éditorialiste et Chroniqueur au National Post

SWE Damberg, Mikael L. Membre du parti des Sociaux-Démocrates. Ministre des Entreprises et de l’Innovation

BEL De Gucht, Karel ancien ministre belge des Affaires étrangères, Commissaire européen au Commerce, ancien président des Vlaamse Liberalen en Democraten (VLD)

NLD Dijsselbloem, Jeroen Ministre des Finances des Pays-Bas

USA Donilon, Thomas E. Ex conseiller à la sécurité nationale des États-Unis dans l’administration Obama

DEU Döpfner, Mathias PDG du groupe médiatique Axel Springer

GBR Dowling, Ann Présidente de la Royal Academy of Engineering

USA Dugan, Regina Vice Présidente des Avancées Technologiques, de l’Ingénierie et des Projets de Google. Ex directrice de la DARPA (Agence US pour les projets de recherche avancée de défense)

NOR Eilertsen, Trine Éditrice en Chef d’Aftenposten

DNK Eldrup, Merete Directrice de TV2 (télévision danoise)

ITA Elkann, John président de Fiat Chrysler Automobiles et PDG d’Exor

DEU Enders, Thomas PDG d’Airbus

USA Erdoes, Mary PDG de la banque d’afaires JP Morgan Asset Management

GBR Fairhead, Rona Présidente de la BBC Trust

DNK Federspiel, Ulrik Vice Président de Haldor Topsøe A/S

USA Feldstein, Martin S. Président émérite du National Bureau of Economic Research (NBER), professeur d’économie à l’Université Harvard

USA Ferguson, Niall Professeur d’Histoire à l’Université Harvard. chercheur associé au Jesus College d’Oxford

AUT Fischer, Heinz Président de la République fédérale d’Autriche depuis 2004

GBR Flint, Douglas J. Homme d’affaires britannique, président exécutif de la banque HSBC

CHE Franz, Christoph Directeur des laboratoires Hoffmann-La Roche

NLD Fresco, Louise O. Présidente et Directrice du Centre de Recherche de l’Université Wageningen

USA Griffin, Kenneth Fondateur et PDG de Citadel Investment Group

ITA Gruber, Lilli Journaliste et femme politique italienne

RUS Guriev Sergei Professeur d’Economie à Sciences Po

TUR Gürkaynak, Gönenç Partenaire de gestion de la firme légale ELIG

AUT Gusenbauer, Alfred Président du Parti social-démocrate d’Autriche (SPÖ), ex chancelier

NLD Halberstadt, Victor Professeur d’Economie à l’Université Leiden

AUT Hampel, Erich Président de UniCredit Bank Austria AG

GBR Hassabis, Demis Vice président de Google DeepMind

AUT Hesoun, Wolfgang PDG de Siemens Autriche

CHE Hildebrand, Philipp Vice président de BlackRock Inc

USA Hoffman, Reid Co-fondateur et PDG de LinkedIn

INT Ischinger, Wolfgang Président de la Conférence de Sécurité à Munich

USA Jacobs, Kenneth M. PDG de la banque Lazard

DEU Jäkel, Julia PDG de Gruner + Jahr

USA Johnson, James A. Président de Johnson Capital Partners

FRA Juppé, Alain Maire de Bordeaux, Ancien Premier Ministre

DEU Kaeser, Joe PDG de Siemens AG

USA Karp, Alex PDG de Palantir Technologies

FRA Kepel, Gilles professeur à Sciences Po

GBR Kerr, John Vice-président de Scottish Power Gas & Electricity

TUR Kesici, Ilhan Membre du Parlement Turc

USA Kissinger, Henry A. Président de Kissinger Associates, Inc

USA Kleinfeld, Klaus Directeur et PDG de Alcoa

NLD Knot, Klaas H.W. Directeur de la Banque des Pays-Bas

TUR Koç, Mustafa Vice-président de Koç Holding A.S.

AUT Kogler, Konrad Directeur Général de la Sécurité Publique

USA Kravis, Henry R. Co-Président de Kohlberg Kravis Roberts & Co.

USA Kravis, Marie-Josée Membre senior et Vice Présidente du Hudson Institute (think tank US)

CHE Kudelski, André Directeur et PDG de Kudelski Group

DEU Lauk, Kurt Président de Globe Capital Partners

SWE Lemne, Carola PDG de La Confédération des Entreprises Suédoise

USA Levey, Stuart Chief Legal Officer de HSBC Holdings

DEU Leyen, Ursula von der Ministre de la défense de l’Allemagne

BEL Leysen, Thomas Président du groupe financier KBC

GBR Maher, Shiraz Chercheur senior pour le ICSR, King’s College London

DNK Markus Lassen, Christina Chef du département du ministère des affaires étrangères, de la sécurité politique et de la stabilisation

USA Mathews, Jessica T. Présidente du Carnegie Endowment for International Peace (think tank US)

USA Mattis, James Membre distingué du Hoover Institution, Université Stanford

CHE Maudet, Pierre Membre du parti libéral-radical genevois, conseiller d’état du canton de Genève

CAN McKay, David I. Président de la Banque royale du Canada

TUR Mert, Nuray Chroniqueuse et professeur de sciences politiques à l’Université d’Istanbul

USA Messina, Jim PDG de Messina Group

BEL Michel, Charles Premier Ministre

USA Micklethwait, John Éditeur en Chef de Bloomberg

GBR Minton Beddoes, Zanny Rédactrice en chef de The Economist

ITA Monti, Mario Economiste, ex premier ministre italien, membre de la Commission Trilatérale, ex Commissaire européen

FIN Mörttinen, Leena Directrice de The Finnish Family Firms Association

USA Mundie, Craig J. Responsable de la recherche et de la stratégie chez Microsoft

CAN Munroe-Blum, Heather Directrice du Canada Pension Plan Investment Board

NLD Beatrix Reine des Pays-Bas

IRL O’Leary, Michael PDG de Ryanair

GBR Osborne, George Député du Parti conservateur, ex chancelier de l’Échiquier (ministre des finances) de David Cameron

TUR Özel, Soli Chroniqueur au journal Haberturk, Maître de conférences, Université Kadir Has

GRC Papalexopoulos, Dimitri PDG de Titan Cement Co

FRA Pégard, Catherine ex journaliste politique du magazine Le Point, présidente du château de Versailles

USA Perle, Richard N. Membre de l’American Enterprise Institute (think tank libéral US)

USA Petraeus, David H. Ancien général de l’armée américaine, commandant de la Force internationale en Afghanistan (2010-2011), ex directeur de la CIA. Président de KKR Global Institute

GRC Pikrammenos, Panagiotis Président honoraire du Conseil d’Etat

CAN Reisman, Heather M. Femme d’affaires canadienne. Reisman est la créatrice et président de la chaîne de librairie Indigo Books

ITA Rocca, Gianfelice Président de Techint Group

AUT Roiss, Gerhard PDG de OMV Autriche

USA Rubin, Robert E. Vice Président du Council on Foreign Relations (CFR), ex secrétaire au Trésor des États-Unis dans l’administration Clinton

NLD Rutte, Mark Premier Ministre des Pays-Bas

USA Sadjadpour, Karim Associé senior du Carnegie Endowment for International Peace

ESP Sánchez Pérez-Castejón, Pedro Secrétaire général du Parti socialiste espagnol

GBR Sawers, John Politicien britannique, ex directeur du Secret Intelligence Service (MI6)

TUR Sayek Böke, Selin Vice Présidente du Parti républicain du peuple

USA Schmidt, Eric E. PDG de Google

AUT Scholten, Rudolf Membre du comité des directeurs exécutifs de Oesterreichische Kontrollbank AG

FRA Senard, Jean-Dominique Président du groupe Michelin depuis 2011

AUT Sevelda, Karl PDG de la Raiffeisen International Bank Holding

INT Stoltenberg, Jens Secrétaire général de l’OTAN

FIN Stubb, Alexander Premier Ministre

DEU Suder, Katrin Secrétaire d’état à la Défense

IRL Sutherland, Peter D. Président de l’European Policy Centre, de Goldman Sachs International, ex PDG de BP (British Petroleum) (1997-2009), ex président de la section Europe de la Commission Trilatérale, directeur non exécutif de la Royal Bank of Scotland

SWE Svanberg, Carl-Henric Président de BP, Président de Volvo

NOR Svarva, Olaug PDG de la Caisse des Retraites de la Norvège

USA Thiel, Peter A. Président de Thiel Capital

GRC Tsoukalis, Loukas Président de la Hellenic Foundation for European and Foreign Policy

INT Üzümcü, Ahmet Directeur général de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques

PRT Vitorino, António M. membre du Parti socialiste portugais, ex commissaire européen, ex ministre de la Défense du Portugal

SWE Wallenberg, Jacob PDG d’Investor AB

USA Weber, Vin Partenaire, Mercury LLC

GBR Wolf, Martin H. Journaliste économique au Financial Times, chroniqueur au journal Le Monde

USA Wolfensohn, James D. ex président de la Banque Mondiale, PDG de Wolfensohn and Company

USA Zoellick, Robert B. ex président de la Banque Mondiale, président du Conseil des Conseillers Internationaux de Goldman Sachs Group.



Références :


1 : http://trends.levif.be/economie/politique-economique/charles-michel-parmi-les-maitres-du-monde-du-discret-groupe-bilderberg/article-normal-399459.html


2 : http://www.monde-diplomatique.fr/2003/05/LACROIX_RIZ/10168


3 : http://www.cndp.fr/crdp-reims/memoire/bac/2GM/etudes/05morts.htm


4 : http://www.clio.fr/CHRONOLOGIE/chronologie_bulgarie_d_un_conflit_mondial_a_l_autre_1919-1945.asp


5 : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Roumanie_histoire/186037#10930403


6 : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Hongrie_histoire/187687#11013974


7 : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Pologne_histoire/187063#10936690


8 : http://www.larousse.fr/encyclopedie/autre-region/Yougoslavie/150356#428261


9 : http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Albanie/104550#386074


10 : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Allemagne_vie_politique_depuis_1949/187076#10937850


11 : http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve?codeEve=18


12 : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342x_1937_num_2_6_6325


13 : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1965_num_20_6_13041


14 : http://www.linternaute.com/histoire/motcle/4938/a/1/1/conquete_spatiale_dans_la_guerre_froide.shtml


15 : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/libris/3303331280620/3303331280620_EX.pdf


16 : http://www.kaowarsom.be/documents/MEMOIRES_VERHANDELINGEN/Sciences_morales_politique/Hum.Sc.(IRCB)_T.XXVIII,1_WAUTERS%20A._Le%20communisme%20et%20la%20d%C3%A9colonisation_1952.pdf



17 : http://www.cndp.fr/crdp-reims/cinquieme/evolution_politique.htm


18 : http://www.cvce.eu/obj/joseph_retinger-fr-9d454c22-957c-49ef-8c7b-be5f98d676fc.html


19 : http://www.comite-valmy.org/spip.php?article516


20 : http://www.cvce.eu/obj/invitation_de_joseph_retinger_au_congres_de_l_europe_de_la_haye_fevrier_1948-fr-1322f975-ca95-4f26-bdb5-d15611945a7f.html


21 : http://www.cvce.eu/obj/message_aux_europeens_la_haye_10_mai_1948-fr-b14649e7-c8b1-46a9-a9a1-cdad800bccc8.html


22 : http://bilderbergmeetings.co.uk/jozef-retinger/ (EN)


23 : John Maynard Keynes and international relations, p. 213, Donald Markwell, Oxford University Press, 2006.


24 : Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours, pp. 84-85, sous la direction de Benoît Collombat et David Servenay, La Découverte, 2009.


25 : Memoirs, p. 412, David Rockefeller, Random House, 2002 – également disponible en version française : Mémoires, David Rockefeller, De Fallois, 2006.


26 : http://www.bilderbergmeetings.org/index.php


27 : http://tempsreel.nouvelobs.com/l-enquete-de-l-obs/20130606.OBS2308/ces-puissants-et-mysterieux-messieurs-du-cercle-bilderberg.html


28 : http://www.huffingtonpost.fr/2015/06/10/groupe-bilderberg-sommet-conspiration-alain-juppe_n_7552300.html


29 : http://www.voltairenet.org/article169364.html


30 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32758379x/date


31 : http://www.bilderbergmeetings.org/conferences.html


32 : http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/06/01/serguei-gouriev-je-ne-veux-pas-prendre-le-risque-de-me-retrouver-en-prison-en-russie_3422217_3214.html


33 : http://www.france24.com/fr/20150610-italie-russie-espoirs-diplomatiques-vladimir-poutine-renzi-ukraine-europe-sanctions-g7



34 : http://www.lesechos.fr/12/11/2014/lesechos.fr/0203930461461_r-d—la-chine-passe-devant-l-europe.htm


35 : http://www.siged-diplomatique.com/sitesigedold/spip686a.html?article515


36 : http://www.rfi.fr/afrique/20130326-centrafrique-bozize-lache-deby-lache-hollande/


37 : https://www.youtube.com/watch?v=8aW8fdf0860


38 : http://www.liberation.fr/monde/2014/08/21/hollande-confirme-la-livraison-d-armes-par-paris-a-des-rebelles-syriens_1084340


39 : http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20130517trib000765147/syrie-le-qatar-aurait-depense-3-milliards-de-dollars-pour-armer-les-rebelles.html


40 : http://tempsreel.nouvelobs.com/le-dossier-de-l-obs/20131213.OBS9486/niel-bollore-arnault-le-vrai-pouvoir-c-est-eux.html


41 : http://www.axa.com/fr/presse/biographies/comite/decastries/


42 : http://www.michelin.com/fre/groupe-michelin/gouvernance/dirigeants-biographies-michelin/Jean-Dominique-Senard


43 : http://www.challenges.fr/classements/fortune/


44 : http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/01/21/qu-est-ce-que-le-forum-de-davos_4560354_4355770.html


45 : http://www.monde-diplomatique.fr/2011/02/DENORD/20132


46 : http://www.challenges.fr/economie/20131223.CHA8714/le-siecle-club-tres-select-des-elites-francaises-demenage.html


47 : http://www.challenges.fr/entreprise/20140117.CHA9347/comment-le-pdg-d-axa-a-tisse-sa-toile-au-niveau-mondial.html


48 : http://www.monde-diplomatique.fr/2015/06/A/53058


49 : https://www.oxfamfrance.org/communique-presse/justice-fiscale/en-2016-1-plus-riches-possederont-plus-que-reste-population


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