CHUM-CUSM: l’apartheid linguistique

Et si on se dotait d’un seul méga-hôpital francophone à Montréal?

CHUM

Que le Centre universitaire de l’université McGill (CUSM) coûte 300 millions de dollars de plus ne constitue pas un énorme scandale en soi. Que cette explosion artificielle des coûts soit causée par l’aveuglement idéologique d’un gouvernement obnubilé par ses foutus PPP, voilà qui est choquant. Mais ce qui est réellement enrageant, c’est de constater qu’en 2009, il existe deux classes de malades au Québec: des Québécois sous-financés et des anglophones sur-financés.
Ainsi, le CUSM anglophone devrait coûter 1,5 milliards de dollars, contre 1,8 milliard $ pour le Centre hospitalier de l’université de Montréal (CHUM) francophone. Le premier sera construit pour une population de langue maternelle anglophone de 575 555 personnes tandis que le second servira 5 877 660 Québécois. L’investissement total pour chaque Québécois sera donc de 306$ (1,8 milliard / 5 877 660) contre 2606$ pour chaque anglophone vivant sur notre territoire (1,5 milliard / 575 555). En clair, pour le gouvernement libéral actuel, la santé d’un Québécois vaut 8,5 fois moins que celle d’un anglophone. 1
Certains m’objecteront que ces hôpitaux desserviront principalement la population de la région de Montréal. C’est faux. Ils constitueront de véritables laboratoires de la santé, des outils de soins de haute-technologie pour l’ensemble des Québécois. Ces centres serviront à soigner des patients de tout le Québec, ce que confirme d’ailleurs le Paul Perrotte, président du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) dans cette brochure. Ce ne seront pas des hôpitaux ordinaires où on échoue lorsqu’on se brise le bras ou qu’une femme accouche; s’il y aura des services de première ligne concernant principalement les Montréalais, la plus grande partie des soins serviront à tous les Québécois.
Certains m’objecteront également d’avoir utilisé la langue maternelle plutôt que la langue d’usage pour ce calcul. Si j’ai choisi cette première, c’est par un soucis de respect de la position historique de la minorité anglophone. Autrement dit: il ne faut pas chercher à savoir combien de personnes parlent actuellement l’anglais – ce qui identifie une anglicisation et une assimilation à l’anglais des immigrants, ce que nous ne voulons pas – mais plutôt à quelle hauteur devrait être le financement des institutions anglophones historiques. En clair, nous ne voulons pas financer les institutions anglophones en fonction d’une assimilation vers l’anglais qu’elles ont contribué à créer, mais plutôt en fonction du poids traditionnel de ses habitants.
Malgré tout, je serai bon joueur. Imaginons – même si ce n’est pas le cas – que ces hôpitaux serviraient principalement à la région montréalaise et utilisons la langue d’usage au lieu de la langue maternelle. Dans un dernier billet, j’ai compilé des statistiques sur la défrancisation des banlieues. Dans les données brutes, on pouvait considérer le nombre total d’anglophones et de Québécois à Montréal et dans ses banlieues rapprochées. Il y a donc 2 072 410 Québécois et 564 010 anglophones dans la région. En faisant le même calcul que pour l’ensemble des Québécois, on arrive à une valeur de 869$ par Québécois de la région montréalaise en soins de santé donnés par le futur CHUM contre 2660$ par anglophone pour le CUSM. Encore une fois, et malgré toutes les modifications possibles pour dorer la pilule des anglophones, on en arrive à une situation où le Québécois de la région montréalaise vaut trois fois moins que l’anglophone.
Or, comment se fait-il que nous, Québécois, acceptons cette injustice? Pourquoi sommes-nous les premiers à plaindre la veuve ou l’éploré, à nous culpabiliser pour les Amérindiens, à nous blâmer pour notre difficulté à intégrer les immigrants, à nous condamner pour un ci ou un ça et à nous flageller d’autres mantras destructeurs pour notre fierté collective, au même moment où on ne dit mot quand le gouvernement nous traite comme des citoyens de seconde classe?
Si le Québec est une nation et que sa langue commune est le français, il serait peut-être temps d’agir comme tel. Aurait-on idée, dans n’importe quel autre pays civilisé, de voir une minorité aussi chouchoutée, dorlotée, engraissée et flattée que les anglophones montréalais obtenir de tels avantages indus? Presque partout sur la planète, on finance surtout les institutions dans la langue commune et jamais, JAMAIS, on n’accepterait que la majorité des citoyens soient traités aussi vulgairement.
Cette façon d’agir – et quoi qu’on en dise – possède un petit relent d’apartheid. Une élite rhodésienne accapare nos richesses collectives et taxe le labeur d’une majorité de subalternes n’ayant pas droit aux mêmes privilèges. Et si les petits nègres blancs d’Amérique veulent se faire bien soigner, qu’ils apprennent le SPEAK WHITE! Lorsque le peuple lui-même a intériorisé son propre sentiment d’infériorité linguistique, plus personne ne peut se choquer de ce qu’on se serve de ses bras et de sa sueur pour porter bien haut des élites qui le méprisent.
Il serait peut-être temps d’en finir avec le sur-financement des institutions anglophones et d’exiger l’égalité pour les Québécois… en leur propre nation!
Et si on se dotait d’un seul méga-hôpital francophone à Montréal?


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé