Le minaret dans nos têtes

Pour un musulman, le minaret, c’est le symbole du territoire conquis.

Accommodements ou Intégrisme - ailleurs dans le monde

D’un point de vue canadien ou québécois, la décision de la Suisse d’interdire les minarets semble étrange, voire anachronique. En quoi des tourelles sur les mosquées nuiraient-elles à qui que ce soit? Ne doit-on pas assurer la liberté d’expression et de culte de tous les citoyens, sans discrimination? Pas si cette liberté d’une minorité nuit à la majorité.
En fait, la véritable question de tout ce débat porte sur l’Islam, ou plutôt sur la capacité de l’Occident à empêcher la progression d’une religion non pas porteuse de paix, mais principalement de guerre. Bien sûr – retenez vos tomates avant de me les lancer – il existe un Islam modéré, plus sympathique, pratiqué d’une manière personnelle, mais la religion elle-même est expansionniste: le but de l’Islam est de conquérir la Terre entière et les non-islamistes sont des Infidèles.
Or, dans ce monde de guerre contre les Infidèles, les minarets agissent comme des drapeaux que l’on plante sur un territoire défini. Dans la tradition musulmane, le monde est divisé en deux parties: Dar al-Islam, c’est-à-dire la « Maison de la paix » et Dar al-Harb, la « Maison de la guerre ». Pour qu’une zone devienne Dar al-Islam, il faut que cinq appels quotidiens à la prière puissent être entendus. Ces appels sont lancés grâce au minaret, qui permet ensuite de « pacifier » la zone et de la rendre apte à la « paix » islamique. Sans minaret, pas de « Maison de la paix », et donc un état de « Maison de la guerre » où, traditionnellement, la guerre est obligatoire pour tous les musulmans de la zone, et ce, jusqu’à ce que la préséance de l’Islam soit reconnue.
Ainsi, le minaret – tout comme le voile dans la ville quotidienne – représente l’aliénation d’un territoire conquis par l’Islam. Contrairement à d’autres religions pacifistes se pratiquant d’une manière principalement personnelle, l’Islam joue le monde comme une longue partie de Risk et acquière des territoires grâce à ses minarets.
« Du calme, du calme, ce ne sont que des tourelles! » m’objectera-t-on. Oui, pour nous, ce ne sont que des tourelles, indifférentes des clochers d’église. Pour eux, c’est une autorisation à rejeter nos lois et à s’attaquer à nos valeurs. « Les minarets sont nos baïonnettes, les coupoles sont nos casques, les mosquées nos casernes et les croyants notre armée », expliquait le maire d’Istanbul et aujourd’hui président de la Turquie, Tayyip Erdogan. Pour un musulman, le minaret, c’est le symbole du territoire conquis.
Évidemment, nous vivons dans une société plurielle et ouverte: il nous faut tolérer la diversité religieuse et accepter de faire des compromis. Voilà le dogme du multiculturalisme canadien, qui a de ce fait transformé le peuple québécois en ethnie comme une autre. Sauf que ce même multiculturalisme est à la source d’un procès contre le maire Jean Tremblay parce qu’il veut lire une prière au Conseil de ville au même moment où il défend le droit des musulmans de construire, ici, de tels minarets constituant autant de parcelles de notre territoire que les exégètes de l’Islam considèrent comme conquis et pouvant, théoriquement, être soumis à la Charia. D’un côté, il faut éliminer la prière catholique, mais de l’autre accepter les symboles de l’Islam. Vous y comprenez quelque chose?
Assurer la liberté d’expression des citoyens, aucun problème. Mais la liberté de l’un s’arrête où commence celle des autres, dit le proverbe. Et si la Suisse a jugé bon d’interdire le port de symboles religieux, elle devait être conséquente et empêcher l’érection des minarets.
Le monde n’est plus ce qu’il était. Si nous, Québécois, sommes très préoccupés par le recul du français, il ne faut pas pour autant oublier les autres valeurs qui constituent non seulement des caractéristiques de ce que nous sommes en tant que survivants du seul peuple francophone d’Amérique du Nord, mais également en tant qu’Occidentaux. Les Lumières, la séparation de l’Église et de l’État, l’égalité des sexes et le droit à la liberté de parole ou de dissidence sont autant d’idées qui seraient attaquées de front si nous vivions dans une société islamiste. Moi-même, je croupirais déjà en prison si j’habitais Téhéran ou Kaboul, ou peut-être même en Indonésie.
Ces minarets ne sont qu’un symbole parmi d’autres de l’avancée de l’Islam en Occident. Si la méthode utilisée par la Suisse peut paraître malhabile ou excessive, il ne faut pourtant pas oublier le but visé: protéger nos valeurs et ce pour quoi nos ancêtres se sont battus pendant des siècles. Protéger notre démocratie et assurer la persistance de ce qui nous est cher. Assurer un futur à nos enfants où ils pourront non seulement parler français, mais où ils auront le droit de voter et où les femmes seront encore les égales des hommes. Assurer un futur pluriel et ouvert sur la diversité du monde et de ses cultes tout en limitant l’avancée de religions jugées hostiles à nos valeurs.
Il serait peut-être temps, au Québec, de tenir un sérieux débat sur la place des religions dans nos vies. Quarante ans après une Révolution Tranquille ayant jeté aux orties notre héritage catholique, il faudrait peut-être trouver autre chose que la langue pour remplir cet espace, même si celle-ci est devenue le principal rempart de notre identité. Sinon, nous risquons fort de nous retrouver à l’étroit et de perdre sur tous les fronts.
Quoi qu’avec le minaret du multiculturalisme entre les deux oreilles, on ne s’en apercevrait peut-être même pas…


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