ROYAUME-UNI

Cinglant revirement pour Liz Truss

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Rien ne va plus pour les Tories depuis le Brexit


(Londres) Le nouveau ministre britannique des Finances Jeremy Hunt a annoncé lundi annuler « presque toutes » les baisses d’impôts dévoilées le mois dernier, ce qui constitue un désaveu humiliant pour la première ministre Liz Truss dont les jours à Downing Street semblent comptés.


M. Hunt, nommé vendredi dans l’urgence après le fiasco du « plan de croissance » de son prédécesseur Kwasi Kwarteng, a martelé lundi lors d’une déclaration télévisée que la priorité du gouvernement était désormais de restaurer « la stabilité ». Quitte à limiter dans la durée les aides aux ménages face à la dramatique envolée des prix de l’énergie.  


Le Chancelier de l’Échiquier a avancé la présentation de grandes lignes du projet budgétaire de moyen terme qui doit être présenté dans sa totalité le 31 octobre, tentant de calmer les marchés.  





PHOTO ISABEL INFANTES, AGENCE FRANCE-PRESSE


Jeremy Hunt





Ces derniers sont plongés dans la tourmente depuis la présentation fin septembre de projets de baisses d’impôts massives et d’un soutien colossal aux factures énergétiques par Kwasi Kwarteng. Non pleinement chiffrés et devant être financés par emprunt, ils avaient fait craindre une sortie de route des finances publiques.





 




La livre avait chuté à un record historique de faiblesse et les taux d’emprunt à long terme de l’État avaient flambé.  


Les fonds de pension, qui détiennent une large part de ces titres, s’étaient retrouvés fragilisés. Par ricochet les taux d’emprunt pour les ménages et les entreprises s’étaient également envolés, alors que le pays flirte déjà avec la récession.


La Banque d’Angleterre avait dû intervenir pour empêcher la situation de détériorer en crise financière et le Fonds monétaire international (FMI) avait enjoint Downing Street de rectifier le tir.  


Truss absente


« D’autres décisions difficiles » suivront pour les dépenses gouvernementales comme les impôts, a prévenu Jeremy Hunt, qui semble dorénavant aux commandes après que Liz Truss eut été forcée d’assister à la mise en pièces de son programme.


Alimentant les questions sur son autorité, elle a envoyé la ministre Penny Mordaunt, chargée des relations avec le Parlement, répondre au chef de l’opposition Keir Starmer à la Chambre des communes, sous les éclats de rire des députés travaillistes.


« Où est la première ministre ? Elle se cache et évite les questions, ayant peur de sa propre ombre » a martelé M. Starmer.


Les sondages sont catastrophiques et plusieurs députés ont publiquement déclaré que la quatrième première ministre du Royaume-Uni depuis le référendum du Brexit en 2016 devait partir. Avec seulement 40 jours au pouvoir, elle risque de devenir le premier ministre ayant eu le plus court mandat jamais connu outre-Manche.


Détente des marchés


« Truss ne peut pas survivre à ça. Hunt est le capitaine du navire à présent », estime Neil Wilson, analyste financier chez Market.com.  


Signalant dans l’immédiat une détente sur les marchés, la livre bondissait de 2 % à 1,14 dollar vers 10 h 35 et le rendement des obligations à 30 ans chutait à 4,34 %.


Parmi les annonces de lundi, « la plus grosse dépense », le plafond des factures énergétiques pour tous les ménages, « mesure phare pour aider des millions de personnes à traverser un hiver difficile », sera finalement en vigueur jusqu’à avril seulement et non plus pour deux ans.  


Au-delà, le Trésor va réfléchir à une nouvelle approche « moins chère pour le contribuable tout en » protégeant « les plus nécessiteux », a précisé M. Hunt.


Ce qui inquiétait l’association de consommateurs Which ! : « le chaos et les virages à 180 degrés des récentes semaines ont jeté les consommateurs dans l’incertitude et la confusion » alors qu’ils affrontaient déjà une grave crise du coût de la vie avec une inflation autour de 10 %.


« Maintenant, les ménages se demandent ce qui va se passer […] après fin avril », ajoute l’association dans un communiqué, relevant que « les prix de l’énergie restent incroyablement élevés ».


Dans la longue liste de baisses d’impôts qui partent à la poubelle, M. Hunt a énuméré le projet de centres d’achats sans taxes (duty-free) pour les non-résidents, l’abaissement du taux d’imposition pour les dividendes.  


Une baisse du taux d’impôt sur les revenus des plus aisés avait déjà été abandonnée et une hausse de l’impôt sur les sociétés qui avait été prévue sous Boris Johnson aura finalement lieu.  


Sont toutefois maintenues la baisse de la taxe sur les transactions immobilières et l’annulation d’un prélèvement destiné au financement des services de santé.  


L’ensemble de ces mesures fiscales « permettront de lever environ 32 milliards de livres par an », a précisé M Hunt.


Ces annonces « ne suffiront pas pour boucher les trous dans les plans budgétaires du gouvernement » ou pour « réparer les dégâts des dernières semaines », avertit le centre de réflexion IFS.




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