Coalition pour l'avenir du Québec - Coup de barre

CAQ - Coalition pour l’avenir du Québec


Nul changement de culture n'est possible sans une certaine audace, un brin de fermeté et un piment d'arrogance. C'est la recette choisie par François Legault et sa Coalition pour rebrasser les cartes de l'éducation et faire de notre réseau «le meilleur au monde» d'ici 2020 — rien de moins. Mais une opposition méfiante a fait ni une ni deux et expédié la proposition, sans même la soumettre au débat.
Pour «entamer le dialogue avec les Québécois», la Coalition pour l'avenir du Québec emprunte des idées connues, comme l'abolition des commissions scolaires, mais cible aussi un texte sacré, la convention collective des enseignants. La situation qu'elle occupe — ni parti politique, ni groupe de pression — est idéale pour proposer les ingrédients d'un «coup de barre», comme l'a qualifié hier François Legault.
Dans la section des «inviolables», tout y passe: évaluation des enseignants et sécurité d'emploi deviennent des intimes; on prône la stabilité du personnel dans les écoles; on remet en question le principe selon lequel les moins expérimentés des profs héritent des groupes les plus difficiles. L'avenir dira si ces propositions, dont le mérite est de cibler de réelles failles, perdront de leur étoffe si elles sont un jour soumises à l'épreuve du réel...
François Legault a précisément réussi ce test de la réalité lorsqu'il était ministre de l'Éducation. Il aurait sans doute espéré pouvoir s'attaquer entre autres à l'épineuse question de l'évaluation des enseignants lorsqu'il faisait partie du gouvernement péquiste; mais cela aurait nécessité l'aval du Conseil des ministres, une utopie... On comprend donc sans mal que l'actuelle ministre, Line Beauchamp, rejette d'emblée un tel bouleversement et plaide pour la stabilité. M. Legault lui-même a dû se résigner à un certain statu quo, malgré quelques changements notables. Un parti au pouvoir doit généralement remiser l'audace pour épouser le consensus.
Les occasions de débat libre sur l'éducation sont très rares. Ce réseau est réputé pour les discussions de fond qui ne mènent qu'à des changements cosmétiques. Sitôt soumise au jeu, la proposition Legault a été battue en brèche par les commissions scolaires et les enseignants, pour une rare fois unis sur une même tribune afin d'éconduire le projet, sans même en débattre. C'était attendu: les commissions scolaires jouent une fois de plus leur survie; les syndicats d'enseignants ne peuvent quant à eux souscrire à une réécriture de la convention collective. Ils n'ont en outre presque pas soufflé mot des grands oubliés de cette plateforme, les élèves en difficulté, alors qu'il s'agit pourtant du coeur des discussions à poursuivre avec le gouvernement. Ce silence radio laisse pantois.
Et les parents? Pourquoi diable la Fédération des comités de parents du Québec, bien faible porte-parole de la population à qui ces idées sont présentées, écarte-t-elle d'emblée ces propositions sans même en discuter? Le rejet en bloc et expéditif de la plateforme de la Coalition par tous les lobbys concernés illustre une malheureuse tendance à étouffer le débat sans lui laisser la moindre chance de prendre son envol.
En imaginant de nouvelles manières de relancer le système d'éducation, la coalition Legault n'a pas de mauvaises intuitions, loin de là. Les moyens choisis ne résisteront peut-être jamais à l'épreuve du terrain, mais encore faudrait-il avoir au moins le loisir d'en causer. Loin des lobbys, que le dialogue s'amorce.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->