Comme du café instantané

Vous ­êtes-­vous dé­jà de­man­dé pour­quoi il est si dif­fi­ci­le de sa­voir ce qui se pas­se au gou­ver­ne­ment?

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Vous ­êtes-­vous dé­jà de­man­dé pour­quoi il est si dif­fi­ci­le de sa­voir ce qui se pas­se au gou­ver­ne­ment? Lais­sez-moi ­vous ra­con­ter une his­toi­re.




Gros­se jour­née, mar­di, sur la col­li­ne par­le­men­tai­re. À 8h15, les fonc­tion­nai­res des fi­nan­ces ­nous jet­tent en pâ­ture ­plus de 500 pa­ges de do­cu­ments à di­gé­rer en l’es­pa­ce d’une heu­re et ­quart : la mi­nis­tre Mo­ni­que Jé­rô­me-For­get se­ra là à 9h30 ­pour ré­pon­dre aux ques­tions. ­Grouillez-­vous!
Au me­nu :
— do­cu­ment de 37 pa­ges sur la det­te du Qué­bec;
— do­cu­ment de 68 pa­ges sur la si­tua­tion éco­no­mi­que et fi­nan­ciè­re du Qué­bec;
— rap­port du grou­pe de tra­vail sur la comp­ta­bi­li­té gou­ver­ne­men­ta­le;
— vo­lu­mes 1 et 2 des comp­tes pu­blics (les ­états fi­nan­ciers du gou­ver­ne­ment au
31 ­mars der­nier).
Les ­gens de la té­lé, qui doi­vent en­trer en on­des ra­pi­de­ment, de­man­dent des ex­pli­ca­tions. La ren­con­tre tour­ne en séan­ce d’in­for­ma­tion ­avec le ­sous-mi­nis­tre, ­avant mê­me la lec­ture des do­cu­ments. La mi­nis­tre Jé­rô­me-For­get ar­ri­ve : ­tout va ­bien, la det­te est ­sous contrô­le, et il n’y au­ra pas de dé­fi­cit.
L’ADQ ­prend le re­lais. ­Gilles ­Taillon ac­cu­se le gou­ver­ne­ment de ma­quiller les chif­fres. On em­prun­te en­co­re ­pour ­payer l’épi­ce­rie, af­fir­me-t-il.
Pla­ce à Fran­çois Le­gault, du PQ . C’est un comp­ta­ble, M. Le­gault, les chif­fres, il ­connaît ça! Se­lon lui, le gou­ver­ne­ment ne res­pec­te pas les rè­gles comp­ta­bles en équi­li­brant ses fi­nan­ces ­avec une ré­ser­ve bud­gé­tai­re. ­Plus en­co­re, la mi­nis­tre des Fi­nan­ces au­rait sur­es­ti­mé la crois­san­ce éco­no­mi­que et ou­blié d’in­clu­re cer­tai­nes dé­pen­ses ­dans ses chif­fres, ­dont l’en­ten­te ­avec les mé­de­cins.
Il est 12h15 lors­que les po­li­ti­ciens quit­tent la scè­ne. Les mé­dias élec­tro­ni­ques ont dé­jà ­fait ­leurs bul­le­tins du mi­di, ­mais per­son­ne n’a en­co­re eu le ­temps de li­re et en­co­re ­moins de com­pren­dre les don­nées com­plexes des do­cu­ments. L’in­for­ma­tion in­stan­ta­née, c’est com­me le ca­fé in­s­tantané : c’est pas ce qu’il y a de ­meilleur. En dé­but de soi­rée, la pres­se écri­te pei­nait en­co­re à dé­chif­frer les don­nées . C’est ­tout di­re.
Que ­faut-il re­te­nir de cet­te jour­née? D’abord, qu’il est im­pos­si­ble ­pour le ci­toyen nor­mal de sa­voir qui a rai­son. Sur le ­fond, on cons­ta­te que mal­gré une si­tua­tion bud­gé­tai­re ­très ser­rée et une bais­se des im­pôts, le gou­ver­ne­ment Cha­rest a ré­us­si à se gar­der un cous­sin de 1,3 ­milliard $ qui lui per­met­tra de main­te­nir l’équi­li­bre bud­gé­tai­re jusqu’à ­mars 2009. ­Après,c’est un ac­te de foi.
Au­tre nou­veau­té : le gou­ver­ne­ment in­tro­duit la no­tion de «det­te re­pré­sen­tant les dé­fi­cits cu­mu­lés» ­dans son vo­ca­bu­lai­re. C’est la det­te ­moins les ac­tifs, ­donc ­moins ­gros que la det­te to­ta­le. On au­ra do­ré­na­vant qua­tre no­tions de det­te : la det­te di­rec­te, la det­te to­ta­le, la det­te net­te et la det­te re­pré­sen­tant les dé­fi­cits cu­mu­lés.­Tout ça ­pour ­vous ai­der à com­pren­dre...
La seu­le ques­tion qui comp­te est pour­tant sim­ple : est-ce que nos en­fants se­ront ca­pa­bles d’as­su­mer cet­te det­te?
Mo­ni­que Jé­rô­me-For­get af­fir­me qu’el­le ­veille au ­grain, ­mais l’ADQ l’ac­cu­se de conti­nuer à em­pi­ler les fac­tures. Et que fe­rait ­donc Ma­rio Du­mont à sa pla­ce? «On cou­pe­rait ­dans les or­ga­nis­mes consul­ta­tifs et on se­rait ­plus ac­tifs en dé­ve­lop­pe­ment hy­droélec­tri­que», ré­pond ­Gilles ­Taillon. ­Vous ­avez dé­jà en­ten­du ce mes­sa­ge, ­c’était ce­lui des li­bé­raux
Et que fe­rait le PQ? Fran­çois Le­gault et Pau­li­ne Ma­rois re­pro­chent à ­Jean Cha­rest de ne pas ré­cu­pé­rer la bais­se de 1 % de la TPS. Ap­pe­lez ça com­me ­vous vou­lez, ça an­non­ce qu’un gou­ver­ne­ment pé­quis­te vien­drait ­fouiller ­dans nos po­ches. ­Tout com­me Mo­ni­que Jé­rô­me, ­d’ailleurs. El­le ap­pel­le­ra ça une nou­vel­le po­li­ti­que de ta­ri­fi­ca­tion, et ça s’ap­pli­que­ra gra­duel­le­ment et sour­noi­se­ment. Ça, c’est ­vrai, c’est fa­ci­le à com­pren­dre, et ça co­ûte ­plus ­cher qu’un ca­fé in­stantané.
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