Comment la vision anglo-saxonne du monde a triomphé de la vision francophone

Conflit étudiant - sortir de l'impasse


Le néolibéralisme qui gagne progressivement tout l’Occident à l’heure actuelle et qui voit également de vastes mouvements s’opposer contre lui (notamment au Québec à travers l’opposition à la hausse des droits de scolarité), résulte d’une conception anglo-saxonne du monde mise de l’avant dans les années 1980 par la Grande-Bretagne de Margaret Thatcher et les Etats-Unis de Ronald Reagan.
Le néolibéralisme mise sur l’individu ou l’entité atomisé et mûs uniquement par la recherche de leurs intérêts égoïstes. Selon cette conception, l’État doit se restreindre uniquement à protéger les droits de cet individu ou de cette entité dans la jouissance de ses intérêts particuliers. Cette conception anglo-saxonne s’oppose à la conception francophone de la société politique telle que mise de l’avant par de Gaulle en France et au Québec dans les années 60.
La conception francophone met de l’avant l’État et son rôle dans le développement et dans les grands projets publics, la réalité de la nation héritée de l’histoire face à l’abstraction de l’individu atomisé et un refus du gouvernement des juges.
Toutefois, depuis les années 1990 et particulièrement durant les années 2000, la vision anglo-saxonne gagne du terrain constamment en Occident et particulièrement dans le monde francophone. Pour comprendre cette victoire temporaire de la vision anglo-saxonne du monde, il faut faire l’historique des politiques étrangères de la France et des Etats-Unis au XXe siècle. Afin de rendre le texte plus simple et facile à lire, il s’agit d’un résumé de cet historique et uniquement les grandes lignes sont rapportées.
***
C’est après la victoire de l’Ouest sur l’Est, suite à la chute du Rideau de fer au début des années 1990, que les Etats-Unis et son allié britannique se retrouvent les grandes puissances de la planète. Alors commence progressivement la déchéance de la France et de son réseau mondial issu de l’ancien Empire français. Car, après la Deuxième Guerre mondiale, la fierté et la grande intelligence du général de Gaulle ont permis à la France de conserver un certain prestige et un rôle important dans le monde. Tout d’abord, de Gaulle avait refusé que les Américains entrent en vainqueurs les premiers sur les Champs Élysées de Paris après la Libération. De Gaulle avait tenu à ce que lui-même et l’armée française soient à l’honneur. De Gaulle avait ensuite été écarté de Yalta par Roosevelt, et du partage du monde qui s’ensuivit entre les Anglos-Saxons et l’URSS. Dans le nouveau monde bipolaire qui allait s’ériger progressivement, la France devait désormais renoncer à son rôle historique mondial et se placer sous le diktat et le protectorat américains. C’était mal connaître de Gaulle et la conception qu’il se faisait de son pays. Car, en effet, de Gaulle se faisait une ‹‹certaine idée de la France›› et cette idée excluait le paternalisme américain et la subordination de la France aux intérêts atlantistes anglo-saxons.
C’est dans cette optique qu’il faut comprendre le retrait de la France de l’OTAN en 1966, qui voit de Gaulle expulser les bases américaines du territoire français et c’est également dans cette optique que de Gaulle insista pour que la France se dote de l’arme nucléaire. C’est aussi dans cette optique qu’il voyait le potentiel d’un éventuel Québec souverain comme aide pour la France. N’a-t-il pas dit, lors de son périple sur le Chemin du Roy, nous devons ‹‹travailler ensemble à une même œuvre française››? Sous de Gaulle et dans le nouveau monde bipolaire, la France allait jouer le jeu de la troisième voie et favoriser l’auto-détermination des peuples et des nations contre l’impérialisme anglo-saxon. Pas question que les Anglo-saxons dictent la politique intérieure ou étrangère de la France. Celle-ci devait conserver son indépendance et sa souveraineté à tous les niveaux. En ce sens, son ancien Empire, autant africain qu’américain et l’important réseau qu’il conférait à la France, lui donnait le moyen de rester une puissance importante et non négligeable sur la planète. C’est ainsi que le réseau françafricain se constitua progressivement sous l’impulsion de de Gaulle et de son émissaire Jacques Foccart. Pour de Gaulle, un Québec francophone souverain aurait joué un rôle indispensable dans le rôle de la France et du réseau francophone face au réseau anglo-saxon qui prétendait à la domination sur l’Ouest. Si les liens se ressérèrent entre le Québec et la France sous l’impulsion de de Gaulle, la subordination du premier au Canada anglo-saxon ne permit jamais au Québec de se rapprocher suffisamment de la France tel que l’aurait voulu le général.
Néanmoins, jusqu’aux années 1990 et jusqu’à la chute du Rideau de fer, la France a plus ou moins réussi à conserver un prestige et une puissance importante et indépendante dans le monde, grâce à la poursuite des politiques instaurées par Charles de Gaulle. Par contre, durant la décennie 1990, une série d’événements africains orchestrés par le réseau anglo-saxon déstabilise la France et sa puissance mondiale. Suite à la chute du Rideau de fer, plus rien ne permet à la France de prétendre jouer la troisième voie et les Anglo-saxons s’attaquent à la puissance française dans le monde.
L’affaire Elf éclate en 1994, déstabilisant l’importante pétrolière française ainsi que plusieurs hommes politiques et un important réseau d’affaires français. De même, la France se voit chasser du Ruanda par les intérêts anglos-saxons, qui prennent possession du pays grâce à l’appui des rebelles Tutsis. Ils tentent également le même stratagème dans diverses possessions africaines françaises, comme au Congo-Brazzaville. La mainmise française sur des réseaux importants et sur les richesses naturelles de l’Afrique, mainmise voulue et jugée vitale par le général de Gaulle, échappe de plus en plus aux intérêts français et passent entre des mains anglo-saxonnes. Désormais, c’est à l’école en anglais que vont les jeunes Ruandais.


Vidéo proposée par Monsieur Buzz

Nous pouvons affirmer sans nous tromper que le dernier épisode où la France a été la France telle que la concevait le général de Gaulle est lors du fameux discours de Dominique de Villepin au Conseil de sécurité de l’ONU contre la guerre en Irak en 2003 (il faut revoir cet émouvant discours sur Daily motion). C’est alors que la France a incarné pour la dernière fois cette troisième voie diplomatique française impulsée par de Gaulle. De Villepin s’est opposé aux Américains et à Colin Powell, qui voulaient pousser le Conseil de sécurité à intervenir en Irak sous prétexte que le régime de Saddam Hussein dissimulait des armes de destruction massive. L’histoire a montré que la France avait raison et que rien ne justifiait une intervention militaire en Irak. Mais la France et de Villepin ont payé fort leur opposition aux Américains. Une forte campagne de salissage envers tout ce qui était français a sévi aux Etats-Unis. Les ‹‹french fries›› ont même été rebaptisées ‹‹liberty fries››, sous l’impulsion des médias contrôlés par le gouvernement américain. De Villepin a été sali et écarté de la présidentielle de 2007 grâce au coup monté de l’affaire Clearstream, qui a permis à Nicolas Sarkozy d’être élu pour la droite. De Villepin a depuis été blanchi de ses accusations, mais est un homme isolé depuis que les Atlantistes vassalisés aux Anglo-saxons ont pris le contrôle de l’Élysée.
Sarkozy a été le fossoyeur des politiques héritées du gaullisme, notamment en réintégrant la France dans l’OTAN, en permettant une anglicisation sans précédent de la France et en s’alignant sur le néolibéralisme anglo-saxon en vendant des sociétés d’État françaises aux intérêts privés, comme Gaz de France. Le grand ami de Paul Desmarais a accompli en France l’équivalent de ce que Jean Charest accomplit au Québec. Bref, depuis quelques années, le monde francophone est bien sous contrôle et s’aligne sur le modèle anglo-saxon.
C’est dans cette optique que la vision néolibérale du monde, instaurée par les Anglo-saxons sous Ronald Reagan et Margaret Thatcher dans les années 1980, gagne le monde en général. Certaines élites francophones, cooptées par le réseau anglo-saxon, ont réussi à détourner la France et le Québec de leur essence et les aligner un peu plus selon la logique anglo-saxonne. Cependant, avec la défaite de Nicolas Sarkozy en France et l’éventuel changement de gouvernement à Québec, il est à espérer un changement de cap et un retour à des politiques davantage alignées sur la réalité et le génie des nations francophones.


Laissez un commentaire



4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    9 septembre 2012

    Libéralisme, cette idéologie anglo-saxonne : http://www.institutcoppet.org/ebooks/ecole-liberale-francaise/

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    30 mai 2012

    @ J.-L. Pérez Martel:
    Vous avez écrit:
    «Avec vos lois, nous allons vous conquérir ; avec nos lois nous allons vous gouverner.».
    C'est une chose qu'avait dite Mouamar Khaddafi.
    Il a été tué.
    Si l'Occident se réveille et se réorganise, je crois que la menace islamisante, pourra être contenue. Et plus.

  • Louis Méthé Répondre

    29 mai 2012

    Le néo-libéralisme a du plomb dans l'aile à cause des conséquences de la mise en œuvre de sa doctrine économique : chômage de masse et augmentation de l'écart entre les riches et les pauvres, ravages écologiques, guerres néo-coloniales ruineuses, faillite de pays, destruction du système monétaire et bancaire mondial.
    La prégnance du système néo-libéral est telle que le changement n'est pas pour demain. Une élection ne suffira pas pour changer les choses. Les nouveaux élus que ce soit Obama, Hollande ou d'autres du même acabit sont habités par les mêmes certitudes que leurs prédécesseurs. Il faudra attendre avant qu'un véritable changement s'opère.
    Il faudra beaucoup d'efforts pour qu'une nouvelle doctrine puisse triompher. On le voit en ce moment au Québec où ce qui relève du gros bon sens est battu en brèche par les oligarques. Le mal est profond. Le remède est à trouver et à appliquer.
    La francophonie, la France surtout, a du pain sur la planche.

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    27 mai 2012

    Madame/Monsieur Anonyme
    Expansionnisme islamiste face à la ''vision francophone'' par rapport à « Comment la vision anglo-saxonne du monde a triomphé de la vision francophone »
    Dans quelques années, l’expansionnisme islamiste au Québec arrivera à neutraliser toutes les mesures sociopolitiques susceptibles de renforcer l’identité nationale des Canadiens français. Puisque la majorité composant cette identité se trouve divisée en plusieurs partis politiques antagonistes et sans aucun intérêt pour les valeurs patriotiques. De cette division et traîtrise nationale, les Musulmans/Islamistes en font/feront leur ‘’cheval de Troy’’ qui deviendra l’arme de conquête afin d’arriver à imposer des objectifs exclusifs. N’oublions pas comment ils se servent de la démocratie en Occident pour imposer cet expansionnisme : Avec vos lois, nous allons vous conquérir ; avec nos lois nous allons vous gouverner.
    En France, en Belgique, au Québec… par exemple, cette réalité est chaque jour omniprésente jusqu’à la conquête finale de cet expansionnisme antioccidental d’anéantissement identitaire national.
    La vidéo intitulée Hollande attention on est dix millions !!! Chantage pour le port du voile pression sur le PS nous montre une partie infime de leur visée politique :
    Pour visionner cette vidéo cliquez ici :
    http://www.youtube.com/watch?v=RSUWefaUjW0&feature=player_embedded
    JLPM