Lettre ouverte au Premier ministre du Québec

Le Québec est le premier pays riche à prendre massivement conscience

Depuis maintenant 100 jours les étudiants québécois manifestent contre l'augmentation des frais de scolarité

Conflit étudiant - sortir de l'impasse


Monsieur le Premier ministre, je vous fais une lettre que vous ne lirez pas, quand bien même vous en auriez le temps.
Il y a dix ans, on m’a fait venir à l’Université de Montréal pour contribuer à l’excellence en enseignement et en recherche en bio‐informatique, un domaine émergent particulièrement important pour la médecine moléculaire. Pour me faire quitter mon poste de directeur de recherche au CNRS en France, on m’a offert une chaire de recherche du Canada, qui non seulement me fournissait des fonds pour effectuer mes recherches, mais aussi une prime de 30 000 $. Mieux encore, le gouvernement du Québec m’a exonéré d’impôt provincial pendant les cinq premières années. J’aurais dû me méfier, mais les scientifiques sont fort naïfs. Comment considérer qu’un gouvernement est sérieux dans son support à l’université quand il exonère d’impôts les plus riches, mon salaire étant en effet d’environ 100 000 $ ?
En fait, ces considérations financières avaient peu d’importance. L’excellence universitaire, exercice humain très demandant et très délicat, nécessite avant tout un cadre favorable. J’étais donc attiré par un environnement de recherche humainement riche au département de biochimie, et par le Québec, un pays démocratique, respectueux des droits, avec un enseignement de qualité, où il faisait bon vivre. Même si cette vision idyllique s’est un peu modifiée au fil du temps, je n’ai jamais envisagé de revenir en France. Non seulement j’ai payé mes impôts provinciaux avec plaisir il y a cinq ans, mais j’ai aussi choisi de transformer la prime en subvention de recherches pour recruter des étudiants supplémentaires. Bref, tout allait bien jusqu’il y a 100 jours.
Avant de revenir sur ces 100 funestes jours, je tiens à vous indiquer, Monsieur le Premier Ministre, en utilisant un langage économique que vous affectionnez, que mon retour sur investissement est excellent. Mon immodestie, qui est probablement la seule chose que je partage avec vous, n’en souffrira pas. Excusez-­moi pour la nécessaire technicité de ce paragraphe. Le principal critère pour évaluer la recherche fondamentale est le nombre de publications, surtout dans les meilleures revues scientifiques (seules les publications dans les revues Nature et Science sont prises en compte dans le célèbre, bien que critiquable, classement des universités réalisé, par exemple, par l’Université de Shanghai), et le nombre de citations. Avec une petite équipe et des moyens financiers relativement modestes, notre travail s’est traduit par quatre publications dans Nature et Science (l’Université de Montréal dans sa totalité en a publié 49 depuis 2003) et a reçu plus de 1000 citations en 2011. Demandez à vos experts, vous trouverez très peu de chercheurs au Canada, voire aux États-­Unis, ayant une productivité aussi grande, c’est-à­-dire un impact scientifique par dollar investi. Je pense donc avoir rempli ma part du contrat et contribué à l’excellence de la recherche scientifique québécoise.
Depuis 100 jours, tout a changé pour moi. Un mouvement étudiant, massif, démocratique, a soulevé une question primordiale, les frais de scolarité universitaire que votre gouvernement a décidé d’augmenter de 75% sur 5 ans, paraît-­il pour favoriser l’excellence dans la recherche. Faire payer aux étudiants la recherche de pointe, est-­ce une bonne idée ? 100 jours de grève étudiante et aucune négociation, ou si peu. Pire encore, 100 jours de grève étudiante et quasiment aucun débat sur cette question. Tout a été fait pour parler d’autres choses que de l’excellence en enseignement et en recherche. Est-­ce un boycott ou une grève ? Une vitrine brisée par ci, un parcours non annoncé par là. La condamnation de la violence par les associations étudiantes est-­elle suffisante ? En même temps, malgré des blessés graves, nous n’avons jamais entendu le gouvernement appeler à limiter la violence policière, j’y reviendrai.
Monsieur le Premier Ministre, pourquoi donc le Québec et le Canada recrutent­‐ils les chercheurs d’excellence préférentiellement dans des pays où l’éducation est gratuite, ou à tout le moins très peu chère, comme la France, la Chine, l’Allemagne, l’Argentine, l’Autriche, l’Inde ou la Russie ? Pourquoi les recrutements n’ont-­ils pas lieu dans les pays où les frais de scolarité sont très élevés, comme les États-­Unis d’Amérique ? Pourquoi ces mêmes États-­Unis sont-­ils contraints de recruter autant d’étudiants et de professeurs à l’étranger si leur système d’éducation très couteux pour les étudiants est si performant que le Québec se doive de l’imiter ? Sans prétendre résoudre ce paradoxe, je peux apporter quelques éléments de réflexion. En transformant les étudiants en clients, on introduit plusieurs moyens de pression permettant de dégrader fortement l’excellence de l’enseignement, et par là même l’excellence de la recherche, qui rappelons-­le repose avant tout sur les étudiants. Les clients achètent leur diplôme, et ils s’attendent donc à l’obtenir, même s’ils n’ont pas le niveau. Ensuite, l’université a tout intérêt à garder ses clients, puisqu’ils constituent leur principale source de financement. La pression se transmet aux professeurs, qui doivent réduire le taux d’attrition au maximum. Dans ces conditions, pourquoi faire échouer un client à un examen, puisque cela réduirait les ressources de notre département et de notre université, allant à l’encontre de l’intérêt du professeur ? Les professeurs, qui, vous l’avez peut-­être oublié, Monsieur le Premier Ministre, sont avant tout des êtres humains, se trouvent tous les jours face à des étudiants, qui sont aussi des êtres humains, mais des êtres humains luttant pour survivre dans un monde où les richesses sont de plus en plus accaparées par une petite minorité. Comment, humainement, peut-­on refuser un cours à un étudiant sérieux qui a travaillé fort et qui s’est lourdement endetté, mais qui est juste en dessous du niveau requis pour satisfaire aux hautes exigences du savoir intellectuel actuel ? Comment peut-on, humainement, laisser un jeune avec une grosse dette et sans diplôme ?
Aucune des pressions induites par le clientélisme universitaire n’est à elle seule décisive pour dégrader la qualité de l’enseignement. Mais elles vont toutes dans ce sens et il y a fort peu mesure gouvernementale pour soutenir l’excellence dans l’enseignement, la bonne volonté des étudiants et des professeurs nous préserve, pour combien de temps encore, du naufrage. Aux États-­Unis, où les études sont très chères depuis longtemps, les notes finales d’un étudiant sont corrélées positivement avec le montant des frais de scolarité, est‐ce bien sérieux ! La dette étudiante y est actuellement de plus de mille milliards de dollars, et l’enseignement est déjà sévèrement dégradé. Une question cruciale est de savoir comment elle sera remboursée, si tant est qu’elle puisse l’être. Monsieur le Premier Ministre, oui, la question des frais de scolarité et de l’excellence universitaire est très complexe et ne peut pas se résoudre par une loi spéciale, mais par un large, long et difficile débat démocratique.
Débat démocratique, mais quel étrange concept viens­‐je d’évoquer ? La démocratie semble se résumer, pour vous, au seul dépôt dans l’urne d’un bulletin de vote tous les quatre ans. Mais comment croire que l’on puisse décider intelligemment de toutes les questions complexes auxquelles notre monde est confronté par un seul bulletin ? Quel n’a donc pas été mon désespoir quand une association étudiante, la CLASSE, a été vilipendée, insultée, trainée dans la boue parce que ses représentants respectaient le mandat qui leur avait été confié lors de votes démocratiques ! Quelle horreur, des élus qui refusaient d’abuser de leur pouvoir, qui refusaient de faire passer leur opinion personnelle en lieu et place de celle des gens qu’ils représentaient, et outrage inimaginable, osaient affirmer qu’ils allaient consulter leur base ! Monsieur le Premier Ministre, comment puis‐je accepter de voir ainsi bafouer les principes fondamentaux de la démocratie par un gouvernement censé oeuvrer pour l’épanouissement de la démocratie ?
La vraie démocratie, qui n’est pas la dictature de la majorité, doit mettre en oeuvre de multiples systèmes, des contre-­pouvoirs, pour garantir les droits de tout un chacun. Comment peut-­‐on respecter les minorités, si seul un vote tous les quatre ans est considéré comme suffisant ? Or, du fait du baby boom, les jeunes, les étudiants, constituent une petite minorité au Québec. Il y a plus de personnes de plus de 75 ans que de jeunes de 15 à 19 ans, fraction de la population qui de toute façon n’avait pas le droit de vote lors des dernières élections. Il y a seulement 500 000 jeunes de 20 à 24 ans, mais plus de 2 millions d’ainés âgés de plus de 65 ans. Dans un tel contexte, et sans un long débat, quelle est la chance de faire passer l’idée d’études universitaires presque gratuites garantissant l’excellence de l’enseignement, alors que l’impact concret d’un tel choix servira l’intérêt des Québécois dans 10, 20 ou 30 ans, avant l’idée d’une baisse immédiate des impôts ?
Cent jours de lutte menée par des centaines de milliers de jeunes Québécois n’ayant comme seul pouvoir que des manifestations pacifiques et le sacrifice de leur propre session. Et quelles réponses le puissant gouvernement québécois a-t-il fourni ? Le mépris, l’absence de dialogue, la répression et maintenant une loi spéciale qui réduit la liberté d’expression de tous et qui laisse à la police, et bientôt peut-­être à l’armée, le soin de régler la question de l’excellence universitaire. Il n’est nul besoin d’être grand clerc pour imaginer la violente répression qui sera nécessaire pour arrêter un mouvement si profond, si massif, si motivé. Chaque fois que mes enfants, ou leurs amis, sortent le soir, c’est avec la peur au ventre que j’attends leur retour, sursautant à chaque coup de téléphone qui pourrait m’annoncer la perte d’un oeil, un traumatisme crânien, voir pire. Oui, je sais, la police fait un métier difficile, oui il y a de très rares casseurs qui veulent en découdre et se cachent parmi la foule, oui il y a maintenant beaucoup de fatigue. Les conditions sont réunies pour que de graves bavures se produisent. Monsieur le Premier Ministre, agissez pour qu’elles ne se produisent pas, soutenez les policiers qui font bien leur travail et condamnez ceux qui abusent de la violence, comme par exemple à la brasserie Saint-­Bock. Croyez-­vous vraiment que poivrer des touristes va permettre de recruter des chercheurs d’excellence et de former d’excellents étudiants ?
Cent jours de lutte à mains nues face à un pouvoir sourd, autoritaire et violent, peuvent-ils s’expliquer seulement par la question des frais de scolarité et de l’excellence universitaire ? Que nenni. La jeunesse sent bien, voit bien que notre modèle de société est en train de s’effondrer ; tous les marqueurs sont au rouge : un environnement social dégradé, marqué par une montée indécente des inégalités ; un environnement biologique dégradé, avec une disparition accélérée des espèces et des écosystèmes ; un environnement physique dégradé, avec le réchauffement climatique et les multiples pollutions chimiques ; un épuisement généralisé des ressources, qui oblige à exploiter à grands frais les sables bitumineux, les gaz de schiste, les métaux au fond des océans ou dans le Grand Nord ; un système financier démesuré, mais qui ne survit qu’à force de subventions, générant une dette publique impossible à rembourser. Ces cent jours de lutte sont un extraordinaire cri de désespoir de notre jeunesse, désespoir qui s’est cristallisé sur la question des frais de scolarité, mais qui dénote un très profond malaise sociétal.
Le Québec est le premier pays riche à prendre massivement conscience du mur dans lequel nous sommes en train de nous enfoncer avant que la crise économique se manifeste de manière évidente comme en Grèce ou en Espagne. Monsieur le Premier Ministre, vous avez l’opportunité extraordinaire de disposer d’une jeunesse courageuse, innovante, politisée, prête à explorer un nouvel avenir qui nous fera éviter tous les graves dangers évoqués plus tôt. Ou alors, souhaitez-­vous choisir l’obstination, l’aveuglement, la répression, la violence et m’obliger à vivre dans un autre pays où la démocratie, l’éducation, la nature… Bref : la société humaine, pourront s’épanouir ?
Hervé Philippe
Professeur titulaire,
Chaire de Recherche du Canada en Bioinformatique et Génomique Evolutive,
Département de Biochimie – Université de Montréal

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Hervé Philippe1 article

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Professeur titulaire,
Chaire de Recherche du Canada en Bioinformatique et Génomique
Evolutive,
Département de Biochimie – Université de Montréal





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30 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    3 août 2012

    Merci de ces précisions. Si tous ceux qui ont bénéficie de faveurs semblables le denoncaient, le SOMMET serait très brefs.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 août 2012

    Le "premier" ministre préfère la violence policière contre des manifestants pacifiques entre lesquels on a glissé quelques agents provocateurs pour discréditer le mouvement. Ensuite il veut se faire élire en décrivant les gens comme étant violents. C'est ce que l'on peut lire sur Radio-Canada et Bell (Sympatico). Lui, Charest, qui a accueilli le Sommet de la Francophonie à Québec, avec Harper et les amis du Pentagone, pour ensuite aller bombarder la Lybie avec les États-Unis et l'Angleterre (240 bombes larguées par le Canada, des milliers de morts, et plus d'un million de Libyens déplacés). Ces pays qui ont lourdement armé des ''rebelles'' et des mercenaires, ainsi que des enfants-soldats. Ce qu'ils répètent aujourd'hui en Syrie pour démolir un autre pays. Donc, ces gens osent dire du bon et pacifique peuple québécois qu'il est un peuple violent, ou terroriste, comme ce fut longtemps la mode à la CBC? Révulsant. Donc, si je vote pour Charest, j'appuie des gens qui arment des rebelles armés, des Hells Angels remis en liberté qui ont plus de droits que moi, et des rapaces comme Charest qui utilisent le prétexte de la Francophonie pour aller installer des dizaines de bases militaires en Afrique et la piller avec les amis banquiers?

  • Archives de Vigile Répondre

    15 juin 2012

    Merci pour votre lucidité M. Philippe.
    Je suis une babyboomer avec un p'tit secondaire V, j'ai parfaitement compris la portée de votre message avec lequel je suis totalement en accord. Et, en passant, quel magnifique clin d'oeil au "Déserteur de Vian", votre introduction: "Monsieur le Premier ministre, je vous fais une lettre que vous ne lirez pas, quand bien même vous en auriez le temps."
    En ce qui me concerne, je crois sincèrement que la seule possibilité de rétablir la démocratie en ce moment, reste la nécessité d'aller aux urnes lors des prochaines élections et que tous ces gens qui s'abstiennent de voter, assument leur responsabilité. De plus pour éviter que nos votes soient dilués et que le parti libéral de Jean Charest soit réélu en dépit de l'indignation générale, il est vital que les partis d'opposition s'unissent pour créer une coalition. Il n'est pas question de fusion des partis, mais bien d'une coalition temporaire. Le temps de montrer la sortie au Parti libéral, de rétablir la démocratie au Québec et d'assurer la réforme du mode de scrutin.
    Le parlement a terminé sa session aujourd'hui. Les travaux parlementaires reprendront seulement le 15 août. Il y a fort à parier que le gouvernement déclenchera des élections en août, au plus tard en septembre. Il est impératif d'agir vite et massivement pour permettre aux partis de s'unir et de s'organiser en conséquence. À tous ceux qui y crois, je demande de publier et de partager mon commentaire ... même si cela semble utopique!
    Merci

  • Archives de Vigile Répondre

    4 juin 2012

    Félicitations, collègue. Texte bien écrit. Cependant, je me dois de faire quelques précisions :
    HP: pourquoi donc le Québec et le Canada recrutent­‐ils les chercheurs d’excellence préférentiellement dans des pays où l’éducation est gratuite, ou à tout le moins très peu chère, comme la France, la Chine, l’Allemagne, l’Argentine, l’Autriche, l’Inde ou la Russie ?
    AC : en réalité, on recrute partout. Comme au Canada, les Américains cherchent les meilleurs.
    HP: Pourquoi les recrutements n’ont-­ils pas lieu dans les pays où les frais de scolarité sont très élevés, comme les États-­Unis d’Amérique ? 
    AC: Ils recrutent énormément à l'interne aussi. Ils y a un très grand nombre d'excellents chercheurs-professeurs Américains dans les universités américaines.
    HP : pourquoi ces mêmes États-­Unis sont-­ils contraints de recruter autant d’étudiants et de professeurs à l’étranger ...
    AC: de 1, il y a tellement de recherche, qu'on a besoin de renfort, tt comme en Allemagne, Suède et la France, où on recrute aussi à l'étranger; et de 2, ce sont les étudiants étrangers qui affluent en masse pour aller étudier aux É-U! Des Français, Suédois, Allemands, Russes, et Québécois. Les meilleurs universités se donnent même au luxe de refuser des gens.
    ...si leur système d’éducation très couteux pour les étudiants est si performant que le Québec se doive de l’imiter ? Sans prétendre résoudre ce paradoxe,
    AC: quel paradoxe?
    Le problème de la hausse des frais a été englouti par le procès qu'on fait du gouvernement Charest, qui est très incompétent.

  • Archives de Vigile Répondre

    3 juin 2012

    Bravo pour ce plaidoyer des plus juste sur notre société québécoise,mais qui malheureusement ne rejoindra pas les principaux personnages visés,qui de toute façon ont un souci plus grand de pouvoir que d'humanisme ,un grand intérêt pour le pouvoir, très peu pour la situation qui nous afflige.La tristesse dans tout cela est de ne pas s'apercevoir en tant que gouvernement de la volonté de notre jeunesse de conserver de vraies valeurs démocratiques en opposition à la répression.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 juin 2012

    Monsieur Philippe,
    Bien que votre article soit d’une grande rigueur et tombe sous le sens de ce qui est maintenant pratiquement connu et su de tous, c’est son titre qui me ravit particulièrement ! Ce qui est à se produire au Québec était inscrit depuis longtemps dans la conscience d’un certain nombre d’individus, ceux dont le travail évolutif se fera de moins en moins derrière un rideau de précautions. Notre société est à devenir la première de l’ère moderne à servir de terreau pour les besoins criants de tout un monde, terreau fabriqué en compostant les derniers serviteurs du mensonge fratricide planétaire. Merci.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 juin 2012

    Merci de partager votre savoir ,et surtout votre expérience .Ca renforce ma position face aux mouvements étudiants .Votre article est tellement clair et limpide ,pourtant MR Charest pourrait s'y noyer ...

  • Archives de Vigile Répondre

    31 mai 2012

    Monsieur Hervé,
    BRAVO! Merci beaucoup pour votre écrit!
    Votre constat et la récente annonce du départ du gouvernement sur la table des négociations me donnent l'impression que "Démocratie" n'est plus qu'un mot dépourvu de sens, appliqué seulement en gage de conformisme à une conception chimérique de cette ancienne défunte : Mme Liberté.
    Je me dis que le manque de jugement est certainement le plus grand maux dont un être humain peut-être atteint.
    Tous, ensemble contre la hausse!
    Bonne chance pour la suite et encore une fois ; merci.

  • Archives de Vigile Répondre

    31 mai 2012

    Plaidoyer remarquable, construit et combien pertinent. Mais Charest est-il capable de le comprendre ?

  • Archives de Vigile Répondre

    31 mai 2012

    Excellente intervention. Il faut revenir au coeur du problème qui a donné naissance à la crise actuelle, soit la conception de l'université. L'approche néo-libérale du l'utilisateur-payeur, si chère à M. Charest, mène à un cul-de-sac, comme l'illustre le texte du professeur Philippe. L'université trahit son rôle historique quand elle se limite à préparer l'étudiant à une carrière «enrichissante». Traditionnellement, l'université fut un centre de réflexion, d'accumulation du savoir. Il me semble que, depuis quelque temps, on insiste exagérément sur l'aspect préparation à la carrière. Ce qui permet de mettre les institutions universitaires en concurrence les unes avec les autres, ce qui crée un marché pour les professeurs-vedettes que l'on attirera avec divers avantages monétaires ou autres; ce qui, également, désavantage les savoirs moins «rentables» à court terme. Selon moi, il faut revenir à la mission fondamentale de l'université, il faut revaloriser la réflexion libre, même si on ne peut en tirer des applications dès le lendemain.

  • Archives de Vigile Répondre

    31 mai 2012

    Ou est-ce que je signe ? Très bonne lettre ! Je la recommande à tous.
    Je travaille aussi dans une université, et je trouve totalement anti-démocratique l'attitude de nos gouvernements dernièrement. On règle des conflits à coups de lois spéciales, autant à Ottawa qu'à Québec.
    INNACEPTABLE.
    Mobilisons-nous et forçons des élections, boycottons les partis traditionnels qui s'échangent le pouvoir, qui sont des amis en dehors des joutes politiques (le party chez les Desmarais n'est que la pointe de l'iceberg). Option Nationale, Québec Solidaire sont les seules vraies options pour du changement.

  • Archives de Vigile Répondre

    31 mai 2012

    Alarmant, éclairant, courageux, merci ! je partage votre point de vue et colère, je transmet l'information à mon fils étudiant en Biologie à Nice.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 mai 2012

    Ce qui se passe en ce moment touche beaucoup de sphères de notre vie et de domaines d'inquiétude pour tous les citoyens, comme le souligne bien M. Philippe. En ce qui concerne la question même des droits de scolarité, M. Philippe nous offre un angle nouveau et très intéressant pour regarder le problème. J'attends depuis des semaines un vrai débat sur "les vraies affaires". Quelque chose qui nous fasse avancer collectivement et qui nous sorte des scoops quotidiens, des ornières polarisées, des lieux communs, et des détestables et trop faciles blâmes intergénérationnels dont quelques-uns nourrissent leur amertume.
    Vue sous l'angle de la clientélisation, autant que sous celui de la gratuité scolaire réclamée comme principe, on pourrait échanger collectivement sur la question de l'enseignement privé si convoité, au primaire, au secondaire et au collège. Je pense que nous avons là un paradoxe.
    J'aimerais surtout qu'un débat réel, s'il avait lieu, englobe en priorité le sujet de la pauvreté. Il ne suffit pas de donner des bourses ou d'offrir un accès gratuit à l'université pour permettre aux enfants économiquement démunis d'espérer l'égalité des chances. Personne n'en parle depuis 100 jours.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 mai 2012

    Très inspirant. Vous décrivez la situation objectivement, avec tact et justesse.
    Bien que moi-même n'étant plus étudiant depuis près d'une décennie, je me rallie à la cause étudiante et conséquemment votre opinion. Je ressens le même mépris de la 'démocratie aux 4ans', et de l'avenir qu'on réserve à notre jeunesse (ressources épuisées, changements climatiques, pollution de l'air, l'eau, la terre, appauvrissement de la classe moyenne).
    Ce réveil de conscience, j'espère, servira à améliorer notre sort à tous et chacun, et changer un système qui n'est clairement pas durable.
    Les conseils tribaux amérindiens prenaient les décisions en conséquence de la 7ième génération qui les suivraient (environ 300ans car une génération était l'équivalent d'une vie complète), c'est pourquoi ils vivaient en harmonie avec leur environnement et que les générations suivantes jouissaient des mêmes ressources.
    Les opinions des baby-boomers sont en majorité contre les revendications étudiantes parce qu'ils voient la facture non pas comme un investissement en leur descendance ... mais comme un drain sur leur compte en banque ... à eux. Pourtant, on parle de la génération qui a joui des plus grandes richesses que toutes les autres ères de l'humanité.
    N'est-ce pas aussi ce qu'ils devraient vouloir pour leur propres descendance ?? Des enfants instruits, des citoyens conscients, capable de pensée critique? Un monde juste et équitable? Chaque espèce végétale et animale sur terre investis dans sa progéniture ... les pieuvres par exemple protègent leurs oeufs pendant des mois, jusqu'à ce qu'elles meurent de faim afin de donner plus de chance à ses petits. Je ne m'attends ni ne demanderait autant de sacrifice de la part de nos ainés ... mais il devrait y avoir un pacte sacré intergénérationnel pour l'avancement de notre société.
    Après tout ... qui paiera pour leurs soins de santé? Ce n'est pas en endettant la prochaine génération dès leur entrée sur le marché de travail que nous bâtirons un monde équitable. Santé, garderies à 7$ et éducation abordable, voire gratuite, vont main dans la main et bénéficient également tous et chacun.
    Pensez-y ... cette génération qui est aujourd'hui pointée du doigt par ses aînés et traitée d'enfants gâtés, poivrée et matraquée par l'autorité policière, ridiculisée même ignorée par son gouvernement supposé les représenter et par les médias ; ils auront tantôt le pouvoir de vote, seront aux commandes du pays et se rappelleront du retentissement des casseroles, des larmes, des coups et des injures et plus particulièrement, du sentiment d'injustice et de ne pas être écouté.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 mai 2012

    Bravo! Tout y est. Et merci de le dire avec autant de Classe et de limpidité.
    Nous vivons dans le gris actuellement, avant le noir, avant la grande rupture. La jeunesse québécoise est en avant pour nous en faire prendre conscience.
    Mon souhait est que les jeunesses d'ailleurs comprennent et suivent le mouvement, et le fassent avec autant de lucidité.
    Messieurs Charest et Harper sont deux politiciens actuels qui n'ont plus rien avoir avec le monde de demain.
    Saint-Irénée

  • Archives de Vigile Répondre

    30 mai 2012

    Ex-diplômé de l'Université de Montréal, je dis Bravo! à M.Hervé Philippe. Il a bien compris la complexité de ce qui se passe actuellement au Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 mai 2012

    Superbe réponse claire pour un problème facile à comprendre mais pas facile à résoudre.Tout le monde au Québec soucieux de bien comprendre ce qui est en train de se passer devrait obligatoirement lire ce texte.Merci monsieur.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mai 2012

    Bravo M. Hervé Philippe ! Il y a eu le "j'accuse" de Jaurès en France, il y aura le vôtre au Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mai 2012

    Me donnez vous la permission d'envoyer cette lettre à mon journal local ?

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mai 2012

    Merci beaucoup pour ce texte clair et concis, et qui démontre votre profonde humanité. Nous aurions tout intérêt à avoir plus d'interventions de la part de gens de votre calibre. Merci encore!

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mai 2012

    Excellent! Je rêve de voir un jour un tel plaidoyer publié dans La Presse. Je sais, je rêve.....

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mai 2012

    merci pour ce texte éclairé!
    Ça fait plaisir de lire que nous sommes de moins en moins seuls à s'en apercevoir.
    La société est dans une grave crise irréversible et encore trop de gens s'enfoncent la tête dans le sable de leur confort et refusent d'y voir. L'illusion est parfaite dans le meilleur des mondes.
    Ça doit changer maintenant. Tout est à refaire. à repenser.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mai 2012

    Merci de ces mots appuyant ce mouvement qui a débuté ailleurs et qui se continue partout sur cette planète. Merci au médias sociaux d'accéder à des textes comme celui-ci. Merci à ceux qui ont une reconnaissance sociale plus importante que le peuple pour se lier à lui et soutenir ce mouvement planétaire. Redéfinir ce que nous voulons vivre sur cette Terre. Il n'y a pas un peuple qui veut être serviteur d'une poignée de puissants. Il n'y a pas un peuple qui veut voir souffrir ses jeunes. Seul les puissants se permettent.
    Merci d'écrire, de partager et SVP continuez!

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mai 2012

    Jean Charest est un être très égoïste. Il n'écoute pas ses ministres ( c'est André Pratte qui le mentionne dans sa biographie sur Charest ). Son égo démesuré prend le dessus sur tout. Je n'ai aucun espoir que le conflit va se régler tant que ce personnage sera premier ministre.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mai 2012

    Bien résumé.....Aux états unis on a qu'a voir mitt Romney qui sort d'une des plus grandes écoles (couteuse) et qui dit encore des énormités digne d'incultes.
    Il faudrait un version anglaise , sérieusement avec ça on gagnerait beaucoup de sympathie, et les anglais vont embarquer. super beau texte.
    merci

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mai 2012

    Excellent texte. Merci.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mai 2012

    Quel merveilleux texte. Quelle formidable lucudité, quelle simplicité, quelle clarté...
    Merci Mr le professeur, on ne vous oubliera jamais.... (chanson de Hugues Auffray).
    Si Mr Charest ne lit pas ce texte, il perd une occasion formidable de grandir, et de faire preuve d'humilité.
    J'avoue que je ne le comprends pas...
    Merci, merci beaucoup.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mai 2012

    Merci, monsieur Philippe, d'avoir écrit ce texte qui sert à son destinataire une leçon de noblesse qui, je le crains, n'est pas à sa portée. Et qui donne à cette jeunesse, que j'admire et affectionne tant, un soutien que ma génération semble répugner à leur accorder. Je suis né l'année où la France fut libérée du nazisme et j'ai vu changer le monde. J'avais la vingtaine quand les militaires ont occupé Montréal en octobre 1970. J'ai ressenti l'espoir porté par le mouvement social-démocrate de René Lévesque. Comment ceux de ma génération, qui avaient l'audace de ficher des fleurs dans le canon des fusils des militaires, ne se reconnaissent-ils pas dans leurs petits-enfants? Est-ce le temps qui a fait cela? Non. Ce monde qui a changé nous a changés aussi, nous a séduits, a anesthésié notre sens critique, a corrompu nos valeurs. Ce monde, ils le refusent. Ils doivent le rafaire. Et je les regarde, pas attendri, mais honteux.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 mai 2012

    Magnifique plaidoyer.
    Merci.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 mai 2012

    Cher monsieur,
    Nous y sommes enfoncés dans la crise économique. Récemment, un rapport de l'ONU disait que deux millions de Canadiens vivaient l'insécurité alimentaire, ce qui inclut des centaines de milliers de Québécois.
    Au Québec, les choses ont peut-être changé davantage dans les cent quelques derniers jours.
    Cependant, dans l'ensemble de l'Occident, les choses ont changé depuis les tristes événements du 11 septembre 2001 aux États-Unis.
    Vous souvenez-vous que juste avant ces tristes événements, on commençait à parler beaucoup des disparités grandissantes entre riches et pauvres en Occident.
    L'élite riche trouve toujours un moyen pour qu'on ne parle pas trop des pauvres et de leur vie de misère.
    Depuis le 11 septembre 2001, le terrorisme a relégué les pauvres et l'injustice socio-économique en arrière-plan comme sujet de conversation.
    Pas surprenant que les attentats du 11 septembre 2001 restent nébuleux et que de réputés chercheurs comme les ingénieurs et architectes pour la vérité sur le 11 septembre croient à une complicité intérieure lors de ces attentats.
    http://www.ae911truth.org/
    C'est triste à dire, mais l'élite riche semble prête à tout pour préserver richesse, pouvoir et privilèges et du même coup, garder les pauvres dans leur pauvreté.
    Parce qu'ils sont dans la misère, le labeur des pauvres est ainsi achetable à plus bas prix par les riches.
    Et c'est cet "ordre social" que défend le gouvernement du Québec.
    À donner la nausée...
    Un honnête homme en ce monde (pour les quelques-uns qui peuvent rester) ne peut faire autrement qu'être écoeuré au plus profond de son être...