Affaire Sicotte

Complaisance et silence coupable de la Commission des droits de la personne

Chronique de André Sirois

Dans une excellente chronique de samedi dernier, Lysiane Gagnon décrit le lynchage du comédien Gilbert Sicotte par Radio-Canada et souhaite que Radio-Canada lui offre des excuses. Elle a parfaitement raison: ce type de lynchage gratuit et impuni doit cesser et Radio-Canada doit offrir des excuses. Ce lynchage est parfaitement scandaleux et la terrible arrogance de Radio-Canada dans cette affaire le rend encore plus odieux et risque d’en entrainer d’autres. (Probablement que ses autorités ne veulent pas s’excuser pour ne pas donner plus de prise à la poursuite qu’elles risquent maintenant.)


Nous sommes censés vivre dans un état de droit où non seulement chacun a droit à la présomption d’innocence mais aussi à son honneur et à sa réputation.


C’est la Charte des droits et libertés de la personne qui énonce à son article 4 que "Toute personne a droit à la sauvegarde de sa dignité, de son honneur et de sa réputation." 


Et la Commission des droits de la personne a spécifiquement pour mission "de veiller au respect des principes énoncés dans la (...) Charte", comme le stipule son article constitutif, l'article 57 de la Charte.  


Or, devant ce lynchage, comme lors d’affaires plus récentes, le silence de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse est assourdissant et condamnable.


Comment se fait-il que, sauf erreur, on n'ait entendu ni la Commission ni aucun de ses membres rappeler cette mission et ce principe vu que la Charte existe d'abord et avant tout pour éviter des dérapages pareils, des chasses aux sorcières, des lynchages publics ou des exécutions par tribunaux populaires?


La Charte n'est pas là pour protéger des droits que tous sont prêts à protéger spontanément d'un commun accord, mais son utilité, sa nécessité, se manifeste pour protéger l'exercice de droits impopulaires et elle sert alors à protéger les droits des minorités, voire des individus, face à des mouvements de masse et des manifestations aussi dangereuses et injustes qu'impulsives. Même par médias interposés. À plus forte raison par médias interposés vu la gravité des conséquences.


À quoi sert la Charte? À quoi sert la Commission? Cette affaire mérite une intervention sérieuse que la Commission a mandat de faire et qu’elle ne fait pas. Il faut dénoncer ce silence de la Commission dont la complaisance la rend complice de tels lynchages. Devant cette inertie coupable, il ne reste plus qu’à demander la démission de ses membres ou leur renvoi.



André Sirois,

avocat auprès de l’ONU 

 



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