Compressions - Simpliste

Budget Québec 2010 - suites



Pour flatter le public dans le bon sens du poil, prouver qu'en tant que gouvernement, on a pris les choses en main, il suffit de dire «compressions dans l'appareil public», d'y adjoindre un pourcentage (disons 25 %) et des mots comme «publicité» ou «voyages»... L'effet est garanti: dans les sondages, l'approbation grimpe à des niveaux stratosphériques. Et tant pis si les gestionnaires s'arrachent les cheveux devant ce simplisme de mauvais aloi.
Concrétisant le budget québécois de la fin mars, les coupes administratives dans les ministères et organismes étatiques sont maintenant prévues dans le projet de loi 100 déposé il y a deux semaines. Du pur mur-à-mur: on ne distingue ni entre une université, un hôpital, le BAPE ou Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Et nul n'a le choix des moyens. La commande est précise: il faut couper dans le personnel administratif, en formation, en frais de déplacement et en publicité. Le plan de compressions est attendu sur le bureau des ministres responsables pour le 30 septembre. Tout l'été pour sabrer: quelle joie!
Les dirigeants et administrateurs des dizaines et dizaines d'organismes touchés ne décolèrent pas. Ils ne peuvent le dire à haute voix, mais ils savent bien de quelle démagogie relève l'exercice que leur demande le gouvernement Charest: faire illusion pour apaiser les contribuables en colère. Qu'importe si ce qui est demandé n'a ni rime ni raison, tient de l'économie de bouts de chandelles, ou affectera au final le service rendu au citoyen.
La publicité par exemple, reléguée au rang de bien gros péché. Mais comment croit-on que, sans elle, Télé-Québec va s'attirer des téléspectateurs en une ère où l'offre télévisuelle explose, où la concurrence est impitoyable? Et qui blâmera-t-on si Télé-Québec ne performe pas? Non, pas le gouvernement qui lui impose ces contraintes invraisemblables.
Et les déplacements? Le contribuable voit aussitôt Cannes et la dolce vita dont auraient profité certains organismes. Mais il ne pense pas à ceux qui ont des bureaux régionaux — la Commission des droits de la personne et de la jeunesse ou la CSST; ni aux autres dont le travail implique de se rendre sur place — comme le BAPE ou le Bureau du coroner; ni aux musées où il faut bien voyager un peu pour préparer des expositions, faire des acquisitions... Pour eux tous, couper le quart des déplacements est complètement illusoire.
Quant à la formation, elle ne se résume pas toute aux délires de croissance personnelle qui ont si souvent fait les manchettes!
Exiger de réduire dans chaque établissement le personnel administratif est aussi dévastateur. N'en déplaise aux propos gouvernementaux, couper le personnel d'archivage d'un hôpital aura des impacts sur le service au citoyen. Et réduire le nombre de cadres dans les cégeps et les universités augmentera la tâche des professeurs. Car le travail à faire ne disparaîtra pas!
En fait, la nomenclature est interminable de tous les effets pervers de l'approche gouvernementale. Le projet de loi prévoit que le gouvernement pourra se montrer plus souple dans certains cas. Mais quel temps fou va-t-on perdre dans cet exercice de microgestion aux micro-économies!
Pendant ce temps, on laisse de côté le vrai problème structurel de l'appareil étatique: la rémunération privilégiée qu'on trouve à la Caisse de dépôt et placement et dans les sociétés d'État (Hydro-Québec, Société des alcools, Loto-Québec...) qui, de surcroît, ont toujours droit à des régimes d'exception même dans le projet de loi 100. Mais le gouvernement s'en fout, puisque le grand public mêle tout.


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