Québec — En réponse à la « social-démocratie de pacotille » du gouvernement Marois, Philippe Couillard tente de repositionner le Parti libéral comme l’option progressiste au Québec.
« Mes chers amis, disons-le haut et fort et avec fierté, le Parti libéral du Québec, c’est le grand parti progressiste de notre histoire, celui qui a su nous donner les moyens de la solidarité et du partage. »
Devant quelque 500 militants réunis en conseil général à l’hôtel Hilton de Québec samedi, Philippe Couillard a tenté d’imposer sa marque, se distanciant de l’ère Charest en revenant aux valeurs intrinsèques au parti. Il s’agissait du premier grand rassemblement des troupes libérales depuis l’élection du nouveau chef en mars dernier. « Le changement a commencé », a martelé Philippe Couillard, tentant de galvaniser les troupes en étant plus mordant qu’à son habitude envers ses adversaires.
Selon lui, si le PQ et la CAQ « ne peuvent dire quelles sont leurs racines ou leurs valeurs profondes », le Parti libéral du Québec (PLQ), lui, connaît ses priorités. Et la toute première, c’est le développement économique « parce que c’est en créant la richesse que nous pourrons bâtir une société plus juste qui tend vers l’égalité des chances ; c’est ça, le véritable progressisme ».
Question de perception
Faisant la liste des mesures progressistes adoptées au fil du temps par le Parti libéral, mesures qui « sont complètement à l’opposé de la perception que certains essaient de faire passer », Philippe Couillard a précisé en point de presse qu’il souhaitait que ce thème redevienne « central » dans le discours du parti.
Même Jean-Marc Fournier, qui bombarde le gouvernement de questions économiques sur une base quotidienne à l’Assemblée nationale, s’est mis de la partie, soutenant qu’il faisait tout cela par intérêt à défendre les plus démunis de la société. Il reconnaît que ce n’est généralement pas ce que l’opinion publique retient du parti, mais estime que ce n’est qu’une question de perception. « Si personne ne regarde la colonne des revenus, tout ce qu’on va avoir, c’est des coupures de services. C’est exactement la gouverne qu’on a présentement, d’où l’insistance, dans nos questions, d’intervenir dans la colonne des revenus. Ce qui fait que vous regardez ça, vous dites : voilà des gens qui s’intéressent aux affaires. »
L’aile jeunesse du Parti libéral a également choisi de faire de la justice sociale son thème central pour le congrès qui se tiendra à la mi-août. « Pour nous, c’est important de ramener [ce thème] à l’avant-plan parce qu’on l’a peut-être évoqué un peu plus timidement dans les dernières années, a soutenu la présidente, Madwa-Nika Cadet. Nous voulions le réaffirmer haut et fort […] pour pas qu’on nous étiquette. On n’est pas un parti de droite. »
Identité canadienne
Dans son discours aux militants, Philippe Couillard s’est fait l’apôtre de l’identité canadienne, livrant un vibrant plaidoyer pour le pays sous les applaudissements nourris de la salle.
« Un autre de nos principes fondamentaux, c’est notre attachement profond à notre identité québécoise et à la citoyenneté canadienne. Cette identité, cette citoyenneté, c’est ce que nous sommes, elles sont notre coeur et notre bras. »
Jamais, dit-il, il n’acceptera que l’on doute de la citoyenne canadienne. « Nous nous battrons, je me battrai pour elle et nous répéterons avec fierté : notre patrie le Québec, notre pays le Canada. »
Il a dénoncé avec vigueur « l’identité forcée et imposée » du PQ, faisant plutôt la promotion de « l’identité partagée » que prône le PLQ. Il accuse le gouvernement Marois de cultiver une « mentalité d’assiégé » et de véhiculer un discours « de l’humiliation » pour faire la promotion de la souveraineté en alimentant la division.
« On ne peut jamais être sûr des valeurs que le PQ défend, car elles changent de l’opposition au gouvernement. Ce que ne change pas, c’est leur obsession. La seule chose qui les réunit, c’est le projet d’un autre siècle, la perte de notre citoyenneté canadienne et le repli. »
Élections
Questionné par les journalistes à l’issue du conseil général, Philippe Couillard a soutenu qu’il avait hâte de revenir à l’Assemblée nationale, comme le réclament François Legault et Pauline Marois. « Ça a l’air intéressant, ça me rappelle des souvenirs de mon premier passage », a-t-il affirmé sans ambages.
Depuis des semaines, Philippe Couillard fait le tour des régions pour rencontrer les militants, un travail de terrain qu’il considère comme « très utile ». Il estime néanmoins que sa place est à l’Assemblée nationale avec son caucus. « S’il y a un député qui devait annoncer - je n’ai aucune indication de ça actuellement - qu’il y a une place qui se libère au Parlement, je prendrai une décision à ce moment-là pour le bénéfice du parti. Mais je considère qu’il est important, effectivement, que je sois à l’Assemblée. »
Bien qu’il soit impatient de revenir à l’Assemblée, le nouveau chef refuse de demander à un député de lui céder son siège. « Jamais, dit-il, je ne demanderai à un député de laisser son siège et d’aller à l’encontre de la volonté des gens qui l’ont élu. » Il ne s’avance pas non plus sur la date des prochaines élections, ne fermant pas la porte à l’automne prochain, mais soutenant, comme François Legault, que « la fenêtre la plus propice et la plus probable, c’est celle du printemps et du budget ».
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