Selon son site web, le Conseil supérieur de la langue française a le mandat de « conseiller le ministre responsable de l'application de la Charte de la langue française sur toute question relative à la langue française au Québec ».
La Charte de la langue française, communément appelée « loi 101 », vise à affirmer le français au Québec, notamment en faisant du français la seule langue officielle de l'État québécois. Le Conseil supérieur de la langue française a donc comme mandat d'aider à promouvoir le français comme langue commune et à fournir au gouvernement des données objectives sur la situation linguistique. Pourtant, en examinant de plus près la liste de ses membres, il apparaît évident que certains y défendent d'autres objectifs.
Quebec Community Groups Network (QCGN)
Parlons tout d'abord d'un groupe de pression qui combat la Charte de la langue française depuis plusieurs années : le Quebec Community Groups Network (QCGN). Successeur spirituel d'Alliance Quebec, le QCGN est largement financé par le gouvernement fédéral afin de promouvoir l'anglais au Québec. Alliance Quebec, un groupe radical ayant disparu en 2005, visait ouvertement à abolir la loi 101. Le QCGN a depuis pris le relais comme principal groupe de pression de la communauté anglophone (avec un ton plus modéré), mais n'en demeure pas moins hostile à la Charte de la langue française et aux nombreuses modifications qui y ont été apportées.
Lors de l'adoption du projet de loi 104 en 2002 (qui visait à colmater une brèche dans la loi 101 permettant l'existence d'écoles passerelles), le QCGN s'était vivement prononcé contre cette réforme. Idem lorsque le gouvernement Charest présentait son projet de loi 103 en 2010, qui permettait à nouveau l'accès au réseau scolaire anglophone grâce aux écoles passerelles, avec quelques restrictions supplémentaires par rapport à la situation d'avant 2002 : le QCGN s'était alors fortement indigné du fait que le projet de loi du gouvernement (qui permettait pourtant de contourner « officiellement » la loi 101 grâce aux écoles passerelles), allait trop loin en établissant des restrictions et mettait en péril la vitalité de la communauté anglophone! Inutile de mentionner que le groupe s'oppose aujourd'hui fortement au projet de loi 14 (la nouvelle loi 101), qui, selon la directrice générale du QCGN, Sylvia Martin-Laforge, vise à éliminer l'anglais du Québec! Mme Martin-Laforge est directrice générale au QCGN depuis 2007.
La directrice générale d'un groupe de pression hostile à la loi 101 au Conseil supérieur de la langue française
Étonnamment, depuis le 31 janvier 2008, Sylvia Martin-Laforge, déjà directrice générale du QCGN à l'époque, est également membre du Conseil supérieur de la langue française. Nommée par le gouvernement Charest aux côtés de membres tels que Jocelyn Létourneau (l'un des principaux artisans du cours d'histoire promouvant le fédéralisme notamment en passant sous silence les conflits entre francophones et anglophones) et Diane Blais (généreuse donatrice qui a donné plusieurs milliers de dollars au Parti libéral du Québec selon le site du DGEQ). Les autres membres, dont plusieurs ont également des liens avec le Parti libéral, ne semblent pas être plus qualifiés pour siéger au CSLF et paraissent avoir été nommés au Conseil principalement pour défendre l'inaction linguistique du gouvernement Charest.
Il n'est donc pas étonnant que le Conseil supérieur de la langue française s'oppose à étendre la Charte de la langue française au cégep et même à un renforcement de la loi 101! Comme il l'a fait avec France Boucher à la tête de l'Office québécois de la langue française (qui demandait à ses chercheurs de ne pas publier leurs recherches qui venaient démontrer le recul du français au Québec!), le gouvernement Charest s'assurait de neutraliser le CSLF et, pire encore, de pouvoir citer ses « études » pour venir appuyer les politiques gouvernementales (souvenons-nous de Christine Saint-Pierre qui avait cité en chambre une « étude » de l'OQLF qui n'était en réalité qu'un sondage sans aucune valeur scientifique qui affirmait que le français se portait bien au centre-ville de Montréal). Ce gouvernement a transformé le CSLF en outil politique pour appuyer son inaction.
Revenons à Sylvia Martin-Laforge. Le code d'éthique du CSLF est pourtant clair sur un tel cas :
Article 7 : « Les membres du Conseil doivent, dans l'exercice de leurs fonctions pour le Conseil, agir indépendamment de toute considération politique partisane et indépendamment de tout groupe de pression ». Comment peut-on croire que la directrice générale du QCGN, qui travaille à temps plein à faire pression contre la loi 101 et pour obtenir davantage de services gouvernementaux en anglais, peut soudainement venir conseiller objectivement le gouvernement sur l'application de cette même loi dans le but de faire du français la langue commune du Québec? Elle ne travaille pas « indépendamment de tout groupe de pression », elle en représente un et travaille pour lui!
Des fonds publics sont dépensés dans le Conseil supérieur de la langue française alors que celui-ci est contrôlé de l'intérieur par certains membres opposés à la Charte de la langue française. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'a été fondé l'Institut de recherche sur le français en Amérique (IRFA), un institut de recherche indépendant qui permet d'avoir l'heure juste sur la situation démolinguistique du Québec. En effet, comment peut-on accorder une quelconque crédibilité au CSLF quand il affirme, par exemple, que la loi 101 ne doit pas s'appliquer au Cégep alors que c'est exactement la même position défendue par Sylvia Martin-Laforge et le QCGN? La question de la langue française mérite un maximum d'objectivité afin d'avoir un portrait juste sur la situation linguistique. Un premier pas en cette direction serait de faire le ménage dans le CSLF et d'y appliquer avec rigueur le code d'éthique! La balle est maintenant dans le camp du gouvernement péquiste.
Texte original
Hostilité à la loi 101 dans les rangs du CSLF
Conseil supérieur de la langue française : le PQ doit faire le ménage!
Tribune libre
Maxime Duchesne25 articles
Maxime Duchesne est présentement étudiant à HEC Montréal et travaille au Parlement du Canada comme employé contractuel.
Il est détenteur d'une maîtrise en Science politique de l’Université de Montréal depuis novembre 2012 et d'un baccalauréat en Science ...
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Maxime Duchesne est présentement étudiant à HEC Montréal et travaille au Parlement du Canada comme employé contractuel.
Il est détenteur d'une maîtrise en Science politique de l’Université de Montréal depuis novembre 2012 et d'un baccalauréat en Science politique de la même université depuis 2010.
Ses études l’ont mené à passer un trimestre en Chine et à effectuer un stage au Parlement du Canada pour le compte d’un député fédéral. Cette dernière expérience lui a permis d’obtenir un emploi comme adjoint parlementaire contractuel.
Il a également été membre des Forces canadiennes durant plus de six ans. Ses études universitaires se sont centrées autour de la politique québécoise, le nationalisme, la gouvernance et les affaires publiques.
Il détient également un DEC du Collège de Maisonneuve en Informatique de gestion.
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8 commentaires
Archives de Vigile Répondre
3 février 2013Le Québec doit devenir unilingue francophone comme l'Ontario est unilingue anglophone . Et pour que ceci se réalise il faut une loi empêchant pour tous les emplois l,exigence d' une autre langue que le français.
Et seul l'indépendance de notre pays le Québec permettra à tous les citoyens du Québec de vraiment vivre en français
MICHEL GUAY
Claude Richard Répondre
16 janvier 2013Il y a quelques années, j'ai fait une plainte à l'OQLF contre l'appellation "Super Fitness" que Club Piscine avait accolée à sa raison sociale. Un an plus tard (on n'est vraiment pas pressé à l'OQLF), on me répondait que j'avais raison, mais qu'entre-temps Club Piscine avait fait de "Club Piscine Super Fitness" une marque de commerce et qu'ainsi il n'enfreignait plus la loi. Plus fou que ça, tu meurs!
Complaisance et inefficacité, cela résume ce qu'est devenue l'OQLF au fil du temps. Cela n'a pas pris deux mois à Stéphane Bergeron pour faire le ménage à la SQ; Daniel Breton avait mis moins d'un mois pour remplacer les indésirables au BAP. Qu'attend Diane de Courcy pour chasser les francophobes de l'OQLF et du Conseil Supérieur?
Serge Jean Répondre
14 janvier 2013Incroyable! Dans notre face tout ça...
Merci d'en informer ce Nous qui s'éveille comme il peut.
Jean
Archives de Vigile Répondre
14 janvier 2013Au début des années 2000, j'ai entamé un processus de plaintes pour contrer le laisser-faire à Montréal.
Évidemment, les temps de traitements sont beaucoup plus long qu'au Ministère du Revenue. Cela prenait des mois avant de recevoir un accusé de réception. Et un an ou deux avant que le dossier se règle dans le meilleur des cas.
Un francophone qui travaillait jadis chez Crazy Irving au carré Phillips, m'avait dit que le patron demandait à ses employés de cacher les produits non-conformes dans l'arrière-boutique avant l'arrivée-surprise des inspecteurs. Je ne le croyais pas sur le coup. Cela voulait dire qu'une taupe à l'Office prévenait le marchand.
En fréquentant leurs bureaux, je m'apercevais qu'il y avait beaucoup de membres de diverses communautés ethniques. Mais surtout que certains postes-clés étaient assignés à des anglophones. Est-ce que l'Office doit défendre l'identité française au Québec ? Ou est-ce que l'Office est une coquille vide qui agit comme l'administration chargée de l'« éradication de la consommation d'opium » (禁烟局) de Shanghaï fut une couverture de la Bande Verte pour le trafic de l'opium ?
J'ai alors prêté foi à ce qu'il me fut dit. Je me doute bien qu'un système de pègre anglophone a infiltré l'administration pour avertir les commerçants en échange d'une pizzo. Ou encore l'épithète anglophone est de trop. Il suffit de trouver des francophones assez véreux dans la fonction publique. À voir la pénétration de la corruption dans notre société depuis l'affaire des commandites, je suis renforcé dans cette conviction.
Que faire alors ? Doit-on adopter un point de vue libertarien ? La corruption ou la prévarication est une forme de taxe de la part d'un système dominant. Le gouvernement fait des lois de contraintes pour imposer des amendes. Vive les infractions, car c'est de l'argent dans les coffres. Les marchands acceptent alors de payer pour la protection d'un système pégreux qui infiltre ce gouvernement si les coûts sont moins que les amendes.
Une purge est bienvenue, mais je doute qu'elle règle le problème tant que la demande pour un tel service existe.
Que faire alors ? J'ai mes idées, mais la stratégie ne peut fonctionner si elle est divulguée. Désolé, mais c'est pour un cercle restreint même si tout est légal.
Archives de Vigile Répondre
14 janvier 2013Merci à Maxime Duchesne pour tirer la sonnette dans le cas de Mme Sylvia Martin-Laforge, membre du Conseil supérieur de la langue française (SCLF).
Je viens d'écrire sous la forme d'une plainte adressée à la ministre Diane De Courcy, responsable du CSLF d'analyser la position en porte-à-faux de Mme Martin-Laforge, en opposition facile et constante au rayonnement de la langue française au Québec. Je demande le remplacement de ce membre inutile, probablement "nuisible" à l'essor du français au Québec en 2013.
Le vigilien Pierre Gouin a aussi raison dans le cas d'autres membres d'institutions d'État du Québec, dévoués tout entier au néo-libéralisme de Jean Charest. Agissons avec détermination et conviction.
Archives de Vigile Répondre
14 janvier 2013Je crois plutôt que le PQ doit s'adapter à l'ére dans laquelle nous vivons et permettre le choix aux parents quant à l'éducation de leurs enfants. Je veux que les miens deviennent parfaitement bilingues et je veux que mes enfants vivent en paix avec nos anglophones d'ici.
Je trouve que sur la question de la langue, le PQ en fait un sujet politique alors que ceci est apolitique et au choix de la personne.
La solution: l'apprentissage de la langue franco pour les non-francophone et l'apprentissage de la langue anglo pour nos francophones.
Pierre Gouin Répondre
14 janvier 2013Charest a pris les grands moyens pour affaiblir le Québec et ses institutions. Le gouvernement péquiste devrait identifier tous les dirigeants d'organismes qui ont participé à cette sordide opération et les remplacer, en commençant par M. Sabia de la Caisse de dépôt et peut-être T.Vendal d'Hydro-Québec.
Laurent Desbois Répondre
14 janvier 2013Rien de neuf!!!!!
Ottawa subventionne le Québec pour offrir des soins de santé en anglais
PAR NORMAN DELISLE ,QUEBEC (PC) –
http://www.vigile.net/Ottawa-subventionne-le-Quebec-pour
http://www.toile-actualite.com/index.php?sect_no=17&module=news&news_no=727
« D’ailleurs, je ne connais pas un endroit au monde où ce serait pensable, sauf au Québec et possiblement, dans l’ex-Rhodésie!!! »
Le gouvernement fédéral va verser près de 30 millions $ en cinq ans pour permettre que les Anglo-Québécois puissent recevoir des services de santé en langue anglaise. La subvention a jusqu'à maintenant été versée par Santé Canada au Community Health and Social Services Network (CHSSN).
http://www.chssn.org/fr/default.asp
J’ai cru bon vous transmettre copie de l’article « Ottawa subventionne le Québec pour offrir des soins de santé en anglais » PAR NORMAN DELISLE de "La Presse Canadienne", qui en fait une comparaison entre les services rendu aux deux groupes.
On peut y lire : « Or la région de Chaudière-Appalaches ne compte que 0,7 pour cent d'anglophones, contre 99,1 pour cent de francophones et 0,2 pour cent de citoyens d'une tierce origine. Dans certains comtés de cette région administrative, comme Montmagny-L'Islet, la proportion d'anglophones chute à 0,2 pour cent. »
Je vous rappelle le beau principe de la cours suprême d’Ottawa : « Où le nombre le justifie!!!»
Ces mesures et l'ouverture d'esprit qui les caractérisent contrastent avec la difficulté que les Franco-Ontariens ont eue pour sauver l'hôpital francophone Montfort, dans la région d'Ottawa.
« Deux poids, deux mesures! » ou si on veut, « British Fair Play! »
Pour voir l’étendu des services offerts aux anglo-québécois, je vous suggère d’aller voir le site du réseau d’organismes et de ressources communautaires, et d’institutions publiques qui s’efforcent d’assurer l’accès aux services de santé et aux services sociaux destinés aux collectivités anglophones du Québec (CHSSN), sous la rubrique :
à propos/ « Services in English » Establishments - Points of service
Establishments - Points of service.
http://www.chssn.org/fr/default.asp