Couillard combattra la radicalisation

L'intégrisme n'est plus la cible de son gouvernement

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L'enjeu de la laïcité réduit à un problème de sécurité

Philippe Couillard ne veut plus parler de lutte contre l’intégrisme, mais bien de lutte contre la radicalisation, axant son discours identitaire sur la sécurité.
Au cours de la conférence de presse qui clôturait le caucus présessionnel des députés libéraux, Philippe Couillard a tenu à signifier ce changement de vocabulaire. Ainsi, la ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, Kathleen Weil, qui fut chargée par le premier ministre de définir un plan d’action contre l’intégrisme, s’évertuera plutôt à contrer la radicalisation.
Lundi, Philippe Couillard avait affirmé que dans la mesure où les droits sont respectés, l’intégrisme « fait partie des choix personnels de chacun ». Mardi, il a cité l’exemple d’un intégriste catholique qui assiste à la messe deux fois par jour, porte un cilice et respecte toutes les prescriptions des Écritures. « Tant que cette pratique ne met pas en jeu les droits des autres, la sécurité des autres, les principes fondamentaux comme l’égalité hommes-femmes, cette pratique-là, à ce que je sache, personne ne songe à l’interdire. Et ça existe dans toutes les religions, c’est une minorité, mais ça existe », a-t-il expliqué.
L’intégrisme peut toutefois porter atteinte aux droits, aux libertés et devenir « de l’extrémisme qui peut mener parfois, malheureusement, à la violence », a-t-il distingué. « La radicalisation des jeunes et la menace de la violence terroriste, c’est un enjeu qui est distinct en lui-même et qui a ses propres dynamiques. »
« Notre grande priorité à travers ces événements tragiques qu’on a vus dans le monde entier, c’est la sécurité des Québécois », a-t-il ajouté.
En matinée, Kathleen Weil avait mis en garde les Québécois contre l’islamophobie en leur demandant d’éviter « de stigmatiser les minorités, notamment les communautés musulmanes ». Philippe Couillard a abondé dans le même sens. « Toute exclusion, volontaire ou non, ou tout discours d’exclusion d’une population comporte de grands risques pour notre tissu social, de grands risques pour notre capacité d’accueillir et d’attirer des gens d’ailleurs. » On lui a même fait la remarque à l’étranger. « Ce n’est pas bien vu — je peux vous dire, par conversation directe — quand on est perçu comme ayant de la difficulté à gérer la diversité dans un État », a-t-il dit.
« Les radicaux violents se nourrissent de ce discours d’islamophobie ou d’exclusion pour faire des recrues », a-t-il avancé.
Alors que le candidat à la chefferie du Parti québécois Bernard Drainville l’accusait de faire « preuve de mollesse » et d’un « manque de courage » devant l’intégrisme, Philippe Couillard fustigeait les péquistes, dénonçant « leur immaturité, leur ignorance et leur incompétence sur la question de la vie et de la coexistence des communautés » et les accusant d’avoir attisé les tensions sociales avec leur projet de charte de la laïcité.
Bernard Drainville croit que la lutte contre l’intégrisme ne se limite pas à contrer la violence et le terrorisme. « La majorité des intégristes respectent les lois […] mais ils testent nos lois », a-t-il affirmé. « Ils carburent aux accommodements religieux. Ce qu’ils veulent, c’est changer la norme […] c’est imposer la loi de Dieu aux lois votées par les hommes et les femmes. »
Philippe Couillard dénonce ce type de discours. « C’est une grande glissade négative pour le Parti québécois qui a été historiquement un parti d’ouverture, un parti de dialogue », a-t-il laissé tomber.
Interrogé sur les années pendant lesquelles il a travaillé en Arabie saoudite, M. Couillard s’est défendu d’avoir ainsi cautionné un régime qui bafoue les droits de la personne et pratique la torture. « C’est de la foutaise. Le président Obama vient de visiter Riyad. Est-ce que vous pensez que ça signifie qu’il endosse les pratiques de ce pays ? »


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