Immigration

Curzi juge la cible trop élevée

Actualité québécoise 2011


(Québec) Les souverainistes doivent absolument questionner la volonté du gouvernement Charest d'accueillir 200 000 nouveaux immigrants au Québec d'ici 2015, croit le député indépendant Pierre Curzi. Lui-même juge cette cible trop élevée, difficilement soutenable.
En entrevue avec Le Soleil, hier, l'ancien péquiste a affirmé que trop de tabous entourent cette question. Il estime que trop de personnes craignent de l'aborder de peur d'apparaître «politiquement incorrectes» ou de passer pour fermées aux immigrants.
Pierre Curzi a déjà exprimé son malaise lorsqu'il était au Parti québécois. Mais il l'a fait dans le secret des réunions du caucus. Il plaidait pour une baisse du nombre d'immigrants, relatent des collègues.
Que pense-t-il au juste? «Actuellement, dit l'élu de Borduas, on accueille des gens chez nous sans leur offrir toutes les possibilités de s'intégrer rapidement à notre société. Je trouve ça assez grave.»
Il montre du doigt un taux de chômage «extrêmement élevé de 30 %» chez les nouveaux arrivants.
Pierre Curzi soigne son argumentaire. Il sait la question délicate. Il jure penser d'abord aux immigrants eux-mêmes. La situation d'emploi «est injuste à l'égard des gens qu'on accueille», insiste-t-il.
Mais l'indépendant pense aussi à la «majorité francophone». Ce niveau d'immigration l'inquiète pour la pérennité du fait français au Québec. Il note que «le statut de plus en plus bilingue et multiculturel de Montréal ne crée pas des conditions favorables à leur intégration à la majorité francophone».
«Il y a quelque chose qui ne marche pas là-dedans», laisse-t-il tomber.
Pierre Curzi pense aussi... à la souveraineté du Québec. Il souligne que la venue de 200 000 immigrants de plus en quatre ans n'est pas de nature à aider la cause. «Si l'intégration n'est pas réussie, et dans la mesure où la francisation est incertaine, ça ne va pas favoriser une adhésion à un projet comme l'indépendance.»
Sur sa lancée, le nouveau député indépendant se questionne aussi sur «l'apport économique» réel d'un tel niveau d'immigration. «C'est sûr que plus des gens arrivent, plus ça augmente le PIB. En même temps, ça augmente le nombre de services» à fournir, et «donc les coûts». L'argument de «la rentabilité économique est discutable», selon lui.
«Parler du nombre»
Le député de Borduas explique que sa pensée a été nourrie par la lecture de l'ouvrage Le remède imaginaire, de Benoît Dubreuil et Guillaume Marois, récemment sorti des presses.
Le Parti québécois lui paraît frileux. Son ancienne famille politique évite soigneusement de parler du nombre d'immigrants qu'entend accueillir le Québec en 2012, 2013, 2014 et 2015. Il en a accueilli 200 000 au cours des quatre dernières années.
«Dès qu'on parle de ça, on apparaît tout de suite xénophobes», déplore-t-il. Une étiquette qu'il rejette, évidemment.
Il trouve néanmoins capital de «parler du nombre», même si lui-même n'a pas de chiffre magique en tête.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé