De plus en plus de jeunes optent pour le cégep anglais

Cégep en français

Jean-François Cyr - MONTRÉAL – De plus en plus de cégépiens optent pour le réseau anglophone, constate une étude rendue publique mardi par l'Institut de recherche sur le français en Amérique (IRFA).
L’équipe de Patrick Sabourin s’est penchée sur les comportements linguistiques des cégépiens.

Cette étude révèle notamment que, dans la métropole, les francophones et les allophones qui fréquentent un cégep anglophone ont tendance à adopter l'anglais comme langue d'usage, autant sur le plan professionnel que personnel.
«Le cégep, c’est très structurant. C'est une période charnière dans la vie d’une personne. On cristallise les comportements linguistiques, c’est-à-dire que c’est l’époque des premières blondes, du premier emploi. C’est à ce moment qu’on crée les premiers réseaux d'amis et de contacts professionnels», a expliqué M. Sabourin.
«En tant que citoyen c’est inquiétant, puisque choisir d'étudier en anglais au cégep semble favoriser le transfert de comportements linguistiques du français vers l'anglais pour à peu près tous les domaines de la vie des étudiants, peu importe leur langue maternelle, a-t-il poursuivi. En fait, c’est la langue dans laquelle ils ont envie de vivre et ils n’ont pas nécessairement le désir, dans la grande majorité des cas, d’utiliser le français.»
Le député péquiste Pierre Curzi se dit très préoccupé. «Ça me fait mal. Cette idée qu’on ne veut plus faire d’efforts pour vivre en français est inquiétante. D’autant plus qu’on est conscient du phénomène de transfert linguistique depuis un moment. L’anglais a une forte influence sur la langue au Québec, surtout à Montréal.»
Selon le péquiste, le gouvernement devra travailler fort pour refranciser la métropole, où se trouve environ 80 % des cégeps anglophones.
«Les cégeps devraient être seulement francophones. Mais plus important encore, on doit commencer à enseigner adéquatement l’anglais dans nos écoles primaires et secondaires. Ceci aurait certainement pour effet de diminuer le goût d’étudier dans des établissements anglophones», a-t-il ajouté.
D’après M. Curzi, les cégeps anglophones débordent et rien ne semble vouloir, pour l’instant, changer cette tendance: l’anglais aspire de plus en plus d’étudiants.
Ce constat est d’ailleurs confirmé par M. Sabourin qui a expliqué qu’entre 1995 et 2004, le réseau des cégeps anglophones a augmenté de 2% sa clientèle alors que celle du réseau francophone a diminué d’environ 13%.
Le phénomène est aussi observé chez les jeunes qui ont fait leurs études primaires et secondaires en français. En plus, les transferts linguistiques se font uniquement vers l'anglais, puisque très peu d'anglophones choisissent de faire leur cégep en français.
Selon les résultats de l'étude, plus de la moitié des francophones qui font leur cégep en anglais utilisent d’ailleurs la langue de Shakespeare avec leurs amis, même si ces derniers sont aussi francophones ou allophones. Plus d'un sur quatre a choisi de se faire servir en anglais dans les magasins.
La situation serait pire encore chez les allophones des cégeps anglais, le transfert étant beaucoup plus prononcé.
«Chez eux, on sent un véritable désintérêt à l’endroit de la langue française. En plus, le sentiment d'appartenance à la communauté francophone est presque nul. Tout cela est amplifié par le fait que 50% des élèves allophones choisissent de poursuivre leurs études postsecondaires en anglais», a précisé Patrick Sabourin.
L’étude a été effectuée auprès de 3200 étudiants de sept cégeps de l'île de Montréal, dont 1494 fréquentant un établissement collégial de langue anglaise.


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