Départ sur fond de controverse

Élection Québec - 8 décembre 2008



Jean Charest lance aujourd'hui le Québec en campagne électorale sur une controverse avec le vérificateur général concernant l'équilibre budgétaire du Québec. Ce n'était certainement pas là le souhait du premier ministre...
Hier, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a déposé sa mise à jour des finances publiques, en annonçant un surplus accumulé de 2,3 milliards $. Elle a promis que son bas de laine nous éviterait un déficit cette année et l'an prochain. Le problème, rapidement soulevé par François Legault, c'est que le bas de laine de la ministre est établi à partir d'une réforme comptable acceptée par le vérificateur, mais qui n'a jamais été votée. Le projet de loi 85, qui aurait ratifié cette réforme, a fait l'objet d'une obstruction systématique de l'opposition, qui s'objectait à ce que les déficits accumulés soient passés à la dette et que l'on reparte le compteur à zéro à partir de l'année 2006-2007.
Vous en avez assez de ce charabia indigeste? Alors résumons le tout en disant que le contenu de la sacoche dont se vante Mme Jérôme-Forget depuis deux semaines n'existe pas pour le vérificateur, tant et aussi longtemps que les parlementaires n'auront pas légiféré. Et comme le Québec s'en va en campagne électorale, tous les projets de loi tombent à l'eau. Puisque le dernier déficit cumulé du Québec sous la loi actuelle était de 5,8 milliards $ au 31 mars 2007, cet imbroglio permettra au Parti québécois de dire que la ministre des Finances nous induit en erreur en affirmant avoir aujourd'hui des réserves de 2,3 milliards $.
La seule consolation de Jean Charest, c'est que le sujet est trop complexe pour faire l'objet d'un véritable débat électoral. On l'a vu pendant la campagne électorale fédérale, c'est avec des sujets simples comme les coupes budgétaires aux artistes qu'on fait du chemin en politique. Bien peu de Québécois et même de journalistes voudront passer des heures sur la réforme comptable pour nier ou confirmer un soi-disant déficit, alors que les milliards de dollars en cause ont été passés à la dette depuis longtemps.
S'il faut se fier aux débats d'hier, c'est donc sur la crise financière et la pertinence de ces élections que sera lancée la campagne de l'opposition. Les partis feront sans doute des promesses, mais la prudence des mesures annoncées hier par Monique Jérôme-Forget est révélatrice de la faible marge de manoeuvre du gouvernement. Mario Dumont et Pauline Marois déposeront également leurs propositions économiques, mais n'oseront pas se lancer dans des mesures trop coûteuses, sous peine de se faire accuser de vouloir replonger le Québec en déficit.
Hier, les deux partis d'opposition ont à nouveau reproché à Jean Charest de déclencher des élections au pire moment, au lieu de se consacrer à gérer l'économie. Mario Dumont a même déclaré que la décision du premier ministre était aussi irresponsable que si le gouvernement Bouchard avait déclenché des élections pendant la crise du verglas. Les partis d'opposition misent sur le fait que les Québécois ne sont guère enthousiastes à l'idée de retourner voter dans un mois. Ce manque d'enthousiasme se transformera-t-il en écoeurite aiguë lorsqu'on verra les chefs à tous les bulletins de nouvelles? Tout dépendra de l'intérêt des enjeux qui nous seront proposés. Pour le moment, les enjeux se font attendre.


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