Langue et culture

Des concepts indissociables

Tribune libre

Une culture s'exprime principalement à travers une langue et une langue porte toujours les traits distinctifs d'une culture. Si l’on désire bien comprendre et connaître la culture d’un peuple, on se doit d’apprendre sa langue et vice versa. En bref, la langue et la culture d’un peuple sont des concepts indissociables.

À titre d’illustration de mon propos, le français parlé au Québec est très différent de tous les autres français parlés ailleurs dans le monde parce qu’il est le reflet des particularités de la culture québécoise qui elle diffère de la réalité des autres cultures où le français est la langue d’usage.

Le franco-québécois et ses particularités

Les expressions québécoises populaires, appelées « québécismes », donnent au français d'ici toute sa couleur et sa particularité. Chaque mot, chaque expression est un précieux héritage de nos ancêtres. On peut citer en exemples les mots « achaler » pour « harceler », « banc de neige » pour « congère », « barrer » pour « verrouiller », « capoter » pour s’extasier ». En bref, les québécismes sont des légataires de la culture québécoise.

À leur arrivée en Nouvelle-France au 17ième siècle, les colons français se sont intégrés aux tribus amérindiennes qui habitaient les terres de leurs ancêtres depuis des décennies. Il n’est donc pas surprenant que les nouveaux arrivants s’adaptent à la culture amérindienne en adoptant, entre autres, des « amérindianismes » qui ont survécu aux sévices du temps jusqu’à nos jours. Ainsi, les mots « achigan », « atoca », « caribou », « rabaska » et « touladi » sont des amérindianismes. Certains toponymes d’origine amérindienne ont aussi fait leur entrée dans la langue des colons, tels Gaspé qui signifie « le bout de la terre », Restigouche, « rivière au courant agréable » et bien sûr Québec, « passage rétréci ».

Jusqu’au début des années 60, la religion catholique a occupé une grande place dans la société québécoise. Elle s’est infiltrée partout, notamment dans les coutumes familiales, si bien que sont nés des « jurons » qui reflétaient souvent la frustration issue de l’omniprésence de la religion dans les foyers québécois. En effet, l’usage de termes sacrés dans la parole profane est un phénomène très répandu qui émerge dans des sociétés contrôlées par un pouvoir religieux puissant et coercitif. À titre d’exemples, on peut citer « Baptême! Bout de calvaire! Sacrebleu! Pardieu! Sacrement! Tudieu! Viarge! ».

Bien sûr, le contexte géographique anglophone autour duquel les francophones évoluent crée malheureusement un climat propice à l’ingérence d’« anglicismes » lexicaux, syntaxiques et sémantiques dans le message véhiculé par les francophones d’ici. Toutefois, depuis quelques années, notamment dans le monde de l’automobile, l’utilisation des mots tels « bumper », « power break », « muffler » et autres, ont tendance à être substitués par leurs correspondants français. Entre parenthèses, les Québécois n’ont rien à envier aux Français eu égard aux anglicismes, qui ne se gênent pas pour faire leur « grocery » ou aller au « drugstore ».

La littérature québécoise

La littérature québécoise foisonne de chefs d’oeuvre littéraires, et chacun d’eux transporte avec lui la culture d’une époque. Parmi eux, « Un homme et son péché » de Claude-Henri Grignon, « Le survenant » de Germaine Guèvremont, « La famille Plouffe » de Roger Lemelin, « Les belles-soeurs » de Michel Tremblay, ou « Le temps des lilas » de Marcel Dubé, toutes des œuvres qui, à leur façon, ouvrent les horizons sur les origines du franco-québécois d’aujourd’hui qui a su, notamment grâce au courage et à la détermination des valeureux colons d’ici, s’implanter comme une langue enracinée dans sa culture et dans sa langue en terre d’Amérique.

Par ailleurs, le 12 août de chaque année est l’occasion de mettre de l’avant la culture littéraire québécoise avec l’événement J’achète un livre québécois. Depuis le lancement de ce mouvement en 2014, plusieurs librairies du Québec ont pris part à cet événement en mettant en valeur des livres d’auteurs québécois dans leurs succursales. Ce mouvement permet depuis quelques années de sensibiliser et d’inciter les lecteurs à découvrir ou redécouvrir la littérature bien de chez nous en plus de promouvoir la culture d’ici.


Henri Marineau, Québec


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Henri Marineau2101 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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