Des milliers «d'indignés» dans les rues de Madrid

«cette crise nous ne la paierons pas»



Plusieurs milliers d'Espagnols se sont rassemblés à Madrid pour manifester contre le pacte de stabilité de la zone euro et ses impératifs de rigueur budgétaire.
Photo: AFP


Gabriel RUBIO Agence France-Presse Madrid - Contre la crise et le chômage, des milliers d'Espagnols de tous âges et de tous horizons ont envahi dimanche les rues de Madrid, aux cris de «cette crise nous ne la paierons pas», un mois après l'apparition du mouvement des «indignés» qui s'est propagé à tout le pays.
Les manifestants, arrivés en six cortèges de tous les quartiers de la périphérie de Madrid, se sont rassemblés près du parlement, dans le centre de la capitale, face à une rangée de barrières bleues et à une douzaine de fourgons de police barrant la rue.
«Contre le chômage. Organise-toi et lutte. Marchons ensemble contre le chômage et le capital», proclamait une grande pancarte ouvrant la marche de la «colonne sud-ouest», partie le matin de Leganes, à une quinzaine de kilomètres au sud de Madrid.
«Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des politiciens et des banquiers», affirmait une autre banderole en lettres rouges.
Les cibles: le pacte de stabilité de la zone euro et ses impératifs de rigueur budgétaire, les hommes politiques accusés de corruption et de ne pas entendre la voix des citoyens, le chômage qui frappe 21,29% de la population active en Espagne, presque la moitié des moins de 25 ans.
«Les banques et les gouvernements qui ont provoqué cette situation doivent savoir que nous ne sommes pas d'accord avec les mesures et les coupes budgétaires, que nous avons l'intention de nous faire entendre, et que nous le ferons», assurait la plate-forme appelant à manifester dans toute l'Espagne.
Dans le cortège d'au moins 3000 personnes qui descendait la grande avenue de la Castellana, traversant Madrid du nord au sud, des manifestants de tous âges, familles avec poussettes, jeunes, chômeurs et retraités, venaient témoigner d'une même lassitude face à la crise qui étrangle la société espagnole.
Et de l'espoir que cette vague de contestation qui a surpris le pays il y a un mois sera enfin entendue de la classe politique.
«Ils appellent cela démocratie, mais ce ne l'est pas», «cette crise nous ne la paierons pas», hurlait la foule rassemblée dans le calme près du parlement, alors que des dizaines de cars de police étaient stationnés dans le centre de Madrid.
«Nous n'en pouvons plus. Tous les politiciens se renvoient la balle, mais ils ne font rien», remarquait une chômeuse de 36 ans, Yolanda Garcia, qui survit comme des millions d'Esapgnols grâce à quelques petits boulots au noir.
«Je pense que ce mouvement peut changer les choses s'il continue de cette façon, et s'il a le soutien des gens d'en bas», assurait-elle.
Le mouvement des «indignés», né spontanément le 15 mai d'une manifestation de citoyens, relayé par les réseaux sociaux, s'est très vite répandu à toute l'Espagne.
Dimanche dernier, les manifestants avaient démantelé leur campement de la Puerta del Sol à Madrid, symbole de cette vague de contestation.
Profitant d'un large soutien populaire, ils veulent maintenant consolider leur mouvement en continuant à organiser des assemblées dans les quartiers et d'autres manifestations ponctuelles.
«Nous devrions prendre la rue vraiment», affirmait Braulio Lopez, un employé du métro de 45 ans.
«Il faut leur dire que nous en avons assez, aux hommes politiques, aux grands chefs d'entreprise qui les contrôlent. Ce mouvement va changer les choses. Je viendrai à chaque fois qu'il se passera quelque chose».
«Je pense qu'ils finiront par nous entendre et que quelque chose sortira de tout cela», lançait Gloria Fernandez, une enseignante de 50 ans, accompagnée de son amie Martina Fernandez, une infirmière.
«Je ne sais pas si cela va servir à quelque chose. Mais au moins, qu'ils comprennent que nous voulons changer les choses», ajoutait Martina.
D'autres manifestations étaient prévues en fin de journée, notamment à Barcelone et Valence.


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